Côte d'Ivoire: L'autorité n'est pas l'autoritarisme, Par Raphaël DAGBO

Par IvoireBusiness - Côte d'Ivoire. L'autorité n'est pas l'autoritarisme, Raphaël DAGBO.

Alassane Ouattara le samedi 22 octobre 2016 lors du meeting du RHDP au stade Houphouët Boigny.

Au cours de la campagne pour les élections présidentielles d'octobre 2010 en Côte d'Ivoire, Monsieur Alassane Dramane OUATTARA déplorait que, selon lui, le régime du Président Laurent GBAGBO ne soit "pas démocratique". Il promettait alors aux Ivoiriens une république démocratique où le droit de tous serait non seulement garanti mais respecté. Pourtant, en bonne logique républicaine, il nous semble que pour un chef d'Etat, la démocratie c'est entre autres le respect de son opposition, celle-ci étant constituée, par principe, de femmes et d'hommes à qui il peut arriver de penser différemment de la "majorité" au pouvoir et d'exprimer librement cette différence. Voici pour les principes démocratiques.

Le 20 octobre 2016, l'opposition ivoirienne que quelques députés indépendants ont rejointe a voulu exprimer légitimement son refus du projet de nouvelle constitution dans la rue, à travers une manifestation que le préfet d’Abidjan avait préalablement autorisée. Il est vrai que, paradoxalement, ce préfet avait assorti son autorisation du refus de sécuriser cette manifestation comme cela aurait dû l'être dans un pays véritablement démocratique où la sécurité de tous est une exigence régalienne.

Non seulement cette manifestation a été sauvagement et brutalement réprimée, mais les leaders politiques qui la conduisaient et qui ne s'étaient rendus coupables d'aucun délit ont été violentés avant d'être interpellés.

Ces pratiques qui relèvent d'un autre temps confirment bien que depuis la déportation du Président Laurent GBAGBO, son pays est entré dans une ère où l'on confond à dessein autorité et autoritarisme. L'Association des Amis de Laurent Gbagbo condamne vivement ce qui n'est rien d'autre qu'un vain mélange de mépris et d'intimidation. Nous assurons de notre soutien toutes les actions qui, comme celle entreprise le 20 octobre par l'opposition, se fixeront l'objectif ferme de dire non à l'autocratie.

Le Président Laurent GBAGBO a fait entrer les Ivoiriens et la Côte d'Ivoire dans l'ère de l'expression libre et du débat contradictoire. N'en déplaise à ce régime, les Ivoiriens entendent bien cultiver cet attribut démocratique qu'est la liberté de dire non quand l'on pense non et tourner ainsi le dos à cet anachronisme du diktat utilisé aujourd'hui dans leur pays comme principe de gouvernement.

La constitution est par définition la loi fondamentale d'un pays qui inspire toutes les autres lois ; c'est pourquoi elle constitue le socle de l'identité démocratique ou non d'un pays. Elle procède donc d'une constituante et d'un débat ouvert à toutes et à tous. Elle ne peut pas être le résultat d'un petit arrangement entre amis, fussent-ils des experts. S'opposer à un tel mépris du peuple par une manifestation paisible n'a rien de subversif qui mérite ce traitement sauvage, avilissant autant qu'il est arrogant et anachronique.

Une contribution de Raphaël DAGBO
Président de l'Association des Amis de Laurent GBAGBO

Le 22 octobre 2016