Grèves, mutineries, crise dans l'AgroBusiness: Affi N'guessan appelle à un gouvernement de transition car Ouattara a échoué

Par IvoireBusiness - Grèves, mutineries, crise dans l'AgroBusiness. Affi N'guessan appelle à un gouvernement de transition pour la paix, car Ouattara a échoué.

Mercredi 18 janvier 2017. Le président d'une tendance du FPI, Pascal Affi N’Guessan, a animé un point de presse au siège du parti pour se prononcer sur l’actualité relative à la grogne des militaires ivoiriens et la grève des fonctionnaires.

Conférence de presse du FPI tendance Affi sur la situation sociopolitique en Côte d’Ivoire. Le discours liminaire de Pascal Affi N’Guessan

- Mesdames et Messieurs les journalistes,
- Chers amis de la presse nationale et internationale,
- Camarades militantes et militants,

Le 18 janvier dernier, je vous ai convié à un point de presse en ces mêmes lieux pour vous livrer, et à travers vous, faire connaitre à l‘opinion nationale et internationale notre appréciation des graves événements que vivaient et que continuent de vivre notre pays, et partager avec vous nos propositions pour la paix et la stabilité en Côte d’Ivoire.

Un mois après ce point de presse, il était indiqué de se retrouver pour évaluer l’évolution de la situation nationale, donner une appréciation de la gouvernance du pays, des mesures prises et des actions menées pour satisfaire les attentes de nos compatriotes, et ramener l’ordre et la tranquillité dans le pays. En un mot le Chef de l’Etat et son gouvernement ont-ils réussi à maitriser les mouvements sociaux, à démontrer qu’ils sont à la hauteur des défis auxquels le pays est confronté, et qu’un gouvernement d’union Nationale et de Transition est sans objet ?

La réponse à ces questions est malheureusement négative :
- Non, Alassane Ouattara et son gouvernement n’ont pas maitrisé les mouvements sociaux. Au contraire ils s’amplifient et se durcissent avec l’entrée en scène des planteurs de cacao et de café et avec le scandale de l’Agrobusiness ;
- Non, Alassane Ouattara et son gouvernement n’ont pas gagné la confiance des Ivoiriens ; au contraire leur incapacité et leur impopularité ont dépassé les limites du territoire national ;
- Non, Alassane Ouattara et son gouvernement ne contrôlent et ne maitrisent plus rien. Ils sont aux abois. La violence et la répression restent leurs dernières munitions.

I. AMPLIFICATION DES MOUVEMENTS SOCIAUX
Le 27 janvier 2017, un accord entre le gouvernement et l’Intersyndicale des Fonctionnaires de Côte d’Ivoire (ISF-CI) avait permis au gouvernement d’obtenir la suspension du mot d’ordre de grève qui avait paralysé l’activité économique et sociale du pays pendant trois (3) semaines.

Mais au lieu d’apaiser, certaines initiatives prises par le gouvernement tendent à aggraver la situation et à amplifier la grogne sociale. L’Intersyndicale des Fonctionnaires, la FESCI et le MIDD sont toujours sur le pied de guerre. D’autres secteurs socio-économiques, notamment la filière Café-Cacao et les souscripteurs de l’Agrobusiness sont en ébullition et contribuent à l’amplification des tensions sociales. Pendant ce temps, d’autres unités de l’armée et des ex-combattants des Forces-Nouvelles, encouragés par les résultats obtenus par leurs ‘’frères d’armes’’ en janvier 2017, se préparent à user de leurs armes pour arracher leur part du gâteau national.

1. Persistance de la crise et des tensions dans l’Administration publique

Au moment où je vous parle, l’ISF-CI est en campagne de mobilisation sur l’ensemble du territoire national pour appeler tous les fonctionnaires du pays à la lutte pour la satisfaction de sa sixième revendication relative au règlement du stock des arriérés liés aux mesures actées par le gouvernement en 2009 et estimé à 249,6 milliards F CFA.

Mais sur la question, le désaccord entre le gouvernement et l’ISF-CI est total. Dans le communiqué du Conseil des Ministres du mercredi 26 janvier 2017, le Gouvernement a tenu à rappeler « qu’à l’occasion des discussions sur le déblocage des salaires en 2014, les parties s’étaient accordées pour en faire un solde de tout compte, évacuant ainsi définitivement les revendications sur le stock d’arriérés de 249,6 milliards F CFA ». Aucune proposition de paiement de ce stock n’ayant été faite, une nouvelle grève des fonctionnaires est à craindre dans les jours à venir. D’autant que, enseignants, élèves et étudiants qui représentent plus des 2/3 des effectifs de la Fonctions Publique posent de nouveaux problèmes liés à des décisions réactionnaires, intempestives et unilatérales du gouvernement.
En réaction à la grève d trois semaines des fonctionnaires, plus d’une centaine de leaders syndicaux à l’Education Nationale ont été soit démis de leurs fonctions, soit mutés arbitrairement. Des Inspecteurs de l’Enseignement primaire, dont notre Camarade ZAN BI Léopold, de la circonscription d’Agboville, remplacés par des militants du RDR, directement nommés par décret sans examen ni formation. Notre Vice-Président GNEPA Barthélémy a été quant à lui limogé de son poste de Directeur à la Fonction Publique parce que son parti demande un gouvernement d’union Nationale et de Transition.

La FESCI a déclaré la guerre au Ministre de l’Education nationale qui a fait arrêter des élèves qui manifestaient contre le réaménagement unilatéral du calendrier scolaire et la réduction de la durée des congés scolaires.

