Débats et Opinions: Pour une réconciliation complète et durable, assumons notre histoire, dans toute sa nudité sans maquillage, Par Dapa Donacien

Par Ivoirebusiness/ Débats et Opinions - Pour une réconciliation complète et durable, assumons notre histoire, dans toute sa nudité sans maquillage, Par Dapa Donacien.

Prince Kouamé Adjoumani, fils de Kouamé Adingra, le charismatique Roi des Abron et compagnon de F.Houphouet Boigny.

Pour une réconciliation complète et durable, assumons notre histoire, dans toute sa nudité sans maquillage.

La charité bien ordonnée commençant par soi-même,il est de bon aloi que nous balayions d'abord devant notre propre maison,avant de prétendre enlever la brindille de balai dans l’œil du voisin.

Saviez-vous que la ville de Tanda est une ville fondée par les Koulango et non Abron?

Village Koulango, il a été érigé en Sous-Préfecture en 1958 (avant l’indépendance) par Prince Kouamé Adingra,Roi des Abron.

Bel exemple d'interpénétration socioculturelle en Côte d'Ivoire.

Ici, Prince Kouamé Adjoumani, fils de Kouamé Adingra, le charismatique Roi des Abron et compagnon de F.Houphouet Boigny casse la baraque et dit tout. Avec lui, découvrons ce que la falsification de l'histoire peine à gommer.

Le fils du charismatique prince Adingra : "Un vrai chef ne se déplace pas pour faire plaisir à quelqu’un…"http://infoduzanzan.com/le-fils-du-charismatique-prince-adingra-un-vrai-...

Pour rappel, Kouamé Adingra avait pour ami, le patriarche Kouamé Bondoukou (Kouamé Dancèlèwey, un leader charismatique Koulango,natif de Pétèye, officiant au Tribunal de Bondoukou, avant l'indépendance).

Les deux leaders (l'un Abron et l'autre Koulango) qui se vouaient un respect mutuel, avaient en commun leur proximité idéologique avec Dr Kwame NKUMAH du Ghana. Tous deux anticonformistes à la limite de la défiance à Félix Houphouet Boigny, la mort de Prince Adingra en 1963, au cours d'un mystérieux "accident" de la circulation, non loin de Tanda en partance pour Abidjan, en vue d'une réunion politique, fut durement ressentie par son ami Kouamé Bondoukou. Cette douloureuse disparition de l'un des rares chefs traditionnels et hommes politiques, capables de regarder Houphouet Boigny et lui dire: "NON", sans sourciller, produisit un véritable séisme d'indignation silencieuse à Bondoukou, indistinctement chez les Abron et les Koulango.

L’avalanche de suspicions généralisées au sommet de l'Etat à la suite de la mort de ce leader au charisme inégalé dans le Gyaman, le Djuablin, l'Indénié et le Sanwi (Bondoukou, Agnibilékro,Abengou et Aboisso) va tiédir et briser la flamme progressiste sur toute la façade Est du pays, de Bouna à Aboisso. Et c'est dans ce climat délétère déclenché par la mort tragique de Prince Adingra, que vont s'enchaîner les arrestations consécutives à ce que d'aucuns appelleront plus tard "les faux complots", avec leur lot d'emprisonnements.

Houphouet Boigny disait: La vérité est belle quand elle est nue". C'est la raison pour laquelle, sans gant, nous sommes à l'aise pour restituer un autre visage de l'homme, tel que consigné dans le livre de Frédérik Grah Mel, son biographe.

C'est nouveau, car très peu de personnes en Côte d'Ivoire, connaissent le côté violent et "cynique" du bâtisseur de basilique, temples et mosquées. Or que gagnons-nous à masquer la vérité ? A force de nous vautrer dans le mensonge et la falsification éhontée de l'histoire, nos enfants ne croient plus aux ouvrages d'histoire de ce pays enseignés dans les écoles, tandis que le tissu social se distend sous nos yeux. Il nous incombe alors la responsabilité d'investiguer afin de débusquer les faits historiques authentiques de leurs tanières, pour les restituer à la jeune génération.

Que l'on se le tienne pour une vérité irréfragable :"Pour triompher, le mal n'a besoin que de l'inaction des gens de bien", prévient Edmund Burke.

En présumant que cette quête de la vraie histoire des peuples est la chose la mieux partagée, nous voulons faire l'amitié aux ivoiriens et ivoiriennes de percer le mystère qui continue de voiler un pan de l'histoire de la Côte d'Ivoire, du côté de Bondoukou, à travers deux compagnons d'Houphouet Boigny peu connus, qui ont eu le malheur d'avoir fréquenté Kouamé Nkrumah.

Kouamé Dancèlèwey (Kouamé Bondoukou) désabusé par le visage hideux de la politique :

De 1963 à 1966, Kouamé Dancèlèwey a vécu la pire mélancolie de sa vie. Car, en Côte d’Ivoire comme au Ghana, ses deux meilleurs amis sont confrontés à l’adversité et à la méchanceté, qui auraient pu coûter sa vie.

Précisément, deux faits auront affecté considérablement Kouamé Bondoukou, à savoir : la disparition cruelle de Kouamé Adingra en 1963 et le Coup d’Etat contre Nkrumah en 1966.

La mort tragique de son ami prince Koumé Adingra.

