Collectif d’associations panafricaines en France : Motion contre les manquements de la presse française concernant le Président Laurent Gbagbo

Par IvoireBusiness - Collectif d’associations panafricaines en France. Motion contre les manquements de la presse française.

Le siège de la chaîne BFM TV à Paris. Image d'illustration.

Ci-joint la motion remise à BFMTV le jeudi 9 novembre 2017 lors
d'une manifestation du Collectif d’associations panafricaines en France pour dénoncer les manquements de la presse française concernant le Président Laurent Gbagbo.

MOTION DE PROTESTATION CONTRE LES DERIVES DE NOS MEDIAS

Avril 2011.

Ce que l’on pouvait lire ou entendre dans les journaux de l’Hexagone, et qu’il n’est nullement exagéré de cataloguer de « pensée unique ».

- « Gbagbo avait promis de braiser Abidjan avant de quitter le pouvoir » (Le Monde, 1er avril) ;
- « Les patriotes pro-Gbagbo s’affairent à piller Abidjan» (Le Monde) ;
- « Des miliciens, des patriotes voyous avaient fait fleurir une multitude de barrages» (Le Monde) ;
- « Gbagbo, accroché au pouvoir jusqu’au bout, enfin arrêté » (AFP, 11 avril) ;
- « La crise était née du refus de Gbagbo de reconnaître sa défaite »(AFP)
- « Scènes de chaos dans le bunker de Laurent Gbagbo» (BFM TV, LCI, France 24…, 12 avril)

Etc., etc.

Et depuis,
- arrestation de Gbagbo puis, sans enquête ni mandat d’arrêt et à la simple demande du procureur de la CPI, emprisonnement dans le nord du pays dans des conditions inhumaines ;
- déportation « expresse » à la CPI, en toute illégalité, en novembre 2011 ;
- renvoi, à la CPI, du dossier d’accusation pour inconsistance ;
- début du procès seulement 4 ans et 2 mois après son incarcération ;
- jusqu’à ce jour, défilement de plus de 70 témoins à charge incapables d’amener au procureur la moindre preuve d’accusation ;
et, cerise sur le gâteau :
- révélations récentes du journal Médiapart sur la CPI concernant les preuves d’un montage du procès de Laurent Gbagbo, une opération aux airs de Françafrique. Selon ce site d’information français, la Cour Pénale Internationale a fait garder prisonnier Laurent Gbagbo en avril 2011, après le coup d’Etat de la France, alors qu’à cette époque il n’existait ni mandat d’arrêt ni enquête. Ces révélations ont été relayées par d'autres grands médias occidentaux tels que Der Spiegel en Allemagne, le Sunday Time au Royaume-Uni, le Soir en Belgique, etc.
Et maintenant,
Et vous, chers médias français, chers « journalistes », vous qui étiez si prompts jadis à accabler Gbagbo en dépit de ce que la charte d’éthique professionnelle qui, faut-il le rappeler, vous précise qu’un journaliste digne de ce nom, doit tenir pour graves dérives professionnelles toute accusation sans preuve, toute intention de nuire, toute altération de documents, de déformation des faits, de détournement d’images, de mensonges, de manipulation et de non vérification des faits, vous dont le devoir est de donner à un public à qui vous devez respect, une information de qualité, complète, libre et indépendante, ABSENTE DE TOUTE CENSURE , AUTOCENSURE ET DISSIMULATION, que vous arrive-t-il ? Pourquoi ce silence désespérant et suspect? Pourquoi ce contraste avec l’engouement frénétique des années 2010 - 2011 ? Qu’est-ce qui vous différencie de ces autres médias du continent ? Pourquoi ce constat affligeant et permanent, quelque-soit la région du monde concernée, de 3 catégories de journalistes :
- ceux qui ne savent pas, donc qui diffusent sans vérifier les sources,
- ceux qui savent mais se taisent par peur de prendre des coups pour avoir contré la « raison d’Etat »,
et les seuls journalistes dignes de leur fonction, mais qui malheureusement, constituent une très petite minorité,
- ceux qui disent la vérité au risque d’être marginalisés (ce qui est le cas), donc peu entendus du grand public ?
C’est pourquoi, Mesdames et Messieurs les journalistes,
Vu l’énorme responsabilité qu’incombe votre métier,
Vu les conséquences douloureuses et tragiques que vos diffusions peuvent et ont déjà entraîné en prenant partie, ayez au moins l’honnêteté de le reconnaître, pour un seul camp,
Nous, défenseurs d’une vraie démocratie et des droits des peuples à disposer d’eux-mêmes, désireux de vérité, ne vous demandons rien de plus que d’honorer ce noble métier qui est le vôtre en respectant purement et simplement la Charte de déontologie que vous avez signée et qui vous engage. Votre devoir de journaliste vous oblige à réagir publiquement et rapidement sur la gravité des manipulations entre la CPI et l’Etat français révélées par Mediapart.
Et si cela doit vous contraindre à reconnaître publiquement les dévoiements auxquelles vous vous êtes laissés entraîner durant cette sombre période, sachez que cela ne peut que vous grandir, les dissimuler plus longtemps finirait par vous discréditer et déshonorer définitivement.
« Le mensonge donne des fleurs mais pas de fruits ». Proverbe africain

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