DISTRICT DU ZANZAN : UNE LUCARNE POUR COMPRENDRE L'INTERPENETRATION DES CULTURES

Par Ivoirebusiness/ Débats et Opinions - DISTRICT DU ZANZAN, UNE LUCARNE POUR COMPRENDRE L'INTERPENETRATION DES CULTURES.

DISTRICT DU ZANZAN : La dictature de la musique koulango et la concurrence féconde entre les jeunes talents
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DISTRICT DU ZANZAN : UNE LUCARNE POUR COMPRENDRE L'INTERPENETRATION DES CULTURES

Dans le District du Zanzan, les artistes musiciens sont conscients d'un fait: l'impérium de la langue Koulango, qui est le principal vecteur de communication dans le District du zanzan. Qu'll soit Koulango, Brong, Nafana,Dèga,malinké...chacun se débrouille comme il peut, pour peaufiner son maniement de la langue Koulango, afin d'y passer ses messages. Et à travers la musique, tous ces peuples se forgent agréablement une communauté de destin.

Mais s'il est vrai que ces peuples font une incursion dans le patrimoine Koulango pour faire passer les sonorités, les Koulango apprécient curieusement la gestuelle Brong. C'est le cas, lors des récents funérailles de ma sœur ainée à Pétèye, dans un environnement Koulango. Alors que les musiciens koulango se bousculaient pour être mes invités officiels, nous avions admis que tous prestent à tour de rôle. Mais parmi tous les artistes,j'avais mon joker une fille Brong qui interprétait et dansait au son des sonorités brongs. Et au final, c'est elle qui a su émouvoir et drainer le monde par les pas de dense au rythme de la gestuelle Brong. Mais au delà des Brong, les Koulango sont surtout friands de la langue ashanti (la langue dominante au Ghana, notamment à Kumasi) que les koulango parlent étonnant bien.

En fait, il ne devrait pas y' avoir d'étonnement à cela: les Koulango sont profondément ashanti dans l'âme et dans le comportement. Réciproquement, le vrai ashanti de Kumasi sait qu'il a des ADN Koulango en lui. C'est le grand mystère découvert dans nos recherches et que nous avons consigné dans un livre que nous publierons bientôt.

Au total, si d'aventure, des Koulango, avaient participé à la bastonnade en 1993 d'ashanti en Côte d'Ivoire, par suite d'un banal match Kotoko-Asec joué à Kumasi, et qui avait généré, qu'ils sachent qu'ils avaient foncé le doigt dans leur propre œil. Mon livre est fondé sur des sources littéraires documentées à Londres, à Paris, à Kumasi, à Bouna et à Laoudiba, qui sont toutes formelles: le royaume koulango et le royaume ashanti sont consanguins et avaient constitué de puissantes armées qui se portaient mutuellement secours, bien longtemps avant l'arrivée des Brong gyaman (Abron) sur les parties des territoires Koulango que les Brong occupent de nos jours.

Mais qu'est-ce qui a épuisé l'armée Koulango ? Si c'est un fait relativement récent, que c'est l'armée britannique qui a neutralisé l'armée ashanti, opérant du coup l'indépendance des Abrons gyaman, l'armée Koulango était déjà épuisée et groggy avant la pénétration de l'homme blanc, éprouvée qu'elle était par la multiplicité des batailles auxquelles elle faisait face, à une époque immémoriale où Samory Touré n'était même pas né, même si, c'est ce dernier plus tard,qui a porté l'estocade au Royaume Koulango. Désarticulé et émoussé par sa résistance contre Samory, le Royaume Koulango était déjà à son déclin au moment où les Abrong (Brong Gyaman), de redoutables guerriers, fuyant la puissante armée du Royaume Ashanti, arrivaient et s'installaient sur ses territoires. Tan Daté, le chef de file des nouveaux arrivants, n'ignorait pas la consanguinité entre le Royaume Koulango et le Royaume Ashanti, bourreau des Brong Gyaman. Mais épuisés par une si longue période de captivité par les ashanti, les Abrong avaient besoin de quiétude pour récupérer leur forces et reconstituer leur armée défaite. L'espace était propice puisque, les Koulango étaient autant fatigués que les Brong et ne songeaient même plus à devoir faire face à une quelconque adversité, d'autant plus qu'ils ont été accueillant vis à vis des Abron. Et plus tard, c'est tout logiquement que les Abrong ont tenu à faire payer par les Koulango, la cruauté que les compagnons de Tan Daté ont subi dans les mains des Ashanti, frères des Koulango.

