CPI: QUAND BENSOUDA COLPORTE ET DEFEND LES PREJUGES RACISTES DES OCCIDENTAUX CONTRE L’AFRIQUE ET LES AFRICAINS

Par IvoireBusiness/ Débats et Opinions - QUAND BENSOUDA COLPORTE ET DEFEND LES PREJUGES RACISTES DES OCCIDENTAUX CONTRE L’AFRIQUE ET LES AFRICAINS, Par Lazare Koffi Koffi.

Fatou Bensouda et Alassane Ouattara au cours d'une audience à Abidjan.

Au cours des deux premiers jours du procès du président Laurent Gbagbo et de son ministre Charles Blé Goudé qui s’est ouvert à La Haye (Hollande) le 28 janvier 2016, au-delà des incantations et des croyances que la procureure Fatou Bensouda a fait circuler dans le prétoire, l’on a été surpris et frappé à la fois d’entendre dans le déroulé des accusateurs des illustres détenus, des discours qui ont présenté une vision erronée de la Côte d’Ivoire dans sa triple réalité anthropologique, géographique et historique et surtout ressassé des clichés et autres préjugés racistes contre les Africains sortis des tiroirs de ceux qui ne veulent voir l’Afrique que comme un continent de calamités. Pour Bensouda et son équipe, le président Laurent Gbagbo, un chrétien de l’ethnie bété, est poursuivi devant la Cour pénale internationale de La Haye, parce qu’il a agi comme un chef d’Etat dictateur qui, pour se maintenir au pouvoir, a planifié le génocide des partisans de son adversaire, le Dioula Alassane Ouattara. Pour eux, la crise postélectorale ivoirienne trouve ses fondements donc dans un « Plan commun » concocté par le président Laurent Gbagbo et un bloc de citoyens chrétiens du Sud pour éliminer un autre bloc de populations qui sont musulmanes et nordistes. Et toutes leurs démonstrations ont tourné autour de cette thèse : la crise ivoirienne est une crise ethno-religieuse. Le faisant, la procureure Bensouda et son équipe de l’accusation ont présenté au monde qu’il y a des personnes encore de nos jours qui portent le visage hideux des colporteurs des préjugés racistes sur l’Afrique et les Africains. En fait, en tenant ce type de discours, il faut en convenir, ce n’est pas aux Africains et encore moins aux Ivoiriens que Bensouda et son équipe s’adressent, tout le monde sachant que ce tableau de conflit ethno-religieux n’existe pas en Côte d’Ivoire, mais plutôt pour ses mandants qui aiment entendre des discours qui émeuvent et voir des images qui choquent leurs sensibilités pour justifier après-coup, des « missions de pacification » ou des « missions humanitaires » sur le continent africain. Il en a été ainsi depuis la rencontre de l’Occident avec le monde africain.

A- LES PREJUGES RACISTES : UNE IDEOLOGIE DE DOMINATION EUROPEENNE.

Pour pouvoir prendre le contrôle du monde, le dominer et l’exploiter, les Européens ont de tout temps, développé une idéologie raciste vis-à-vis des autres peuples de la terre. Cette attitude trouve ses racines dans le lointain monde antique de la Méditerranée précisément chez les Grecs et surtout chez les Romains. En effet, pour ces deux peuples, la conception qu’ils se faisaient du monde connu, était que celui-ci était habité, d’un côté par eux, les civilisés qui avaient élaboré de grandes civilisations rutilantes, des pensées philosophiques, ainsi que des formes de gouvernement qu’ils pensaient être les meilleures de leur époque ; de l’autre côté, il y avait ce qu’ils appelaient les barbares c’est-à-dire des peuples attardés, rustres, sans goût raffinés, qui ne prospéraient que dans la violence. Aussi, pour « civiliser » ces derniers, on dira aujourd’hui pour les pacifier, les Romains soumettront-ils ces peuples dits « barbares » à la suite de grandes campagnes militaires dans le but de leur imposer ce qu’on a appelé la pax romana (la paix romaine). Pour être les maîtres de la Méditerranée, ils combattront les Carthaginois et plus tard, les Egyptiens, les seuls peuples dont l’existence leur apparaissaient comme des puissances rivales qu’il fallait enrayer. En mettant le feu à la grande bibliothèque d’Alexandrie, une des sept merveilles de l’Antiquité, Rome projetait d’apparaître comme la seule détentrice de la connaissance car celui qui avait la connaissance était non seulement admiré de tous, mais celle-ci était un moyen de domination.
Au Vème siècle de notre ère, lorsque chute Rome sous la ruée justement de ces Barbares, les Vandales, les Burgondes, les Wisigoths, les Francs et surtout les Germains et les Goths ou Ostrogoths, l’Europe jusqu’au VIIIème siècle vécut presque repliée sur elle-même dominée par de petits royaumes. Mais avec l’avènement de l’Islam en Arabie et son expansion en Afrique du Nord et en Espagne, le monde chrétien d’Occident se coalisa autour de Charles Martel vainqueur des Arabes à Poitiers en 732 puis de Charlemagne ou Charles le Grand (768-814) couronné par le Pape Léon III comme empereur d’Occident dont le prestige et l’influence s’étendait de l’Europe à l’Asie, pour avoir guerroyé pour défendre le Pape et le monde chrétien de l’avancée de l’Islam, organisé des croisades contre les arabes et pour avoir converti les païens. Mais son empire se disloqua à sa mort et il se développa en Europe, au cours du Moyen âge, un système d’institutions politiques appelé la Féodalité. A cette époque, le monde était vu en deux parties opposées. D’un côté, l’Europe chrétienne considérée comme la bénie de Dieu, et le reste du monde, de l’autre, monde de païens à convertir, y compris les arabes musulmans.
La guerre contre les Arabes se poursuivit jusqu’au XVème siècle pour le contrôle de la route des épices. Grâce à la découverte de nouvelles techniques de navigation et de nouvelles terres jusque-là inconnues, les Portugais et les Espagnols supplantèrent les autres peuples notamment les Arabes et les Vénitiens. Pour éviter une rivalité ruineuse entre ces deux nations, le Pape Alexandre VI par le traité de Tordesillas en 1494, leur partagea le monde. L’Est du méridien des Açores était aux Portugais et l’Ouest aux Espagnols.
Pour exploiter leurs zones respectives, les Portugais aussi bien que les Espagnols seront les premiers à avoir une vision dépréciée des habitants des terres qu’ils avaient découvertes. Les Indiens seront les premiers à être réduits en esclavage par les Espagnols pour le travail des mines et l’extraction des métaux précieux. Ne pouvant résister aux rigueurs qu’imposait ce travail et face à la trop grande mortalité parmi les populations indiennes, le prêtre jésuite Las Casas plaida leur cause et obtint pour les remplacer de faire venir des Noirs d’Afrique. Ce sera le début de la traite des Noirs qui dominera le commerce atlantique pendant quatre siècles. Ce commerce honteux des Noirs ne choqua point leur conscience, puisque, très tôt, ils considérèrent ceux-ci non pas comme des hommes mais des bêtes de somme. Avec l’arrivée des Anglais, des Brandebourgeois (Allemands), des Hollandais, des Danois et des Français sur les côtes africaines, le commerce des Noirs prit de l’ampleur et partout on le trouva normal et moralement décent, puisque les peuples noirs furent regardés comme des êtres sans âme, à la limite des animaux. Lorsqu’on les considérait comme des êtres humains, ils apparaissaient comme des peuples attardés. Pour accompagner ce commerce, des idéologies racistes vont s’élaborer pour ne pas que l’Europe très chrétienne n’ait à se faire mauvaise conscience et voir dans la traite des Noirs, un mal, voire un péché à confesser. Sur les navires des compagnies marchandes et dans les forts où ce commerce avait lieu, des prêtres faisaient partie de l’équipage ou du personnel. Nul témoignage jusqu’ici n’a été trouvé pour montrer que la multitude des Noirs qui mouraient étouffés dans les cachots du fait de leur entassement ou des brimades, des privations de nourriture et d’eau le long des voyages vers l’Amérique le sort de ces malheureux, objets de traite, avait préoccupé ces prêtres ne serait-ce que le sort de leurs âmes après la mort. Bellon de Saint-Quentin, un théologien du XVIIIème siècle a pu au contraire écrire ceci sans le moindre scrupule :

