CPI/ Le juge-président Cuno désavoue le témoin P431 et la procureure: « Pouvez m’expliquer à quoi tout cela rime? »

Par IvoireBusiness - Le juge-président Cuno désavoue le témoin P431 et la procureure « Pouvez m’expliquer à quoi tout cela rime? ».

Le 24 Mai 2016 dans le prétoire de la Cour pénale internationale (CPI), le témoin P431 Nigel Walker, réalisateur du documentaire intitulé « Shadow work » (le travail de l’ombre) parlant de Charles Blé Goudé et des jeunes patriotes en 2006, a répondu aux questions du bureau de la procureure. Des questions qui avaient un objectif principal : mettre en évidence le plan commun et le rôle joué par Charles Blé Goudé.

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Le juge président est resté sur sa soif, peinant à comprendre à quoi la diffusion de vidéos successives rimait.
Excédé, le juge président s'est emporté et a menacé le témoin P431, anglais de nationalité, venu voler au secours de Fatou Bensouda en panne de témoins.
« Nous n’allons pas passer 20h à regarder vos séquences vidéos », s'est-il emporté!

L'interrogatoire de Nigel Walker s'est concentré sur les vidéos prises lors de la réalisation de son film qui se focalise sur les jeunes patriotes et leur leader, Charles Blé Goudé. Un film réalisé en 2006, date de son départ du pays après y avoir séjourné trois mois.

On a alors assisté a un enchainement de questions-réponses entre la procureure et le témoin P-431.
Ne voyant pas à quoi tout cela rimait, le juge-président Cuno Tarfusser s'est alors emporté face à Mélissa Pack, substitut de la procureure: « Est-ce que vous pouvez m’expliquer en quoi tout cela est pertinent ? »

Pour Melissa Pack, il s'agissait de mettre en évidence la « conception et l'élaboration » du fameux plan commun.

Mélissa Pack présente alors un résumé des raisons de cet interrogatoire : « Comme c’est dit dans le document contenant les charges, le plan commun commence à l’élection de M. Gbagbo, puis se développe ». Elle ajoute que c’est dans les années 2000 qu’il y a eu « la conception et l’élaboration de ce plan commun » qui se traduit ici par trois aspects : « le contrôle des jeunes », « la coordination des groupes de jeunes » et « la tentative délibérée d’entraver le cours normal des élections ».

Ce sont ces aspects que l’accusation a voulu mettre en lumière toute cette journée, mais aussi – et surtout – le rôle politique joué par Charles Blé Goudé en 2006. Les vidéos s’enchaînent. On y voit à tour de rôle des rassemblements de jeunes patriotes avec des t-shirts arborant des slogans comme « Charles Blé Goudé, quoiqu’il arrive, on meurt avec toi » ou « génération Blé Goudé », des leaders de la Galaxie patriotique, des interviews de sympathisants ou membres de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI), du Front populaire ivoirien (FPI) ou du Congrès panafricain des jeunes et des patriotes (COJEP).

Une interview de Blé Goudé est aussi présentée au témoin. Dans cet entretien, que Walker avait réalisé lui-même à l’Hôtel Ivoire le 30 juin 2006, Charles Blé Goudé décrit le rôle de « spin doctor » qu’il veut avoir : « Avant de parler aux gens, avant de leur délivrer un discours, il y a un travail de l’ombre à faire ».

Le témoin ne fera que décrire les contours des vidéos qu’il avait prises à l’époque. Il parle par exemple, à plusieurs reprises, de situations « tendues » où « les gens étaient énervés » et où on le prenait pour un ressortissant français, parce qu’il est blanc. Il racontera, entre autres, un épisode où la foule pensait qu’il était un journaliste de Radio France internationale (RFI).

À travers le témoignage de Walker, la procureure voulait aussi mettre en avant la violence qui s’installait au sein de la jeunesse patriotique. Dans une vidéo, un homme, venu participer à un rassemblement, déclare sa volonté d’en découdre avec la rébellion qu’il considère comme la marionnette de la France : « On est plus à l’heure des discussions (…) On est à l’heure des armes (…) Le blanc qui va venir, on l’attend (…) C’est la France qui est rebelle ».

Enfin, Walker affirme aussi qu’il s’est rendu à Bouaké à la fin de son séjour de trois mois en côte d’Ivoire. Il dit y avoir notamment interviewé Issiaka Ouattara (Wattao) du commandement des Forces nouvelles (FN). Le témoin affirme être reparti ensuite le plus tôt possible pour éviter de générer de l’hostilité, au cas où sa visite dans le nord aurait été connue.

Nigel Walker est le 9ème témoin du procès Gbagbo/Blé Goudé. Son interrogatoire se concentre sur les vidéos et notes prises lors de la réalisation de son film, en 2006. Un film qui se focalise sur les jeunes patriotes et leur leader, Charles Blé Goudé.

Les questions et les réponses se sont enchaînées depuis un moment entre le bureau de la procureure et le témoin P-431 lorsque le juge-président Cuno Tarfusser demande des explications à Mélissa Pack, substitut de la procureure : « Est-ce que vous pouvez m’expliquer en quoi tout cela est pertinent ? »

Mélissa Pack présente alors un résumé des raisons de cet interrogatoire : « Comme c’est dit dans le document contenant les charges, le plan commun commence à l’élection de M. Gbagbo, puis se développe ». Elle ajoute que c’est dans les années 2000 qu’il y a eu « la conception et l’élaboration de ce plan commun » qui se traduit ici par trois aspects : « le contrôle des jeunes », « la coordination des groupes de jeunes » et « la tentative délibérée d’entraver le cours normal des élections ».

Dans un entretien de Blé Goudé réalisé par P431 lui-même à l’Hôtel Ivoire le 30 juin 2006, Charles Blé Goudé décrit le rôle de « spin doctor » qu’il veut avoir : « Avant de parler aux gens, avant de leur délivrer un discours, il y a un travail de l’ombre à faire ».

Rien de probant ne sortira de cette vidéo. Walker ne fera qu'une description sommaire des images sans jamais aboutir au fameux plan commun.
Seules des situations périphériques sont mises en évidence. Par exemple, des situations « tendues » où « les gens étaient énervés » et où on le prenait pour un ressortissant français, parce qu’il est blanc. Il racontera, entre autres, un épisode où la foule pensait qu’il était un journaliste de Radio France internationale (RFI).

Michèle Laffont

Envoyée spéciale à La Haye