Côte d'Ivoire: "Les ivoiriens attachés à leur constitution luttent pour leur droit à l'existence à l'autodétermination de peur de devenir sous Ouattara une autre Palestine", par Isaac Pierre Bangoret

Par IvoireBusiness/ Débats et Opinions - Côte d'Ivoire: "Les ivoiriens attachés à leur constitution luttent pour leur droit à l'existence à l'autodétermination de peur de devenir sous Ouattara une autre Palestine", par Isaac Pierre Bangoret.

Meeting de la CNC à la place Ficgayo de Yopougon. Image d'archives.

Les Ivoiriens doivent s’unir pour éviter les pièges politico-religieux tendus par Dramane Ouattara et ses alliés du Grand Nord à notre pays, en évitant surtout de mettre la charrue avant les boeufs. Aucun programme politique ne peut prospérer si nous choisissons de bâtir notre pays sur du sable, sur l’injustice, sur la raison du « plus fort ». Est-il prudent de croire à la bonne foi de ces brigands et de ces voleurs qui font de la religion leur refuge, en vue de la conquête du pouvoir d’État? Évitons de mener le peuple ivoirien dans une autre fournaise après une guerre stupide qui a fait plus de trois mille morts (la solution de Dramane Ouattara à un contentieux électoral). Comme le dit l’écrivain Tiburce Koffi : « on ne meurt pas au brouillon ». Il nous faut simplement être réalistes, en choisissant d’abord de mettre de l’ordre dans notre maison, en ayant pour unique boussole notre Constitution. Ne nous croyons pas plus sages que nos pères qui l’ont rédigée! Une problématique fondamentale à laquelle est confrontée la Côte d’Ivoire nous amène à établir un lien entre nos problèmes politiques et ceux de la Palestine : il s’agit du droit à l’existence invoqué par l’État d’Israël. Lorsque fut proclamée l’indépendance d’Israël le 14 mai 1948, « après le vote du plan de partage de La Palestine mandataire le 29 novembre 1947 qui mit fin au mandat britannique », les frontières de l’État d’Israël ne furent pas reconnues par la Syrie, par le Liban, et par le peuple palestinien, qui affirmèrent que cet État était illégitime. La Côte d’Ivoire est pratiquement confrontée à cette même problématique. Les indépendances des ex-colonies françaises mirent officiellement fin au mandat de la métropole, et le partage de cet empire colonial concéda à la Côte d’Ivoire ses frontières administratives actuelles rejetées, malheureusement, par les partisans d’Alassane Dramane Ouattara, et de la Fédération du Mali (du Grand Nord) qui refusent de se soumettre à la Constitution adoptée par voie référendaire par la majorité des fils de ce pays, Loi fondamentale, qui est le fruit de leur autodétermination (un principe issu du droit international, qui concède aux peuples le droit de disposer d’eux-mêmes). Pourquoi les partisans de Ouattara venus du Grand Nord adoptent-ils une telle attitude face à la Constitution ivoirienne? Ils adoptent cette attitude odieuse parce qu’ils seraient, selon eux, les véritables propriétaires de la Côte d’Ivoire, pour avoir occupé ce territoire depuis le 13e siècle. « A Kong » soulignent-ils dans des tracts distribués par le RDR (parti de Dramane Ouattara qui ne les a jamais démentis officiellement), « depuis des millénaires, le pouvoir temporel, la chefferie, est exercé par les Ouattara et le pouvoir spirituel par les Sanogo. Les Ouattara et les Sanogo de Bobo-Dioulasso, de Banfora et leurs environs, seule région où on les rencontre sont originaires de Kong. Alassane Dramane Ouattara, né en Côte d’Ivoire, ayant ses origines à Kong, est un authentique Ivoirien à part entière et un titulaire de l’identité du Grand Nord ». Bien que Dramane Ouattara se soit prévalu de la nationalité burkinabé, et ne soit pas présidentiable, conformément à l’article 35 de la Constitution ivoirienne, ses partisans affirment le contraire et opposent à notre Loi fondamentale un droit que l’on pourrait qualifier de droit coutumier, parce qu’opposé au droit écrit, au droit législatif ivoirien. Ils affirment, à partir de ce droit, qu’il n’existe parmi les candidats ivoiriens présidentiables aucun ivoirien d’origine parce que ces derniers ne seraient pas nés de père et de mère ivoiriens, puisqu’avant 1960 il n’existait pas d’ivoiriens. Si les Baoulés, les Agnis ou les Bétés invoquaient, eux-aussi, leurs origines ancestrales, pour affirmer qu’ils sont propriétaires
de la terre d’Éburnie (la Côte d’Ivoire), on en finirait plus. Lorsque les ex-colonies françaises, après la Guinée Conakry, accédèrent à l’indépendance en 1960, les parents des candidats actuels dont ceux de Dramane Ouattara se devaient d’opérer librement un choix entre les différentes nationalités. Les parents de Gbagbo, de Banny et de leurs alliés politiques présidentiables, selon l’article 35 de notre Constitution, choisirent, simplement, d’être ivoiriens, de défendre une patrie qui n’était à l’époque ni prospère ni attrayante. Les enseignants nous venaient du Sénégal, du Bénin, du Togo. Nos parents luttèrent contre les travaux forcés, contre les animaux sauvages, contre les planteurs français sous la houlette d’Houphouët Boigny, à la tête du syndicat agricole africain fondé en 1944 pour protéger des terres dont veulent aujourd’hui s’accaparer les alliés de Dramane Ouattara, venus du grand