CPI : Après son témoignage à la CPI, le Général Brindou craint pour sa sécurité

Par IvoireBusiness - CPI. Après son témoignage dans l'affaire Laurent Gbagbo et Blé Goudé contre le procureur, le Général Brindou craint pour sa sécurité.

près son témoignage dans l'affaire Laurent Gbagbo et Blé Goudé contre le procureur, le Général Brindou craint pour sa sécurité.

Les informations en provenance de la Cour pénale internationale ne sont pas très rassurantes concernant le retour du Général Brindou M’Bia en Côte d’ivoire après la fin de son témoignage hier dans l’affaire « Laurent Gbagbo et Blé Goudé contre le procureur ».
Déjà hier, alors même que prenait fin son témoignage, il a soulevé avec insistance des questions de sécurité, exigeant des garanties supplémentaires concernant sa sécurité, mais sans avoir gain de cause.
Parti à la CPI comme témoin de la procureure Fatou Bensouda, il s’est transformé dans le prétoire en témoin hostile, ruinant tous les espoirs du procureur.
Ses témoignages ont essentiellement blanchi le Président Laurent Gbagbo et le Ministre Charles Blé Goudé, mais ont été accablants pour le régime d’Alassane Ouattara qu’il servait jusqu’à un passé très récent comme directeur général de la police.
Du coup, ce haut dignitaire du régime Ouattara, craindrait pour sa sécurité une fois de retour au pays. C’est la raison pour laquelle pendant son audition devant la Cour, il n’a pas hésité à demander des mesures additionnelles de protection des témoins, lesquelles lui ont été refusées par le juge-président Cuno Tarfusser.

En effet, le mardi 21 février, le témoin P46, le Général Brindou M’Bia, via son conseil, a demandé à la Cour de confirmer le caractère contraignant de l’accord confidentiel qui lie la Côte d’Ivoire à la CPI. Un accord qui octroie l’immunité au plan national aux témoins comparaissant devant la Cour.
Alors que cette question avait déjà fait l’objet d’un huis clos la semaine dernière, dès le début de son audition devant la CPI.

Le témoin P46, prévoyant qu’il deviendrait témoin hostile, avait demandé que son témoignage complet se tienne à huis clos.
Mais le juge-président et ses collègues, arguant des dispositions prévues à la règle 74 (relative aux Témoignages incriminants leurs auteurs) du règlement de procédure et de preuve, a rejeté les requêtes du Général Brindou.
Ce dernier avait également demandé à se voir accorder des garanties supplémentaires outre celles de l’article 74.

Toutes les requêtes du témoin P46 ont été de nouveau débattues lors de l’audience du mercredi 22 février.
Selon Me Knoops, avocat de la défense, octroyer de nouvelles garanties, autres que celles prévues dans les textes de l’institution judiciaire internationale, échappe à la compétence de la présente Chambre. Une décision partagée par la Cour qui a encore une fois débouté le témoin P-46.
Dernière requête formulée par l’ancien directeur général de la police ivoirienne, la possibilité de bénéficier du droit des instructions administratives de la CPI. Ces instructions contenues dans une circulaire, donc relevant du fonctionnement interne de la CPI, ne peuvent s’appliquer qu’au seul personnel de l’institution pas même aux élus de la Cour, comme l’a souligné Me Knoops.
Une requête que la Cour a également rejetée.
Comme on le voit, les insistances à se voir octroyer des garanties supplémentaires de sécurité par la CPI cachent mal la crainte de P46 de retourner en Côte d’Ivoire après son témoignage dans l’affaire Laurent Gbagbo et Blé Goudé contre le procureur.
Pour rappel, le Général Brindou M’Bia a témoigné à la CPI du 14 au 22 février 2017 comme témoin à charge de la procureure Fatou Bensouda.

Michèle Laffont,
Correspondante permanente aux Pays Bas