« Houphouet va montrer que prendre le pouvoir passe par l’intimidation, voire la neutralisation de tous les adversaires potentiels ou supposés comme tels, de l’intérêt collectif. Il va montrer que prendre le pouvoir passe aussi par la manière forte. Et c’est en 1963-« qu’il va inaugurer cette nouvelle approche de la construction de son pays. Comme par hasard, c’est par un bien cruel augure que s’ouvre cette terrible année. Le mardi 1er janvier 1963, le pays entier apprend avec stupeur la mort du Prince Kouamé Adingra, tué avec son chauffeur et deux de ses parents, dans un tragique accident de circulation, près de Tanda. (…) Le chef des Abron de Bondoukou était connu en Côte d’Ivoire à un double titre. Il avait été l’un des pères fondateurs du Syndicat Agricole Africain. Il avait été et surtout, dans les années de braise de la 2ème Guerre Mondiale, un des plus farouches adversaires de l’autorité de Vichy sur le territoire ivoirien » Frédéric Grah Mel, extrait du Livre Biographique consacré à Houphouet Boigny.

Y’aurait-il un antécédent avec quelqu’un ? Une autre publication de Frédéric Grah Mel publiée en 2003 pourrait donner une piste. « Il (FHB) sait que, s'il y compte des inconditionnels comme Gabriel Dadié, en revanche il ne peut rien attendre d'un certain nombre de planteurs importants, qui peuvent avoir de l'influence dans leur région. Un Kouamé Adingra par exemple est un personnage « anguleux », presque « cyclothymique », pour le moins imprévisible… » .

Pour être complet sur les rapports entre Houphouet et Prince Adingra,ainsi que le contexte historique et l’ambiance événementielle qui prévalaient, voilà un extrait de tout le bien que pensait Kouamé Adingra de Félix Houphouet Boigny.

« Les péripéties des années 40 nous ont fait savoir qu’Houphouet n’a pas pu accéder au pouvoir suprême sans affronter de la part de ces hommes et de milles autres, une férocité diverse d’adversités.

Il suffirait de rappeler la liberté avec laquelle un Kouamé Adingra , à l’époque des premières passes d’armes politiques, fustigeait en lui, « la petite crapule ». Extrait du Tome 1 du Livre de Frédéric Grah Mel.

A la violence politique, inaugurée le 1er janvier 1963 par la mort tragique de l’ami intime de Kouamé Dancèlèwey (avec lequel Prince Kouamé Adingra était souvent pour les affaires du PDCI-RDA), va se succéder une avalanche d’arrestations de personnalités politiques qui n’épargnera qu’un nombre très restreint des compagnons d’Houphouet Boigny, créant une atmosphère lourde de suspicion et de terreur, toute l’année 1963 dans le pays jusqu’en 1964, année au cours de laquelle, Samba Diara écrira ces mots d’Houphouet, rapportés dans le livre de Grah Mel à la page 109:

« Vous savez, je suis méchant, très méchant. Je suis violent, très violent. Pendant près de 20 ans, je me suis efforcé de cacher cela à mes compagnons. Aujourd’hui, vous m’obligez à me révéler tel que je suis en réalité. Si vos complices bougent, vous serez tous massacrés par les Akouès que vous méprisez. »

La mort de Kouamé Bondoukou

Quoiqu'ivoirien et détenteur d'un passeport ivoirien (cf image ci-desous),Kouamé Bondoukou ne trouvait aucun inconvénient à se mettre au service de Kouamé Nkrumah,le précurseur du panafricanisme. A ce titre, des sources affirment que Nkrumah avait coopté et intégré Kouamé Bondoukou dans la délégation l'ayant représenté aux festivités de l'accession de la Côte d'Ivoire à l'indépendance le 7 août 1960. Erreur ou action préméditée ? Toujours est-il que la région de Bondoukou était l'objet d'une intense revendication de la part de Nkrumah, comme faisant partie du territoire du Ghana. Bien entendu, une telle revendication apparaissait comme une provocation aux yeux de Félix Houphouet Boigny, qui y avait opposé, à juste titre, une fin de non recevoir, jusqu'à ce qu'un coup d'Etat emporte Nkrumah en 1966.

Avec la disparition prématurée de ses deux meilleurs amis (Adingra et Nkrumah),Kouamé Dancèlèwey deçu, finira par se retirer définitivement dans son village, à Pétèye (dans l'actuelle sous préfecture de Laoudiba). Il meurt en 1970, deux ans plutôt que Nkrumah, le dernier à tirer sa révérence en 1972, à Bucarest en Roumanie, après un exile en Guinée, chez Sékou Touré, un autre rival d'Houphouet Boigny.

En exhumant le côté sombre de Félix Houphouet Boigny, fétiche adulé et déifié par certains politiciens et redoutés par d'autres de ses contemporains, nous n'avons fait que rendre hommage aux travaux des chercheurs ivoiriens, qui ont accepté de traquer l'histoire pour la sonder afin que la Nation Ivoirienne, en construction, soit bâtie sur des piliers solides, à la place des vessies que l'on a tendance à brandir pour des lanternes, jusque-là.
Ce pan de l'histoire quoique plus soft, rejoint la liste des pages noires de notre histoire commune à savoir l'affaire du Guébié et l'affaire du Sanwi.

Une contribution de Kouakou Dapa Donacien

Pétit fils de Kouamé Bondoukou

Email: dapadonacien@yahoo.fr