Rattrapage ethnique/ Les Évêques sans pitié pour Ouattara : « La C.I doit retrouver son harmonie en quittant la rive des barrières ethniques »

Par Le Temps - Rattrapage ethnique. Les Évêques sans pitié pour Ouattara « La C.I doit retrouver son harmonie en quittant la rive des barrières ethniques ».

Les Évêques de Côte d'Ivoire lors de la 98è Assemblée Plénière de la Conférence des Évêques Catholiques tenue à San Pedro. Image d'archives.

Politique nationale : Les Evêques sans pitié pour le régime

La situation sociopolitique inquiète plus d’un Ivoirien. Les clignotants sont au rouge et le pire est à craindre à l’approche de l’élection présidentielle de 2020. Dans le même temps, il est de notoriété que la justice ivoirienne peine à jouer sa partition dans le processus de démocratisation dont dépend la réconciliation nationale. Bien au contraire, notre appareil judiciaire inquiète de par ces verdicts taillés à la tête du client et surtout à fort relent politique. Sept ans après la fin de la crise postélectorale les séquelles sont encore vivaces. Les évêques de l’Eglise Catholique de Côte d’Ivoire multiplient donc les appels à la réconciliation véritable entre les fils et filles du pays. Ils ne manquent plus d’occasion pour se faire entendre. Comme cela vient de se faire à Bouaké. En effet, à l’occasion de la clôture de la cérémonie marquant la 108ème Conférence des Evêques de Côte d’ Ivoire, tenue dans la capitale du Centre, du 16 au 21 janvier 2018, les chrétiens catholiques ont encore lancé un appel à la réconciliation, à la paix des cœurs. Le thème choisi, «La Conversion », colle justement à l’actualité brûlante en Côte d’ivoire. A tout le moins pour ce qui laisse transparaître le message de Monseigneur Alexis Touabli, évêque d’Agboville. En exhortant les chrétiens catholiques à s’approprier le thème, le prélat a été on ne peut clair en direction des autorités ivoiriennes. « Frères et sœurs, c’est toute la Côte d’ivoire que je voudrais inviter ici à la conversion. C’est-à-dire à retrouver son harmonie. La Côte d’Ivoire, ce beau pays. En quittant la rive des barrières. Barrière d’ordre ethnique, barrière d’ordre politique, barrière d’ordre religieux pour passer sur la rive de l’acceptation de l’autre dans sa différence. La rive de la fraternité nationale qui transcende toute barrière ». A déclaré Monseigneur Alexis Touabli. Poursuivant, l’évêque d’Agboville a ajouté: «Que la Côte d’Ivoire soit belle, d’une beauté arc-en-ciel. Où chacun accepte l’autre». «Tu n’es pas de mon ethnie, c’est vrai mais tu es mon frère. Parce que nous avons le même père Dieu et la même mère, la terre de Côte d’Ivoire. Tu n’es pas de mon parti politique, c’est vrai, mais tu es mon frère. Car nous avons le même père qui est Dieu et la même terre, la Côte d’Ivoire. Tu n’es pas de ma religion, tu es mon frère. Car nous avons Dieu pour père et la terre bénie de la Côte d’Ivoire comme mère», a interpellé Monseigneur Alexis Touabli. Tout en appelant à la conversion de tous. En d’autres termes, au pardon et à la fin de l’oppression d’une partie du peuple. Celui se réclamant du camp Gbagbo. Des messages forts qui doivent interpeller le pouvoir Ouattara. Va-t-il prendre en considération ces conseils des Evêques? En tout cas, on note que les chrétiens catholiques ne sont pas à leur première interpellation. Dans son homélie du 31 décembre 2017, Monseigneur Marcelin Kouadio, évêque de Yamoussoukro, avait tiré la sonnette d’alarme sur le climat qui prévaut en Côte d’ivoire. «Les microbes qui tuent vous ne leur faites rien. Voilà à quel niveau nous sommes rendus. Oui peut-on parler de paix quand des nomades à la moralité douteuse en collusion avec certains ivoiriens indignes, pillent de façon clandestine nos ressources naturelles. L’expression orpaillage clandestin n’est pas de moi et ces derniers vont plus loin en faisant des enfants avec nos filles, nos enfants. Oui peut-on parler de paix par la réconciliation en Côte d’Ivoire avec tant de réfugiés et de prisonniers politiques. Oui peut-on parler de paix due à la croissance économique quand paradoxalement, nos jeunes veulent à tous prix fuir la Côte d’Ivoire, pays dit phare, pays dit locomotive via la Lybie et la Méditerranée où des traitements dégradants et la mort les attendent. Oui peut-on parler de paix sans justice équitable. Chers frères et sœurs comment trouver le défit de la paix par la réconciliation dans notre pays. Que Jésus le prince de la paix par l’intercession de Marie, la reine de la paix nous obtienne cette grâce maintenant et toujours. Paix en Côte d’Ivoire». A interpellé Monseigneur Marcelin Kouadio, évêque de Yamoussoukro. Des messages qui s’adressent au pouvoir Ouattara. Lequel semble conduire le pays vers l’abîme, à la lumière du climat qui prévaut actuellement.

T N

NB: Le titre est de la rédaction.