« L’achat des nègres aux côtes d’Afrique, pour les transférer et revendre ensuite dans les possessions de l’Amérique, est-il un commerce légitime et peut-on le faire en conscience ? … La formulation de la question dont on vient de parler dépend d’un point de vue principal, il consiste à savoir si on peut légitimement avoir en sa possession des esclaves et les retenir en servitude, En effet, une fois bien prouvé qu’on peut légitimement en avoir et s’en servir : il demeure hors de doute, que l’on peut en acheter et en vendre … A cette dernière question, je réponds que l’on peut licitement avoir des esclaves et s’en servir ; cette possession et ce service ne sont ni contraires à la loi naturelle, ni à la loi Divine écrite, ni même à la loi de l’Évangile ».(1)

L’idée selon laquelle les Noirs n’étaient pas des hommes avait été suffisamment répandue et des philosophes en avaient fait l’écho. Spinoza, fut l’un des premiers au XVIIème siècle à le croire. Se fondant sur cette opinion, au cours du XVIIIème siècle, siècle dit des Lumière, de nombreux philosophes, des hommes de Science, des économistes, des écrivains, etc., essayèrent de catégoriser les Noirs et firent des traités les considérant comme inférieurs aux Blancs. Ci-dessous quelques témoignages :

« Les Blancs sont supérieurs à ces Nègres, comme les Nègres le sont aux singes, et comme les singes le sont aux huîtres. » « Leurs yeux ronds, leur nez épaté, leurs lèvres toujours grosses, leurs oreilles différemment figurées, la laine de leur tête, la mesure même de leur intelligence, mettent entre eux et les autres espèces d’hommes des différences prodigieuses. Et ce qui démontre qu’ils doivent point cette différence à leur climat, c’est que des Nègres et des Négresses transportés dans les pays les plus froids y produisent toujours des animaux de leur espèce, et que les mulâtres ne sont qu’une race bâtarde d’un noir et d’une blanche, ou d’un blanc et d’une noire. » « La nature a subordonné à ce principe ces différents degrés et ces caractères des nations, qu’on voit si rarement se changer. C’est par là que les Nègres sont les esclaves des autres hommes. On les achète sur les côtes d’Afrique comme des bêtes. » « La race des Nègres est une espèce d’hommes différente de la nôtre [...] on peut dire que si leur intelligence n’est pas d’une autre espèce que notre entendement, elle est très inférieure. Ils ne sont pas capables d’une grande attention, ils combinent peu et ne paraissent faits ni pour les avantages, ni pour les abus de notre philosophie. Ils sont originaires de cette partie de l’Afrique comme les éléphants et les singes ; ils se croient nés en Guinée pour être vendus aux Blancs et pour les servir ».
Voltaire (1694-1778, écrivain et philosophe, Essai sur les mœurs)

« On ne peut se mettre dans l’idée que Dieu, qui est un être sage, ait mis une âme, surtout une âme bonne, dans un corps tout noir. (…) Il est impossible que nous supposions que ces gens-là soient des hommes, on commencerait à croire que nous ne sommes pas nous mêmes chrétiens ».
Montesquieu (1689-1755, L’esprit des Lois).

« Je suspecte les Nègres et en général les autres espèces humaines d’être naturellement inférieurs à la race blanche. Il n’y a jamais eu de nation civilisée d’une autre couleur que la couleur blanche, ni d’individu illustre par ses actions ou par sa capacité de réflexion… Il n’y a chez eux ni engins manufacturés, ni art, ni science. Sans faire mention de nos colonies, il y a des Nègres esclaves dispersés à travers l’Europe, on n’a jamais découvert chez eux le moindre signe d’intelligence ».
David Hume (1711-1776, économiste anglais).

