RDC: la France évoque un «semblant d'accord» et met la pression sur Kinshasa

Par RFI - RDC. La France évoque un «semblant d'accord» et met la pression sur Kinshasa.

Jean-Marc Ayrault a estimé mardi 18 octobre que reporter l'élection présidentielle en RDC n'était «pas une réponse à la crise».

Après l’Union européenne lundi, la France elle aussi hausse le ton face à la crise politique en République démocratique du Congo. Parlant de «semblant d’accord», d’«absence de consensus», la France a qualifié en termes durs mardi 18 octobre l’accord politique signé à Kinshasa par la majorité et une frange de l’opposition. Pour Paris, l’accord politique tel que conclu à Kinshasa ne propose pas un plan de sortie de crise valable.

Pour la France, reporter la présidentielle à 2018 n’est pas une solution acceptable. « Les élections doivent avoir lieu le plus rapidement possible », confie une source au Quai d’Orsay, « c’est-à-dire en 2017 » au plus tard. Reporter la présidentielle de plus d’un an serait trop risqué pour l’alternance démocratique.

Deuxième point : le dialogue doit être élargi pour être plus représentatif. Les poids lourds de l’opposition doivent y participer. La communauté internationale martèle ce message depuis des semaines sans succès. Mardi, Jean-Marc Ayrault, ministre français des Affaires étrangères l’a répété. « La Constitution prévoit que le président Kabila ne peut pas se représenter et son mandat s'arrête avant la fin de l'année 2016, il faut donc prévoir les prochaines élections présidentielles. Aujourd'hui, il y a un semblant d'accord qui est accepté par une petite partie de l'opposition qui ne fait pas consensus. Donc nous mettons en garde et si rien n'est fait, alors la communauté internationale devra prendre ses responsabilités », prévient-il.

A savoir, prendre des sanctions individuelles contre des personnalités qui feraient obstacle à une sortie de crise en RDC. C’est ce que prévoient les partenaires internationaux en dernier recours. Avant, ils espèrent bien faire fonctionner la pression diplomatique et notamment au sommet international de Luanda le 26 octobre prochain. La réunion coorganisée par l’ONU sera consacrée à la République démocratique du Congo.

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La cérémonie de clôture a eu lieu hier, mardi 18 octobre. Le dialogue a pris fin avec la signature d'un accord qui prévoit l'élection présidentielle au mieux en avril 2018 et qui donne également la primature à l'opposition et met en place un comité de suivi national issu du dialogue. Au titre de cet accord, le président kabila - lui - restera au pouvoir jusqu'à l'élection de son successeur. Il n'est pas spécifié dans l'accord précisément qu'il ne peut pas se représenter ou changer la constitution pour lever la limite du nombre de mandats, mais le texte appelle au respect intégral des articles de la constitution qui exclut ces deux options. Cet accord, toujours rejeté par deux des principales formations de l'opposition, le Rassemblement et le MLC, a été officiellement paraphé hier par les délégués.

A l'entrée de la cité de l'Union africaine, une haie d'honneur de militants des partis de la majorité mais aussi de l'UNC de Vital Kamerhe, co-modérateur de l'opposition au dialogue. Chants, cris, au passage des véhicules des personnalités. La sécurité a été renforcée officiellement en raison de la présence d'invités de marque : le commissaire Paix et Sécurité de l'Union africaine, les représentants des organisations sous-régionales, CIRGL, SADC, CEEAC venus en force. Peu d'ambassadeurs occidentaux, pas invités, à l'exception très remarquée de l'ambassadeur des Etats-Unis.

La cérémonie a commencé par la signature formelle de l’accord par les chefs des différentes délégations qui participaient à ce dialogue. Le facilitateur Edem Kodjo, en maître de cérémonie, a appelé les photographes et les cameramen à prendre des images.

Le premier à signer, c’est Vital Kamerhe, président de l’UNC (Union pour la nation congolaise) et co-modérateur de ce dialogue pour les partis d’opposition qui y participaient. Suivi par le directeur de cabinet du président Kabila, chef de file de la délégation de la majorité. Néhémie Mwilanya a pris la peine de relire l’accord, article par article, avant de le parapher.

Les représentants des quatre composantes se retrouvent à brandir l’accord sous les flashs des photographes. L'atmosphère est détendue, les applaudissements fusent. Chacun y va de son commentaire : la délégation de l'opposition insiste sur le rôle clef que jouera le Premier ministre issu de ses rangs ; la majorité que tous les articles de la constitution seront respectés.

Mais seuls trois intervenants pour cette cérémonie de clôture. Le facilitateur Edem Kodjo, qui, pour son dernier tour de piste, n’a pas boudé son plaisir. Le facilitateur est revenu sur sa récusation par le Rassemblement de l’opposition qui le jugeait partial ; il a parlé d’injures à son encontre avant de féliciter les délégués auxquels il a lancé « Vous avez écrit l'histoire !», pour finir par expliquer que c’était un grand jour pour la République démocratique du Congo, que cet accord sans être parfait pouvait jeter les bases de la paix dans le pays.


Vous avez, chers dialoguistes, offert à la nation une piste, un chemin, même si elle n'est pas une autoroute. Elle ouvre néanmoins des perspectives pour construire et bâtir l'avenir.

C’est également ce qu’a expliqué le commissaire Paix et Sécurité de l’Union africaine. Smaïl Chergui dit toujours regretter le boycott de ce dialogue par les autres « sensibilités » de l’opposition et de la société civile. Il les a appelées à s’impliquer dans le suivi de cet accord.

Parmi les autres intervenants à s’exprimer, le représentant adjoint du secrétaire général des Nations unies, David Gressly. Il a dit « prendre acte » des conclusions de ce dialogue, mais espérer qu’un processus « plus inclusif » allait s’ouvrir à partir d’aujourd’hui. « Nous encourageons tous les Congolais à privilégier l'intérêt national, à dépasser les intérêts particuliers, personnels ou partisans. Et à se joindre à ce processus pour privilégier le dialogue qui reste l'unique voie de sortie pacifique à l'impasse électorale actuelle. Nous exhortons toutes les parties prenantes congolaises à continuer de prendre des mesures qui visent à créer un climat de confiance. La Monusco, nous continuerons à promouvoir la consolidation de la paix et un processus transparent associant toutes les parties prenantes congolaises dans le respect de la Constitution », a-t-il insisté. C’est sans doute l’intervenant qui a été le moins applaudi par les délégués.

Pour protester contre cet accord, les partis de l'opposition qui ont refusé de participer au dialogue, dont ceux du « Rassemblement », appellent à une journée « villes mortes » ce mercredi.

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