Explosif/ "Montage" de la CPI et de la France contre Gbagbo : ce que révèle Mediapart

Par Ivoirebusiness - Explosif. "Montage" de la CPI et de la France contre Gbagbo. Ce que révèle Mediapart.

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Ajoutée le 5 oct. 2017

La comparution de Laurent Gbagbo, ancien président ivoirien, devant la Cour pénale internationale, avait été manifestement décidée par l’ancien procureur Luis Moreno Ocampo dès le 11 avril 2011, jour de sa chute. A cette date, aucune enquête sur le dossier ivoirien n’avait pourtant commencé. C’est ce que révèle le journal en ligne franççais Mediapart dans le cadre d’une série d’enquêtes sur les dysfonctionnements de la justice internationale.
Mediapart s’est procuré une copie d’un courrier électronique explosif, datant justement du 11 avril 2011. Stéphane Gompertz, alors directeur Afrique au ministère français des Affaires étrangères, écrit à plusieurs diplomates et officiels de son pays. Il leur indique qu’un collaborateur français d’Ocampo vient de l’appeler. « Le procureur souhaite que Ouattara ne relâche pas Gbagbo » et qu’un « Etat de la région renvoie l’affaire à la CPI au plus vite », écrit-il. A cet effet, « Ocampo va essayer de joindre Ouattara ou un de ses proches », poursuit-il. « Ces quelques phrases n'ont rien d'anodin ; elles sont explosives. En effet, la requête du procureur Ocampo, telle que relayée par la diplomatie française, pour garder Gbagbo prisonnier ne repose juridiquement sur rien : ni compétence juridique, ni mandat d’arrêt », relève Mediapart. « Ocampo n’a aucun élément solide établissant une éventuelle responsabilité de Gbagbo dans des crimes contre l’humanité qui pourraient relever de la compétence de la CPI, son bureau n’ayant envoyé aucun enquêteur en Côte d’Ivoire.
De plus, il ne dispose d’aucune base légale d’intervention. Aucun Etat n’a encore saisi la CPI, et il ne peut pas s’auto-saisir parce que la Côte d’Ivoire n’est pas signataire du statut de Rome. C’est pour cette raison qu’il négocie avec la France afin qu’elle à activer un pays africain tiers.
Mediapart révèle également l’existence, dès le 11 décembre 2010, une semaine à peine après le début de la crise post-électorale, d’échanges entre Ocampo et la diplomate Béatrice Le Frapier. A l’époque, elle travaille à la représentation française à l’ONU après avoir été sa directrice de cabinet. « J’ai besoin de savoir ce qu’a donné ta conversation avec Ouattara », lui demande-t-elle. Mediapart rappelle le contexte en ces termes : « À l’époque, une médiation est engagée avec l’Union africaine et la situation sécuritaire est encore stable. Le procureur de la CPI, lui, collabore déjà sans aucune réserve avec l’un des principaux protagonistes de la crise ivoirienne. Cela pourrait apparaître aujourd’hui en contradiction totale avec les exigences d’« indépendance » et d’« impartialité » imposées par les statuts de la Cour. »
Selon Mediapart, ces éléments document pour la première fois une hypothèse. Ocampo pourrait bien avoir été « l’instrument consentant d’un règlement de comptes aux airs de Françafrique, en marge de tout cadre procédural, au bénéfice exclusif d'une partie ».