« La nature n’a doté le nègre d’Afrique d’aucun sentiment qui ne s’élève au-dessus de la niaiserie (…) Les Noirs (…) sont si bavards qu’il faut les séparer et les disperser à coups de bâton ».
Emmanuel Kant (1724-1804, Essai sur les maladies de la tête, Observation sur le sentiment du beau et du sublime).

« Tout sentiment d’honneur et d’humanité est inconnu à ces barbares… Point de raisonnement chez les nègres, point d’esprit, point d’aptitude à aucune sorte d’étude abstraite… Leur naturel est pervers… ».
Jacques-Philibert Rousselot de Surgy (Histoire générale des voyages, 1765).

« La race nègre est confinée au midi de l’Atlas, son teint est noir, ses cheveux crépus, son crâne comprimé et son nez écrasé ; son museau saillant et ses grosses lèvres la rapprochent manifestement des singes : les peuplades qui la composent sont toujours restées barbares (…) la plus dégradée des races humaines, dont les formes s’approchent le plus de la brute, et dont l’intelligence ne s’est élevée nulle part au point d’arriver à un gouvernement régulier. »
Georges Cuvier (1769-1832, zoologiste, Recherches sur les ossements fossiles).

« Les Africains, en revanche, ne sont pas encore parvenus à cette reconnaissance de l’universel. Leur nature est le repliement en soi. Ce que nous appelons religion, état, réalité existant en soi et pour soi, valable absolument, tout cela n’existe pas encore pour eux. Les abondantes relations des missionnaires mettent ce fait hors de doute (…) Ce qui caractérise en effet les nègres, c’est précisément que leur conscience n’est pas parvenue à la contemplation d’une objectivité solide, comme par exemple Dieu, la loi, à laquelle puisse adhérer la volonté de l’homme, et par laquelle il puisse parvenir à l’intuition de sa propre essence" et de continuer en disant que l’Afrique est "un monde anhistorique non développé, entièrement prisonnier de l’esprit naturel et dont la place se trouve encore au seuil de l’histoire de l’universel. »
Georg Wilhelm Friedrich Hegel (1770-1831, La raison dans l’histoire).

Au début du XIXème siècle, alors que suite à la grande campagne des abolitionnistes anglais l’on était en droit de penser que les Européens avaient pris conscience de la valeur humaine du Noir, les préjugés racistes contre celui-ci s’amplifiera bien au contraire. Il y eut un nouvel enjeu : avec la Révolution industrielle, l’Europe eut besoin de matières premières et de sources d’énergie abondantes pour alimenter ses machines qui devaient tourner en plein temps, mais aussi de marchés comme exutoires de ses produits et de main d’œuvre nombreuse et bon marché. Les matières premières et la main d’œuvre existant dans des contrées lointaines, il fallut à chaque puissance européenne industrialisée de posséder celles-ci de gré ou de force afin de ne pas être tributaire d’une autre nation. Il fallut donc connaître plus profondément et avantageusement ces contrées lointaines pour voir comment traiter avec leurs chefs si ceux-ci étaient à la tête d’Etats organisés. Des missions d’explorations furent envoyées composées de géographes, de cartographes, d’ethnographes mués en ethnologues, pour étudier les pays, les hommes, leurs mœurs, leurs organisations politiques et sociales, leurs systèmes de production etc. Les résultats de ces missions présentèrent l’Asie et surtout l’Afrique noire comme un nouvel eldorado avec des terres sans maître et des Etats rudimentaires à coloniser. Aussi, pour encourager l’entreprise coloniale, il fallut à nouveau déprécier les hommes hors d’Europe, à les caricaturer et les pousser, fait nouveau, là où ils semblaient organisés, à se renier par la négation de leur culture et leur race à travers l’école et la religion. Des philosophes, des missions chrétiennes, des écrivains, des juristes, des parlementaires et des hommes d’Etats élaborèrent à nouveau des préjugés raciaux racistes. Suivons ici quelques exemples :

« Le Nègre est une monstruosité intellectuelle, en prenant ici le mot dans son acception scientifique. Pour le produire, la nature a employé les mêmes moyens que lorsqu’elle enfante ces monstruosités dont nos cabinets offrent de nombreux exemples. (…) Il a suffi pour atteindre ce résultat que certaines parties de l’être s’arrêtassent à un certain degré de leur formation. De là, ces fœtus sans tête ou sans membres, ces enfants qui réalisent la fable de cyclope (…). Eh bien ! Le Nègre est un Blanc dont le corps acquiert la forme définitive de l’espèce, mais dont l’intelligence tout entière s’arrête en chemin. »
Armand de Quatrefages de Breau (1810-1892, naturaliste et anthropologue, cité par Léon Poliakov, in Le racisme)

« La plus stupide, la plus perverse, la plus sanglante des races humaines », « Aucun progrès, aucune invention, aucun désir de savoir, aucune pitié, aucun sentiment », « La couleur noire, la couleur des ténèbres est vraiment le signe de leur dépravation »
Alfred Michiels (1813-1892, écrivain, Le capitaine Firmin ou la vie des nègres en Afrique).

« Il me semble voir un Bambara assistant à l’exécution d’un des airs qui lui plaisent. Son visage s’enflamme, ses yeux brillent. Il rie, et sa large bouche montre, étincelante au milieu de sa face ténébreuse, ses dents blanches et aiguës. La jouissance vient … Des sons inarticulés font effort pour sortir de sa gorge, que comprime la passion ; de grosses larmes roulent sur ses joues proéminentes ; encore un moment, il va crier : la musique cesse, il est accablé de fatigue… Le nègre possède au plus haut degré la faculté sensuelle sans laquelle il n’y a pas d’art possible ; et, d’autre part, l’absence des aptitudes intellectuelles le rend complètement impropre à la culture de l’art, même l’appréciation de ce que cette noble application de l’intelligence des humains peut produire d’élevé. Pour mettre ses facultés en valeurs, il faut qu’il s’allie avec une race différemment douée… »
Joseph Arthur de Gobineau (1816-1882, diplomate et écrivain, Essai sur l’inégalité des races humaines).

