Scandale/ Franc CFA : Les raisons pour lesquelles la France ne veut pas lâcher les pays africains

Par IvoireBusiness - Scandale/ Franc CFA. Les raisons pour lesquelles la France ne veut pas lâcher les pays africains.

Billets de FCFA.

Les comptes d’opérations ont une origine nazie et un mécanisme de fonctionnement qui a des conséquences très lourdes sur les Africains. Dans cette recherche document, vous comprendrez pourquoi la France ne veut pas lâcher les Pays africains de la zone franc et leurs monnaies le F Cfa.
La France applique actuellement aux Africains les cruautés financières que l’Allemagne nazie lui a infligées pendant l’occupation selon le mécanisme du clearing ci-dessous décrit.
Dès qu’elle a retrouvé la liberté, la France a été doublement inspirée par son ex-occupant allemand. Elle a d’abord créé en 1945 une monnaie militaire appelée le franc Cfa qui lui a permis de s’attribuer ex-nihilo toutes les devises des Pays Africains de la Zone française (Pazf) Pazf au nom de l’alimentation prioritaire des comptes d’opérations ouverts dans son propre Trésor Public. Ensuite, la même France a fait signer en 1963 aux Pazf des accords néo-coloniaux de coopération commerciale (accords de Yaoundé, de Lomé et de Cotonou … ).

Grâce à ces accords léonins, la France a pu importer massivement les matières premières des Pazf sans dépenser une seule devise. Le témoignage du Français Jean Boissonnat est à cet égard très éloquent et une véritable révélation étonnante. Jean Boissonnat, membre du comité monétaire de la Banque de France. La zone Franc, écrit J. Boissonnat, « est une zone monétaire qui, dans sa forme traditionnelle, se caractériserait par le fait qu’elle assurait une intégration économique entre la France et les pays d’Outre-mer. Pratiquement, toutes les décisions étaient prises à Paris. Au point de vue monétaire, le franc était la monnaie commune, même quand il existait théoriquement une autre monnaie (franc CFA par exemple en Afrique noire), car celle-ci n’était qu’un multiple fixe du franc.…
La zone franc a permis à la France de se fournir en certaines matières premières (plomb, zinc, manganèse, nickel, bois, phosphates, oléagineux, uranium…) et aujourd’hui la domination continue avec d’autres matières premières comme le Coton (Mali, Burkina-Faso, Bénin), l’Uranium (Niger), pétrole (Gabon, Niger, Congo Brazaville, Tchad), le bois (Gabon, Cameroun, Congo) et ceci, sans débourser de devises. On a calculé qu’elle représentait 250 millions de dollars par an d’économies de devises. La métropole a acheté, en 1954, pour 365 milliards de marchandises (principalement des produits). On a estimé que 500 000 Français de la métropole tiraient leurs moyens d’existence de l’ensemble économique de la zone franc ».
Les échanges commerciaux entre les PAZF et la France comme des néo-nazis modernisés
Comme on le constate clairement ci-dessus, les accords franco-africains ne sont que la progéniture du clearing nazi dont la France a souffert pendant ses années d’occupation. Les échanges commerciaux entre les PAZF et la France, répétons-le expressément, au regard des résultats désastreux qu’ils produisent sur les Africains, depuis leur signature jusqu’à ce jour, sont des clearings néo-nazis modernisés.
Car les Africains de la zone Franc garantissent à la France la sécurité de ses approvisionnements en matières premières brutes. Mais pour payer ces produits primaires qui lui sont ainsi livrés, la France crédite les comptes d’opérations qu’elle a ouverts dans son propre Trésor Public au nom des trois Banques centrales africaines regroupant tous les pays membres de la zone franc CFA.
Par ce jeu d’écritures comptables, la France ouvre une ligne de crédit ou accorde un crédit aux Pazf.
En paraphrasant le Ministre français des finances qui dénonce ci-dessus le nazisme financier dont son pays a été victime, on peut affirmer que « ce crédit, les Pazf ne peuvent en disposer que pour les payements à faire à la France». Les Pazf importent ainsi de la France, par contrainte, des produits et de la main d’œuvre pléthorique ne répondant pas le plus souvent à leurs besoins essentiels de développement endogène. Pour mémoire, la France puise dans ses caisses des devises pour payer les pays étrangers comme les Etats-Unis d’Amérique ou l’Inde envers lesquels elle a une dette matérialisée par son déficit de balance des payements.
C’est le contraire qui se produit avec les Pazf que la France paie, soulignons-le, en écrivant tout simplement des signes positifs (+) sur les comptes d’opérations attribués unilatéralement aux Pazf. Ceux-ci ne peuvent donc avoir la libre jouissance de leurs revenus d’exportation en provenance de la France qui s’impose à eux comme le seul pays avec lequel ils sont condamnés à commercer, généralement dans des conditions monopolistiques qui leur sont défavorables

