Gambie: Adama Barrow investi président à Dakar, l'intervention militaire en Gambie suspendue

Par France24 - Adama Barrow investi président à Dakar, l'intervention militaire en Gambie suspendue.

© Présidence sénégalaise, AFP | Le président gambien Adama Barrow a prêté serment à l'ambassade gambienne à Dakar.

Texte par Rémi Carlier

Adama Barrow a prêté serment comme président de la Gambie, jeudi, depuis le Sénégal, alors que Yahya Jammeh continue de s'accrocher au pouvoir. L'intervention en Gambie a été suspendue pour une dernière médiation.

La Gambie a officiellement un nouveau président. Adama Barrow, 51 ans, a prêté serment, jeudi 19 janvier, à l’ambassade gambienne de Dakar, au Sénégal. Le mandat du chef de l'État sortant Yahya Jammeh, qui refuse de lui céder le pouvoir, a expiré mercredi à minuit.

Les pays impliqués dans l'intervention militaire entamée en Gambie pour contraindre le président sortant Yahya Jammeh à céder le pouvoir, l'ont suspendue jeudi soir pour donner une dernière chance aux efforts de médiation, mais la reprendront s'ils échouent, a fait savoir la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest
(Cédéao). Il est hors de question que Jammeh soit autorisé à rester dans son pays, mais, si la médiation réussit, il pourra s'exiler dans celui de son choix, a déclaré à la presse, Marcel de Souza, président de la Commission de l'organisation, évoquant une
possible amnistie.

Plus tôt jeudi, le Conseil de sécurité des Nations Unies avait apporté son soutien à l'unanimité aux initiatives menées par la Cédéao pour pousser le président sortant à quitter le pouvoir. Une résolution préparée par Dakar a ainsi obtenu le soutien des quinze membres du Conseil, y compris celui de la Russie, qui a néanmoins souligné que ce texte n'autorisait pas formellement une intervention militaire en Gambie.

Jeudi après-midi, les troupes sénégalaises, déployées aux frontières avec la Gambie en vue d'une opération ouest-africaine pour assurer la passation de pouvoir, étaient entrées sur le sol gambien, selon un porte-parole de l'armée. "L'ensemble des moyens, terre, air et mer" des forces de la Cédéao mobilisées pour cette opération, a été engagé, avait alors précisé à l'AFP un autre responsable de l'armée sénégalaise, affirmant que des militaires du Nigeria, du Ghana, du Togo et le Mali étaient également impliqués.

"C'est un jour qu'aucun Gambien n'oubliera jamais"

L'armée nigériane effectuait, par ailleurs, jeudi après-midi, des vols de reconnaissance au-dessus de la capitale gambienne. "Nos forces aériennes sont actuellement au-dessus de la Gambie", a confirmé à l'AFP Ayodele Famuyiwa, porte-parole de l'armée de l'air nigériane, ajoutant qu'elles "ont les capacités d'attaquer", si Yahya Jammeh ne cède pas le pouvoir. Le Ghana a, de son côté, donné jeudi son accord pour déployer, en cas de besoin, 205 militaires en Gambie.

"C'est un jour qu'aucun Gambien n'oubliera jamais", a déclaré Adama Barrow dans son discours d'investiture, retransmis par la télévision nationale sénégalaise. "Des circonstances exceptionnelles me forcent à prêter serment ici aujourd’hui", a-t-il ajouté.

L'entourage d’Adama Barrow, accueilli depuis le 15 janvier au Sénégal en attendant sa prise de fonctions, prévoyait initialement une cérémonie dans un stade de Banjul, la capitale gambienne. Une idée abandonnée face à l'opposition du président sortant Yahya Jammeh. Ce dernier a en outre décrété, mardi, l'état d'urgence, validé pour 90 jours par l'Assemblée nationale dominée par son parti.

"J’appelle tous les membres des forces de sécurité de rester loyales à la Constitution. J'ordonne sans délai […] à tous les éléments des forces armées de rester dans leurs casernes. Ceux qui refusent ou porteront des armes à feu sans mon accord seront considérés comme des rebelles", a menacé le nouveau président gambien.

Tard mercredi soir, le chef de l'armée gambienne, le général Ousman Badjie, a déclaré à des Occidentaux dans un secteur touristique près de Banjul qu'il n'ordonnerait pas à ses hommes de résister, en cas d'intervention des troupes africaines. "Ceci est une dispute politique", a-t-il dit, ajoutant : "Je ne vais pas impliquer mes soldats dans un combat stupide".

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