« La nature a fait une race d’ouvrier, c’est la race chinoise (…) une race de travailleur de la terre, c’est le nègre (…) une race de maîtres et de soldats, c’est la race européenne. »
Ernest Renan (1823-1892, le Discours sur la nation).

« La colonisation en grand est une nécessité politique tout à fait de premier ordre… La conquête d’un pays de race inférieure par une race supérieure n’a rien de choquant »
Ernest Renan (La réforme intellectuelle et morale).

« Ces malheureux sauvages ont la taille rabougrie, le visage hideux, couvert de peinture blanche, la peau sale et graisseuse, les cheveux mêlés, la voix discordante et les gestes violents. Quand on voit ces hommes, c’est à peine si l’on peut croire que ce soient des créatures humaines … On se demande souvent quelles jouissances peut procurer la vie à quelques-uns des animaux inférieur ; on pourrait se faire la même question, et avec beaucoup plus de raison, relativement à ces sauvages. »
Charles Darwin (Voyage d’un naturaliste autour du monde, 1831 à 1836).

« Déjà les deux peuples colonisateurs, qui sont deux grands peuples libres, la France et l’Angleterre, ont saisi l’Afrique ; la France la tient par l’ouest et par le nord ; l’Angleterre la tient par l’est et le midi. Voici que l’Italie accepte sa part de ce travail colossal. L’Amérique joint ses efforts aux nôtres ; car l’unité des peuples se révèle en tout. L’Afrique importe à l’univers. Une telle suppression de mouvement et de circulation entrave la vie universelle, et la marche humaine ne peut s’accommoder plus longtemps d’un cinquième du globe paralysé. De hardis pionniers se sont risqués, et, dès leurs premiers pas, ce sol étrange est apparu réel ; ces paysages lunaires deviennent des paysages terrestres. La France est prête à y apporter une mer. Cette Afrique farouche n’a que deux aspects : peuplée, c’est la barbarie ; déserte, c’est la sauvagerie (…). Au dix-neuvième siècle, le Blanc a fait du Noir un homme ; au vingtième siècle, l’Europe fera de l’Afrique un monde. (Applaudissements) Refaire une Afrique nouvelle, rendre la vieille Afrique maniable à la civilisation, tel est le problème. L’Europe le résoudra. Allez, Peuples ! Emparez-vous de cette terre. Prenez là. A qui ? À personne. Prenez cette terre à Dieu. Dieu donne la terre aux hommes, Dieu offre l’Afrique à l’Europe. Prenez-la. Où les rois apporteraient la guerre, apportez la concorde. Prenez-la, non pour le canon, mais pour la charrue ; non pour le sabre, mais pour le commerce ; non pour la bataille, mais pour l’industrie ; non pour la conquête, mais pour la fraternité. (Applaudissements prolongés). Versez votre trop-plein dans cette Afrique, et du même coup résolvez vos questions sociales, changez vos prolétaires en propriétaires. Allez, faites ! Faites des routes, faites des ports, faites des villes ; croissez, cultivez, colonisez, multipliez. »
Victor Hugo (Discours sur l’Afrique, 18 mai 1879).

« Je vous défie de soutenir jusqu’au bout votre thèse qui repose sur l’égalité, la liberté, l’indépendance des races inférieures. Messieurs, il faut parler plus haut et plus vrai ! Il faut dire ouvertement que les races supérieures ont un droit vis à vis des races inférieures. »
Jules Ferry (Débats parlementaires du 28 juillet 1885).

« Lorsque les Nègres sont échauffés, il se dégage de leur peau une exsudation huileuse et noirâtre qui tache le linge et répand une odeur désagréable. »
Grand dictionnaire universel du XIXe siècle, au chapitre « Nègre ».

« Nous créerons parmi les races qui peuplent la Terre, une véritable aristocratie, celle des blancs, non mélangés avec les détestables éléments ethniques que l’Asie et l’Afrique introduisent parmi nous ». « Après l’élimination des races inférieures, le premier pas dans la voie de la sélection, c’est l’élimination des anormaux … On va me traiter de monstre parce que je préfère les enfants sains aux enfants tarés … Ce qui fait l’homme c’est l’intelligence. Une masse de chair humaine, sans intelligence, ce n’est rien … »
Charles Richet (1850-1935, médecin, prix Nobel 1913 de physiologie, il considérait que la civilisation avait perverti la sélection naturelle, en donnant des avantages aux dégénérés qui ne méritaient pas de vivre).

« Notre sensibilité spécifique pour la beauté et la laideur chez nos congénères, dépend très étroitement des symptômes de dégénérescence dus à la domestication qui menace notre race. Il faudrait, pour la préservation de la race, être attentif à une élimination des êtres moralement inférieurs, encore plus sévère qu’elle ne l’est aujourd’hui ».
Francis Galton (1822-1911, physiologiste, cousin de Darwin, sa doctrine eugénique inspirera, cinquante ans plus tard, Hitler et le régime nazi).

« Au point de vue sélectionniste, je regarderais comme fâcheux le très grand développement numérique des éléments Jaunes et Noirs qui seraient d’une élimination difficile. Si toutefois la société future s’organise sur une base dualiste, avec une classe dolicho-blonde dirigeante et une classe de race inférieure confinée dans la main-d’œuvre la plus grossière, il est possible que ce dernier rôle incombe à des éléments Jaunes et Noirs. (…) Il ne faut pas oublier que l’esclavage n’a rien de plus anormal que la domestication du cheval ou du bœuf. »
Georges Vacher de Lapouge (1854-1946, entomologiste et anthropologue, père de l’aryanisme, il fut l’auteur de L’Aryen et son rôle social, éléments fondateurs de l’antisémitisme nazi).

« Aucun gouvernement démocratique ne pourra jamais marcher en Afrique. »
Bertrand Russell (1872-1970, mathématicien, cité par Paul Johnson, in Le grand mensonge des intellectuels).