Le fonctionnement des comptes d’opérations

La convention entre la France et l’Afrique de la zone franc stipule que : « les Etats membres conviennent de mettre en commun leurs avoirs extérieurs dans un fonds de réserves de change. Ces réserves feront l’objet d’un dépôt auprès du Trésor Français, dans un compte courant dénommé : compte d’opérations.» Et « la banque versera au compte d’opérations les disponibilités qu’elle pourra se constituer en dehors de sa zone d’émission ». Jusqu’en 1973, les banques centrales africaines étaient tenues de verser sur ce compte la totalité des avoirs extérieurs qu’elles détenaient.
La convention de 1973, qui se veut plus souple, contraint les Pazf à déposer au Trésor Français 65% au moins de leurs réserves de change. La convention les autorise à détenir au maximum 35% de leurs avoirs extérieurs pour répondre à leurs besoins de trésorerie et honorer leurs engagements auprès du Fonds monétaire international (F.M.I) et de la B.R.I.(Banque des règlements internationaux).
Depuis le 20 septembre 2005, ce taux est égal à 50% pour la Bceao et à 60% pour la Beac dont la quotité se réduit à celle de son homologue de l’Afrique de l’Ouest dès le premier juillet 2009. Le taux de 65% est inchangé pour la Bcc des Îles Comores. En contrepartie du respect rigoureux de ce principe de centralisation des réserves de change à Paris par les Africains, le Trésor Français s’engage à fournir toutes les sommes dont les Banques centrales africaines peuvent avoir besoin, aussi bien pour leurs règlements à l’intérieur de la zone que pour leurs paiements extérieurs en devises.
« Le compte d’opérations peut devenir débiteur sans qu’aucune limite ne soit assignée à ce découvert. Lorsque le solde est débiteur, le Trésor Français perçoit des intérêts » payés par les Africains. Dans le cas contraire, c’est-à-dire lorsque le solde du compte d’opérations est créditeur, le Trésor Français verse des intérêts aux Africains. Cette convention de comptes d’opérations cause à l’Afrique Noire d’énormes préjudices dont quelques-uns méritent d’être évoqués ci-après.
Les inconvénients des comptes d’opérations pour l’Afrique
Les inconvénients des comptes d’opérations sont essentiellement d’ordre financier, économique, social et politique. Le préjudice financier est énorme. Premier préjudice, les Africains financent l’économie française à leur propre détriment et ce jusqu’à en juin 2015. En effet, avant la réforme de 1973, les Pazf déposaient la totalité de leurs devises au Trésor public français.
Les inconvénients des comptes d’opérations sont essentiellement d’ordre financier, économique, social et politique. Le préjudice financier est énorme. Premier préjudice, les Africains financent l’économie française à leur propre détriment et ce jusqu’à en juin 2015. En effet, avant la réforme de 1973, les Pazf déposaient la totalité de leurs devises au Trésor public français.
Par exemple « en 1966… le gain total de 1.220,3 millions de francs français résulte d’un apport de 221 millions de la France, d’un apport de 1.218,6 millions des Etats africains et malgaches….».
Cela veut dire que l’apport en devises des Pazf est 5,51 fois plus élevé que celui de la France métropolitaine. Cette contribution forcée de l’Afrique est égale à 99,86% du gain net total des devises reçues par la France. Par ailleurs, cette part africaine représente 551% des devises que la France a pu apporter à la zone franc ou à elle-même. Les statistiques financières internationales montrent que les comptes d’opérations ouverts au nom des Banques Centrales africaines ont été constamment créditrices depuis leur création jusqu’en 1980 et après la dévaluation de 1994.
Parce que « les coûts liés à la garantie de convertibilité des monnaies de la zone se sont avérés assez faibles du point de vue de la France. La discipline monétaire que les banques centrales de l’Union Monétaire Ouest Africaine et de l’Afrique centrale (Bceao et Beac) ont dû maintenir les a conduites à disposer d’un solde excédentaire de leurs comptes d’opérations jusqu’à la décennie quatre-vingts. Au début de son existence, la zone franc a joué un rôle non négligeable de pourvoyeur de devises pour la France…».
Les Africains réduits à de simples rentiers financiers
De 1962 1980 la France a versé régulièrement des intérêts financiers créditeurs à ses partenaires africains qui lui ont prêté la totalité ou la grande majorité (à partir de 1973) de leurs recettes d’exportations, conformément à la convention de compte d’opérations. Ce versement régulier de maigres intérêts financiers aux Africains par la France s’observe à nouveau depuis la dévaluation du franc CFA qui a contribué au remplissage rapide des comptes d’opérations. Cela veut dire que les dirigeants africains stockent ou immobilisent dans les caisses du Trésor Français les immenses capitaux financiers indispensables au développement socio-économique de l’Afrique.
Leur collaboration financière négative avec l’ancienne puissance colonisatrice fait d’eux de simples rentiers financiers. Car, au lieu d’utiliser rationnellement ces capitaux dans le développement de l’économie africaine, ils se contentent de récolter les maigres intérêts financiers dont le taux est fixé unilatéralement par la France: « Lorsque le solde sera créditeur, le montant moyen des fonds en dépôt au cours de chaque trimestre sera assorti d’un taux d’intérêt égal à la moyenne arithmétique des taux d’intervention de la Banque de France sur effets publics au plus court terme pendant le trimestre considéré».