2- MONHEVEA.COM Gate ou le scandale de l’Agrobusiness
Alors que les effets de la grève des fonctionnaires et de la mutinerie des Forces Spéciales sont encore vivaces dans les esprits, depuis quelques jours des milliers de personnes impliquées dans un système dit ‘’d’Agrobusiness’’ sont descendues dans les rues et manifestent pour demander la libération des promoteurs du système arrêtés et incarcérés pour escroquerie, et exiger le paiement des sommes qui leur sont dues.
Une société d’Agrobusiness est une société légalement constituée avec pour objet social :
- la promotion et le développement agricole, à travers la création de plantations de vivriers (tels que ma tomate, le chou, le piment, le gombo, la courgette, l’aubergine) la commercialisation de ces produits sur les marchés locaux et internationaux ;
- …qui pour financer ses investissements et ses cycles d’exploitation, met en place un dispositif de collecte de l’épargne des populations en leur promettant fermement à très court terme (3 à 6 mois) des « retours sur investissement » allant de 3 à 10 fois la mise initiale ;
- … qui en réalité agit plutôt, en tant qu’une structure financière masquée par le prétendu objet agricole, et donc, qui exerce sans les autorisations requises en matière financière….
- …qui rémunère ses dirigeants et partenaires, paye ses employés et surtout rembourse périodiquement ses premiers clients ou souscripteurs avec les sommes à lui confiées par les nouveaux souscripteurs, et ainsi de suite.

Depuis 2015, les autorités ivoiriennes avaient connaissance de l’existence du phénomène de « l’Agrobusiness ». Certains des dirigeants, notamment de la société « Agronomix », avaient même été auditionnés par la police et fait l’objet d’une enquête.

Celle-ci avait conclu en l’existence d’un système pyramidal de type Ponzi ou Madoff, c’est-à-dire un montage financier frauduleux qui consiste à rémunérer les investissements des clients essentiellement par les fonds procurés par les nouveaux entrants. Si l’escroquerie n’est pas découverte, elle apparait au grand jour au moment où elle s’écroule, c’est-à-dire quand les sommes procurées par les nouveaux entrants ne suffisent plus à couvrir les rémunérations des clients. Cette enquête avait également révélé qu’en moins d’un an MONHEVEA.COM avait levé auprès des populations la somme de 6,753 milliards FCFA.

Malgré le caractère frauduleux du modèle économique de cette opération et les antécédents judiciaires des promoteurs, ceux-ci n’ont pas été inquiétés et ont pu poursuivre leurs activités. Ainsi l’année 2016 marque-t-elle la multiplication des structures, l’intensification et la diversification des activités de ‘’Agronomix’’, doublées d’une offensive médiatique pour mobiliser les souscriptions.

De cinq (5) en 2015, les sociétés d’Agrobusiness passent à 28 en 2016, certains employés de Monhévéa.com s’étant mis à leur propre compte dans un système si lucratif.
Avec l’argent des souscripteurs, les dirigeants d’Agronomix créent successivement :
- « Agronomix S.A» qui obtient un agrément d’exportateur de café/cacao de la part du Conseil du Café –Cacao (CCC) ;
- le 03 novembre 2015 « Agrotransit et Manutention » au capital de 50 millions ayant pour domaine d’activités le transit maritime ;
- le 6 janvier 2016, « Agrofinances » au capital de 300 millions, ayant pour objet social la prise de participation financière dans toutes entreprises tant en Côte d’Ivoire qu’à l’étranger ;
- Le 15 février 2016, « Agrocred » au capital de 500 millions FCFA avec pour mission la collecte de dépôts, les opérations de prêt et de cautionnement ;
- Le 19 mai 2016, la « Société de Construction immobilière Yaou Constructor », au capital de 10 millions F CFA ;
- « Agrocargo », pour le transport aérien ;
- « Projet SELFAGRO » en partenariat avec une entreprise italienne, annoncée en septembre 2016, à Yamoussoukro pour la construction d’une usine de transformation de tomates d’une valeur de 16 milliards FCFA. Une usine de transformation de cacao à Abengourou et une autre de conditionnement de légumes et fruits divers à Yamoussoukro ont été annoncées.

En août 2016 « Agronomix » lance au cours d’une cérémonie dans un hôtel de la place, un projet de construction de 500 villas pour un coût de 137 milliards F CFA.

Pour faire face à la concurrence et assurer la pérennité de ses affaires, MONHEVEA.COM (Agronomix) se lance dans une vaste campagne de communication et de marketing. Les plus hautes autorités accordent leur parrainage ou sont associées à différentes cérémonies abondamment couvertes par les médias d’Etat : remise de chèques à des souscripteurs (avril-mai 2016), lancement de projet immobilier ou industriel, participation aux journées Nationales de valorisation de l’Agriculture (JNVA) placées sous le parrainage du Président de l’Assemblée Nationale, etc.

L’engagement des plus hautes Autorités de l’Etat (Présidence de la République, Assemblée nationale, ministères techniques, CEPICI, autorités préfectorales, etc.) aux côtés des promoteurs des sociétés d’Agrobusiness, donne un surcroit de crédit au système, rassure les populations quant au sérieux et à la viabilité du système et encourage les souscriptions.

Mais la source financière nationale commence à tarir. Les petites sociétés accusent des retards de paiement des RSI à leurs clients. Agronomix décide de se déployer à l’international pour mobiliser l’épargne de la diaspora ivoirienne : France, canada, Benelux, etc….