« La principale de ces circonstances est assurément la privation de la lumière du Christ et même de tout reflet de cette lumière, qui a permis à l’Esprit mauvais de s’établir en maître, sur cette terre déshéritée de l’Afrique … Les Noirs sont de temps immémorial livrés sans contrôle à un sensualisme abject, à la cruauté, au mensonge. (…) Les nègres aujourd’hui vivent sous l’influence corruptrice de tant de générations impures qu’il serait étonnant de les trouver aptes à une haute civilisation morale immédiate. »
Pierre Teilhard de Chardin (1881-1955, jésuite et théologien, La Guinée supérieure et ses missions, Les causes de l’infériorité du nègre ; Sa doctrine est toujours enseignée dans les séminaires en Afrique…)

Le décor ainsi planté, les Européens vont se donner des missions civilisatrices et des missions humanitaires qui leur permettront de prendre pied dur les continents asiatiques et africains. De grands programmes d’études de ces continents et leurs peuples sont financés et certains des acteurs de ces programmes ont abouti à des conclusions surprenantes qui ont ému. Trois exemples de ces chercheurs qui ont eu le prix Nobel :

« Il faudrait pour la préservation de la race, être attentif à une élimination des êtres moralement inférieurs encore plus sévère qu’elle ne l’est aujourd’hui … nous devons, et nous en avons le droit, nous fiers aux meilleurs d’entre nous et les charger de faire la sélection qui déterminera la prospérité ou l’anéantissement de notre peuple. »
Konrad Lorenz (1903-1989, biologiste et philosophe, ancien sympathisant nazi devenu militant écologiste, prix Nobel 1973 de physiologie pour ses recherches sur le comportement animal).

« Que des recherches soient entreprises pour déterminer l’influence de la forte natalité des Noirs sur la qualité de la population américaine et propose de stériliser ceux qui ont un QI inférieur à 100 », et fut l’auteur d’une proposition de loi destinée à octroyer une prime financière à toutes les femmes noires qui accepteraient de se faire stériliser ».
William Shockley (1919-1989, physicien, prix Nobel 1956 de Physique, co-inventeur du transistor) demanda à l’Académie des Sciences américaines.

« L’Européen ne saura jamais à quel point est effroyable la vie de ces malheureux qui passent leur temps dans la crainte des sortilèges dirigés contre eux. Seuls, ceux qui ont vu cette misère de près comprennent que c’est un devoir d’humanité d’enseigner aux peuples primitifs une autre conception du monde et de la vie, pour les délivrer de ces croyances funestes (…) Quant à l’effort intellectuel que représentent les conquêtes techniques, l’indigène n’est pas capable de l’évaluer. Mais quand il a affaire à un Blanc, il sent avec une intuition infaillible si celui-ci est une personnalité, une personnalité morale (…) le primitif ne connaît que des jugements de valeurs élémentaires (…) quand il rencontre la bonté unie à la justice et à la véracité, la dignité intérieure derrière la dignité extérieure, il s’incline et reconnaît son maître. »
Albert Schweitzer (1875-1965, théologien, philosophe, musicien et médecin missionnaire au Gabon, prix Nobel 1952 de la Paix, in À l’orée de la forêt vierge).

B- DES PREJUGES RACISTES POUR JUSTIFIER LA GUERRE CONTRE LES PEUPLES HORS D’OCCIDENT.