La France fait multiples usages de ces avoirs extérieurs africains

Depuis que l’Euro est devenu la monnaie de la France, le taux de rémunération des capitaux africains stockés dans les comptes d’opérations est déterminé par la Banque Centrale Européenne (BCE): « Le solde créditeur du compte d’opérations est désormais assorti d’une rémunération différenciée assise sur les taux de la Banque centrale européenne, selon qu’elle s’applique à la quote-part des avoirs qui doit être conventionnellement centralisée au compte d’opérations, ou au solde excédant cette quote-part». Dans la réalité, c’est la France qui profite des placements des capitaux africains.
C’est pourquoi, M. Omar BONGO, Chef de l’Etat gabonais, tient à faire la mise au point suivante : « Nous sommes dans la zone franc. Nos comptes d’opérations sont gérés par la Banque de France, à Paris. Qui bénéficie des intérêts que rapporte notre argent ? – la France ». En vérité, la France fait multiples usages de ces avoirs extérieurs africains qui lui sont confiés.
Le Trésor Public Français utilise les capitaux africains pour combler ses propres déficits
Le Trésor Public Français se sert des réserves africaines stockées chez lui pour ajuster hebdomadairement sa situation auprès de la Banque de France, d’après Xavier de La Fournière : « L’avantage que représente pour le Trésor français l’existence de soldes créditeurs aux comptes d’opérations est réel, car ils sont l’une des ressources qu’utilise le Trésor français pour financer la charge qui résulte pour lui des découverts d’exécution des lois de finances et de l’amortissement de la dette publique.».
Selon le rapport JEANNENEY, les devises africaines disponibles au Trésor Public Français contribuent à combler le déficit de la balance des paiements de la France: « Lorsque les pays de la zone franc exportent vers l’étranger plus qu’ils n’importent, ils procurent à la France des devises. Celles-ci lui sont utiles si dans le même temps sa propre balance des paiements avec l’étranger est déficitaire. La Grande-Bretagne a souvent tiré un tel bénéfice du fonctionnement de la zone sterling, particulièrement aux époques où les cours des matières premières étaient élevés ».
Les grands pays -dont les Etats-Unis d’Amérique en tête- vivent en général au-dessus de leurs moyens. En conséquence, la France ne peut que se réjouir des devises que lui apportent gracieusement les Africains qui se soumettent à elle par la convention de compte d’opérations sans un seul réel espoir pour ceux-ci de tirer profit de cette servitude volontairement acceptée.
Le remplissage prioritaire des comptes d’opérations se fait contre le développement des Africains
Depuis la dévaluation du Fcfa en 1994, accouplée au boom des matières premières, les comptes d’opérations africains sont abondamment et constamment excédentaires. Par exemple pour la Beac, «les avoirs en Comptes d’Opérations ont augmenté de 47,5%, se situant à 4 311,7 milliards F CFA à fin mars 2007 contre 2922,9 milliards à fin mars 2006». Cette dotation des comptes d’opérations situés à Paris est le double du crédit accordé pour financer le développement économique des pays membres de la BEAC. Car, précise le rapport sur la situation monétaire de la CEMAC, « les crédits à l’économie se sont situés à 2055,9 milliards F CFA au 31 mars 2007…».
Autrement dit, les pays de l’Afrique centrale utilisateurs du Franc CFA préfèrent de loin donner à la France leurs immenses capitaux libellés en devises au lieu de les utiliser pour mettre en place chez eux une véritable politique de développement économique endogène. La même tendance d’extraversion prioritaire des devises africaines au profit de la France s’observe au niveau de l’Afrique de l’Ouest.
