Scandale: Comment l’UE affame l’Afrique

Par Lexpress.fr - Comment l’UE affame l’Afrique.

AFP PHOTO / ISAAC KASAMANI.

La réglementation européenne empêche les pays africains de se libérer du piège colonial. Voilà pourquoi l’Afrique est toujours considérée comme un simple exportateur de matières premières. Les efforts visant à créer de la valeur ajoutée sont constamment entravés par des règles de l’UE”. Ce constat, c’est celui du Kenyan Calestous Juma, qui enseigne le développement international à la Harvard Kennedy School of Government, sur le site CapX.

Le café est le principal produit d’exportation de l’Afrique

Juma fournit l’exemple du café, le plus grand produit d’exportation de l’Afrique. En 2014, le continent a gagné près de 2,4 milliards de dollars avec sa récolte de café. Cependant, l’Allemagne, un pays leader dans la transformation du café a gagné plus de 3,8 milliards de dollars avec ses exportations de café au cours de la même année.

Le problème ne vient pas du fait que l’Allemagne réalise des bénéfices sur la transformation, mais de la pénalisation de l’Afrique par les barrières tarifaires de l’UE lorsqu’elle procède elle-même à la transformation du café. Le café vert non décaféiné est exonéré de taxe à l’importation par l’UE. Mais les exportations de café torréfié africaines subissent une taxe de 7,5 % sur le marché unique de l’UE. En conséquence, la majeure partie du café exporté par l’Afrique à l’UE est du café vert non torréfié.

L’Afrique et les organismes génétiquement modifiés (OGM)

L’UE sape également les efforts d’innovation du secteur agricole africain dans le domaine des organismes génétiquement modifiés (OGM). L’UE s’interdit de cultiver des espèces génétiquement modifiées, mais autorise l’importation des produits transgéniques pour nourrir le bétail. Mais les restrictions imposées par l’UE sur les organismes génétiquement modifiés ont tout de même un impact négatif sur l’Afrique.

En Afrique, des limites ont été imposées sous prétexte de protéger la santé humaine et l’environnement. Jusqu’à présent, très peu de preuves existent pour étayer l’adoption de ces restrictions draconiennes.

L’Afrique a d’autres préoccupations que l’UE, et il y a certainement des problématiques africaines spécifiques pour lesquelles la modification génétique pourraient apporter une solution. Juma cite l’exemple de l’Ouganda. Le Xanthomonas, une bactérie, provoque la maladie du flétrissement des bananes. Les fruits infectés par la maladie se décolorent et la banane mûrit trop rapidement.

La banane est l’une des principales cultures de l’Ouganda, mais la maladie coûte chaque année 500 millions de dollars de pertes à la région des Grands Lacs. Il n’y a pas de traitement pour la maladie, qui continue de menacer la sécurité alimentaire du pays.

Des Organisations de l’UE

Les chercheurs ougandais ont développé une alternative génétiquement modifiée, mais ils ne peuvent peaufiner ces travaux de recherche, car ils se heurtent à l’opposition d’organisations qui plaident pour l’application des règles de l’UE en matière de bio-sécurité. Or, l’adoption de ces règles aurait pour effet de mettre un terme à la transition vers cette technologie OGM. Les détracteurs de cette dernière qui utilisent la peur dans le but d’en dissuader les développements sont souvent des organisations européennes non-gouvernementales (ONG) basées au sein de l’Union Européenne.

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