Comme vu ci-dessus, la Traite négrière, l’impérialisme et le colonialisme ont pu se développer sur un terreau idéologique fertile qui les a accompagnés. La vieille conception du monde depuis l’époque de l’Antiquité grecque et romaine n’a pas varié jusqu’à nos jours. Il y a donc d’un côté les peuples d’Occident, civilisés qui ont la connaissance scientifique et technique ainsi que celle des armes qui massacrent à grande échelle et qui ont le devoir d’humaniser le reste du monde considéré comme celui des barbares, des incultes. C’est cette même conception qui fait que, après les deux guerres mondiales, ceux qui en sont sortis vainqueurs, parce qu’ils possèdent l’arme nucléaire, les autres peuples doivent leur être soumis. C’est eux seuls qui doivent régenter le monde. C’est eux seuls qui doivent dicter un comportement planétaire en termes de productions intellectuelle, économique, artistique et d’armement. C’est eux seuls qui doivent donner un sens à l’Histoire de l’humanité entière. Eux-seuls ont le droit de tuer et d’être applaudis. Ainsi, les Etats-Unis ont eu le droit de tuer en masse à Hiroshima et à Nagasaki au Japon. On les a applaudis comme les sauveurs du monde. Ils ne seront pas appelés à la barre au procès de Nuremberg. Les pays de l’Otan peuvent désorganiser les Etats de l’Europe centrale et orientale, traquer et tuer des peuples entiers en Afghanistan, en Irak, en Syrie, dans les pays méditerranéens etc. C’est parce qu’ils continuent de considérer les autres peuples de barbares qu’ils refusent qu’un pays comme l’Iran, ait droit à l’arme nucléaire. Ils pensent que l’Iran, ayant un peuple aux réactions primaires, donc incapable de jugeote et dépourvu d’humanité, une fois en possession de cette arme destructrice à grande échelle, ne tardera pas à la larguer sur ses ennemis notamment sur Israël. Depuis 1945, voulant être les seuls à dominer le monde, grâce à la puissance de leurs médias, ils travailleront à faire admettre que tous les nationalistes et les révolutionnaires contre l’impérialisme occidental sont des personnages inhumains donc à abattre. Castro sera isolé. Ho Chi Minh combattu. Salvador Allende enseveli sous les décombres du palais présidentiel du Chili etc.
En Afrique, ils sont légion, les peuples et leurs leaders qui seront victimes à la fois des préjugés racistes et des violences des Occidentaux qui, pour justifier leurs actions, leurs colleront des qualificatifs qui évolueront selon les époques et selon la mode
En effet, il faut remonter jusqu’au XVème siècle pour voir les premières manifestations de ces préjugés. Très tôt, après leurs premières rencontres avec les Africains, les Européens traiteront ceux-ci de sauvages cannibales. Ce concept de cannibalisme sera attribué à une partie des peuples de la Côte d’Ivoire côtière occidentale qui seront appelés Les Males Gens, par opposition à ceux du rivage assinien appelés les Bonnes Gens. S’ils ne sont pas vus comme des cannibales, on traitera certains d’entre ces peuples d’être animés de vilains sentiments, gens à l’esprit retors et des larcins incurables. C’est ainsi que traite le R.P. Loyer les Apolloniens du XVIIIème siècle. Ils les voyaient soumis à la séduction du démon. Ils se donneront alors la mission urgente de les convertir au christianisme.
De cannibales, les Européens en vinrent à faire des Africains des peuples esclavagistes et sanguinaires. Leurs chefs, témoignaient-ils, dans leurs relations, s’adonnaient à des pratiques macabres, notamment boire dans des crânes humains, trancher la tête de leurs prisonniers de guerre, arborer celles-ci à la devanture de leurs habitations comme des trophées, ensevelir vivants, leurs sujets convaincus d’adultère et de viol. Plusieurs missionnaires des XIXème et début XXème siècle ont rapporté plusieurs de ces faits pour le bonheur de leurs compatriotes férus d’exotisme. C’est en s’appuyant sur ces récits, que le colonisateur Blanc s’employa à désorganiser des royaumes et des empires en faisant arrêter, à défaut de les assassiner, puis les déporter. C’est au nom de ce préjugé raciste de chef esclavagiste et surtout sanguinaire que Gbéhanzin (ou Béhanzin) roi du Danxomè (ou Dahomey) a été déporté par les Français aux Antilles puis en Algérie où il mourut. Le Mandingue Samory Touré connut le même sort. Arrêté à Guélémou, il connaîtra l’exil au Gabon où il mourut. En Gold Coast, les Anglais combattirent le roi d’Apollonie, Kakou Aka, le firent prisonnier et l’internèrent jusqu’à sa mort en Algérie. On connait aussi ce qui advint à Glélé du Danxomè, Kadjo Amangoua Tautaudjra, chef de guerre de Bonoua (Côte d’Ivoire), de Prempeh II roi Ashanti, etc. Tous ces chefs déportés taxés de sanguinaires avaient en commun d’avoir organisé une résistance farouche contre l’envahisseur Blanc et contre la pénétration coloniale.
Lorsqu’après la décolonisation les Européens furent contraints de laisser leurs anciennes colonies accéder à l’indépendance, ils n’abandonnèrent pas pour autant la mainmise sur ces colonies. Ils chercheront d’autres mécanismes pour convaincre l’opinion internationale que l’indépendance n’a rien apporté aux peuples décolonisés. Au contraire l’Afrique, depuis le départ des Européens est devenue une contrée de malheurs et de cataclysmes : maladies endémiques, famines, mauvaises gouvernances, guerres tribales, corruptions et endettements mal utilisés...Pour eux, cela est du fait des chefs d’Etat qui se sont mis pour la plupart sous le parapluie de l’Urss et qui se réclament de l’idéologie communiste. On provoquera chez eux des conflits tribaux et on les poussera à massacrer leur peuple. Après quoi, on les taxera de génocidaires. Ils seront dont renversés ou assassinés. Ainsi, Patrice Lumumba, Samora Machel, Thomas Sankara. Nkrumah renversé aura une fin peu glorieuse. Tout comme Sékou Touré, qui, après avoir été mis en quarantaine, finira sa vie avec une image de tortionnaire du Camp Boiro.
Les choses ne s’arrêteront pas là. Après avoir inspiré et encouragé partout sur le continent africain le parti unique, les Européens, en vinrent à proposer la gouvernance démocratique aux gouvernants. Cette proposition faite à la Baule par François Mitterrand fut assortie d’aide bilatérale et multilatérale. Plusieurs leaders africains trouvèrent en cette proposition comme une aubaine pour briser l’unanimisme et proclamer le multipartisme et engager leur pays vers la démocratie. Laurent Gbagbo se fera le chantre de la Démocratie en Côte d’Ivoire, et une fois parvenu au pouvoir en 2000, il passera pour le champion de cette forme de gouvernement. Mais, à ce niveau, il y aura une sorte de malentendu. Pour la France, tout en prônant le multipartisme et la démocratie comme voie et moyen de gouvernance, il n’était pas question, en réalité de laisser ses anciennes colonies faire ce qu’elles veulent pour le bien-être des citoyens, comme par exemple ouvrir leurs marchés à la compétition internationale. Celles-ci doivent rester leurs chasses-gardées. Tout devrait commencer par eux et s’achever vers eux. Alors que pour certains leaders africains, comme Laurent Gbagbo, la démocratie devait s’interpréter comme la liberté d’échange reconnue comme l’expression de la souveraineté des Etats. Et c’est sur cette question de la souveraineté que les relations entre la France et la Côte d’Ivoire vont s’achopper. La France, qui depuis quelques décennies a des difficultés économiques apprécie mal cette volonté de souveraineté affichée. Aussi, dans le cadre de ses instruments de contrôle et de régulation de ses relations avec son carré africain que sont le Sommet France-Afrique et la Francophonie le tout combiné donnant le terme Françafrique, cherchera-t-elle par tous les moyens pour imposer des chefs d’Etat de paille, discrédités, éloignés des préoccupations de leurs peuples. Pour arriver à cette fin, les présidents Jacques Chirac et surtout Nicolas Sarkozy, tentèrent dans des discours fortement colorés de racisme de convaincre les Africains qu’ils n’étaient pas mûrs pour la Démocratie étant à la lisière de la civilisation. C’était à la vérité, une grande insulte à la conscience humaine. C’était une entreprise de négation de l’Africain et il se trouva des chefs d’Etat ou chefs de gouvernement pour applaudir, sans doute par peur, une telle contre-vérité. Car ceux qui, par la suite, se sont montré indociles à leur volonté ont été simplement et purement chassés du pouvoir. Ainsi Dadis Camara en Guinée, victime d’un coup d’Etat meurtrier qui a failli lui fait perdre la mémoire, Mouammar Kadhafi en Libye qui a été assassiné et surtout Laurent Gbagbo de Côte d’Ivoire, combattu, bombardé, arrêté et déporté à La Haye. La nouvelle sémantique qui leur sera collé pour justifier leur écartement du pouvoir, c’est qu’ils sont présentés comme des dictateurs. Et la manifestation de cette dictature pour le cas Laurent Gbagbo est que ce dernier a occasionné des tueries en masse aux seules fins de se maintenir au pouvoir. Et parmi les personnes tuées, il y a des femmes. Cela a une grande résonnance émotive en Europe.
Au moment où cette sémantique de chefs dictateurs fait son petit bonhomme de chemin, les officines occidentales expérimentent un autre concept : le terrorisme. Ce concept attribué au nationalisme arabe, de plus en plus s’étend en Afrique est adoubé d’un autre : le djihadisme.