Le 22 septembre 2016, intrigué et certainement préoccupé par ces sommes importantes brassées par des sociétés qui n’ont pas le statut d’établissement financier, le Conseil National du Crédit (CNC) interpelle tous les acteurs du système financier ivoirien et charge le Trésor Public de coordonner l’étude sur les activités et le modèle économique proposé par les sociétés d’Agrobusiness, en particulier sur les risques encourus par les souscripteurs. Un groupe de Travail est mis en place le 4 décembre 2016. A partir du 15 décembre 2016, le Groupe de Travail procède à l’audition des promoteurs « d’Agrobusiness ». La plupart d’entre entre eux avouent n’avoir réalisé aucune plantation. Yapi Christophe PDG de Agronomix S.A, principal opérateur du secteur est porté disparu. Sa tentative d’opérer de l’extérieur un virement bancaire d’un montant de 390 millions FCFA, de l’un des comptes du groupe, a pour conséquence de provoquer enfin une réaction du parquet : perquisitions au domicile de Yapi Christophe et de son frère Yapi Marcel, saisie des comptes de toutes les entreprises du secteur, mandats d’arrêts, arrestations et incarcération de plusieurs dirigeants.

Il ressort des investigations du Groupe de Travail que 36.000 personnes ont investis 66 milliards F CFA dans 28 sociétés d’Agrobusiness pour des promesses de gains (RSI) de 660 milliards FCFA, alors que le solde cumulé des comptes des sociétés en question ne serait que de 22,7 milliards au 10 janvier 2017.

Les arrestations des dirigeants des sociétés d’Agrobusiness et le gel des comptes, entrainent l’arrêt de leurs activités et déclenchent la panique et le courroux des souscripteurs en attente de leur RSI. Ceux-ci rejettent l’immixtion du gouvernement dans leurs affaires et récusent le Comité de Veille qu’il a mis en place, chargé notamment de « vider le dossier des sociétés d’Agrobusiness par le remboursement des souscripteurs sur la base du capital investi et des montants disponibles dans les comptes bancaires des sociétés concernées ».

Des dizaines de milliers de familles sont dans le désarroi. Certaines ont investi toutes leurs économies dans cette affaire. D’autres, encouragés par la publicité sur les paiements des RSI des premiers souscripteurs d’une part, et par le soutien politique et médiatique du gouvernement au système, se sont même endettés, espérant sortir enfin de la pauvreté et de la précarité grâce à l’Agrobusiness. Leurs rêves s’envolent pour faire place au cauchemar de la ruine, parce qu’ils vivent dans un pays qui souffre de la mal-gouvernance.

Le scandale de l’agrobusiness confirme qu’Alassane Ouattara et son gouvernement ne maitrisent pas la marche du pays. Le pays n’est pas gouverné, et les populations ivoiriennes en sont les victimes.

Le scandale illustre par ailleurs la faillite de l’administration ivoirienne victime du « rattrapage ethno-politique », du népotisme, du laxisme et de la corruption. Tous savaient. Mais tous ont laissé le crime se perpétrer, car le crime servait leurs intérêts égoïstes et machiavéliques.

Enfin, ce scandale démontre qu’avec Alassane Ouattara, l’Etat n’inspire aucunement confiance aux ivoiriens. Ceux-ci le perçoivent comme une institution corrompue, partisane, suspecte et dangereuse. Ils préfèrent défendre leurs intérêts individuels et collectifs eux-mêmes plutôt que de les lui confier. La réaction d’une ‘’Agrobusinesswoman’’ sur les réseaux sociaux illustre ce sentiment : « tu veux me protéger contre l’Agrobusiness, sans que je n’y sois en danger. Par contre tu me laisses me débattre seule face aux ‘’microbes’’, à la pauvreté, aux effets de la mauvaise gouvernance, aux prisons remplies de mes proches, au retour des factures élevées de la CIE, à la corruption, à la maladie….
Ehé ETAT, comment veux-tu que je crois alors que la confiance ne se décrète pas mais se mérite ».

Ils n’ont pas tort. Qu’ils sachent que nous soutenons leur lutte, que nous sommes et que nous serons à leur côté. Car tous doivent être remboursés jusqu’au dernier centime.

Les promoteurs de l’Agrobusiness ne peuvent pas payer seuls. Ils ont agi en association avec les dirigeants de ce pays. S’ils sont coupables de crime économique, c’est que le régime d’Alassane Ouattara est co-auteur de crime économique. S’ils sont coupables d’escroquerie et de blanchiment d’argent c’est que les dirigeants de ce pays sont complices d’escroquerie et de blanchiment d’argent. Tous doivent être poursuivis au même titre.

Les planteurs de café et de cacao partagent avec les souscripteurs d’Agrobusiness ces sentiments d’abandon, de méfiance, de spoliation, d’incertitude et de peur de l’avenir.

C’est que depuis novembre 2016, la commercialisation du cacao est bloquée. Les opérations d’exportation dans les ports d’Abidjan et de San-Pedro sont au ralenti : selon M. BILE Bilé, le Secrétaire Général de la Coordination Nationale des Producteurs de Côte d’Ivoire (CNPCI), près de 580 remorques de 35 à 38 tonnes correspondant à environ 20.000 tonnes de cacao sont bloqués au port d’Abidjan depuis plusieurs semaines. Leurs cargaisons sont entrain de pourrir. Les entrepôts des ports sont pleins à craquer. A San-Pedro, Maxime Badé, un acheteur de produits crie sa colère ; « ces gens-là se foutent de des gens. J’ai cinq camions bloqués au port depuis un (1) mois, faute de déchargement. Huit (8) chargements sont stockés en magasin parce qu’il n’y a personne pour l’acheter. Les paysans qui ne comprennent rien ne font que nous accuser et pourtant le vrai problème provient du Conseil du Café-Cacao (CCC) et du gouvernement qui prennent le plaisir à regarder les paysans souffrir…. ».

