CPI : « le corbillard de la justice », Par Shlomit Abel

Par Ivoirebusiness/ Débats et Opinions - CPI. « le corbillard de la justice », Par Shlomit Abel.

Les juges de la CPI dans l'affaire Laurent Gbagbo contre le procureur.

Chaque jour, depuis la Haye, où le procès de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé a débuté le 28 janvier 2016, nous parviennent les échos d'une farce consternante aux grotesques allures de limace.
En Israël, ce genre de comédie judiciaire ne serait pas possible, dans la forme, – pour le fond, je ne m'engage pas –. Franchement, que de temps perdu avec ces témoignages bidons, ces traductions, cette horrible voix d'extra-terrestre sortie du pire des nanars, pour "protéger" des individus que rien ni personne ne menace, si ce n'est le clan Ouattara à leur retour parce qu'ils auront dit haut et fort que voter Alassane ne leur avait pas rapporté grand chose. Lorsque en Israël, dans un bureau ou une administration, vous n'allez pas assez vite, vous ne vous exprimez pas assez clairement, on vous dit "au suivant". J'ai souvent été frustrée par ce comportement, mais combien j'aimerais aujourd'hui que cette cour soit speed, comme en Israël... Lors du procès de Rudolph Eichmann à Jérusalem, quand les victimes sont venues témoigner, elles parlaient normalement, malgré la contrainte de la traduction simultanée : personne ne s'est soucié de leur demander si ce n'était pas trop pénible de se retrouver en face d'un bourreau – bien réel –, de revivre des scènes d’horreur, de voir des photos, des vidéos, de réentendre des coups de feu. Personne à l’époque n'a proposé de coach ou de psychologue à ces personnes dont la vie avait été brisée, et dont le sommeil est resté hanté chaque nuit jusqu'à leur mort de cauchemars récurrents! Et pourtant vous et nous savons combien il était difficile à ces hommes et femmes d'être présents et de témoigner à découvert devant un authentique boucher de masse ! Alors, à la Haye, dans quel soap opéra sommes-nous? Et là, nous parlons d'un Président Laurent Gbagbo sur le dos duquel, après cinq années de recherches minutieuses, Ben Souda et sa meute n'ont n'a pas réussi à mettre plus de 166 victimes ! (pour mémoire, les violences policières en France font chaque année une quinzaine de victimes, hors tout contexte de guerre civile et de rébellion armée...)
Quelle comédie ! Et dire qu'un présumé innocent n'a plus droit au titre de Président, parce que la représentante des guignols P, P1 P2, P3 et compagnie s'est exprimée, dans l'ignorance totale des usages et la bienséance! Le "casse-toi pauv'con" d'un triste sire de sinistre mémoire est devenu la norme de ces nouveaux présidents, juges et autres grands de ce monde. Qu'est ce que la vérité ? Un Ponce Pilate sommeille en chacun d'eux, et la balance de la justice penche depuis belle lurette du côté de la parole des puissants et des méchants. Pour quelques témoins comiques, sans aucun intérêt, – qui attendent d'être rémunérés par les comparses hexagonaux d'un "Ado-solution" qui n'a jamais ouvert son portefeuille que pour le remplir –, faut-il continuer de la sorte?
Faudra-t-il bientôt parler "petit-nègre", comme nous disions enfant, pour que ces témoins d'un autre âge, d'une autre culture se sentent à l'aise pour débiter leur leçon ? Encore un peu, et la cour nous proposera de recréer l'ambiance d'Abobo–Sahel pour que les témoins puissent être en confiance et réciter leur « pohésie » ? Quand j'écoute, j'ai honte, honte de la civilisation française, de la culture européenne. Ces dernières années, j'ai été à l'écoute d'une élite africaine, ivoirienne, qui n'avait rien à nous prouver, à nous occidentaux décadents, pervertis. J'étais impressionnée par tant d'érudition, tant d'intelligence. C'est ça l'homme africain, et ce n'est pas le couplet de Sarkozy l'inculte sur "l'homme africain n'étant pas entré dans l'histoire" qui va me persuader du contraire. De grâce, mettez un terme à ce grotesque ballet de pseudo-témoins, allant en décroissant du P750 au P1 et faites défiler du gros gibier, plutôt que ces pauvres hères répertoriés RDR, qui se sont fait gruger en croyant voter pour celui qui les sortirait de leur misère, attendant maintenant de la CPI qu'elle leur offre ce que Ouattara leur a refusé... et volé !!! 27 milliards de dollars en 4 ans de présidence, soit 15 592 milliards de francs CFA !!! Allons-nous avoir droit aussi à tous les rebelles qui n'ont pas touché leurs 5 millions en marchant sur Abidjan?
C'est avec l'argent des impôts des français et des Européens que ces juges, ces procureurs et leur suite sont rémunérés. Alors que partout l'heure est aux économies, faut-il vraiment s'engager plus avant dans cette impasse ? Cinq ans d’enquête pour nous divertir avec des témoins qui n'en sont pas, avec des gens simples à qui l'on ne demande qu'une seule chose : charger à tout prix le Président Gbagbo d'une culpabilité dont les preuves restent introuvables, quitte à travestir la vérité pour mériter sans doute, en compensation, une amélioration de leur quotidien. Pourtant l'Afrique, et singulièrement la Côte d'Ivoire, ne regorge-t-elle pas de gens intelligents, sérieux, crédibles et fiables, certainement même au sein du RDR ?
Serait-il possible d'assister enfin à un procès décent, mené par des juges impartiaux qui s'abstiennent de jouer au procureur ? Serait-il possible que la procureure en chef soit présente et renonce à la facilité de déléguer continuellement son rôle à l'adjoint de service ? Pauvre France, pauvre Europe, pauvres institutions, pauvre Côte d'Ivoire aussi, humiliée en la personne de son Président, qui n'a même plus le droit d’être ainsi nommé, parce qu'un juge italien, peut-être compétent dans sa partie, mais totalement ignare en matière de respect des convenances, l’a décrété à la suite d’une avocate des victimes qui était sortie de son rôle ? Pauvres juges, procureurs, avocats de la partie adverse qui jouent à "je connais tout, je sais tout" et, tels de bons toutous à leurs mémère gambienne, ne consentent à jouer momentanément le rôle de l'impartialité que pour la galerie, alors qu'ils se savent grassement payés pour donner raison aux Etats-voyous coupables du renversement scélérat d'un Président et d'un gouvernement légitimes : que ne ferait-on pour cautionner ad aeternam la sacro-sainte rengaine des "3000 victimes de la crise post-électorale" ? Que ne ferait-on pour préserver l'alibi de la communauté internationale face aux dizaines de milliers de morts causées par plus de dix années de rébellion armée placée sous son égide, et sous-traitée par les actuels maîtres-dépeceurs d'Abidjan : Ouattara, Soro et consorts ?
Je suis atterrée…

Une contribution de Shlomit Abel, 11 février 2016