Voilà l'histoire la plus authentique dans les relations entre ces trois peuples dont deux sont ivoiriens (Koulango et Brong) et l'autre ghanéen (Ashanti).

Par ignorance de ce contexte qui avait prévalu et rythmé les relations entre Koulalango et Abrons à l'époque, les premiers pensent à tors, de manière simpliste, que les Abrons seraient ingrats à leur égard, tan disque les second pensent à tors et de façon toute à fait aussi simpliste que les Koulango seraient faibles et sans armée, et sans roi, raison pour laquelle ils les ont vaincus.

Koulango et Brong ont intérêt à se mettre à jour de leur histoire, pour comprendre (enfin) respectivement que les uns (Koulango) n'étaient pas si innocents d'autant plus que c'était avec leur approbation tacit que Kumasi asservissait les Brong , et les autres (Brong) reconnaître que les Koulango avaient bien un royaume et une armée qui menait des expéditions de Bouna jusqu'à Kumasi au secours de leur frères ashanti, aux prises avec le Denkyra, le Goliath que les forces coalisées autour du Royame Ashanti ont finalement vaincu.

Ne pas s'approprier sa propre histoire, c'est donner l'occasion alternativement à Nicolas Sarkozi et Manuel Valls de la faire à notre place. A ce stade de notre développement, permettons-nous une petite parenthèse sur les conséquences de la négligence par les africains de leur histoire.

CONSÉQUENCE DE LA MAITRISE INSUFFISANTE PAR LES PEUPLES DE LEUR HISTOIRE

Toute personne qui ambitionne d’assujettir autrui, falsifie volontairement son histoire dans le but de le complexer. C'est la logique qui suit dans cette séquence que nous relevons.

Les jours impairs, les colonialistes prétendent que l’Afrique n’est pas entrée dans l’Histoire.

Les jours pairs, ils ravalent leurs vomissures, en confessant que l’Afrique est dans l’Histoire. Tuti quanti et patati patata…

En tant qu’africains, nous commençons à être agacé du discours embrouillé et ambivalent de l’occident. Et le temps est venu de les renvoyer dos à dos, pour aller voir ailleurs.

L’Afrique ne demande ni arrogance, ni flatterie à son égard. Elle a juste besoin qu’on la respecte.

Car la flatterie est autant condamnable que l’arrogance. L’une et l’autre s’érigent en donneuses de leçons, ou du moins, à une instance supérieure de certification ou de validation de ce qui est bon ou non pour le Noir.

Diantre, de quelle audace, ceux qui foulent le sol dakarois pour la première fois, se croient-t-ils obligés de s’ériger en certificateurs de l’entrée ou non de l’homme africain dans l’Histoire ?

Alors, exit le discours dédaigneux sarkozyen.

Exit également le discours flagorneur vallsien.

Car, si le second désapprouvait vraiment le premier, il aurait dû répliquer à son compatriote depuis la France en 2007, date de la première affirmation, et ne pas attendre jusqu’à 9 ans après.

J’ai observé une chose. Dans une buvette (communément maquis à Abidjan), ceux qui font le plus de bruit sont en réalité des mendiants d’une autre espèce, vivant au dépend de ceux qu’ils intimident ou flattent selon leur humeur du jour.

La question revient alors de savoir, entre l’Europe et l’Afrique, qui est suce et dépouille l’autre ?

A oui, l’occident est tellement entré dans l’Histoire qu’il finance et arme secrètement DAESH la nuit, et crie au secours le jour. Drôle de civilisation avancée.

Fort heureusement que l’homme européen se dépouille de ses mirages et fait un aveu de taille:« notre avenir se joue profondément ici (en Afrique) ».

Si tout Chef de Gouvernement qu'il soit, monsieur Manuel Valls avoue que le salut de l'humanité entière se joue en Afrique, les Africains doivent se donner la primauté de se connaître profondément en creusant leur histoire, selon la belle formule de Socrate " Connais-toi toi même".

C'est ce que nous avons tenté de faire à travers ces lignes. Le sujet n'est pas épuisé. Le livre réserve des révélations croustillantes.

Une contribution de Dapa Donacien

dapasonacien@yahoo.fr

Abidan, Côte d’Ivoire