Face à la rareté des acheteurs, les cabosses pourrissent sur les arbres. Près de 500.000 tonnes de cacao sont dans la nature. Certains paysans préfèrent brader leur récolte plutôt que de mourir de faim. Comment payer les manœuvres, assurer les frais de scolarité des enfants, faire vivre la famille, assurer ses responsabilités sociales, préserver son honorabilité et sa dignité ? Tous sont désemparés.

Le Conseil du Café-Cacao et le gouvernement refusent d’assumer la responsabilité de ce désastre économique et social. En tournée d’information et de sensibilisation dans les zones de production (18 au 20 janvier 2017) la DG et le DGA du CCC expliquent «l’engorgement constaté dans les ports par le phénomène des pluies tardives et surtout l’inadaptation des installations techniques du port de San Pedro à contenir l’importante quantité de cacao dans ses locaux ». De retour de mission, ils se tournent donc vers la société UNICARGO qui met à disposition des navires de grandes capacités (20500 tonnes) pour l’enlèvement rapide du cacao.

Mais pour les producteurs, les acheteurs et les exportateurs de café-cacao, ni les pluies, ni les installations techniques des ports ni le trafic des navires à destination de l’Europe n’expliquent le blocage actuel des activités de la filière. Pourquoi les ports peuvent-ils être engorgés alors que le Conseil du Café-Cacao a annoncé en début de campagne (octobre), une baisse prévisionnelle de 12% de la production nationale. A San-Pedro, on indique que le trafic en direction de l’Europe n’a pas diminué, au contraire il a été renforcé.

Même si les dirigeants du CCC et le gouvernement refusent de l’avouer, les opérateurs de la filière considèrent que leur malheur est imputable à la faillite du mécanisme de soutien du prix aux producteurs, une des missions principales de l’organisation de la filière café-cacao.

En effet, les cours ont baissé, s’établissant à 1300 FCFA sur le marché international alors que le prix d’achat bord-champ garanti aux producteurs a été fixé à 1100 FCFA en début de campagne quand le prix CAF de référence était à 1800 FCFA. Ainsi, sur chaque kilogramme de cacao payé à 1100 FCFA aux producteurs et vendu à 1300 FCFA sur le marché international, l’exportateur perd entre 400 FCFA et 500 F CFA, que devrait logiquement lui reverser le Conseil Café-Cacao à travers la réserve de prudence, un fonds d’épargne des producteurs constitué pour soutenir les prix en pareille situation.

En tenant compte d’une part de la réserve disponible au moment de la prise de pouvoir d’Alassane Ouattara, d’autre part des niveaux de la production nationale et des prix du cacao sur le marché international de 2011 à 2016, ce fonds devrait disposer à ce jour d’une cagnotte d’au moins 300 milliards F CFA. Pourquoi le Conseil café-Cacao ne le met-il pas en mouvement ? Où est passé l’argent des producteurs ? A payer les mutins ? A entretenir le train de vie du Chef de l’Etat et de sa famille ? A financer les campagnes électorales de la coalition au pouvoir ? Où est passé l’argent des producteurs de café-cacao ?

Les opérateurs de la filière café-cacao et avec eux tous les Ivoiriens ont besoin de savoir et d’être rassurés sur la situation financière de ce fonds dont la bonne santé conditionne la stabilité et la vitalité d’un secteur économique qui représente 15% du PIB, plus de 50% des recettes d’exportation et 2/3 des emplois directs et indirects du pays.

Notons que tout cela a été rendu possible parce que les producteurs de café-cacao ont perdu le contrôle de la filière. Au lieu de renforcer leur capacité afin d’assurer la maitrise des mécanismes de gestion, de commercialisation et de régulation de la filière, Alassane Ouattara a profité des difficultés de la réforme dont il a hérité, pour jeter les producteurs dehors et prendre le contrôle exclusif de cette manne financière. Depuis lors, la nuit est tombée sur la gestion de la filière café-cacao. Mais Ouattara ne sait pas qu’en Côte d’Ivoire, voler l’argent des planteurs est une malédiction.

Heureusement les producteurs ont décidé de se battre pour défendre leurs droits et leurs vies. Au nom du FPI et de l’AFD, je voudrais leur adresser tous nos encouragements et notre soutien total. Je demande à nos militants sur l’ensemble du territoire de s’engager aux côtés des producteurs dans cette lutte pour la dignité qui est aussi la nôtre, celle de toute la Côte d’Ivoire.

Les méfaits de la gouvernance Ouattara ne s’arrêtent pas à la filière café-cacao. Pour des raisons que l’on ignore à ce jour, il a décidé, à son arrivée au pouvoir, d’étrangler la filière hévéicole.

