France: Marion Le Pen quitte la politique pour aller s’installer en Côte d’Ivoire

Par Ivoirebusiness - France. Marion Le Pen quitte la politique pour aller s’installer en Côte d’Ivoire.

Marion Maréchal-Le Pen va quitter la politique pendant "quelques temps".

Marion Maréchal-Le Pen : et si elle atterrissait... en Afrique

Ce pourrait être auprès de son père, Samuel Maréchal, à la tête d'un cabinet de conseil basé à Abidjan et à Brazzaville, que la jeune députée française pourrait faire ses premiers pas dans le privé.

Par Viviane Forson

Les raisons du retrait de Marion Maréchal-Le Pen par LePoint

L’annonce est tombée comme un couperet. Marion Maréchal-Le Pen arrête la politique… du moins temporairement. Elle était apparue au grand jour en 2012 en étant fortement poussée par son grand-père Jean-Marie Le Pen à être candidate dans la 3e circonscription du Vaucluse pour « laver l’affront » de Carpentras, quand le FN avait fait figure d’accusé après la profanation de tombes juives en 1990.

« Et puis, j’ai envie d’aller travailler dans le privé »

Seule députée FN à être élue au Palais-Bourbon, aux côtés de l’apparenté Gilbert Collard (Gard), elle a pris depuis une stature politique très importante à l’extrême droite. Première au congrès du FN fin 2014, devançant les historiques Louis Aliot et Steeve Briois et le plus récent Florian Philippot, elle est vue par certains en interne comme une alternative libérale identitaire à sa tante Marine Le Pen. Quelques jours à peine après la nette défaite de sa tante au second tour de la présidentielle, Marion Maréchal-Le Pen se retire temporairement de la vie politique, affaiblissant un peu plus le Front national et Marine Le Pen en vue des législatives.

Dans sa lettre parue dans Vaucluse-Matin daté du mercredi 10 mai, la benjamine de l’Assemblée nationale annonce qu’elle « sor[t] quelque temps » du monde politique, « aspirant à travailler » dans « le monde de l’entreprise », mais aussi à « consacrer plus de temps » à sa vie familiale.

« J’ai pris ma décision. C’est un choix personnel, pour privilégier ma vie de famille. Et puis, j’ai envie d’aller travailler dans le privé. »

Sa reconversion, elle pourrait la faire dans le monde de l’entreprise, et pourquoi pas au côté de son père adoptif Samuel Maréchal (dont elle porte le nom) ? Celui qui a fondé un cabinet de conseil en finances, Maréchal et Associés, est basé en Côte d’Ivoire depuis une vingtaine d’années. À 50 ans, cet ancien patron du Front national de la jeunesse (FNJ) dans les années 1990, aujourd’hui reconverti dans les affaires, s’est beaucoup rapproché de sa fille ces dernières années, jusqu’à devenir son plus proche conseiller.

Alors pourquoi maintenant ? Selon Jérôme Béglé, le directeur adjoint de la rédaction du Point , la nièce de la candidate défaite à la présidentielle Marine Le Pen, devrait travailler en Afrique avec son père pour mieux revenir dans cinq, dix ou quinze ans dans la vie politique française.

Sur la piste africaine, Samuel Maréchal, son père

C’est en 2009 et par amour que Samuel Maréchal fait le grand saut en Afrique. Après avoir été évincé du parti frontiste, dont il a bâti en partie la stratégie de dédiabolisation, il divorcera de Yann Le Pen pour épouser en secondes noces Cécile Houphouët-Boigny, la première arrière-petite-fille du premier président ivoirien. Se confiant au journal Diaspora News, quelques années plus tard, il ne cachait pas son optimisme à travailler avec le continent : « Comme j’ai vécu en Afrique, au fin fond de la brousse du Tchad, dès l’âge d’un an et demi, c’est une profession de foi que j’ai en moi : l’heure de l’Afrique est arrivée ! » clamait-il en 2011, en pleine crise ivoirienne.

En effet, avec un père pasteur affecté au Tchad pendant son enfance et une grand-mère qui a travaillé dans un dispensaire à Bobo-Dioulasso au Burkina Faso, Samuel Maréchal aime rappeler à ses interlocuteurs que l’Afrique est au cœur de sa vie. Un amour qu’il espère bien avoir transmis à sa fille. À la tête de la société EFI (Europe Finance et Industrie) fondée par l’entrepreneur lyonnais Louis Thannberger, dont l’activité consistait à faire entrer en Bourse des PME « à fort potentiel », il a donc déjà une première expérience dans les affaires lorsqu’il crée par la suite la société Maréchal & Associés Finance basée à Paris et à Abidjan, spécialisée dans l’ingénierie financière et l’introduction des sociétés sur le second marché.