C- BENSOUDA OU LE VISAGE HIDEUX DU COLPORTAGE DES PREJUGES RACISTES EN CÔTE D’IVOIRE

Pour l’observateur attentif et sérieux de la société ivoirienne, il ne fait point de doute que le président Laurent Gbagbo a été écarté du pouvoir et déporté à La Haye parce que la France a tôt fait de déceler en lui les traits d’un nationaliste ardent qui risquait de contrarier sa présence en Côte d’Ivoire et partant, en Afrique francophone. Depuis la guerre d’Algérie, où ce type de nationalisme a causé bien du tort aux Français, tous les chefs d’Etat français, depuis de Gaulle jusqu’à Sarkozy, auront à cœur d’annihiler toute velléité nationaliste dans leurs anciennes colonies. Sur cette question, ils trouveront l’appui des Etats-Unis, qui, pour contrôler le pétrole au Moyen-Orient, combattront sans ménagement les nationalismes arabes. Le monde a donc été surpris, qu’au deux premiers jours de l’ouverture du procès de Laurent Gbagbo à La Haye, l’accusation sorte des clichés racistes pour condamner le président élu des Ivoiriens aux termes des élections démocratiques de 2010. Laurent Gbagbo, et son ministre Charles Blé Goudé, leader de la jeunesse patriotique ivoirienne, en plus d’être traités de violeurs insatiables, seront accusés de génocidaires suivant un plan prémédité pour se maintenir au pouvoir. En écoutant le déroulé de leurs accusations, la procureure Bensouda et son équipe ont insidieusement colporté tous les préjugés racistes que les Européens ont forgé contre les Africains depuis plusieurs siècles comme nous l’avons-vu ci-dessus. A entendre Bensouda et son équipe, on comprend aisément qu’elles sont dans un jeu dont le metteur en scène est caché en Europe. Ce jeu, la Franco-camerounaise Calixthe Beyala l’a compris très tôt et l’a stigmatisé depuis décembre 2012. Traitant Bensouda d’esclave africaine de notre temps qui agit sous les ordres de son maître, et écœurée par ses agissements contre des dignes fils de notre continent, elle écrit :
« Fatou BENSOUDA procureur de la Cour Pénale Internationale : Une honte pour l'Afrique. (1)

Nous avons presque le même âge, Fatou et moi... Des femmes d'origine africaine, nées bien après les indépendances, c'est-à-dire que ni elle ni moi, n'avions connu l'esclavage, la colonisation et encore moins le code de l'indigénat !
Pourtant, pourtant Fatou Bensouda apparaît chaque jour un peu plus comme une pauvre chose, une Africaine au cerveau encerclé de chaînes, aux pieds liés, pliée sous le poids des coups de fouet donnés par le maître. Elle obéit au doigt et à l'œil à tous les désidératas de ceux qui piétinent et avilissent l'Afrique. Il est à craindre qu'elle serait prête à brader son pays, à soumettre son peuple si l'Autre le lui demandait. Elle se montre aussi zélée qu'une ânesse folle, sautillant de droite à gauche, s'activant avec une telle fougue afin de recevoir l'approbation du colonisateur. Elle est prête à vendre son âme au diable et à ses cornes pour quelques pépites de chocolat par eux jetées, oublieuse que c'est sa terre natale qui produit le cacao.
Et la voilà à harceler Laurent Gbagbo parce qu'ainsi le veut le Maître, à vouloir le garder en prison, parce que le maître souhaite se débarrasser de tous les négrillons empêcheurs d'exploiter en toute quiétude ».

Elle écrivit ce texte pour prendre position contre Bensouda, lorsque celle-ci chercha à transférer aussi à La Haye, Simone Ehivet Gbagbo, l’épouse du président Laurent Gbagbo. Suivons :

« Toute honte bue, notre Fatou BENSOUDA, grosse parce qu'emplie des restes d'une mauvaise soupe du maître, vient de jeter son dévolu sur Simone Gbagbo, une femme africaine hors pair, une extraordinaire militante, grande défenderesse de l'Afrique. Une insoumise ! Une rebelle ! Une femme de caractère ! Des qualités qui font hélas défaut à BENSOUDA. La voilà à réclamer à cris et en aboiements le transfèrement de cette brave Simone à La Haye.
Mais qu'a-t-elle donc fait Simone ? Rien. Oh, si ! Elle a eu la mauvaise idée d'être l'épouse de Laurent Gbagbo. Mais encore ? Elle pourrait se présenter à la présidentielle de 2015, ce qui empêcherait l'exploitation gratuite du cacao ivoirien, du pétrole ivoirien, du diamant ivoirien, car à ne point en douter, Simone ne le permettrait pas !
Et la Bensouda, croit qu'elle existe alors qu'en réalité elle n'est rien d'autre qu'une esclave, une contremaîtresse des prisons pour nègres. Elle se donne des airs, la pauvresse. Elle se dit que si le maître est content, alors tout va bien dans le meilleur des mondes. Et elle pousse l'absurde jusqu'à l'extrême ! Et elle trimballe dans les couloirs de la Haye son énorme ventre emplie d'une mauvaise soupe, expédie à Abidjan des injonctions de transfert... Bientôt, elle demandera que Soro soit transféré, que Ouattara soit transféré etc. etc. Toute prête à vider l'Afrique de ses enfants.... Parce qu'elle pense Fatou Fatoumata Bensouda que l'Afrique est géniale mais sans ses enfants. Parce qu'elle pense la Fatou aux joues toutes enflées de mauvaise soupe que nul ne s'opposera aux tristes desseins de ses maîtres. Parce qu'elle pense Fatou, la grosse Fatou que tout va très bien tant que son arrière train continuera à s'emplir de soupe ».

