Affaire « Prisonniers politiques/ Inculpation de Michel Gbagbo »: Le FPI confond Ouattara et le procureur Adou Richard. Toutes les preuves de la dictature brandies

Par Ivoirebusiness - Déclaration du parti de Laurent Gbagbo relative à la séquestration de Michel Gbagbo par le régime Ouattara.

Michel Gbagbo et Laurent Despas le 25 Mai 2016.

1. Les faits
Dans le courant de la journée du mercredi 25 mai 2016, de 11h à 19h, soit huit longues heures durant, le Secrétaire National du Front populaire ivoirien (FPI) chargé de la politique pénitentiaire et des détenus politiques, le camarade Michel GBAGBO, a été interpellé successivement par la Brigade de Recherche de la Gendarmerie nationale et le Parquet, à Abidjan-Plateau. Il ressort des différents interrogatoires que l’interpellation a été motivée par le débat actuel sur l’existence ou non de détenus politiques dans les prisons du pouvoir Ouattara.
En effet, suite au discours présidentiel du 1er mai 2016, par lequel le Chef de l’Etat a nié catégoriquement cette réalité devant les Centrales syndicales, Michel Gbagbo a accordé au journal en ligne koaci.com, une interview qui, en substance, déconstruit la thèse officielle. Estimant que le chiffre avancé par le Secrétaire national du FPI ne correspond pas aux données officielles, le juge en charge du dossier a inculpé Michel Gbagbo de trois chefs d’accusation, avant de le laisser en liberté, à savoir :

i- Propagation de fausses informations ;
ii- Déconsidération des Institutions étatiques ;
iii- Démoralisation de la population ;

2. Notre analyse
En se fondant sur le fait que les Ivoiriens assistent à une régression généralisée et vertigineuse des valeurs démocratiques ainsi qu’à l’abandon des droits de l’homme, le FPI tient à interpeler Monsieur Alassane Ouattara, l’opinion nationale et la Communauté Internationale sur la dégradation continue de l’Etat de droit en Côte d’Ivoire :
2.1) Dans les prisons civiles et militaires d’Abidjan (MACA, MAMA), et dans celles de l’intérieur du pays (Toumodi, Bouna, Dimbokro, Man, Séguéla, Katiola, Dabou, Bouaké, Boundiali), ainsi qu’à la Direction de la Surveillance du Territoire (D.S.T) et à l’Ecole nationale de Gendarmerie, croupissent encore, dans des conditions exécrables, plus de deux cent cinquante (250) détenus politiques civils et militaires ;

2.2) Dans ces lieux, sont embastillés les dirigeants du FPI tels que :

- le Député Ehivet Simone GBAGBO, l’épouse du Président Laurent GBAGBO, Vice-présidente du FPI, détenue à l’Ecole nationale de Gendarmerie parce qu’elle se bat pour la souveraineté et la dignité de son pays ;
- le Ministre Assoa ADOU, vice-président du FPI, enlevé et détenu au Camp pénal de Bouaké depuis le 7 janvier 2015, pour le simple fait d’avoir accepté la Direction de campagne du Président Laurent Gbagbo lors des préparatifs du Congrès du FPI en 2015 ;
- le Ministre Moïse LIDA Kouassi enlevé et incarcéré depuis le 14 octobre 2014, à la Maison d’arrêt militaire d’Abidjan (MAMA), parce qu’étant l’un des "Gbagbo ou rien" et contradicteur des valets du régime Ouattara démasqués et éjectés du FPI ;
- le Ministre Hubert OULAYE, Président du Comité de contrôle du FPI, enlevé et détenu à la prison de Dabou, depuis le 4 mai 2015, pour s’être impliqué activement dans les préparatifs, l’organisation et la réussite de la tenue du Congrès du FPI à Mama (village natal du Président Laurent Gbagbo), malgré des graves entraves et violations des libertés individuelles et collectives du régime Ouattara ;
- Justin KOUA, troisième Secrétaire général adjoint, enlevé et incarcéré sans jugement au camp pénal de Bouaké, depuis le 4 mai 2015, parce qu’il a été l’un des artisans de l’organisation, de la mobilisation, de la sécurisation et de la tenue effective du Congrès de Mama ;
- Nestor DAHI, Secrétaire national de la Jeunesse du Front Populaire Ivoirien (JFPI), lui aussi enlevé et déporté à la prison de Dimbokro, depuis le 10 juin 2015, parce que, comme à Justin KOUA, le régime a décidé de lui faire payer la réussite du Congrès de Mama, une instance historique qui a porté le Président GBAGBO à la tête du Parti, se débarrassant par la même occasion de l’ex-président du FPI, aujourd’hui homme-lige du pouvoir Ouattara ;
Suite à ces arrestations, la justice aux ordres a vite fait d’imputer à tous nos camarades des chefs d’accusation tout à fait farfelus.

