HOMMAGE AUX VICTIMES DU 13 NOVEMBRE A PARIS: Les dessous des jeux de l’émotion de l’Elysée, Par Germain Séhoué

Par IvoireBusiness - HOMMAGE AUX VICTIMES DU 13 NOVEMBRE A PARIS. Les dessous des jeux de l’émotion de l’Elysée, Par Germain Séhoué.

Ce vendredi 27 novembre 2015, la France de François Hollande honore ses 130 victimes et 350 blessés des attentats du 13 novembre 2015. L’événement qui reçoit de nombreux dirigeants du monde, se tient dans la cour d'honneur des Invalides à Paris. Rendre hommage à ses morts est un devoir pour un peuple humain. Lorsqu’un innocent tombe, son sang attriste la terre, l’humanité. La douleur des Français devrait donc être planétaire. Mais les autorités politiques de l’Hexagone n’en font-elles pas un fonds de commerce ? Une grande question que nous allons aborder avec lucidité. A l’occasion, dans la cour des Invalides, à 10h36, est chanté par un trio : Yaël Naïm, Camélia Jordana et Nolwenn Leroy « Quand on a que l'amour » de Jacques Brel. N’explosons pas. Les mots sont français. Interrogeons nos consciences et les consciences non enlisées. Chanter « Quand on a que l'amour » sous la bénédiction de l’Elysée, ne relève-t-il pas de l’hypocrisie et du refus de repentance ? C’est un philosophe français, Michel Onfray, qui a déjà donné son point de vue dans un post sur Facebook avec sa photo, sur ce drame français, après celui de Charly Hebdo : « Vous bombardez leurs pays et vous déchirez leurs familles, vous dessinez leur prophète dans des dessins les plus ridicules, vous encouragez les chrétiens africains et vous les armez pour les tuez au Mali et en Afrique centrale… Puis vous vous manifestez comme des victimes !!! Ne vous moquez pas de vous-mêmes. Personne ne vous croira à part les débiles et les hypocrites ». La France impérialiste, négrière, néocolonialiste, n’aurait-elle que l’amour ? Michel Onfray a été bien inspiré de dire « Personne ne vous croira à part les débiles et les hypocrites ».