Par exemple «les avoirs extérieurs nets des institutions monétaires à la fin de décembre 1996 sont estimés à 884 milliards, en progression de 191 milliards par rapport à fin décembre 1995… Les avoirs extérieurs bruts de la B.C.E.A.O. se sont consolidés, pour s’établir à 1609,1 milliards, soit l’équivalent de six mois d’importation de l’Union. Ils assurent une couverture de l’émission monétaire à hauteur de 101,5 %, contre 95,8% sur un an plutôt.».
A l’opposé de ce remplissage des comptes d’opérations ouverts à Paris, les populations ouest africaines ont été pénalisées ; car, « les interventions globales de l’Institut d’émission ont poursuivi leur baisse, revenant de 554,8 milliards à 495,5 milliards, soit un recul de 10,7%. Cette évolution résulte d’une contraction de 57,5 milliards, des concours aux Trésors et d’un léger fléchissement des avances aux banques et établissements financiers de 1,8 milliard.».
Or, quand les Trésors publics et les banques commerciales du continent s’assèchent à cause de cette priorité accordée à l’alimentation des comptes d’opérations de Paris, ce sont des populations entières qui succombent sous le poids de la pauvreté structurellement organisée par leur usage forcé du franc français hier et de l’Euro aujourd’hui, à travers le F C.F.A. Très loin d’être statique, cet exode des devises des Africains en direction du Trésor de la France est toujours ascendant et il aggrave la pauvreté sur le continent noir.
L’examen des bilans de la Bceao révèle « qu’au 31 décembre 2004, le montant déposé sur le Compte d’Opérations s’élève à 3.449,4 milliards de FCFA contre 2.636,946 milliards de FCFA au 31 décembre 2001 ». En considération des multiples milliards des Africains stockés au Trésor Public français, le Ministre Michel Charasse a pu écrire dans son rapport au Sénat ce qui suit. « Compte tenu du niveau des avoirs extérieurs actuellement détenus par les banques centrales de la Zone franc et de la probabilité très faible que la garantie de l’Etat (français ) ait à jouer au profit de l’une ou l’autre des banques centrales, ces trois programmes ne sont dotés d’aucun crédit au titre de 2008 comme en 2007. La garantie de convertibilité ne s’exercera pas en 2007 et ne devrait pas jouer en 2008, la situation des trois banques centrales étant considérée comme saine avec des réserves de change élevées, correspondant à plus de 4,5 mois d’importations de biens et services pour la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (Bceao), près de 6 mois pour la Banque centrale des Etats de l’Afrique centrale (Beac), et à un niveau suffisant pour la Banque centrale des Comores (Bcc) ».
Comme on le constate, tant que les comptes d’opérations des Africains sont créditeurs, la garantie française ne joue pas. Autrement dit, ce sont les Africains eux-mêmes qui fournissent à la France les devises nécessaires au soutien ou à la garantie du Franc Cfa. La gestion du Franc Cfa par la France est donc conservatrice ou réactionnaire dans la mesure où se perpétue encore l’ordre colonial monétaire malgré l’acquisition des indépendances politiques par les Pazf dans les années 1960. Les devises africaines font encore, comme autrefois, l’objet d’une subtile saisie conservatoire par l’Etat français qui empêche les Pazf, par cette confiscation de leurs capitaux, de commercer librement avec le Reste du Monde.
La France emprunte les capitaux africains détenus sous forme d’obligations
Conformément à l’avenant du 20 septembre 2005, dans le bilan de la Bceao du 31 décembre 2005, « le portefeuille en devises comporte essentiellement des titres obligataires acquis et constitués en majorité de titres souverains, émis par la France (888,9 milliards) et de parts de fonds commun de placement souscrites auprès de la BRI (268,8 milliards)».
Comme on le constate, la nouvelle politique de gestion des réserves de change est favorable à la France. Car celle-ci émet des obligations que la Bceao achète au lieu d’investir ces capitaux dans le développement des pays Africains membres de la zone Franc.

