Procès de Gbagbo et Blé : La défense rejette la décision du juge concernant le contre-interrogatoire des témoins

Par IvoireBusiness - Procès de Gbagbo et Blé. La défense rejette la décision du juge concernant le contre-interrogatoire des témoins.

Le juge président Cuno Tarfusser.

Au sixième jour du procès de Laurent Gbagbo et Blé Goudé, le juge président Cuno Tarfusser a rendu une décision sur la procédure de contre-interrogatoire des témoins à charge, dont les auditions ont commencé depuis mercredi.
Il a motivé sa décision par le fait la défense ne devrait pas soumettre les témoins aux questions qui pourraient les déstabiliser. C’est la notion de « question directive » soulevée par la défense laquelle vise par des réponses courtes à vérifier la crédibilité du témoin et son témoignage par l’une des parties. La décision du juge président a immédiatement été rejétée par la défense du Président Laurent Gbagbo et du Ministre Charles Blé Goudé.
Maître Altit a dénoncé une décision du juge président défavorable à son client car touchant à l'équité de la procédure. Décision prise en absence de toute base juridique.
Pour rappel, les questions directives sont des questions fermées de précisions qui restreignent le champ de réponses du témoin car ce dernier est obligé de ne donner qu’une seule réponse à une question.
Le but de ces questions directives est de cadrer, confirmer, vérifier les différentes réponses du témoin, afin d’éviter de trop grandes digressions de sa part qui pourraient perdre la cour en l’éloignant de la vérité. Les mythomanes et affabulateurs sont sûrs avec ces questions directives d’être pris la main dans le sac.
Selon les avocats de la défense, cette décision du juge président aura des conséquences sur la suite du procès. Ils ont donc demandé l’autorisation d’interjeter appel.

Pour Me Alit, « avec cette décision, la défense est en infériorité par rapport à la partie appelante. Cette décision pourrait infecter l’issue du procès. La chambre d’appel doit se prononcer rapidement sur notre demande d’autorisation, car cela vaut aujourd’hui pour la défense et demain pour l’accusation. »

L’avocat de Charles Blé Goudé a abondé dans le même sens.
Pour Me Knoops, cette décision est « ambiguë et pleines d’incertitudes qui pourront influencer l’issu du procès ».

Il a demandé que le juge autorise la défense à interjeter appel de sa décision.
« Tant qu’il n’y a pas une ultime décision, ce procès ne serait pas équitable », a-t-il indiqué.

Levée de bouclier de la part de l’accusation, qui a indiqué que conformement à l’article 3 des statuts de la chambre, la défense pouvait trouver une solution à ses préoccupations.

« Nous souhaitons souligner que cette question n’affecte pas l’équité de la procédure. La décision de la chambre va dans le sens de la procédure », a plaidé l’accusation.

Quant au juge président, il a marqué son indignation face à la défense qui l’accusait de vouloir biaiser le procès.

Il s’est interrogé : « Je voudrais miner le droit de la défense ? ».
« Je trouve cela un peu fort », fera-t-il remarquer, avant de décider d’une suspension de séance.
A la reprise, l’audience finalement été suspendue et reportée au lendemain vendredi 05 février à 11 h GMT.

Michèle Laffont
Envoyée spéciale à la Cour pénale internationale