Entre 2007 et 2011, il participe à au moins trois introductions en Bourse de PME africaines. Parmi lesquelles l’introduction de la Société ivoirienne de manutention et de transit (Simat) à la Bourse de Paris. Aujourd’hui, en plus de ce bureau des opérations en Afrique de l’Ouest, il a ouvert un bureau à Brazzaville pour atteindre le marché d’Afrique centrale en se rapprochant du camp présidentiel de Denis Sassou-Nguesso à travers l’homme d’affaires Alexandre Gandou (disparu en 2015), ex-président de la Commission de surveillance du marché financier de l’Afrique centrale et fondateur de la société d’intermédiation financière Gandou Maréchal & Associés, dont il était le président-directeur général.

Des partenaires en Afrique ?

Le nom et le rôle joué par Samuel Maréchal auprès de sa fille ont été projetés dans les médias en décembre 2015, entre les deux tours des élections régionales. En tant que tête de liste frontiste aux régionales en Paca, Marion Maréchal-Le Pen n’avait pas hésité à mettre en avant lors du débat télévisé de l’entre-deux-tours des partenaires potentiels à l’étranger dont l’un était un dirigeant de la société de son père Samuel Maréchal au Congo-Brazzaville.

« Je me félicite du communiqué de presse du Groupe Congo Capital Entreprises SA, en charge du programme de privatisation de 46 entreprises au Congo, dans lequel sa direction se déclare convaincue que la dynamique économique d’ouverture dans laquelle nous nous inscrivons permettra aux entreprises françaises de trouver de nouveaux débouchés », écrivait-elle sur sa page Facebook.

Lire aussi: “Cécile Houphouet-Boigny rejoint “la famille des Le Pen”: Et si les deux famillies se connaissaient déjà?“https://eburnienews.net/cecile-houphouet-boigny-rejoint-la-famille-des-l...

Elle publie aussi une lettre à en-tête du Groupe Congo Capital Entreprises SA, signée par son « vice-président » Innocent Dimi. Sur le site internet de l’entreprise de Samuel Maréchal, Innocent Dimi figurait un temps parmi les « directeurs » dans l’organigramme de la société. Quelques jours après avoir mis en avant ce lien, la benjamine de la famille Le Pen avait reculé et son père n’a pas fait plus de commentaires. Mais leur rapprochement ces derniers mois laisse présager qu’une collaboration ne serait pas interdite. D’autant plus que Samuel Maréchal lui a donné le goût de l’étranger à travers de nombreux voyages en famille, mais aussi de la politique. Il confiait il y a quelques mois à nos confrères du Parisien : « Franchement, la voir travailler avec moi, ça ne me déplairait pas. »

Si elle acceptait de faire ce saut professionnel vers son père, Marion Maréchal-Le Pen, 28 ans en décembre prochain, ferait ainsi d’une pierre deux coups en joignant son désir d’entreprise et son amour de la famille. Dans sa lettre adressée à la rédaction de Vaucluse-Matin-Le Dauphiné libéré ce mardi, n’a-t-elle en effet pas clamé haut et fort qu’elle « aime le monde de l’entreprise », n’a « jamais cessé de le défendre durant [s]on mandat » et « aspire aujourd’hui à y travailler », mais aussi qu’elle a « beaucoup manqué à [s]a) petite fille… », qui lui a « aussi terriblement manqué » ?

Une réflexion mûre sur la relation avec l'Afrique

Marion Maréchal-Le Pen, une novice sur l'Afrique ? Pas tant que ça lorsqu'on observe en filigrane les différentes prises de position de la jeune députée encouragée par son père à devenir membre de la commission des affaires étrangères de l'Assemblée nationale, sur des thèmes tels que l'immigration et l'aide au développement. Sur ces sujets, il faut dire qu'elle n'est pas dans la rupture « attendue » d'une élue frontiste, mais plutôt dans l'affirmation du renforcement de la présence française dans le domaine économique principalement.

Sur l'aide publique au développement (APD), la députée demande que cette aide redevienne uniquement bilatérale et concentrée sur les pays africains francophones pour correspondre aux « enjeux géographiques français » et permettre de « conserver une visibilité de l'effort français, gage d'influence dans la sphère francophone et au sein des organes internationaux », et qu'elle profite « prioritairement à nos entreprises françaises », conclut-elle dans son message.

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