nord qui nient aux ivoiriens leur droit à l’existence, à l’autodétermination, en s’obstinant à violer la Constitution ivoirienne. Alassane Dramane Ouattara et ses partisans ne sont que les descendants des leaders africains du RDA qui s’opposèrent, à l’aube des indépendances, au choix qu’opérèrent Houphouët Boigny et le peuple ivoirien d’obtenir l’indépendance au sein de la Communauté franco-africaine et non de la Fédération du Mali, qui aurait fait disparaître automatiquement les frontières de la Côte d’Ivoire et concédé le pouvoir d’État, au sein de ladite Fédération, par le biais de citoyens, de sujets analphabètes, qui n’ont aucune conception moderne de la nation, de l’État, aux descendants des dynasties réputées nobles. La Fédération du Mali ; ce beau rêve du panafricain Modibo Kéïta avait ignoré une question fondamentale qui divise les fils d’une même nation mus par des intérêts particuliers; il s’agit de la conquête du pouvoir d’État (du code électoral etc…) qui aurait été à l’origine de l’éclatement de la Fédération du Mali qui réunissait le Mali et le Sénégal. La conquête du pouvoir d’État divise aujourd’hui les membres des partis politiques de l’opposition ivoirienne, quand des leaders corrompus ou grisés par le pouvoir font une confusion monstrueuse entre l’intérêt général et l’intérêt personnel. La raison fondamentale qui poussa Houphouët et les Ivoiriens à obtenir l’indépendance en dehors de la Fédération du Mali est mise en exergue par un éminent intellectuel africain Hampaté Bâ, qui décrit l’ambiance qui prévalait à la veille des élections du président de ladite Fédération : «: « […] Ainsi divisés en deux groupes (pro-Lamine Guèye et Senghor-Dia) » précise Hampaté Bâ, « les Sénégalais n’avaient aucune chance de gagner les élections qui devaient avoir lieu pour désigner le Chef d’État de la fédération (du Mali) et ses ministres, alors que les Soudanais, unis, feraient facilement triompher leur candidat qui ne pouvait être autre que Modibo Kéïta, déjà chef du gouvernement ». La vision panafricaniste de Modibo kéïta était phagocytée par cette fibre ethnique, tribale, à l’origine de la cohésion de ce peuple, mais nocive à la construction de toute nation démocratique, où l’on vote un candidat pour ses compétences et non pour son appartenance à notre tribu. A la tête de la Côte d’Ivoire, Dramane Ouattara et ses alliés du Grand Nord ont fait de cette vision tribale de la chose politique un principe de gouvernance appelé : « rattrapage ethnique ». Dramane Ouattara, qui a choisi la guerre pour dominer les Ivoiriens et violer leur Constitution ne fait donc que restaurer les frontières de la Fédération du Mali. S’il n’existe pas d’ivoiriens d’origine, comme affirment ses partisans, il n’existe alors en Côte d’Ivoire aucun propriétaire foncier… La stratégie de Dramane Ouattara est la même ; créer, à l’instar des régimes totalitaires l’ennemi pour exister. Pour parvenir au génocide silencieux de ces « ivoiriens d’origine » non musulmans, ses partisans les classifient en les appelant dans la charte du nord : «Blakoros», « Boussoumanis», termes
synonymes de « mécréants » qui sèment, de manière insidieuse, les germes d’une autre Palestine en Côte d’Ivoire. Le commandant Anselme Seka Yapo, chef de la sécurité de la première dame Simone Gbagbo, accusé d’être l’un des chefs des escadrons de la mort est condamné à 20 ans de prison pour la mort du chauffeur du porte-parole du RDR Joël N’Guessan, un procès où nous nous attendions à découvrir des fosses communes. S’il est impossible de retrouver sous le régime de Dramane les véritables responsables des escadrons de la mort, les assassins de Kieffer etc… nous pouvons affirmer, sans risque de nous tromper, que des taupes introduites au sein du FPI, qui apparaissent au grand jour, à la veille des présidentielles de 2015, ont commis des crimes pour faire du président Gbagbo un fruit pourri (terme utilisé par Dramane Ouattara). La stratégie actuelle de Dramane est de faire de ses adversaires politiques des djihadistes pour bénéficier du soutien armé de la Communauté internationale. Des liens auraient été établis entre le président de la CNC Charles Konan Banny et un certain Bamba Souleymane qui serait au coeur d’un complot contre le régime d’Abidjan, en vue d’une transition politique. Nous ne serons pas surpris de voir cet homme accusé demain d’être lié à des djihadistes chargés de semer la haine et la discorde dans le pays entre musulmans et chrétiens. Une question fondamentale reste sans réponse : pourquoi les précurseurs de la CNC Mamadou Coulibaly et Essy Amara (informé, avant tous, de l’existence de djihadistes ivoiriens) se sont-ils, de manière subtile, éloignés de cette machine politique : la CNC ? C’est unis que les Ivoiriens rassemblés autour de la CNC de Gbagbo, de Banny, de leurs alliés politiques, de notre Constitution, viendront à bout des pièges machiavéliques de Ouattara, afin que musulmans et chrétiens vivent en paix, en évitant ainsi à notre pays le sort de la Palestine où des extrémistes religieux issus des deux camps, des opportunistes, se servent de la religion pour arriver à leurs fins : la conquête du pouvoir d’État.

Une contribution par Isaac Pierre BANGORET (Écrivain)