Politique de rigueur budgétaire et l’austérité économique sans fin imposées aux Pazf par la France

Pour pérenniser les excédents financiers structurels des comptes d’opérations qui leur sont favorables, la France et l’Europe dépouillent les Pazf de l’arme budgétaire. Selon J. de Larosiere, « le rattachement des monnaies africaines à une monnaie forte, l’euro, implique que soit poursuivie, dans les zones d’émissions africaines, la mise en œuvre de politiques monétaires rigoureuses…
Les statuts des banques centrales (africaines) de la zone comportent des règles qui institutionnalisent la rigueur monétaire sans laquelle la zone Franc ne pourrait exister… La préservation de la parité et de la fixité du taux de change des monnaies africaines, hier avec le franc, aujourd’hui avec l’euro, impose que les politiques d’assainissement des finances publiques mises en œuvre dans la plupart des pays malgré les difficultés soient poursuivies. ».
C’est-à-dire, tant que les Africains voudront utiliser le F CFA et ancrer le taux de change de ce F CFA à l’Euro qui se substitue au FF, ils devront obligatoirement continuer à réduire de manière drastique leurs dépenses publiques, même si ces dernières sont logiquement incompressibles. Ils devront, par exemple, geler -et ils gèlent effectivement- les investissements structurels dans les domaines suivants : l’éducation nationale, la santé publique, la recherche et développement, les transports publics.
Dans les Pazf, toutes ces réformes structurelles et institutionnelles génératrices de misère sociale se poursuivront aussi longtemps que le F CFA sera ancré à l’Euro. Car, précise M. Jean-Claude Trichet, alors Gouverneur de la Banque de France, « les bénéfices tirés de l’Union économique et monétaire seront à la hauteur des résultats obtenus en matière d’assainissement des économies et de respect de grands équilibres macro-économiques. Ce principe s’applique aux pays désireux de rejoindre l’union économique et monétaire, notamment à la France. Les pays africains de la zone franc gagnent également à le respecter.».
On constate que le principe de fonctionnement des comptes d’opérations dépouille de fait les gouvernements africains de l’arme budgétaire, voire leur lie les mains. En effet, ceux-ci ne peuvent pas disposer, à leur gré, de budgets conformes à leurs immenses besoins. Leurs budgets doivent bénéficier au préalable de l’approbation incontournable de leur puissance protectrice qui est la France. Celle-ci, pour garantir la pérennité de son pouvoir de contrôle sur les Pazf, les fait entrer sous la coupe de l’Europe. Dès le 1er janvier 1999, les Pazf ont été admis à utiliser l’Euro par le biais du F CFA qui lui est rattaché. Toute l’Europe retrouve ainsi son droit de regard sur les Pazf et est désormais autorisée à limiter les besoins des Africains à travers le maniement de l’arme budgétaire contre ses anciennes colonies qui se sont remises, librement et naïvement, entre ses serres de rapace rusé.
Cette arme budgétaire est si importante politiquement et socialement que certains membres de l’Union Européenne, jugés économiquement faibles, ont été contraints de différer leur admission à l’usage de l’Euro. C’est le cas par exemple de la Grèce. Car, précise M. Dominique Strauss-Kahn, Ministre français de l’économie et de finances, « la politique monétaire va être alignée sur la moyenne. Il y a des pays pour lesquels elle sera trop dure, d’autres pour lesquels elle ne le sera pas assez. Il faut avoir des politiques budgétaires qui corrigent ces aspects.».
Donc, des pays hautement industrialisés et développés en comparaison avec ceux de l’Afrique sont ainsi, minutieusement protégés contre les désastres sociaux de l’Euro que dénoncent d’ailleurs à juste titre les syndicats européens en ces termes :« Nous considérons que les critères de convergence sont trop rigides et surtout qu’ils ne tiennent pas suffisamment compte des facteurs sociaux.». En revanche, aucune protection n’est prévue pour les Pazf. La puissance économique de la Grèce est jugée trop faible pour permettre à ce pays d’utiliser, dès 1999, l’Euro. Et, paradoxalement,à la même date de ce premier janvier 1999, l’accord monétaire franco-africain autorise l’usage de l’Euro, via le F CFA, par les Etats Africains tristement célèbres dans le monde entier pour leur misérable niveau socio-économique.

