Exclusif / SICOGI: Comment la société perd de l’argent et des maisons, vaste escroquerie !

Par Poleafrique.info - Exclusif / SICOGI- Comment la société perd de l’argent et des maisons, vaste escroquerie !

La société ivoirienne de construction et de gestion immobilière (SICOGI) est l’entreprise d’économie mixte représentant l’Etat ivoirien dans la chaîne de réalisation et de gestion immobilière. Cette société, dont le patrimoine était au départ de ses activités constitué par des logements à loyer modéré, perd de l’argent… Et des maisons! Comment ? Découverte exclusive de PoleAfrique.info. Dont vous allez lire, ici, la première partie.

Des affaires civiles au Tribunal et à la Cour d’Abidjan d’Abidjan-Plateau, il y en a à la pelle. Mais PoleAfrique.info est tombé sur une certaine affaire qui mérite un temps d’arrêt comme beaucoup d’autres dans ce pays qui se veut émergent à l’horizon 2020.

La Sicogi a-t-elle un contrôle exhaustif sur l’ensemble de son patrimoine immobilier ? S’il était difficile de trouver réponse à cette question, aujourd’hui, un fait permet de répondre par la négative. Une dame dont nous tairons le nom pour l’heure est en confrontation judiciaire avec un homme, son propriétaire, dont nous taisons aussi pour l’heure le nom, à la Cour d’Appel d’Abidjan.

Par des manœuvres dont il a seul le secret, cet homme, qui se présente comme propriétaire d’un immeuble dans une cité Sicogi, a pu manipuler quelques juges du palais pour faire pencher l’affaire en sa faveur. Nous pourrions développer mais là n’est pas le sujet.

Le bâtiment en question a été construit par l’Etat ivoirien le 10 février 1966 par l’Etat de Côte d’Ivoire. Le 15 février 1967, il est mis sous « concession provisoire » de la Sicogi. Or, situé à Cocody-Sud, il est actuellement occupé par une dame qui le loue à un « propriétaire » privé et celui-ci lui rend la vie bien difficile. Après qu’elle a étirement réhabilité cette maison ancienne, le propriétaire décide sans délai d’en augmenter le loyer de 200 000, convenus, à 250.000 FCFA (là où les autres locataires payent selon nos sources 100.000 FCFA pour les mêmes logements). A ce jour, la dame poursuit les travaux et paye même les impôts fonciers à hauteur de 1 400 000 FCFA.

Pourtant, selon des documents découverts par PoleAfrique.info auprès des services compétents, il s’avère qu’à ce jour, devant la loi et les services publics des Impôts, ce bâtiment dont les références seront diffusées la semaine prochaine, est bien toujours la propriété de la « société ivoirienne de construction et de gestion immobilière (Sicogi) ». Stupeur de la locataire qui, découvrant la supercherie, adresse un courrier à la SICOGI pour bénéficier de son droit à acheter le logement qu’elle occupe. En fait, vu les dépenses effectuées depuis son entrée, ledit logement devrait même lui être cédé sans plus de frais. Mais, à sa grande surprise, elle reçoit le 7 février 2017 le courrier 000400/DCM/DBS/CBA/01/02/2017, NE : 3908 du 19/12/2016.

On y lit sous la signature du directeur Commercial et Marketing, Dame Marie-Thérèse Kakou Yao, que le logement « a été régulièrement attribué à une tierce personne. »

« Nous portons à votre connaissance que ledit logement a été régulièrement attribué à une tierce personne, nous sommes au regret de ne pouvoir donner une suite favorable à votre demande » d’achat, lit-on dans le courrier dont PoleAfrique.info a pu se procurer copie.
A moins d’être nigaud, c’est à tomber à la renverse ! Comment un bâtiment dont le propriétaire est la Sicogi peut-il avoir été « attribué à une tierce personne ? » Qui est-elle, d’ailleurs ?
A ces interrogations légitimes dont les réponses se trouvent au bout des lèvres de Marie-Thérèse Kakou Yao, PoleAfrique.info, qui a trouvé porte close chez la directrice, n’a pu les porter. Elle a refusé de recevoir notre équipe de reportage, exigeant un courrier de demande d’entretien qu’elle recevra dans les plus brefs délais.

Une chose est certaine, le bâtiment dont il s’agit est bel et bien la propriété de la SICOGI et sauf sorcellerie, n’a été attribué à quelque quidam que ce soit. En tout cas pas officiellement. La semaine prochaine, PoleAfrique.info reviendra sur ce dossier qui met à nu les causes des pertes financières de la SICOGI. Une maison située en plein cœur du vieux Cocody peut-elle être vendue à 2 millions FCFA en 1993, selon le document de quittance brandi par celui qui se revendique comme propriétaire?
Il apparaît clairement que cet embrouillamini mérite des éclaircissements. Car pour l’instant c’est la SICOGI qui voit ses pertes se creuser. Autre question, ce cas est-il isolé?

Le courrier demandé par Marie Thérèse Kakou Yao, directrice commerciale de la SOCOGI, permettra sûrement d’en savoir davantage dès la semaine prochaine.

Adam’s Régis SOUAGA