Le recourt à l’émotion salvatrice

La présidentielle de 2017 arrive à grands pas. François Hollande s’est illustré comme le Président le plus impopulaire de la Ve République. On se rappelle qu’après l’attentat contre Charly Hebdo le 7 janvier 2015 et la marche mondiale du 11 janvier 2015 à Paris, sa cote de popularité qui était en berne, avait bondi de façon historique de 21 points dans le baromètre Ifop-Fiducial pour Paris-Match et Sud Radio publié lundi 19 janvier, ce qui le hisse à 40%. Et Frédéric Dabi, directeur du département opinion d’Ifop d’avouer à l'AFP : «Jamais auparavant une progression aussi forte n'avait été relevée par l'Ifop, doyen des instituts français de sondage ». L’émotion qui a secoué les Français et mobilisé la communauté internationale a profité à l’Elysée. Mais l’émotion va retomber. Dès le mois de mars 2015, le président rechute sous la barre des 30% alors que le Premier ministre oscille autour des 40%. Mi-octobre 2015, la cote de popularité de François Hollande mesurée par un sondage IFOP, « s’élève à 20 %, contre 23 % en septembre, tandis que 79 % (+ 2 %) des personnes interrogées se disent mécontentes du président ». Voilà qu’interviennent les attentats du 13 novembre 2015 à Paris. Hollande sort les griffes contre l’ennemi national Daech qu’il fait bombarder davantage. Dans la foulée, il prend des mesures exceptionnelles, genre « Patriot Act » à la française : état d’urgence, déchéances des binationaux soupçonnés d’implication dans le terrorisme de la nationalisé française, etc. Des lois ou décisions proches de la vision du Front national de Jean Marie Le Pen. La récompense ne tardera pas à tomber. La cote de popularité de François Hollande remonte de 8 points en novembre de plus qu'en octobre, soit à 27%, et celle de Manuel Valls de 3 points (39%), selon un sondage Bva pour Orange et iTELE réalisé après les attentats du 13 novembre 2015. Hollande et Valls sont encore crédités de leur gestion de cette nouvelle crise d’attentats. Parce qu’on le voit, Hollande court dans les quatre points cardinaux à la recherche d’alliés contre Daech (Américains ; Anglais...). Il veut tout faire pour impliquer l’Allemagne d’Angela Merkel, un pays tranquille, sans histoire, dans sa guerre contre les terroristes. Il court à Moscou, courtiser Vladimir Poutine, pour le convaincre d’un combat qu’il mène pourtant déjà en Syrie avec sa flotte. Hollande s’agite et mobilise le monde entier. Or, au Niger, au Nigeria, au Cameroun, au Mali, le terrorisme fait des centaines victimes sur lesquelles la communauté internationale se tait. On peut dire que le jeu de l’émotion apporte une valeur ajoutée significative aux hommes politiques en difficulté. Ce vendredi 27 novembre 2015 donc, à partir de 10h00, Hollande convoque l'Union nationale : « Les personnalités politiques de tous bords commencent à arriver aux Invalides. Sont notamment invités Jean-Christophe Cambadélis (PS), Valérie Pécresse et Nathalie Kosciusko-Morizet (Les Républicains), Marine Le Pen (FN) et Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France)», raconte le site M6 Info. Pour jouer encore sur l’émotion devant une foule massée, le président français dit : « C'est parce qu'ils étaient la vie qu'ils ont été tués ». Mais à de telles affirmations, Michel Onfray ne s’est pas encore dédit : « Personne ne vous croira à part les débiles et les hypocrites ».

L’émotion, comme moyen s’ascension

2017 est presque là. Hollande constate que seule la gestion de l’émotion le sauve du « naufrage » des sondages. Faut-il changer une stratégie qui gagne ? En pareilles circonstances, le défit des Français est celui de la sécurité. Le président s’adresse alors, comme l’Anglais Wilson Churchill au début de la seconde guerre mondiale, à l’irascible en colère dans le peuple. En promettant de frapper Daech dans son dernier retranchement. A l’époque, l’Angleterre est confrontée à une véritable attaque dangereuse de la tyrannie germanique. Elle a besoin d’un homme qui se montre fort. Et Churchill joue sur l’émotion, disant : « Je vous promets du sang, des larmes, de la sueur, des efforts ». Il sera élu. Face à un péril national, le politique essaye de faire autour de lui, l’union nationale. De même en Allemagne, la suppression des allocations chômage a plongé le pays dans une situation de vive émotion. Le chômage s’est accru et il n’y a aucune aide sociale à part la charité des églises avec la soupe populaire. En plus, les épargnes des ménages se sont effondrées (crise économique de 1929). Cette situation suscite des rancœurs contre l’Etat et contre les banquiers, c’est-à-dire la juiverie internationale. On parle alors de complot judéo-maçonnique. L’énorme émotion populaire née de cela favorise l’arrivée d’Adolph Hitler au pouvoir. Car le vote du peuple humilié par la défaite de 1918, avec l’intransigeance du même Churchill à l’égard de l’Allemagne condamnée à payer une amande, basculera vers une notion d’Ordre. Et un Ordre excessif. Mais on sait les dégâts qu’a faits Hitler à l’humanité. 50 millions de morts en Europe. Français Hollande sait qu’on peut utiliser l’émotion du peuple pour se positionner ou se repositionner. De même, c’est pour lui l’occasion d’obtenir le feu vert des députés pour le vote des lois qu’il n’aurait pu avoir en temps normal. L’émotion comme moyen d’ascension. Tels semblent les dessous des jeux de l’émotion de l’Elysée à partir des attentats tragiques de Paris.

Une contribution de Germain Séhoué

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