Politique monétaire d’austérité sans fin est volontairement conçue et institutionnalisée pour obliger les Africains

Les Africains sont victimes des exécutions sommaires engendrées par l’application institutionnalisée de cette politique monétaire d’austérité interminable définie hors de l’Afrique et contre le bien-être socio-économique des Pazf. Il faut aussi souligner, avec force, que cette politique monétaire d’austérité sans fin est volontairement conçue et institutionnalisée pour obliger les Africains à « accroître leur capacité d’épargne ». Et cette épargne forcée n’est pas destinée au développement de l’Afrique.
Mais, elle est constituée pour renflouer, de façon prioritaire, les comptes d’opérations ouverts sur les livres du Trésor Public de la France, au nom de chaque Banque Centrale africaine. En d’autres termes, l’arrimage du F CFA à l’Euro a pour fondement l’extraversion des capitaux africains dont la gestion par la France infantilise leurs propriétaires !
La gestion des comptes d’opérations infantilise et déresponsabilise les Africains
L’institutionnalisation de l’exode des richesses africaines repose sur la théorie du régime de change fixe. Dans la réalité, c’est « la Banque de France qui achète ou vend quotidiennement les devises sur le marché des changes pour le compte des Institutions d’émission africaines.». Autrement dit, ces opérations d’achat ou de vente des F CFA sont réalisées par la Banque de France, qui se substitue aux Banques Centrales africaines (Bceao, Beac, et Bcc).
Ces dernières n’ont aucune existence juridique sur le marché international des changes où se décide le sort des Africains, la France étant statutairement autorisée à représenter et à « défendre » les PAZF, et ce, parce que les dirigeants africains se montrent encore, malgré leur indépendance politique vieille de plusieurs décennies, immatures et incapables de défendre directement leur propre monnaie sur le marché internationale des changes. Le fonctionnement des comptes d’opérations institutionnalise donc l’infantilisation chronique et la déresponsabilisation conséquente des peuples africains.
Un tel système monétaire ne concourt en rien à l’éveil des consciences africaines. Or, sans cet éveil de conscience, aucun décollage économique sérieux ne peut être envisagé en Afrique de la zone franc CFA destinée à être dévastée par l’arme nucléaire monétaire européenne.

