Côte d'Ivoire: Jusqu’à quand les ivoiriens accepteront–ils la forfaiture du régime Ouattara ? Par PRAO Yao Séraphin

Par IvoireBusiness/ Débats et Opinions - Jusqu’à quand les ivoiriens accepteront–ils la forfaiture du régime Ouattara ? Par PRAO Yao Séraphin.

Alassane Ouattara et les membres de son cabinet présidentiel.

« Quand la patience se lasse, le dépit est prêt à lui succéder »
(Jean-Jacques Rousseau)

Depuis 2011, les Ivoiriens vivent non seulement dans la peur mais également ils n’arrivent plus à satisfaire leurs besoins primaires. Le pays est confronté à des taux de pauvreté inquiétants, surtout par rapport au potentiel énorme dont dispose le pays. Pendant ce temps, les autorités ivoiriennes annoncent une réduction du taux de pauvreté. En effet, selon le gouvernement, la pauvreté en Côte d’Ivoire se situe aujourd’hui aux environs de 46% contre 51% en 2011. Les récentes manifestations contre la hausse exagérée des prix de l’électricité renseignent sur la colère des ivoiriens. Le régime Ouattara est confronté à un ressentiment croissant des Ivoiriens contre le dépérissement de leur bien-être. Un malaise accentué par les promesses non tenues des autorités ivoiriennes. Les manifestations éclatées dans tout le pays sont des cris de douleurs. Incapable de répondre à la souffrance des Ivoiriens, le RHDP appelle le gouvernement à la fermeté devant les pleurs des ivoiriens. Le RHDP va jusqu’à qualifier ces manifestations « d’actes téléguidés par des mains obscures et des individus aux intentions inavouées ». Le gouvernement peut sortir ses chars pour effrayer une partie du peuple mais pas tout le peuple. La patience d’un peuple a des limites et tous les indicateurs montrent bien que le silence des ivoiriens est inquiétant.
La cherté de la vie en Côte d’Ivoire
Le président Ouattara avait promis qu’il ferait en sorte que les familles mangent à leur faim, que la vie chère allait disparaitre, qu’il avait des solutions pour les Ivoiriens. C’est bien la misère que le président sert aux Ivoiriens. Tout a augmenté sur nos marchés et le panier de la ménagère est vide. Depuis 2011, la vie est devenue chère en Côte d’Ivoire : le prix des denrées alimentaires ne cesse de flamber. Le riz, le sucre, l’huile, ont connu une hausse significative, sans que le ministère du commerce ne trouve la solution. La cherté de la vie est en partie due aux nombreuses taxes imposées par le gouvernement. D’ailleurs la hausse du coût de l’électricité est liée au décret interministériel de juin 2015 qui a ouvert la voie à une hausse de 16 % censée s‘échelonner sur trois ans.
L’injustice sociale érigée en religion
La justice sociale est fondée sur l’égalité des droits pour tous les peuples et la possibilité pour tous les êtres humains sans discrimination de bénéficier du progrès économique et social partout dans le monde. Promouvoir la justice sociale ne consiste pas simplement à augmenter les revenus et à créer des emplois. C’est aussi une question de droits, de dignité et de liberté d’expression pour les travailleurs et les travailleuses, ainsi que d’autonomie économique, sociale et politique. En général, il y a deux manières de concevoir la justice sociale. La première, l’égalité des places, vise à réduire les inégalités entre les différentes positions sociales. La seconde, l’égalité des chances, cherche à permettre aux individus d’atteindre les meilleures positions au terme d’une compétition équitable.
En Côte d’Ivoire malgré l’embellie économique, nombreux sont les Ivoiriens qui continuent à se sentir exclus. La Côte d’Ivoire a régressé d’un point dans le classement de l’Indice de développement humain (IDH) pour l’année 2015, passant de la 171e à la 172e place mondiale sur 188 pays, selon un rapport par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD). Les uns profitent des richesses du pays, les autres vivent dans une pauvreté la plus abjecte. Des honnêtes citoyens sont en prison pendant que les bourreaux sont en liberté.
La corruption galopante et le népotisme sous Ouattara
Les Ivoiriens se souviennent de la charte d’éthique présentée à la communauté nationale et internationale comme un bréviaire pour la bonne gouvernance et le respect de la chose publique par le régime Ouattara. Aujourd’hui, ce document est piétiné car la mauvaise gouvernance est devenue le jeu favori du régime. Selon la lettre du continent, l’affairisme est au cœur du régime Ouattara. Selon ce journal français, le ministre Adama Toungara est à la tête de deux sociétés dans les hydrocarbures. Les Ivoiriens se rappellent également de l’affaire Celpaid. En complicité avec son collègue, Kandia Camara a confié à la société Celpaid, propriété de Mamadou Sanogo le marché du paiement en ligne des frais d'inscription de quelque 5 millions d'élèves ivoiriens. Bien avant cette affaire, en 2011, un opérateur douteux avait obtenu l'attribution du marché de la rénovation des universités, dans des conditions obscures. Désigné vainqueur sans mise en concurrence, l'homme d'affaires Sidi Kagnassi était complètement étranger au secteur du bâtiment. Finalement, l’Etat a payé plus de 110 milliards FCA contre une estimation de 47 milliards FCFA à l'origine.
La haine viscérale envers les étudiants
Le président n’aiment pas étudiants ivoiriens. Il a fermé les universités pendant deux ans. Les étudiants sont régulièrement frappés par des policiers et des étudiantes sont violées par des soldats. Comme une cerise sur le gâteau, le régime veut réquisitionner les chambres des étudiants pour les besoins des 8e jeux de la Francophonie prévus en 2017 à Abidjan. L’expulsion des étudiants est prévue pour fin juillet.
La justice sélective en Côte d’Ivoire
A la suite de la crise post-électorale et de la prise du pouvoir par le président Ouattara, certaines personnalités politiques et des Ex-FDS ont été jetés en prison. Les chefs d’accusation varient selon les fonctions occupées. Certains politiciens sont inculpés pour atteinte à la sureté de l’Etat et d’autres personnes pour crimes de sang, atteinte à la sûreté de l'État et/ou infractions économiques, notamment détournement de fonds publics. Pour les Ex-FDS, la chasse à l’homme a été systématique et la traque silencieuse. Les prétextes de cette «purge» au sein des éléments des Forces de défense et de sécurité, sont entre autres : «tentative de déstabilisation », «complot contre l’Etat», «tentative de coup d’Etat», « racket et contusion », « détournement de fonds », « faute administrative »…. Le régime Ouattara a transformé la Maison d’Arrêt et de Correction d’Abidjan (MACA) et la Maison d’arrêt Militaire d’Abidjan (MAMA) en camps militaires. Pendant ce temps, les éléments du camp adverse sont en liberté. Avec toutes ces frustrations, les Ivoiriens ont la bouche fermée. Pour autant cela ne signifie pas qu’ils n’ont rien à dire.

Une contribution de PRAO Yao Séraphin