Congo Brazzaville: Et pourquoi pas une Conférence nationale souveraine? Par Calixte Baniafouna

Par Ivoirebusiness/ Débats et Opinions - Et pourquoi pas une Conférence nationale souveraine au Congo Brazzaville ? Par Calixte Baniafouna.

Calixte Baniafouna.

Pour avoir compris qu’il n’avait plus de marge de manœuvre pour continuer à régner, Mr Sassou Nguesso a créé les conditions d’une crise rampante sur tous les plans.
Sur le plan institutionnel, il a piétiné la Constitution pourtant taillée sur mesure par lui-même foulant ainsi aux pieds le serment de fidélité à la République par lequel il a mis en application ladite Constitution pendant deux décennies. Du coup, il a organisé un mono référendum illégal, un changement de Constitution à sa convenance et une élection mascarade. Avec 8% de suffrage exprimé en sa faveur, il s’est autoproclamé gagnant dès le premier tour. Pas d’annonce publique de l’Élysée, cette fois-ci, pour condamner ou féliciter la manœuvre frauduleuse et le crachat sur la démocratie. Le silence vaut soutien, du moins si l’adage ne ment pas : « qui ne dit mot consent ».
Sur le plan politique, aucun des trois types d’opposition ne semble à la hauteur des enjeux. Le premier, conduit respectivement par Tsatsy Mabiala (UPADS), Kimfoussia (UDR Mwinda) et d’autres petits partis non significativement représentatifs, symbolise la démocratie défunte du temps de Pascal Lissouba et André Milongo. La deuxième, conduite par Mathias Ndzon, dès le retour de Sassou Nguesso au pouvoir par la guerre, puis, la troisième, par les frondeurs Okombi Salissan, Parfait Kolelas, Claudine Munari… tous anciens ministres du régime combattu souffre de la méfiance de la majorité des Congolais, qui l’accuse de jouer le jeu du pouvoir en place.
Sur le plan économique, la hausse du baril de pétrole (dont les Congolais ne voient pas l’usage qu’on en fait) ou de sa baisse dont ils pâtissent, leur quotidien ne change pas.
Ayant considéré son plan machiavélique accompli, Mr Sassou Nguesso s’est souvenu que son maître de l’Élysée, le jour où il l’ordonna d’organiser librement son référendum sans s’inquiéter de rien et de personne, lui avait en même temps demandé de dialoguer après coup, et de rassembler. C’est le sens que Mr Sassou Nguesso donne aujourd’hui au dialogue, venu de nulle part et de rien, auquel il invite ses affranchis.
Disciplinés, en ordre non dispersé et en rang serré, opposants alimentaires, intellectuels opportunistes et badauds venus de nulle part et de rien, ex-collaborateurs de Mr Sassou Nguesso pour la plupart, se sont constitués en diplomates parallèles, certains ayant même obtenu le visa d’aller voir directement le maître à l’Élysée pour lui rassurer qu’ils sont tous sur la bonne voie et qu’ils n’attendent que sa déclaration comme jadis, celle qui lança la tenue du référendum et enclencha par conséquent la modification de la Constitution et la tenue des élections présidentielles, le tout en toute illégalité… pour aller sur le terrain réhabiliter l’honneur perdu de Mr Sassou Nguesso.
Chacun, dans une toute petite boîte virtuelle de son cerveau, a catalogué le comment et le pourquoi de ses intérêts égoïstes et individuels, parle au nom du Congo qu’il aimerait tellement plus qu’il ne s’aime lui-même, pour les opposants et intellectuels opportunistes congolais sous consigne, des principes et des valeurs de la démocratie qu’il défendrait pour rien au monde, pour le maître de l’Élysée.
Seuls perdants dans cette vie de phacochères, le Congo et le peuple congolais.
Les opposants conditionnés et les intellectuels opportunistes congolais justifient la nécessité du dialogue par les effets de la crise que Mr Sassou Nguesso a initiée de toutes pièces, le maître de l’Élysée, lui, justifiant son dialogue par l’impératif du respect de la paix, ô pardon ! des valeurs démocratiques, entendez par là, du maintenir au pouvoir de l’unique Congolais envoyé de Dieu pour maintenir la paix au Congo, à savoir, Mr Sassou Nguesso.
Entre-temps, le Congo souffre. Les Congolais souffrent. Seuls perdants, ici et maintenant dans cette vie de phacochères, le Congo et le peuple congolais.