L’arme nucléaire monétaire de l’Europe contre les Pazf

Lorsque les réserves de change détenues par les Pazf à Paris sont jugées insuffisantes par la France gérante, celle-ci peut décider unilatéralement la dévaluation du F CFA, et ce, contre le gré des Africains mais avec l’accord préalable des Européens unis contre le véritable développement endogène et prodigieux de l’Afrique noire ! L’exemple le plus éloquent est la dévaluation de 1994 qui se révèle comme l’un des moyens très efficaces de remplissage rapide des comptes d’opérations en France.
Ce remplissage s’opère contre le bien-être socio-économique des Africains dont les capitaux prennent ainsi légalement le chemin de l’exil, alors même que ces populations épargnantes sont en proie à la faim, succombent quotidiennement aux maladies bénignes et à la misère obscure sans limite. La pauvreté socio-économique de cette partie de l’Afrique francophone s’aggrave avec l’ascension de l’euro qui emporte sur sa trajectoire ascendante le Franc Cfa ! La pauvreté des Africains concernés ici se perpétue par la violence silencieuse et inouïe du franc Cfa dont l’arrimage à l’euro est une redoutable arme nucléaire monétaire donnée aux Européens pour continuer à détruire méthodiquement les Pazf.
Avec l’Euro qui permet à l’Europe entière de se substituer à la France dans la gestion des Pazf (via le F CFA), les dévaluations répétitives du F CFA sont inévitables. Parce que les Pazf ne seront pas toujours capables de remplir les critères draconiens de convergence définis par l’Europe en fonction des réalités politiques et socio-économiques vécues au quotidien par les Européens (et non pas par les Africains). Au total, l’Union Européenne s’est donné objectivement ce très efficace outil qui consiste à dévaluer à tout moment le F CFA. Les dévaluations à répétition du F CFA ainsi institutionnalisées par le mécanisme de fonctionnement des comptes d’opération seront, pour l’Europe comme pour la France naguère, une technique avancée d’acquisition à vil prix des matières premières africaines qu’elle désire.
Cette méthode lui permettra de grossir artificiellement les dettes extérieures africaines libellées en Euro ou en toute autre devise forte. Par ce mécanisme retors de dévaluation du F CFA, la France et les autres membres de l’Union Européenne accroîtront davantage, avec la même quantité de devises fortes (Euro ou dollars), le volume des prêts convertis en F Cfa et accordés aux Pazf dont l’esclavage financier se confirmera quotidiennement par le principe d’autonomisation de leurs dettes. L’extermination sournoise et rationnellement organisée des millions de peuples noirs par l’arme nucléaire monétaire franco-européenne s’opère à travers ces comptes d’opérations.

Les comptes d’opérations sont véritablement une tragédie humaine

Le stockage au Trésor Public Français des capitaux des Pazf correspond à la privation de revenus de plusieurs millions d’Africains. Le paysan africain moyen a un revenu annuel de 100.000 FCFA. Cela veut dire que 10.000 milliards de FCFA par exemple bloqués dans les comptes d’opérations de Paris équivalent en moyenne à 100 millions de paysans africains privés littéralement de leurs revenus du premier janvier au 31 décembre de l’année considérée.
Ces populations africaines ainsi expropriées et ruinées par le système colonial monétaire français modernisé, sont volontairement livrées à la famine meurtrière qui les extermine tous méthodiquement en silence et à l’insu de la communauté internationale maintenue à dessein dans l’ignorance sur la violence du franc CFA. Elles constituent l’un des réservoirs de main d’œuvre agricole sous-payée et corvéable à perpétuité au niveau planétaire selon les règles du capitalisme mondialisé et sans visage !
Autrement dit, l’Europe communautaire renforcera davantage par cette ingénieuse stratégie monétaire son pouvoir financier qui lui permettra de solidifier son emprise sur les PAZF, non seulement au niveau économique mais aussi sur le plan politique.

La mise au pas des dirigeants africains et le blocage de leurs ardeurs patriotiques