3. La Destruction de la filière hévéa
L’hévéaculture a fait rêver beaucoup d’Ivoiriens, en particulier les cadres de l’Administration comme du secteur privé. Un bon investissement pour préparer une retraite confortable ou, pour les paysans, une source de revenus stables pour sortir de la pauvreté. Avec un système de taxation simple : impôts de 2,5% prélevés sur le revenu pour les planteurs ; impôt de 25% sur le bénéfice industriel et commercial (BIC) pour les usiniers.
En 2012, tonnerre dans un ciel sans nuage. Ouattara décide d’imposer une nouvelle taxe de 5% sur le chiffre d’affaires du caoutchouc granulé et une taxe foncière de 15 000 FCFA par hectare de surface plantée en hévéa par les sociétés agricoles.

Les conséquences sont immédiates. Les trésoreries des usiniers sont fortement perturbées, leurs capacités d’investissement pour renouveler les usines et le verger gravement réduites et par conséquent les usiniers mis dans l’impossibilité d’acheter le caoutchouc du planteur, de construire et réhabiliter des routes et des ponts.

Ces mesures fiscales anti économiques ont affecté le moral des professionnels du secteur, ont baissé le cours de l’hévéa payé aux planteurs. Du coup le secteur a connu une baisse d’attractivité. En 2013 certaines entreprises leaders du secteur comme la SAPH ont vu leurs charges fiscales augmenter au point d’atteindre 67% du résultat alors que l’impôt sur le BIC est de 25%.

Toutes ces mesures combinées à l’excédent de caoutchouc naturel sur le marché mondial ont accéléré la dégringolade des prix sur le plan national. Selon les experts, l’excédent qui s’est élevé à 98 000 tonnes en 2015, et 411 000 tonnes en 2016 serait de 430 000 tonnes en 2017.
Le chiffre d’affaires de la filière est passé de 538 milliards F CFA en 2011, à 292 milliards F CFA en 2014. Ce qui s’est traduit par une baisse des revenus des producteurs, de 350 milliards F CFA en 2013 à 140 milliards F CFA en 2015, soit une chute de 60%.

La campagne lancée le 7 janvier 2016 a fixé le prix du kilogramme à 247 F CFA contre 1000 F CFA quatre ans plus tôt (-753%).

La filière est donc sinistrée. Comme quoi, là où Ouattara passe, l’économie trépasse.

Cette situation appelle une réaction vigoureuse de la part du gouvernement. Malheureusement, cette réponse, personne ne la voit venir. On parle de la création d’un organisme de régulation de la filière à l’image du cacao. Si seulement, la création de ce type d’organisme était la solution, le cacao ne serait pas aujourd’hui en difficulté. Au-delà de cette institution à créer, il est plus qu’urgent de revoir la fiscalité pour rétablir la compétitivité de la filière et lui permettre de s’ajuster à la baisse des cours mondiaux. Mais pour l’heure les opérateurs de la filière sont abandonnés à eux-mêmes.

II. UNE GOUVERNANCE APPAUVRISSANTE ET DEBRIDEE

Depuis 2012, les taux de croissance économique affichés par Ouattara sont flatteurs. On parle d’un taux de croissance moyen de 9% de 2012 à 2015.

Cependant, une analyse pointue de cette croissance démontre qu’elle est principalement portée par la hausse des investissements publics dans le secteur des infrastructures et l’embellie des cours du cacao.

Ainsi on peut établir que la structure de l’économie ivoirienne n’a pas varié; depuis l’époque d’Houphouët-Boigny : en plein boom lorsque les cours des produits de son agriculture d’exportation sont hauts, alimentant des appétits de travaux publics de grande envergure, et naturellement dans la dépression lorsque ces mêmes cours dégringolent. M. Ouattara n’a donc rien apporté de nouveau à l’économie ivoirienne. Il n’a pas de politique économique. Il n’a engagé aucune réforme structurelle de l’économie ivoirienne. Il se contente de faire la comptabilité des recettes et des dépenses et de gérer la trésorerie de l’Etat. Tout juste peut-on dire qu’il a bénéficié de la bienveillance des bailleurs de fonds internationaux qui ont massivement financé les projets de reconstruction post crise à partir de 2011, de l’effort d’assainissement de la dette publique entamée sous le régime du président Laurent Gbagbo et du rebond des cours du cacao.

Mais s’il ne peut construire, M. Ouattara ne peut s’empêcher de détruire et de tout mélanger.

Tous les acquis de la reconstruction post crise sont en train de tomber sous nos yeux. La croissance n’a pas profité aux ivoiriens, mais à une coterie gloutonne bien ancrée dans les dédales des édifices publics et leurs ramifications à l’étranger. La dette publique est un gros souci pour tous. La gestion de la filière cacao est tellement désastreuse qu’une grande partie de la production pourrie en ce moment dans les ports de San Pedro et d’Abidjan. Les comptes publics se caractérisent par des déficits récurrents. Le secteur de l’énergie si important pour entamer la diversification de l’économie est sous tension, pour ainsi dire avec son déficit permanent. La fiscalité est pesante et favorise l’enracinement de l’économie informelle. Au plan politique, le pays est arrêté, avec sa justice des vainqueurs, des prisonniers sans jugement depuis des années, des processus électoraux sans électeurs.

Une croissance appauvrissante

De la croissance, parlons-en. Le taux de croissance économique mesure la variation nette de la production de biens et services dans un pays d’une année à l’autre. En d’autres termes, c’est la variation de la valeur ajoutée créée par les entreprises résidentes. C’est l’indicateur par excellence de la richesse produite dans le pays. Cette richesse rémunère les deux facteurs de production que sont le travail et le capital.

Au niveau du travail, elle contribue à payer les salaires et les prestations/cotisations sociales.