Et, la machine de la Françafrique peut se mettre en marche. Un courant d’intellectuels saute sur l’appât pour réclamer la conduite du dialogue par la communauté internationale, d’autres allant jusqu’à demander que ce dialogue se fasse en France, comme celui de Marcoussis pour la Côte d’Ivoire, avec l’impartialité française que l’on sait et le résultat sur le terrain que nul n’ignore.
La passion et la haine des uns, la soif du pouvoir et la traîtrise des autres ont vite fait oublier que le seul dialogue qui a marché au Congo, et dont ni Mr Sassou Nguesso ni la France ne voudraient plus jamais voir revivre est celui qui s’était passé loin des escarcelles de la communauté internationale, à savoir le Conférence nationale souveraine de 1991.
Il me semble, en conséquence, et cet avis n’engage que moi, que toute solution initiée depuis le palais de l’Élysée ou celui de Mpila ne le serait que pour légitimer l’éternité de Mr Sassou Nguesso au pouvoir et des tourterelles aux costumes de pseudo intellectuels qui s’impatientent pour bondir sur le gâteau.
Pour avoir commis l’erreur de ne directement citer le nom de traîtres qu’il a sortis du néant et qui ne cessaient de l’empêcher de dormir tranquille – les ayant pris pour de simples tortues à double carapace : d’un côté la carapace, de l’autre la carapace, et qui, aujourd’hui, se sont publiquement affichés comme étant les meilleurs amis de l’impérialisme français qu’il combattait -, Marien Ngouabi a fini par y laisser sa peau.
Une solution, l’unique possible et crédible est le point définitif sur ce qui n’a pas fonctionné de la Conférence nationale souveraine de 1991, et qui se résumerait à répondre aux questions suivantes :
- quels politiciens ?
- quels intellectuels ?
- quelle armée ?
- quels patriotes ?
- quelle gestion ?
- quels partenaires ?
pour mettre définitivement le Congo Brazzaville sur les rails de la prise de conscience des dirigeants et du peuple en vue de l’unité, de la concorde et du développement du pays.
Toute autre solution – serait-ce appelé dialogue, rassemblement ou unité nationale - n’est que la suite de flatteries commencées depuis le référendum télé néocolonialisé, et qui se sont poursuivies par le changement éhonté de la Constitution, l’élection présidentielle mascarade, et, bientôt, la mise en place d’un gouvernement d’opportunistes pompeusement appelé gouvernement d’union nationale pour lequel la fameuse opposition et les fameux intellectuels du ventre ont un clin d’œil plus qu’intéressé et pressant.
Le peuple congolais et le Congo profond ne sont absolument pour rien dans cette lutte folklorique pour les ambitions personnelles, les honneurs et les petits esprits qui espèrent qu’il suffit de profiter de la déchéance d’un piètre vieux dictateur et assassin en fin de règne pour sortir les galons de politiciens ou d’intellectuels capables de construire une nation.
De ceux-là, le PCT nous en a tellement fournis depuis 1968, venus de tous les coins du Congo, que nous sommes fatigués et aspirons de façon foncièrement déterminée au changement véritable de notre société.
Chers compatriotes, inspirons-nous de l’expérience des pays victimes, ceux-là qui ont opté pour des solutions qu’ils croyaient être salutaires pour leur bien-être, je cite la Côte d’Ivoire, avec le dialogue de Marcoussis ou l’intervention de la fameuse communauté internationale (c’est-à-dire la volonté de l’Élysée dans le placement de ses pions en Afrique)… pour ne pas tomber dans les mêmes travers.
La mémoire des Congolais est-elle si courte pour oublier que le seul dialogue qui a marché dans ce pays est celui où ni la France ni la communauté internationale ne s’étaient mêlées, je cite la Conférence nationale souveraine, et que ni Mr Sassou Nguesso ni son mentor l’Élysée n’aimeraient plus jamais voir revivre au Congo Brazzaville ? Une preuve que le dialogue auquel opposition conditionnée et intellectuels opportunistes nous invitent aujourd’hui, aux ordres de l’Élysée, ne l’est et ne le sera que pour légitimer le règne de Mr Sassou Nguesso sur le Congo et les Congolais, au profit de son seul clan et de ses maîtres de l’Élysée.
Chers compatriotes, résistons, plus que jamais. Le Congo n’est ni un pays cadeau au service d’un pantin, ni un pays à piston des opportunistes sans boussole ni repère. Tenons bon, jusqu’à la défaite des traîtres et à la victoire du peuple congolais.

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Calixte Baniafouna
Calixte baniafouna