L’Euro naît au moment où l’Afrique est vivement secouée par des guerres ethniques et nationalistes. L’Europe est donc inquiétée par la disparition de la scène politique des pères de l’indépendance politique africaine qui lui étaient très fidèles dans l’expansion et le renforcement en Afrique de son néocolonialisme.
Cette Europe redoute le patriotisme excessif de la nouvelle élite dirigeante africaine qui mettrait en cause l’essentiel de ses intérêts. En conséquence, pour mieux protéger ses avantages acquis dans cette nouvelle Afrique en mutation profonde, l’Europe a trouvé indispensable d’intégrer, contre toute logique économique et financière, les Pazf dans l’Euro dès le 1er janvier 1999. Parce que cette intégration subalterne des PAZF dans l’Union Européenne permet à l’Europe de couper, à travers les comptes d’opération qu’elle contrôle, les ressources financières à tout leader politique africain contestant sérieusement l’ordre politique et socio-économique établi
par le Nord contre le Sud.Donc, en autorisant les PAZF à utiliser l’Euro par le biais du FCFA, l’Europe place sous sa direction les leaders africains présents et à venir. Elle se donne ainsi les moyens objectifs d’assurer la permanence de sa domination sur l’Afrique. Grâce au F CFA arrimé à l’Euro, l’Europe est sûre de détenir fermement le nerf des finances publiques des Etats africains sur lesquels elle continuera de faire main basse. Cela est d’autant plus vrai que l’usine qui fabrique les francs CFA se trouve sur le territoire de la France, à Chamalières.
Cette ancienne puissance colonisatrice peut donc, en harmonie avec ses pairs européens, diminuer ou bloquer à tout moment la quantité de billets des francs CFA dont les Africains ont besoin pour faire fonctionner leurs économies. Le Franc CFA se révèle ainsi comme un facteur de blocage structurel des ardeurs patriotiques ou nationalistes africaines par l’Europe. Les dirigeants africains ont donc totalement tort de se laisser séduire par leur intégration suicidaire à l’Union Economique et Monétaire d’Europe.

Le ghetto Theresienstadt

Pendant la deuxième guerre mondiale, en Allemagne, des billets spécifiques furent émis dans certains Ghettos et camps de concentration. Cet argent permettait l’existence d’une économie rudimentaire derrière les murs fermés. Ces billets étaient différents des billets de banque réguliers employés dehors, afin de rendre plus difficile une éventuelle évasion.
Les billets étaient émis dans le ghetto Theresienstadt, qui était un camp de concentration installé par la Guestapo dans la ville Terezin ( Theresienstadt) au Nord de la République Tchèque. La forteresse de la ville a été transformée en ghetto muré en 1941.
La fonction de Theresienstadt était de fournir un essai avant l’opération d’extermination des Juifs. A l’extérieur, elle a été présentée par les nazis comme modèle d’installation juive. Mais en réalité c’était un camp de concentration. Les Africains de la zone franc, qui donnent gratuitement leurs recettes d’exportation à la France sous prétexte de conversion illimitée, sont en vérité dans ce même camp de concentration monétaire !

L’euro n’est pas fait pour aider financièrement les Africains

Les Africains ne devraient rien attendre de l’Euro. Parce que l’avènement de l’Euro n’engage pour l’Europe aucun « risque de financement monétaire direct des administrations publiques africaines. Il n’implique aucun financement direct de la Banque de France et n’en impliquera pas plus de la part du système européen de Banques Centrales ».
La France endette les Pazf avec les capitaux des Pazf
La France place naturellement, comme tout agent économique intelligent, les immenses capitaux africains dans les établissements financiers ayant les meilleurs taux de rémunération. Elle s’approprie logiquement le différentiel des taux d’intérêts. Elle puise sur ces intérêts financiers qui appartiennent aux Africains une petite partie pour endetter ces mêmes Africains naïfs. C’est ce qu’on appelle l’aide financière de la France à ses anciennes colonies. La France fait de multiples usages des capitaux africains avec lesquels elle peut par exemple spéculer en bourse pour s’enrichir très rapidement !

L’accaparement de l’or africain par la France

La Banque de France a en dépôt plus de trois mille tonnes d’or dont l’essentiel est en provenance des anciennes colonies françaises. Car « la couverture du Franc CFA est assurée par l’ensemble des devises et de l’or centralisé par le pool commun à la zone franc ». Dans le cadre de cette couverture ou de la garantie du Franc Cfa, les Banques centrales des Africains déposent périodiquement une partie de leurs stocks d’or en France. Par exemple, le stock d’or africain de la BCEAO détenu à la Banque centrale de la France, au 31 décembre 2001, est estimé à 206,528 milliards de francs CFA. Face aux dangers réels du Franc Cfa, que faut-il faire ?

Recherche documentaire par Casimir Kpédjo & Joël Yanclo

Source: beninwebtv.com