Au niveau du capital, elle rémunère les actionnaires (dividendes), les banques et établissements financiers (intérêts et commissions diverses) et l’Etat (les différents impôts).

Les acteurs et les bénéficiaires de la croissance économique sont donc les entrepreneurs, les salariés et l’Etat.

L’impact de la distribution de cette manne entre ces différents acteurs dépend de la manière dont l’économie est organisée. « En Côte d’ivoire, les PME représentent 98 % du tissu économique formel, 20 % de la richesse nationale, 12 % de l’investissement et 23 % de la population active ».

Au niveau des entrepreneurs

Si les PME qui constituent 98% du tissu économique formel ne produisent que 20% de la richesse, alors les multinationales et les grandes entreprises qui font seulement 2% du tissu économique produisent 80% de la richesse nationale. Conséquemment, les actionnaires de ces entreprises qui sont souvent des grands groupes étrangers empochent au moins 80% de la richesse nationale sous forme de dividendes.

Ainsi avec une si faible part de la richesse captée par les entrepreneurs locaux, naturellement, les ivoiriens ne voient pas les fruits de la croissance de Ouattara.
Face à cette situation, Ouattara n’a pas de stratégie.

Au niveau des salariés

Dans son rapport de Décembre 2015 « la force de l’éléphant ; pour que sa croissance génère plus d’emplois de qualité » la Banque Mondiale estime la population active ivoirienne à 14 millions. Le même rapport annonce que 2/3 des actifs sont dans l’auto-emploi ou l’emploi familial dans des micros entreprises, avec un revenu moyen qui se situe autour de 65 000 FCFA par mois. Ainsi 8 680 000 personnes sont donc des travailleurs du secteur informel sans garantie de régularité de revenu et sans protection sociale. Le secteur formel emploie seulement 4 340 000 personnes. Ce sont seulement ces personnes, soit 19% de la population estimée à 23 millions qui participent au partage de la richesse nationale.
Naturellement avec un si faible nombre de salariés partageant les fruits de la croissance, les ivoiriens ne peuvent que voir passer la croissance sans y toucher.

Quel est donc la politique de Ouattara pour améliorer l’employabilité des ivoiriens ? Aucune.

Quelle est sa stratégie pour l’éducation nationale et la formation professionnelle afin de doter les 400 000 jeunes ivoiriens qui arrivent sur le marché du travail chaque année, des armes de la compétence et du savoir-faire pour intégrer les entreprises qui produisent la richesse ? Aucune !
Que fait-il des 8 680 000 Ivoiriens qui vivotent chaque jour ? Rien !

Au niveau de l’Etat

L’Etat engrange une partie de la richesse nationale à travers le recouvrement des impôts. Il utilise ces ressources et forme son budget pour développer sa stratégie pour aider les plus démunis à participer aux fruits de la croissance et pour créer les conditions pour davantage de croissance. Que peut-on retenir de la gouvernance Ouattara. Eh bien la gabegie, rien que la gabegie !

Les scandales se succèdent. Des 110 milliards FCFA pour planter le gazon et refaire la peinture des universités d’Abidjan au pont HKB de 180 milliards FCFA alors que le coût initial sans péage avait été estimé à 65 milliards FCFA, les Ivoiriens vivent au rythme des affaires. Si ce n’est le FDFP avec ses dépenses de communication à 835 millions, c’est la Petroci qui est totalement en faillite et dont le Dg est accusé d’avoir empoché 1 milliard FCFA de frais de consultant au compte de ladite société, quel comble !!!.

Les exemples de mauvaise gouvernance foisonnent sous Ouattara. Mais c’est le récent rapport de la mission parlementaire française qui en parle le mieux « Si les Ivoiriens se plaignent de cette petite corruption, ils sont plus véhéments encore à l’égard de la « grande corruption », celle de leurs élites soupçonnées de détourner massivement l’argent public pour leur enrichissement personnel. À cet égard, la politique de grands projets conduite depuis 2011 se prête particulièrement à ce genre de détournements. La Banque mondiale relève ainsi de nombreuses déficiences dans la gestion financière de l’État: couverture imparfaite des comptes publics se focalisant principalement sur le gouvernement central, en laissant de côté nombre d’entreprises publiques et d’agences ; carences profondes dans le domaine des contrôles externes ; exécution budgétaire pas toujours transparente et difficile à suivre en raison du maintien de multiples comptes et de procédures de passation de marchés complexes.
Le récent scandale provoqué par un rapport du cabinet Deloitte est particulièrement révélateur. Ce rapport daté de mai 2016 relève des dysfonctionnements majeurs dans la gestion du Conseil du coton et de l’anacarde : marchés passés de gré à gré, règlements en espèces pour des montants considérables, chèques impayés, retraits en cash injustifiés, transactions bancaires douteuses… Il suggère ainsi des détournements massifs au sein de cette filière. La grande corruption porte sur des montants qui peuvent être considérables et constitue une source majeure d’«évaporation» de l’argent public, qui pèse sur les performances macroéconomiques du pays. »

Au total, dans une économie où les entrepreneurs locaux ne touchent que 20% des richesses générées dans le pays, où les salariés ne sont qu’une infime partie de la population active, tandis que la majorité des travailleurs vivotent dans l’économie informelle et ou l’Etat est expert en mauvaise gouvernance, la croissance style Ouattara ne peut qu’être appauvrissante. La croissance serait même à 4 chiffres que les résultats ne seraient pas différents.

