Procès de Gbagbo et Blé: Déclaration n°4 du FPI relative aux contrevérités dans la déposition du premier témoin P.547 de l’Accusation

Par Ivoirebusiness - Procès de Gbagbo et Blé. Déclaration n°4 du FPI relative aux contrevérités dans la déposition du premier témoin P.547 de l’Accusation.

Le début du ballet des témoins devant la CPI, dans le cadre du procès de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé, dévoile déjà de graves anomalies que chacun peut relever avec un minimum de bon sens. Le Front Populaire Ivoirien a choisi de partager quelques unes de ces anomalies avec l’opinion.

Le premier témoin appelé à la barre par la procureure Bensouda pour étayer ses accusations contre le président Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé, est le témoin P.547. L’homme s’exprime en Malinké ou Dioula et ses propos sont traduits en Anglais et en Français. Il a été admis, au préalable, qu’il ne comprend pas le Français, ce qui explique qu’il ne puisse s’exprimer dans cette langue. Par ailleurs, il semble clair que l’homme ne sache ni lire ni écrire.

Première anomalie :
Au cours de sa déposition, le témoin P.547 présenté comme ne sachant pas parler le Français, a répondu en Français avant même que les questions formulées dans cette langue n’aient été traduites en Malinké. Cela lui a été rappelé.

Deuxième anomalie :
A l’observation, la déclaration du témoin P.547 est diffuse et prolixe. Elle ressemble à une suggestion dont la répétition, genre récitation d’une leçon apprise, donne un aperçu de sa personnalité.

Troisième anomalie :
Le témoin P.547 est à l’évidence un militant du RDR : sa carte de membre l’atteste ! Aussi, son récit aux relents de militantisme partisan ne peut-il échapper au parti pris enraciné dans les positions du RDR d’Alassane Ouattara. Ses positions sont bien des fois émaillées de contrevérités qui sont ressassées comme si on voulait se convaincre qu’à force de répéter des mensonges ils peuvent devenir des vérités. En tout état de cause, plus d’une fois, le témoin a fait de fausses affirmations, sans se soucier du fait que les faits, dans leurs réalités, sont têtus, peut-être, pour émouvoir la cour et l’auditoire. Quelques exemples :

1. Le témoin affirme que Guillaume Soro, par la voix de la radio de l’ONUCI, a donné les instructions de faire une marche pacifique en levant les mains pour signifier qu’ils n’étaient pas armés et qu’ils marchaient les mains nues. ONUCI FM, comme une certaine « RADIO MILLE COLLINES », était certes un des canaux de propagande et d’incitation à la désobéissance civile et au désordre de la rébellion en ces temps-là, mais la vérité est que le seul appel de Guillaume Soro est en ce moment a été diffusée sur TF1 et présentée sur « TCI » et « France 24 » où Soro Guillaume a donné plutôt des instructions, conformément aux recommandations d’Alassane Ouattara, aux rebelles, mercenaires, Dozos et autres supplétifs regroupés au Golf Hôtel, pour se préparer à installer par la force des armes un nouveau DG à la RTI ;

2. Le récit du témoin a eu pour particularité de gommer les distances qui séparent les communes d’Abidjan. Il dit habiter la commune de Yopougon, d’où il serait parti à 07 heures, avec un temps d’arrêt pour prendre son petit déjeuner au kiosque dans la même commune, avant d’emprunter un « gbaka » pour rallier Adjamé et poursuivre son chemin à pied pour atteindre le cinéma Liberté aux 220 logements.
Du cinéma Liberté, on observera, on ne sait pour quelle raison, qu’il s’est retrouvé devant les locaux de Fraternité Matin avant de revenir traverser l’autoroute sur le pont piéton pour être à Cocody au siège du RDR à 09 heures. En fait, point n’est besoin d’aller au siège de Fraternité Matin, lorsqu’on vient de l’ex-Cinéma Liberté, pour emprunter le Pont piéton mentionné ici. En plus, les distances qui séparent tous ces lieux, et le temps mis par le témoin pour les rallier, tout en tenant compte des arrêts (pour le petit déjeuner par exemple) et le fait qu’il était surtout à pied, sont assurément surréalistes, pour qui connait la ville d’Abidjan. Cela a d’ailleurs été relevé par le Procureur qui a interrogé son Témoin.

3. Le Témoin soutient qu’il a été en détresse et a été secouru par la Croix Rouge à Cocody où l’armée l’avait laissé pour mort. La Croix Rouge, au lieu de l’évacuer au CHU de Cocody, qui était le plus proche, l’a acheminé beaucoup plus loin, au CHU de Yopougon, pour des raisons que le témoin ne mentionne pas, à part le fait que, selon lui, Alassane Ouattara avait donné des instructions pour qu’il soit pris en charge gratuitement, ainsi que les autres victimes. Cela se serait passé le 16 décembre 2010. A cette date et jusqu’au 11 avril 2011, jour de l’arrestation du président Gbagbo par les forces françaises, c’est bien le gouvernement du Président Laurent Gbagbo qui gérait les institutions de l’Etat. Comment Alassane Ouattara pouvait-il donner des instructions de gratuité dans une formation sanitaire publique ?

4. Un peu plus loin, le témoin soutient que le Président Gbagbo a donné des instructions pour l’élimination physique, de façon systématique et impersonnelle, de tous les blessés déjà admis dans les hôpitaux. Manifestement, le témoin P.547 est en plein délire ! Tant, pour peu qu’on soit raisonnable, il apparait invraisemblable qu’un tel ordre puisse avoir été donné par Laurent Gbagbo. Peut-être, le témoin veut-il rappeler au souvenir des Ivoiriens les crimes des rebelles qui pourchassaient les étudiants blessés jusque dans les hôpitaux pour les achever ! Et le témoin se soucie très peu de la cohérence de ce qu’il débite : nonobstant les instructions de soins gratuits en sa faveur, le patient qu’il est, sort de l’hôpital six jours plus tard, le 22 décembre 2010, avec les factures des frais engagés pour les soins nécessités par son Etat de santé. Sans commentaire !

5. Les avocats de la défense du Président Gbagbo et du Ministre Blé Goudé ont demandé que la cour revienne sur sa décision de ne pas admettre de questions directives qui permettent de se prononcer sur la personnalité du témoin, surtout lorsqu’il s’agit d’un contre-interrogatoire pour la défense, la manifestation de la vérité étant à ce prix. L’audience a repris le 04/02/2016 sur la décision de la cour sur cette question.

6. La cour a confirmé sa décision de ne pas permettre de poser des questions directives. Les avocats de la défense ont demandé à interjeter appel de la décision. Elles ont exposé leurs arguments avec lesquels le procureur est en partie d’accord, mais il estime qu’il n’est pas indiqué de suspendre la procédure dans l’attente de la décision d’appel. Naturellement la représentante légale des victimes s’est opposée à la requête d’appel. Une suspension a été décidée par le Juge Président, ce 4 février 2016.

Pour sa part, le Front Populaire Ivoirien souhaite que la vérité, toute la vérité, se dévoile dans sa magnifique nudité, à la face du monde.

Fait à Abidjan, le 8 février 2016

Pour le Front Populaire Ivoirien
Le Secrétaire Général,
Porte-parole par intérim
KONE Boubakar