2.3) Hormis les 250 détenus dument identifiés et localisés par nos soins, nous sommes sans nouvelles de 228 autres. En effet, à la réunion du 22 mai 2014, tenue dans les locaux et sous la présidence du ministre d’Etat AHOUSSOU Kouadio Jeannot, en présence de certains membres du gouvernement Ouattara, en analysant et commentant le document remis à la délégation du FPI par les services dudit ministre d’Etat, il a été noter que 228 détenus ont été déclarés inconnus par la Cellule Spéciale d’Enquête et d’Instruction du Gouvernement. Sur les 228, il y a 90 militaires et éléments des forces de l’ordre, 130 civils et 8 dont le statut n’a pas été précisé.
- le FPI fait observer que ces 228 détenus sont tous passés devant un juge d’instruction et que la date à laquelle ils ont été mis sous mandat de dépôt n’est pas une allégation. On se demande alors comment ils peuvent ne pas être connus de ladite structure spécialisée ;
- Preuves à l’appui, le FPI vient donc de démontrer que la réalité des détenus politiques sous le régime Ouattara est loin d’être une vue de l’esprit quand bien même certains acteurs ne résistent pas à la tentation de dénaturer ou de dissimuler indéfiniment ces faits. Normal, dans la mesure où ils sont incapables de partager la souffrance de ceux à qui ils dénient toute humanité pour la simple raison que ce sont des adversaires politiques "à envoyer au cimetière", d’une manière ou d’une autre ;
- le FPI fait remarquer, ici, un fait révélateur d’une psychopathologie associée à la mal gouvernance : plus le pouvoir Ouattara se sent vomi par le peuple de Côte d’Ivoire qui s’indigne et grogne, plus il s’acharne avec rage contre le FPI considéré comme étant la cause de son impopularité chronique. Erreur d’optique et maigre consolation, car la cause de cette faillite désastreuse réside dans la nature même et le fonctionnement d’un parti qui foule aux piedsles principes du "vivre ensemble" au détriment de la solidarité républicaine.

3. Notre position
De tout ce qui précède, le Front Populaire Ivoirien :
- Dénonce et condamne avec la dernière énergie la séquestration de son Secrétaire national Michel GBAGBO ainsi que l’acharnement du régime et de sa justice contre ses militants et le journal en ligne koaci.com ;
- Exprime son soutien total à Michel Gbagbo ;
- Dénonce avec la même énergie les dérives totalitaires qui ont cours sous l’ère Ouattara, une pratique fondée sur le mensonge, la haine, la violence, le chauvinisme ethnique d’Etat nommé "rattrapage", la trahison et l’apologie de l’injustice ;
- Dénonce et condamne la tentative du retour à la pensée unique qui installe la morosité dans le pays après l’ère Gbagbo ;
- Demande instamment aux militants de continuer le combat et de faire échec à cette volonté hégémonique ;
- Exhorte les ONG et autres associations jusque-là engagées dans la défense et la promotion des droits de l’homme sur le sol ivoirien, à jouer davantage leur rôle en termes de dénonciation continue du climat de terreur qui se poursuit sous nos yeux depuis avril 2011 ;
- Exige enfin la libération sans condition de tous les détenus politiques civils et militaires, dès lors que le chef de l’Etat qui semblait ignorer jusque-là leur existence vient d’en être informé.

Fait à Abidjan le 29 mai 2016

Pour le Front Populaire Ivoirien
Le 1er Secrétaire Général-adjoint,
Porte-parole par intérim
Koné Boubakar