Les 8 indicateurs suivants démontrent le degré de pauvreté et de mauvaise gouvernance en Côte d’Ivoire :
Le classement "Doing Business" sur le climat des affaires : 142/189, n’est pas un classement honorable.
Le classement de la Côte d’Ivoire au niveau de l'Indice de Prospérité Legatum, 118/142, fait du pays un mauvais élève, en matière de développement humain. L'IDH du PNUD vient conforter cette tendance pour la Côte d'Ivoire avec un classement de 172/188.

L'Indice de Paix Mondial, lui aussi classe la Côte d’Ivoire parmi les pays fragiles d'un point de vue sécuritaire, 105/162.

Relativement aux questions de bonne gouvernance, l'Indice Moh Ibrahim, classe la Côte d'Ivoire à la 35ème place/54. En dépit d’un gain de +5 places comparé au classement 2014 (40ème), la question de la gouvernance reste un défi majeur pour le pays.

Concernant la lutte contre la corruption, Transparency classe la Côte d’Ivoire à la 115ème place/175. Ce qui conforte la démonstration que nous avons déjà faite.

Enfin, l'indice le plus inquiétant, est celui relatif à la faim. ACTED classe la Côte d'Ivoire à la 71ème place/104 pays. Un peuple qui a faim ne peut bâtir un pays émergeant.

Plus grave, la croissance style Ouattara est menacée d’essoufflement ainsi que le laissent présager les estimations du FMI supportées, notamment par la baisse entamée des cours du cacao et la perspective de tassement de notre capacité d’endettement.

Un endettement débridé

Qu’ils sont déjà lointains les effets bénéfiques de l’initiative des pays pauvres très endettées (IPPTE) !!

En effet, en mai 2012, à la veille du point d’achèvement de cette initiative pour laquelle les gouvernements successifs du Président Gbagbo ont travaillé d’arrache-pied, le stock de la dette extérieure du pays était 6 374 milliards FCFA. Après la remise significative de 4 090 milliards intervenue en Juin 2012, le stock était de 2 284 milliards.

En Juin 2016, soit seulement 4 ans plus tard, le stock de la dette extérieure est remonté à 4 249 milliards FCFA, soit une augmentation de 88%. Le stock de la dette publique s'élève à l’heure actuelle à 8 156,6 milliards, comprenant 4 249,3 milliards de dette extérieure (52 ,1% du stock) et 3907,3 milliards de dette intérieure (47 ,90 % du stock).

Le gouvernement projette le PIB de 2016 à 21 161 milliards F CFA et se satisfait du ratio Dette publique/PIB de 38,5% qui serait bien en deçà de là de la norme communautaire (UEMOA) de70%.

Cependant, tous les partenaires de la Côte d’Ivoire s’inquiètent de cet endettement effréné surtout que les projections économiques indiquent une inflexion dans la croissance du pays.

Qu’a-t-on fait de l’argent emprunté et où sont les investissements qui génèreront les ressources nécessaires au remboursement de cette dette.

Manifestement avec Ouattara, les générations actuelles sont sacrifiées sur l’hôtel de la mauvaise gouvernance et l’avenir des générations futures est hypothéqué par l’endettement excessif.

Une Pression Fiscale qui enracine l’économie dans l’informel

L’étude « Paying Taxes » menée conjointement par le Cabinet international de conseils PWC et la Banque Mondiale et publiée en novembre 2015, dépeint l’inefficience du système fiscal ivoirien :
➢ Taux d’imposition total moyen : 51,3% des résultats commerciaux des entreprises ivoiriennes, soit un taux supérieur à la moyenne du continent africain, établie à 47,1% et largement au-dessus des taux d’imposition pratiqués au Sénégal (45,1%), au Nigéria (34,3%) et au Ghana (32,7%), économies parmi les plus dynamiques d’Afrique de l’Ouest.
➢ En l’espace de 11 ans, le taux d’imposition total moyen de la Côte d’Ivoire n’a diminué que de deux points de pourcentage, passant de 53,4% à 51,3%. Si l’État ivoirien a sensiblement réduit l’impôt sur les bénéfices, qui est passé de 35% à 25% entre 2006 et 2008, cette baisse a été fortement atténuée par la hausse des cotisations sociales payées par les entreprises
➢ Nombre de paiements : 63 opérations, soit le plus grand nombre de paiement si l’on considère l’ensemble des pays d’Afrique – la moyenne continentale est établie à 36,7 paiements. La Côte d’Ivoire se classe ainsi juste derrière le Sénégal et le Nigeria, mais très loin du Maroc et de l’Afrique du Sud, nations en tête du classement qui comptabilisent respectivement 6 et 7 opérations. Cette situation incombe aux taxes et prélèvements sur les salaires, dont le nombre de paiements atteint24, mais aussi et surtout aux nombreuses autres taxes (36), telles que la TVA, ou l’impôt foncier

La Côte d’Ivoire se place au 177ème rang sur 190 pays du classement général Paying Taxes.

Au-delà des taux ainsi stigmatisés par l’étude de PWC et la Banque Mondiale, la structure de la fiscalité est inadéquate, déséquilibrée et pénalisante pour l’investissement. Ce sont les taxes et droits de douanes, l’impôt sur le bénéfice industriel et commercial et les impôts sur traitements et salaires qui constituent 65% des revenus fiscaux de l’Etat contre seulement 20% pour les impôts indirects. C’est le contraire dans un pays comme la France où les impôts indirects financent à hauteur de 56% le budget de l’Etat.

