CPI: Incursion dans l'équipe de Défense de Blé Goudé avant la reprise le 24 avril

Par Notre voie - CPI. Incursion dans l'équipe de Défense de Blé Goudé avant la reprise le 24 avril.

Charles Blé Goudé et ses avocats le 20 janvier 2017 à la CPI.

Après plus d’un an, le procès de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé marque une pause. Il reprendra le 24 avril prochain avec un nouveau témoin. En attendant, nous avons fait une incursion dans l’équipe de défense de Charles Blé Goudé. Une ballade qui nous a permis de mettre en lumière les motivations des choix opérés par le leader du Cojep. « Charles Blé Goudé, sans complexe », c’est la ligne directrice de ce dossier depuis la galerie du public de la salle d’audience i de Cour pénale internationale (CPI), un fait saute aux yeux : dans le box réservé aux équipes de défense, sur la gauche des juges, de jeunes avocats Africains se font remarquer. La bande joyeuse mais très travailleuse constituée de maîtres Claver N’Dry, Jean-Serge Gbougnon et Seri Zokou a depuis longtemps pris ses marques dans cette salle où il n’y a pas de place pour la plaisanterie. A eux s’est joint depuis peu, une autre Africaine, la Camerounaise Josette Kadji dont la présence élargit l’horizon du continent. Tous œuvrent efficacement avec leur confrère Néerlandais Alexander Knoops, à créer les conditions de la disculpation de leur client. Parfois, on les voit tous autour de Charles Blé Goudé causant comme des amis, preuve d’une vraie complicité entre leur client et eux. De toute évidence, l’ancien ministre de la jeunesse du gouvernement Aké N’Gbo n’a pas fait les choses au hasard. On se souvient qu’alors qu’il était détenu à Abidjan, dans les locaux de la direction de la surveillance du territoire (dst), et qu’il luttait contre la mort, c’est une équipe de jeunes avocats qui avait pris le risque de constituer un collectif, sur la base du volontariat, pour défendre Charles Blé Goudé, dans un pays où la répression faisait rage ; même les hommes en robe n’en étaient pas épargnés. Là où certaines personnes couvraient Blé Goudé de ridicule et faisaient circuler sur son compte les rumeurs les plus folles, ces jeunes avocats avaient retroussé les manches pour pousser le pouvoir dans son dernier retranchement. Grâce à eux, les ivoiriens avaient fini par avoir les vraies nouvelles du ministre de la jeunesse du gouvernement Aké N’Gbo. En effet, Blé Goudé n’était pas dans une « résidence protégée » comme l’avaient prétendu les autorités ivoiriennes et les adversaires du leader du Cojep. C’était plutôt un Blé Goudé amaigri, barbe et cheveux hirsutes, signe évident d’une maltraitance, que les jeunes avocats témoigneront avoir rencontré en compagnie de l’un de ses voisins de cellule, avec qui, il était embastillé dans une cellule blindée de la dst. Transféré à la CPI sur ordre des autorités ivoiriennes, c’est dans la nuit du 22 au 23 mars 2014, que Charles Blé Goudé est arrivé à la Haye. Là où on lui proposait des avocats dits de renom, Charles Blé Goudé a préféré confier sa défense à de jeunes avocats de sa génération, qui en même temps que lui, faisaient leurs premiers pas à la CPI. C’est ainsi qu’il demandera à maîtres Claver N’Dry et Serge Gbougnon, membres du collectif qui l’avait défendu, de le rejoindre à la Haye pour continuer l’œuvre. en plus de Claver N’Dry, dont il a fini par faire son co-conseil dans un dossier que l’on qualifie de complexe, c’est sans complexe que Charles Blé Goudé fera encore appel à deux autres avocats, notamment maîtres Zokou Seri du barreau de Bruxelles et Josette Kadji du Cameroun. Selon des sources proches du dossier, le leader du Cojep tient ainsi à trouver que sa génération a les moyens intellectuels et le talent nécessaire pour s’assumer à n’importe quelle tribune, pourvu qu’on lui fasse confiance et qu’on lui donne l’occasion de s’exprimer. Pour Charles Blé Goudé, ces jeunes avocats Ivoiriens ont l’avantage d’avoir une connaissance factuelle et contextuelle de la crise Ivoirienne. Un an après l’entame du procès, on pourrait sans risque de se tromper, affirmer que maîtres Claver N’Dry, Serge Gbougnon et Zokou Seri, qui ont fait entrer la Côte d’Ivoire au sein de la CPI, démontrent de fort belle manière que Blé Goudé n’a pas eu tort de leur faire confiance. Ces jeunes avocats qui font la fierté du barreau Ivoirien, sont devenus un véritable casse-tête chinois pour tous les témoins à charge qui passent à la barre de la CPI et même pour leurs éminents contradicteurs du bureau du procureur. C’est bien souvent qu’on a vu Eric Macdonald, le chef de file des adjoints de Fatou Bensouda, bouillir de colère et parfois se montrer désagréable quand il est mis en difficulté tantôt par Claver N’Dry, tantôt par Jean-Serge Gbougnon. Si l’équipe de Fatou Bensouda avait cru un instant qu’elle avait affaire à des avocats sans expérience internationale donc facile à impressionner, elle a sûrement revu ses plans. Puisque ces jeunes avocats n’ont pas seulement prouvé qu’ils connaissaient le dossier, mais ils ont fait la preuve de leur capacité à rivaliser avec les meilleurs avocats du monde. Ils font assurément la fierté des Africains.

Par augustin KOUYO,