Procès de Gbagbo et Blé: Joël N'guessan témoin à charge, mais à visage découvert

Par Ivoirebusiness - Procès de Gbagbo et Blé Goudé. Joël N’guessan témoin à charge, mais à visage découvert. Son communiqué.

Joël N’guessan, porte-parole du RDR d'Alassane Ouattara.

Communiqué

La Cour Pénale Internationale, dans le cadre du Procès Laurent GBAGBO et Blé GOUDE, a décidé de privilégier le HUIS CLOS ceci pour protéger les témoins qui ont demandé l’anonymat. C’est le droit de ces témoins anonymes. Et personne ne peut leur refuser, ni leur nier ce Droit. Surtout que les médias et les réseaux sociaux brouissent et pullulent, à longueur de journée, d’informations, plus ou moins vérifiées et très souvent erronées, sur l’identité de ceux qui ont accepté de témoigner dans le cadre de ce procès. L’impression que ces médias et réseaux sociaux donnent c’est que témoigner dans un procès est un crime de « lèse-majesté » voire même une trahison.
Cette attitude surprenante des supporteurs et défenseurs de Monsieur Laurent GBAGBO et Monsieur Blé GOUDE m’a amené à me poser les questions suivantes :

• Pourquoi est-ce que ceux qui prétendent aimer Laurent GBAGBO et Blé GOUDE ont une vision si étroite et aussi orientée de la notion de TEMOIGNAGE et du TEMOIN dans ce procès à la CPI ?
• Pourquoi témoigner pourrait constituer un crime ou une éventuelle trahison ?
• Qui dit que témoigner l’est forcément à charge contre les prévenus, Monsieur Laurent GBAGBO et Monsieur Blé GOUDE qui jusqu’à la fin du procès, sont supposés innocents ?
• Pourquoi cette frilosité de ses supposés amis de Monsieur Laurent GBAGBO et de Monsieur Blé GOUDE ?

L’inutile frilosité dont ont fait preuve ces soi-disant supporters de Monsieur Laurent GBAGBO et de Monsieur Blé GOUDE a poussé la CPI à mettre en place le système du HUIS CLOS.
Ceci étant, cela n’est pas mauvais en soit ; car ce type de procès n’est pas une affaire du grand public ni des médias ni des réseaux sociaux. Ce n’est pas un procès de show médiatique où chacun teste son audience populaire, sont audimat ou sa notoriété.

Ce procès est trop sérieux pour être perçu comme un meeting politique avec son corollaire de passions chez les foules de partisans. Ce procès, on ne le dira jamais assez, est celui du diagnostic de nos années de démocratie mal gérées. Ce procès, c’est enfin l’occasion pour chacun de nous, acteurs politiques ou non, de dire sans honte, notre part de responsabilité dans ce drame que notre pays a connu. Nous devons, en toute responsabilité, prendre le temps de méditer, sans folklore ni tambours, les différentes étapes de son évolution. Ceux qui sont concernés en premier lieu sont, les prévenus, les juges, les avocats de la défense, la partie civile et le procureur qui a instruit le dossier ayant conduit à la confirmation des charges contre Monsieur Laurent GBAGBO et Monsieur Blé GOUDE.

Toutes nos pétitions et déclarations extérieures ne peuvent en rien influencer le cours de ce procès que nous souhaitons tous équitable, transparent et juste dans l’intérêt de la vérité et surtout dans l’intérêt des nombreuses victimes de notre crise.

Pour ma part, après avoir suivi quelques interventions des 10 (dix) premiers témoins sur plus de la centaine annoncée par la Cours Pénale Internationale (CPI), j’ai pris la décision de témoigner, mais à visage découvert. Mon témoignage se voudra ni à charge ni à décharge. Il s’agit de dire ce que j’ai entendu, su, ressenti et vécu avant, pendant et après notre crise post-électorale. Il s’agit aussi pour moi d’honorer la mémoire de mes ex collaborateurs Franck N’DOUBA, Traoré ZIE, Koné YACOUBA et Arsène YAPO, abattus froidement sous mes yeux dans l’après-midi du 08 avril 2011 non loin de la CNPS Djibi-Cocody. Ce triste et inoubliable après-midi ne saurait être passé sous silence. Témoigner c’est libérer ma conscience et soulager un tant soit peu les parents de mes collaborateurs morts pour moi. Le faisant, je ne fais que me conformer à la stricte définition du concept de témoignage et du témoin.

Fait de témoigner : déclaration écrite ou orale qui confirme la véracité de ce que l’on a vu, entendu, perçu, vécu pour éclairer la justice. Sans témoignage il n’y a pas de Justice ni pour les prévenus ni pour les victimes.

Le Ministre Joël N’GUESSAN