Cette fiscalité aberrante s’abat sur les quelques 1000 entreprises du secteur formel qui sont pressurées et qui subissent des redressements intempestifs.

Cette situation renforce le secteur informel pour éviter les taxes, ce qui bien entendu réduit l’assiette fiscale et les possibilités d’un meilleur recouvrement des impôts.

III. POUR UN GOUVERNEMENT D’UNION NATIONALE ET DE TRANSITION

Le triste tableau de la situation nationale que je viens de présenter me conforte dans l’appel que j’ai lancé le 18 janvier 2016 pour la mise en place urgente d’un gouvernement d’Union Nationale et de Transition

En effet, Alassane Ouattara et ses gouvernements successifs ont échoué à restaurer la paix, la stabilité, et la prospérité dans notre pays.

Ils ont échoué à réconcilier les Ivoiriens, à restaurer l’unité nationale et la cohésion sociale. Ils ont échoué à promouvoir une justice indépendante, impartiale et crédible. Ils ont échoué à bâtir une armée républicaine unie dans un même esprit, à garantir la stabilité du pays et à assurer la sécurité des personnes et des biens.

Ils ont échoué à reformer l’économie, à conduire une saine gestion des deniers publics et à préserver le pays de la corruption, du népotisme et du clientélisme.

Ils ont échoué à améliorer les conditions de vie des Ivoiriens, à créer des emplois et à améliorer les revenus des travailleurs, à combattre la cherté de la vie, à démocratiser l’accès à l’éducation, à la formation professionnelle, aux soins de santé, à des logements décents, etc…
Ils ont échoué à restaurer l’image et le prestige de notre pays. Ils ont divisé les Ivoiriens. Ils viennent de faire exploser l’armée.

Leurs choix stratégiques dictés par le ressentiment, la soif de vengeance, la logique de prédation et l’esprit de clan ont conduit le pays dans l’impasse.

Un gouvernement clanique ne peut engendrer qu’un Etat clanique.

Un gouvernement des vainqueurs ne peut servir que les intérêts des vainqueurs au détriment de l’unité nationale et de l’intérêt général.

Un gouvernement de prédateurs et de profiteurs ne peut produire qu’un régime corrompu, violent et liberticide.

Un pouvoir autocratique ne peut produire un régime démocratique.
Le malheur de la Côte d’Ivoire, c’est son gouvernement. Pour que le malheur cesse, il faut que le gouvernement change.

Dans les circonstances particulières que traversent la Côte d’Ivoire, pour que l’Etat soit neutre, impartial, démocratique et républicain, il faut que par la disposition des choses, le gouvernement ne soit pas l’otage et l’instrument d’un clan. Pour mettre fin à la division entre les fils et les filles de ce pays, aux affrontements intercommunautaires pour restaurer la confiance entre le peuple et les Institutions de la République, pour juguler la corruption envahissante, garantir les libertés et les droits de l’Homme, le Gouvernement de la République doit être l’émanation de tous. D’où mon appel pressant à la mise en place d’un gouvernement d’union nationale et de transition impliquant toutes les forces vives de la nation.

La neutralité et l’impartialité de ce gouvernement seront garanties par sa nature, sa composition équilibrée des différentes forces politiques et sociales.

La mission de ce gouvernement dont le mandat serait limité dans le temps (2 à 3 ans) serait :
Dans l’immédiat :
- Par sa composition, de restaurer la confiance des ivoiriens dans le jeu politique et dans la classe politique ;
- De conclure une trêve avec toutes les organisations politiques, militaires, syndicales et sociales impliquées dans la crise et d’engager les négociations en vue de la résolution durable des problèmes auxquels les populations ivoiriennes sont confrontées;
- d’assainir l’environnement, et de normaliser la vie politique et sociale à travers la libéralisation de tous les prisonniers politiques, civils et militaires ;
- d’organiser le retour de tous les exilés et déplacés de guerre, le dégel total des comptes bancaires et des avoirs de toutes les personnes concernées par ces mesures ;
- d’apaiser les cœurs et de préparer la réconciliation nationale.

A court et moyen terme :
- d’organiser les Etats Généraux de la Républiques (EGR), un dialogue national inclusif pour fonder la réconciliation nationale, proposer des réparations sans discriminations pour toutes les victimes des graves évènements que le pays a connu ces quinze (15) dernières années, ainsi que tous moyens pouvant contribuer à guérir des traumatismes subis ;
- de procéder à la réécriture de la Constitution ;
- d’adopter les reformes législatives nécessaires à la consolidation de l’Etat de droit ; de la cohésion sociale, des libertés et de la démocratie ;
- de Refonder les armées nationales et le Système de Sécurité nationale (RSS) ;
- etc.

Il y a plusieurs formes de transition : des transitions violentes et houleuses, voire insurrectionnelles parce qu’une des parties en présence refuse obstinément l’ouverture et des réformes attendues par tous ; des transitions pacifiques, fruit du bon sens de l’intérêt national et de l’amour de la patrie, pourquoi pas dans le respect des Institutions.

Je propose une transition pacifique à la paix, à la cohésion nationale et à la démocratie.

J’appelle au rassemblement et à l’action unitaire de toutes les forces politiques et sociales que la situation chaotique que vit notre pays afflige, afin de répondre, unis et forts, à l’ardent désir de changement de notre peuple.

Le peuple est dans la rue et crie sa souffrance. Là se trouve notre place pour la renaissance de notre pays.

JE VOUS REMERCIE.

Pascal Affi N'guessan