Revue de presse Afrique - A la Une: six journalistes emprisonnés en Côte d’Ivoire

Par RFI - Revue de presse Afrique. A la Une: six journalistes emprisonnés en Côte d’Ivoire, Par Frédéric Couteau.

Le ton monte en Côte d’Ivoire après l’arrestation dimanche de six journalistes pour « divulgations de fausses nouvelles » dans le contexte des mutineries au sein de l’armée ivoirienne.
Vamara Coulibaly, Yacouba Gbané et Franck Bamba Mamadou, respectivement directeurs des quotidiens L’Inter et Soir Info (indépendants), du Temps (opposition) et de Notre Voie (opposition), sont détenus depuis dimanche dans un camp de gendarmerie à Abidjan, avec leurs collaborateurs Hamadou Ziao (rédacteur en chef de L’Inter), Jean Bédel Gnago (Soir info) et Ferdinand Bailly (Le Temps).
Leur seul tort apparemment est d’avoir affirmé, par voie de presse, que les soldats des forces spéciales, qui s’étaient récemment mutinés à Adiaké, avaient reçu des primes…
Le Syndicat de la presse privée de Côte d’Ivoire, le Synapp-CI, dans un communiqué relayé par Jeune Afrique ou encore par Fraternité Matin, « condamne fermement cette énième atteinte flagrante à la liberté d’expression et à la liberté de la presse, deux droits fondamentaux de l’Homme, reconnus et protégés par la Constitution ivoirienne ».
Le Synapp-CI poursuit : « en période de crise, les attaques contre la presse ne sont jamais un bon signal et ne sont surtout pas un facteur de stabilité et de restauration de la confiance entre les populations. »

Condamnations

Réactions indignées également dans le monde politique ivoirien, notamment celle de Mamadou Koulibaly, président de Lider, Liberté et démocratie pour la République, parti d’opposition, sur le site Afriki Presse. Pour lui, accuser les journalistes d’atteinte à la sûreté de l’Etat est un non-sens : « les journalistes peuvent prendre un clavier ou un stylo pour parfois insulter ou mentir. Mais de là à aller porter atteinte à la sûreté de l’Etat, il faut un effort héroïque pour arriver à une telle conclusion. Ce que nous constatons est qu’il y a des gens (les militaires mutins) qui ont fait usage d’armes pour tirer et blesser des gens et ils n’ont pas été accusés d’atteinte à la sûreté de l’Etat. »
Pour sa part, l’ancien ministre ivoirien des Sports, Alain Lobognon, dont les propos sont rapportés par le site Connection Ivoirienne.net , « condamne et déplore » cette garde à vue, estimant que « la Côte d’Ivoire n’en a pas besoin. » Alain Lobognon qui affirme aussi que « détenir un journaliste même quelques secondes, c’est retirer au pays des points sur ses indices de libertés et de démocratie. »

Sale temps pour la liberté de la presse

Réactions indignées aussi dans les médias ivoiriens. Exemple, le site d’information Lepointsur : « sale temps, s’exclame-t-il, pour trois directeurs de publication et trois de leurs collaborateurs détenus depuis dimanche matin au camp de gendarmerie d’Agban sur ordre du Procureur de la République. Il est reproché à ces journalistes d’avoir divulgué de fausses informations sur la récente mutinerie des soldats des forces spéciales à Adiaké. Les mis en cause indiquent que les informations qu’ils ont publiées se fondent sur des investigations effectuées sur place. Ils notent que rien n’a été inventé et que les faits rapportés ne sont que des témoignages faits sur place. Ce qui est étonnant dans cette affaire, poursuit Lepointsur, c’est qu’après avoir semé le désordre et effrayé les populations riveraines, les éléments des forces spéciales ne sont pas du tout inquiétés par la justice. Mieux, au lieu de les menacer de sanctions disciplinaires et pénales, ce sont des promesses de primes qui leur sont faites comme à ceux des mutins de Bouaké. »

Afrique sur 7, autre site d’information ivoirien, renchérit : « c’est l’État de Côte d’Ivoire tout seul qui incite ses militaires et forces de l’ordre à l’insoumission et à la rébellion, s’exclame-t-il. En effet, comment un gouvernement d’un pays dit moderne peut-il distribuer 12 millions de FCFA à 8.400 soldats, d’ex-rebelles, pour avoir porté le président au pouvoir ? Pourquoi n’a-t-il pas donné la même somme d’argent aux autres pour éviter la multiplication des mutineries ? (…) La Côte d’Ivoire a reculé ces dernières années sur le plan de la liberté de la presse, poursuit Afrique sur 7. Plusieurs quotidiens de l’opposition sont régulièrement interdits de parutions plusieurs jours, parfois pour des futilités. Le régime, qui espère faire baisser la température en cassant le thermomètre, se plante en beauté, s’exclame encore le site, puisque les informations sur le paiement de primes aux mutins d’Adiaké dès ce lundi par le trésor public de Bassam continuent de circuler sur les réseaux. À cette allure, tous les Ivoiriens risquent de finir dans les prisons du gouvernement pour s’être passés les informations sur la piteuse gestion de cette crise militaire par leurs autorités.

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