Scandale: Après Mandjara Ouattara, encore un décès de taille chez les fournisseurs de l’Etat de Côte d’Ivoire (SYNAFECI)

Par IvoireBusiness - Après Mandjara Ouattara, encore un décès de taille dans le camp des fournisseurs de l’Etat de Côte d’Ivoire SYNAFECI.

Mandjara Ouattara. Image d'illustration.

Plus 200 millions FCFA de dette et plus de 7 voitures sous calle pour ses factures impayées par la Présidence de la République de Côte d’Ivoire
Abidjan, 04-05-16 (lepointsur.com)- Kissi Akainon Micheline vient rendre l’âme le dimanche 1er mai 2016. Elle allonge ainsi le nombre d’opérateurs éco
nomiques, fournisseurs de l’Etat de Côte d’Ivoire victimes du non paiement des dettes intérieurs, après celle de Mme Ouattara Mandjara en 2014, par immolation. Combien sont ces fournisseurs qui meurent dans l’ombre et à petit feu en Côte d’Ivoire ? La question mérite d’être posée. Tant elle laisse 200 millions FCFA de dette et plus de 7 voitures sous calle pour ses factures impayées par la Présidence de la République de Côte d’Ivoire.

Informé le dimanche 1er mai 2016 à 20h40 du décès de Mme Kissi Akainon Micheline par son concubin, M. Ouattara Lacina, le président du Syndicat national des Fournisseurs de l’Etat de Côte d’Ivoire (Synafeci), M. Gré Faustin, à la tête d’une délégation comprenant ses plus proches collaborateurs, Mmes Kouadio Konan Martin, Gbohou Gaspard, et Mme Fatoumata Simbe, ont rendu visite à la famille de la défunte à Cocody cité des Arts, le mardi 3 Mai 2016 de 12h 30 à 13h 50.

C’est une famille inconsolable, visiblement abattue par ce cruel deuil que la délégation a trouvé sur place. Une question revenait aux lèvres des membres du syndicat : A qui le prochain tour ? « Les factures impayées sont au nombre de celles de 1997 à 2010 auditées par l’Inspection générale des Finances (IGF), non encore budgétisées et non payées jusqu’à ce jour. Pour quelles raisons, à quand, et pourquoi le payement de la dette intérieure ivoirienne, ne fait-il pas mouvoir le gouvernement ivoirien alors que l’administration partout dans le monde est une continuité et surtout qu’ici en Côte d’Ivoire beaucoup parmi les membres du gouvernement actuel et certains cadres du public et du privé, sont comptables de la gestion de 1997 à 2010 », s’insurge M. Gré Faustin.

Pire le président du Synafeci juge ce décès d’ « une mort de trop ». « La mort de Mme Kissi Akainon Micheline est une mort de trop, et mérite une attention toute particulière des autorités ivoiriennes. Je demande incessamment, la prise de conscience de tous les chefs d’entreprises de la République de Côte d’Ivoire afin de sauver leur vie, leurs entreprises et freiner le chômage des jeunes diplômés Ivoiriens qui gèrent des cabines téléphoniques, une fois sortis des grandes écoles et des universités. Cet appel est très important, parce que la mort ne prévient pas et également à cause du mépris, l’indifférence, l’insensibilité, de certaines autorités Ivoiriennes qui se croient tout permis et au-dessus de tout », prévient Gré Faustin. Selon la famille, le mal de la défunte serait parti d’un mal de tête aigu. Finalement, elle n’arrivait plus à parler et à entendre avec une tension qui ne cessait de monter et baisser à cause du diabète.

Elle a terriblement souffert avant de rendre l’âme. En substance les derniers mots du médecin traitant à ses parents : « Je devais la faire hospitaliser, mais comme vous n’avez pas d’argent, je vous prescris une ordonnance et vous rentrez chez vous. » La suite a été fatale. Elle décède en laissant derrière elle une famille marquée à vie par cette perte que le SG du Synafeci qualifie d’ « intolérable », de dizaines de millions de francs et certainement des dettes à ses créanciers, à fournir des prestations de location de voitures à la Présidence de la République de Côte d’Ivoire.

« Le Synafeci regrette beaucoup la situation que vivent les fournisseurs de l’Etat de Côte d’Ivoire qui sont pour certain, des morts ambulants pour d’autres des malades chroniques non assistés avec leurs entreprises qui se meurent », s’apitoie M. Gré Faustin.

Ces derniers échanges avec le président du Synafeci

Aussi, le président M. Gré Faustin lui a demandé ceci : « Pourquoi vas-tu te soigner, dans une clinique de Yopougon, alors que tu habites la commune de Cocody ? »En mars 2016 après la sortie de clinique située dans la commune de Yopougon, la défunte, Kissi Akainon Micheline m’a appelé et m’a dit ceci : « Président Gré, les gens sont méchants, ils veulent tous la mort des fournisseurs de l’Etat sans payer notre argent ». Et le président lui a rétorqué : « Tenons tous bon, et prions Dieu, lui le vrai Soutien. »

Voici sa réponse : « Mon médecin traitant a sa clinique dans la commune de Yopougon. Donc, je me fais suivre par lui compte tenu de la situation. »

Après la mort par immolation de Mme Mandjara Ouattara qui était membre du collectif des propriétaires des véhicules de location qui réclame le paiement de 5 milliards FCFA au RDR, un autre grand fournisseur vient de rendre l’âme. L’on a en mémoire que les autorités ivoiriennes, qui étaient restées jusque là particulièrement silencieuses, ont salué la mémoire de Mme Mandjara Ouattara. « Le gouvernement s’incline devant la mémoire de cette personne », a indiqué le porte-parole du gouvernement, Bruno Koné. La famille de la défunte « sera accompagnée de la meilleure des façons par le gouvernement », a-t-il poursuivi.

La question de la dette intérieure reste une épine dans le pied pour l’Etat de Côte d’Ivoire, notamment celle contractée envers les fournisseurs. Retour sur cette pomme de discorde entre le gouvernement et les opérateurs économiques ivoiriens.

Sériba Koné