RDC : suspension "immédiate" de l'exploitation minière au Nord et Sud-Kivu

Le 12 septembre 2010 par(AFP)- La décision du président de la RD Congo de suspendre

Le 12 septembre 2010 par(AFP)- La décision du président de la RD Congo de suspendre

l'exploitation minière dans trois provinces, dont le Nord et le Sud-Kivu (est), au sous-sol riche et où rebelles et militaires contrôlent des mines, est "d'application immédiate", a annoncé samedi le ministre des mines.
Le chef de l'Etat Joseph Kabila a "fait le constat amer" que "l'ampleur de l'exploitation minière dans cette partie du pays résulte du fait des activités de groupes mafieux qui confortent (...) l'insécurité récurrente", est-il écrit dans un communiqué signé par le ministre Martin Kabwelulu.
Le président, qui séjourne actuellement à Goma, la capitale du Nord-Kivu, a aussi dénoncé "l'implication manifeste de certaines autorités locales, provinciales, et nationales, tant civiles que militaires, dans l'exploitation illégale et le commerce illicite des substances minérales", est-il ajouté.
La décision, prise vendredi et qui concerne aussi la province du Maniema, à l'ouest de celles des Kivu, "est d'application immédiate" et vise "les détenteurs de titres et droits miniers, les comptoirs, les négociants ainsi que les exploitants artisanaux", précise le ministre.
Le Nord et le Sud-Kivu sont très riches en minerais, principalement la cassitérite -minerai d'étain, utilisé dans la soudure-, et le coltan -abréviation de colombo-tantalite, utilisé dans les téléphones et ordinateurs portables, consoles de jeux,etc.-. On y trouve également des gisements d'or.
Le communiqué du ministre ne précise pas quels moyens seront mis en oeuvre pour faire appliquer la décision, alors que l'exploitation illégale de nombreuses carrières se fait sous le contrôle de groupes armés actifs dans ces deux provinces, surtout de la rébellion hutu des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR).
Certains officiers de l'armée congolaise, notamment d'ex-membres du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), un groupe rebelle rallié à Kinshasa début 2009, et dont la majorité des combattants ont été intégrés dans l'armée, tirent aussi profit de l'exploitation de certaines mines.
Près de Walikale au Nord-Kivu, la mine de Bisié, d'où provient environ 70% de la cassitérite de la province, se trouve ainsi sous le contrôle d'anciens du CNDP. Véritable petite ville isolée dans la forêt -on n'y accède qu'après plusieurs heures de marche-, Bisié fait vivre plusieurs milliers de personnes sur le site.
Selon un rapport de l'ONU publié en novembre 2009, l'exploitation par les FDLR de la cassitérite et de l'or dans les deux Kivu fournissait à ce mouvement "des millions de dollars de financement direct".
L'arrêt des activités minière dans les trois provinces laisseraient sans travail des centaines de civils, appelés "creuseurs artisanaux", qui extraient les minerais à la main.
La décision de M. Kabila intervient à un moment où la situation sécuritaire s'est aggravée ces dernières semaines dans les Kivu, où, selon l'ONU, plus de 500 viols systématiques ont été commis de fin juillet à fin août, principalement par des groupes armés.
Fin juillet, des rebelles des FDLR et des miliciens Maï Maï avaient attaqué un avion petit porteur utilisé pour le transport à Goma de la cassitérite extraite à Bisié, et pris cinq jours en otage le copilote indien, avant de la relâcher.
Deux autres aéronefs ont été à nouveau attaqués au même endroit le 1er septembre. Les assaillants ont pris en otage et détiennent toujours depuis le pilote ukrainien et le copilote congolais d'un des avions.