Economie: Le Franco-Ivoirien Tidjane Thiam restructure Credit Suisse à marche forcée

Par Le Point Afrique - Tidjane Thiam restructure Credit Suisse à marche forcée.

Tidjane Thiam, directeur général du Crédit suisse en novembre 2015 à Berne lors de l'assemblée extraordinaire des actionnaires de la banque helvétique.

Le Franco-Ivoirien fait subir un remède de cheval à la deuxième banque suisse derrière UBS, plombée par les casseroles laissées par ses prédécesseurs.

Par notre correspondant à Genève, Ian Hamel

Bonne nouvelle : Credit suisse a enfin réglé son litige avec le Département américain de la justice (DoJ). Un litige lié aux subprimes, ces prêts hypothécaires à haut risque commercialisés entre 2005 et 2007 aux États-Unis, et à l'origine de la crise financière mondiale de 2008. Mauvaise nouvelle : l'amende s'élève à 5,3 milliards de dollars. Soit 2,5 milliards à verser au DoJ auxquels s'ajoutent 2,8 milliards de dédommagements aux clients lésés. Une ardoise que le numéro deux bancaire helvétique devra régler en cinq ans, alors que ses profits sont en berne. Ils sont estimés à 1,7 milliard d'euros en 2018. Jamais dans le passé une banque suisse n'a été contrainte de débourser une telle somme. Malgré cela, l'action de Credit Suisse n'a pas dévissé. Preuve que les investisseurs misent toujours sur le talent de son directeur général, Tidjane Thiam, pour redresser la barre à plus ou moins long terme.

Un prêt pour acheter des armes

Les mauvaises nouvelles n'arrivant jamais seules, l'Agence télégraphique suisse (ATS) révèle que l'Autorité de surveillance des marchés financiers enquête sur un prêt d'un milliard de dollars accordé par Credit Suisse au Mozambique en 2013. Or cet argent aurait été utilisé pour acheter des armes, les combats ayant repris entre le Frelimo, le parti au pouvoir, et l'opposition, le Renamo. Le FMI a, de son côté, lancé un audit, car l'ancienne colonie portugaise s'est retrouvée depuis insolvable (au prêt du Credit Suisse s'est ajouté un autre prêt de 1,2 milliard de dollars d'une banque russe). Au minimum, Credit Suisse a manqué à son devoir le plus élémentaire de diligence. Là encore, Tidjane Thiam n'y est pour rien. Il n'est arrivé à la tête de l'établissement financier qu'en juillet 2015.

L'ancien directeur nie la fraude fiscale

Présenté comme « un leader remarquable et respecté, au bénéfice d'une réussite impressionnante dans l'industrie globale des services financiers », le Franco-Ivoirien n'a guère eu le temps de se reposer sur ses lauriers. Son prédécesseur, l'Américain Brady Dougan, auditionné par les autorités américaines, avait nié être au courant des pratiques de sa banque pour inciter les clients à frauder le fisc ! Pour sauver sa peau, Brady Dougan avait même lâché au Département américain de la Justice les noms des gestionnaires de fortune de Credit Suisse qui traitaient avec les clients américains non déclarés. On imagine la chaude ambiance qui devrait régner dans l'établissement quand Tidjane Thiam en a pris les commandes ! Depuis, l'ancien patron de Prudential, le plus gros assureur britannique, n'a guère eu le loisir de sécher les larmes de ses salariés.

6 050 emplois ont été supprimés

Pour sauver les meubles, il a procédé en 2016 à la suppression de 6 050 postes et à une réduction des coûts de 1,4 milliard de francs suisses (1,3 milliard d'euros). Début décembre à Londres, dans une présentation aux investisseurs, l'ancien ministre du Plan et du Développement de Côte d'Ivoire lâchait que la recherche des gains de productivité devait devenir « une seconde nature pour Credit Suisse ». En clair, du sang et des larmes. Malgré cela, « le marché a applaudi », constatait le quotidien suisse Le Temps. Même si l'avenir s'annonce complexe (il va falloir payer 5,3 milliards de dollars d'amende, alors que les profits de la banque sont en baisse), l'ancien diplômé de l'École polytechnique et de l'École des mines de Paris apparaît comme le seul manager capable de faire remonter la pente à la deuxième banque helvétique.

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