Mais qui est donc Bensouda ?
Originaire de la Gambie et de confession musulmane, Fatou ou Fatoumata Bensouda est née le 31 janvier 1961 à Banjul au sein d’une famille dont le père est polygame. Fatou Bensouda est très jeune intéressée par la défense des droits des personnes, notamment des femmes et assiste à des procès. Après une scolarité secondaire brillante, elle devient quelque temps greffière au tribunal de Banjul, puis entreprend des études de droit, grâce à une bourse dans plusieurs universités du Nigeria, se spécialisant dans le droit maritime. Pour compléter sa formation académique, Fatou Bensouda suit plusieurs formations professionnelles lui permettant d'acquérir d'autres diplômes, notamment un diplôme en bénévolat au sein du Comité international olympique à New York (novembre 2001), ainsi qu'un diplôme d'études en langue française (DELF) 1er degré délivré par le ministère de la Jeunesse, de l'Éducation nationale et de la Recherche de la République française.

Elle obtient un poste de procureur en Gambie en 1987. Nommée procureur général de Banjul, elle est nommée en 1998 ministre de la Justice du gouvernement gambien, fonction qu'elle occupe jusqu’en 2000. Elle ouvre ensuite un cabinet d'avocat et prend brièvement la direction d'une banque (2000-2002).
En mai 2002, elle devient conseillère juridique et substitut du procureur au Tribunal pénal international pour le Rwanda, à Arusha en Tanzanie. Depuis 2004, elle est en poste à la Cour pénale internationale de La Haye. Elle y est d'abord procureure adjointe du procureur général Luis Moreno Ocampo, puis elle lui succède, comme procureure générale le 12 décembre 2011, et prête officiellement serment le 15 juin 2012. Elle a été choisie par les 120 États membres du tribunal, au terme d'un processus de sélection auquel participaient 52 candidats. Elle figure sur la liste des 100 personnes les plus influentes au monde par le magazine Time en 2012. Jeune Afrique l’a désignée comme « l’une des 50 femmes africaines qui, de par leurs actions et leurs initiatives dans le cadre de leurs fonctions respectives, font avancer le continent africain (2014 et 2015) ».
Elle est mariée à un économiste géographe maroco-gambien, devenu industriel, et ils ont deux enfants.(2)
En analysant son parcours, parcours fulgurant qui devrait exciter la fierté de tout africain digne de ce nom, aux regards de ses positions qui tendent à montrer qu’elle est plus prompte à satisfaire les desiderata de ses mandants surtout européens, de nombreux observateurs ont commencé à douter de la manière de son recrutement.
Sur quels critères exceptionnels en effet, cette Fatou a t-elle été recrutée ? s’est interrogé un internaute (3) le 31 janvier 2012. Et de se justifier :

« Au regard de ce que dame Fatou Bensouda a offert au monde de constater les jeudi 28 et vendredi 29 janvier dernier, n'est-on pas en droit de douter du respect scrupuleux des dispositions de l'article 36-a du Statut de Rome
dans le recrutement ? En effet, aux termes des dispositions qui précédent " Les juges de la Cpi sont choisis parmi des personnes jouissant d'une haute considération morale, connues pour leur impartialité et leur intégrité et réunissant les conditions requises dans les états respectifs pour l'exercice des plus hautes fonctions judiciaires". Dans quel bistrot a t-on exceptionnellement recruté cette gambienne qui est l'incarnation parfaite d'une misère morale ? »
Or, tout laisse croire que Bensouda agit sur commande mais aussi par intérêt. Son époux dont les parents sont d’origine marocaine, précisément de Fès, est un homme d’affaires qui a fait fortune dans la pêche. On présente ce dernier comme proche de Dominique Nouvian épouse d’Alassane Ouattara. De là à dire qu’elle est dans un plan commun avec ce dernier et ses mandants pour maintenir le président Laurent Gbagbo en prison pendant dix ans, le temps que s’achève le mandat présidentiel de Ouattara, le pas est vite franchi. Et pour faire réussir ce plan commun, bien au fait des rouages de la justice internationale elle n’a trouvé d’autres artifices que de faire juger le président Laurent Gbagbo comme auteur de génocide et de crimes contre l’humanité.
Aussi, la crise électorale qui a vu au moins 3000 morts selon les chiffres avancées par les officines de la communauté internationale repris abondamment par les média à leur solde, selon elle, a-t-été une crise ethno-religieuse. Pour ce faire, elle a présenté dans son argumentaire, sans sourciller, la Côte d’Ivoire au plan démographique, comme un pays divisé en deux : d’un côté, au Sud, les Bhété chrétiens et de l’autre, au Nord, des Dioula musulmans. Pour se maintenir au pouvoir les Bhété ont massacré les Dioula. Un malheureux raccourci qui, alors que le dénouement du procès de La Haye est attendu pour réconcilier les Ivoiriens, excite au contraire les consciences à la conflagration entre les ethnies et les religions. Pour préparer et favoriser l’avènement du djihadisme en Côte d’Ivoire.C’est là le véritable plan commun entre Ouattara, Bensouda et leurs mandants en se servant de la Cour pénale internationale comme tremplin.

Une contribution du Ministre Lazare KOFFI KOFFI
Exilé ivoirien au Ghana

NB: 1- Bellon de Saint-Quentin (théologien, Dissertation sur la traite et le commerce des nègres, 1765).
2- Calixthe Beyala, Facebook, décembre 2012
3- Informations prises sur le mur de Michel Galylafrance, Facebook du 29 janvier 2016.
4- Il s’agit de Tchédjougou Ouattara bien connu sur le réseau social Facebook.