Violence à l’université : La Fesci et l’Ageeci jurent sur le Coran et la Bible

Par IvoireBusiness - Violence à l’université. La Fesci et l’Ageeci jurent sur le Coran et la Bible.

Lundi 22 août 2016. A l’initiative de Sa Majesté Jean Gervais Tchiffi Zié, la Fesci et l'Ageeci ont décidé de jurer sur les livres Saints de ne plus s’adonner à la violence.

Ce lundi 22 août 2016 restera une date mémorable pour les acteurs du système universitaire. Ce milieu marqué par la violence pendant plusieurs années a pris un nouveau visage hier. En effet, à l’initiative de Sa Majesté Jean Gervais Tchiffi Zié, les différents syndicats et associations estudiantins ont décidé de jurer devant les livres Saints de ne plus s’adonner à la violence.

En prélude au colloque de réflexion sur le processus de résolution des problèmes qui minent les universités publiques et les grandes écoles de la Côte d’Ivoire, les organisations d’élèves et étudiants ont signé une charte dans laquelle elles prennent l’engagement d’annihiler toutes formes de violence au sein des universités publiques de Côte d’Ivoire.

Ce sont au total plus de 150 associations d’étudiants qui sont concernés par cette résolutions.

Mais ce lundi, c’est les Secrétaires généraux de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI), de l'Association générale des élèves et étudiants de Côte d'Ivoire (AGEECI), du Syndicat national des étudiants en science de santé (SYNESS) et de la Fédération des étudiants (FEDER) qui ont paraphé ce document.

Un signale fort

Les membres de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI) et de l'Association générale des élèves et étudiants de Côte d'Ivoire (AGEECI) ont décidé de fumer le calumet de la paix en paraphant la charte. Par cet acte, ces deux syndicats viennent mettre fin à plusieurs mois cohabitation difficile.

La dernière en date remonte au mois de mai 2016 lorsque des échauffourées ont éclaté à la suite d’un malentendu au quai de la Sotra au CHU de Cocody. Les étudiants des deux mouvements rivaux, munis de gourdins, d’armes blanches et autres, se sont affrontés sur l’espace universitaire.

Avec la signature de la charte de non violence, les responsables de la FESCI et le l’AGEECI ont décidé de pacifier l’espace universitaire. Ensembles, les membres de deux syndicats rivaux ont entonné des chants et esquissé des pas de danse pour célébrer la réconciliation.

Interrogés, les deux responsables ont réaffirmé leur volonté de travailler ensemble pour le bien être des étudiants.

« Pendant longtemps, nous avons perdu le sens de notre combat en nous transformant en de véritables meneurs d’une fratricide sur l’espace universitaire. Aujourd’hui l’initiative du Roi Tchifi Zié est saluée par l’AGECI. Et l’AGEECI pense que c’est ce qui devait être fait depuis longtemps pour qu’on puisse regarder dans l’avenir. Aujourd’hui, c’est une manifestation de la volonté de tous les étudiants à travers cette charte de prendre leur responsabilité. Et nous comptons sur les autorités pour nous appuyer », a réagi le responsable de l'Association générale des élèves et étudiants de Côte d'Ivoire.

Quand au responsable de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire, il s’est également félicité de cette belle initiative, soulignant que cet engagement de renoncer à la violence, de changer d’image et poser leur revendications autrement est sincère.

« La FESCI n’a jamais plaisanté dans ces décisions dans sa vision et dans ces actions. Nous avons pris l’engagement devant toutes les autorités et les étudiants. Nous pensons fermement que cette démarche va permettre à l’ensemble des campus universitaires et des universités à avoir une image positive. En tant qu’organisation d’étudiants, c’est notre devoir et notre responsabilité de permettre à ce que notre institution universitaire soit vue de la meilleure des manières, ce qui contribue à apporter une plus-value à nos diplômes et au statut des étudiants ivoiriens », a-t-il signifié.

A ce titre, ils ont posé des actes symboliques en jurantsur la Bible et le Coran.

Un 1ère en Côte d'Ivoire

Pendant cette cérémonie, les responsables des associations des étudiants ont posé la main gauche sur les livres Saints et levé la main droite avant de jurer sous le regard attentif du secrétaire général permanent du Forum des Rois, Sultans et Leaders traditionnels du continent africain .

Cette scène qui est une première du genre en Côte d’Ivoire a été remplie d’émotions fortes.

« Tous ceux qui ont la foi en Dieu doivent faire confiance en cette charte car ils ont prêté serment sur la Bible et le coran », a déclaré Sa Majesté Jean Gervais Tchiffi Zié.

En jurant sur les livres Saints, les étudiants se sont engagésàéviter toute forme de violence. Si la charte prévoit des sanctions en cas de non-respect de ses règles, cet acte symbolique revêt un caractère sacré. Il fonde sa coercition sur la sanction morale.

En faisant recours à cette justice traditionnelle pour régler leur différents, les étudiants ont, selon Tchiffi Zié « posé un acte historique devant Dieu ».

« Aux enfants, je réitère cette demande. Soyez patient. Ce ne sera plus vous qui allez revendiquer, mais ce sont les autorités qui vont venir vers vous », a-t-il tranché.

Outre les actions concrètes en vue de résoudre le problème des étudiants, le comité rencontrera les professeurs, les syndicats des professeurs et l’administration afin de sortir un document commun pour résoudre définitivement le problème qui gangrène le système universitaire depuis plus d’une décennie.

« Si on aide les enfants sans aider l’administration et les professeurs, on aura rien fait », a conclu le Roi.

N’ont-ils pas été piégés par cette charte ?

Il n’y a t-il pas un piège en signant une « charte de non violence » alors qu’aucune autorité n’a accepté de leur ouvrir la porte ?

En effet, la violence n’est pas une situation situation isolée. Elle naît généralement de mauvaises conditions dans lesquelles vit l’étudiant.

Cette remarque a d’ailleurs été observée par le conférencier qui a expliqué l’impact des mauvaises conditions d’étude sur les étudiants.

« Lorsqu’un élève a son bac dans le mois de juillet et qu’il est orienté à l’université, il commence les cours au mois en mars . Cela veut dire qu’il se fait violence pendant 9 mois. Il se fait encore violence en se réveillant à 04 heures pour aller à l’arrêt de bus. Il se fait encore violence en prenant les cours étant arrêté, et cela se répète tous les jours. A force de se faire violence, il finit par être violent. Les étudiants ne sont pas violents. Il y a un système dans lequel on met n’importe qu’elle étudiants intelligent, il devient violent », a-t-il souligné.

Apportant plus de précision ce propos, Assi Fulgence Assi a soutenu que « La charte que nous avons signé n’a rien avoir avec la revendication des étudiants. Cette charte engage les étudiants entre eux en milieu universitaire. Ce n’est pas une charte de trêve de nos actions. Nous travaillons à améliorer nos conditions de vie et d’étude. Ici c’est de proposer une plateforme de revendication et hiérarchiser nos revendications. À partir de cela, nous pensons que nos autorités ne vont pas fermer la porte. Elles vont nous ouvrir ses portes-là. Ce qui va nous permettre de trouver des solutions. Au cas où on sent que cette démarche ne trouve pas l’assentiment de nos autorités, nos statuts et règlements nous exigent un certain nombre d’action... », a-t-il conclu.

K.O.
Source: Imatin.net