Côte d'Ivoire: Aucune réconciliation n’est possible sans Laurent GBAGBO libre, Par BALOU BI Toto Jérôme*

Par IvoireBusiness/ Débats et Opinions - Aucune réconciliation n’est possible sans Laurent GBAGBO libre, Par BALOU BI Toto Jérôme*.

BALOU BI Toto Jérôme*.

Max Weber, l'un des fondateurs de la sociologie moderne définit 3 types idéaux de domination légitime à travers les âges :
- La domination traditionnelle, fondée sur la croyance en la sainteté des coutumes et en la légitimité de ceux qui gouvernent au nom de la tradition
- la domination légale, basée sur la validité de la loi constitutionnelle et des institutions en vigueur, et établie par voie rationnelle et régulière
- la domination charismatique qui prend sa source dans l’adhésion et la dévotion à un chef en raison de son aura, de sa valeur personnelle et de ses talents exceptionnels. Autrement dit, le leader au lieu de détenir son autorité de la loi ou de la tradition uniquement, la tient d’un don, c’est là sa grâce, son charisme.
Le charisme du chef, c’est, en réponse à une conjoncture faite de menace, de peur, de détresse, de catastrophe imminente, d’apporter une voie de salut, et d’incarner la délivrance, en retournant psychologiquement la situation, en substituant la confiance à l’anxiété, en insufflant la croyance au succès, le tout dans une atmosphère d’émotivité intense. Tel est le don propre d’une figure à la fois providentielle et salvatrice qui induit inévitablement l’affectivité et la fidélité au leader. Ces qualités-là sont indispensables chez le leader qu’il faut pour guérir une Côte aujourd’hui malade et profondément divisée.

I- Laurent GBAGBO, un atout, et la clé pour le retour la paix et une réconciliation véritable en Côte d’Ivoire

Laurent GBAGBO, sans l’ombre d’aucun doute, a incarné ce leader charismatique, lui qui a pendant toute sa vie politique, été en communion parfaite avec son peuple, qui le lui a si bien rendu. Et bien qu’il soit en ce moment dans les liens de la détention, cette symbiose, n’a fait que se renforcer, rien qu’à voir les nombreuses manifestations qui ont cours à travers presque tous les pays du monde, depuis sa déportation, pour exiger sa libération. Nous nous souvenons, qu’à l’issue des accords de Marcoussis qui ont imposé un gouvernement avec les rebelles, lorsque les ivoiriens ont voulu protester à travers des manifestations, il leur a demandé d’accepter ce « médicament », même s’il était amer ; et le peuple a effectivement obéi comme un seul homme.
Aujourd’hui la Côte d’Ivoire reste profondément divisée. Les tentatives diverses et quelque fois désordonnées et pas sincères de réconciliation du régime Ouattara, n’y ont rien changé.
Sous la pression de la communauté internationale, et des média occidentaux, Alassane Dramane Ouattara a constitué tour à tour, la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation (CDVR) le 13 mai 2011, et la Commission Nationale pour la Réconciliation et l’indemnisation des Victimes (CONARIV) en mai 2015, dirigées respectivement par le Premier Ministre Charles Konan Banny et l’archevêque de Bouaké, Mgr Paul Ahouanan. La CDVR, dont les conclusions remises à Monsieur Ouattara depuis 2013, n’ont jamais été rendues publiques, n’a visiblement pas réussi sa mission après avoir fait valoir 70000 auditions de victimes et 80 auditions publiques , encore moins la CONARIV qui a déclaré avoir identifié 316954 victimes (issues de toutes les crises), en écartant 557102 autres pour des raisons inconnues, sans compter les centaines de milliers d’ivoiriens contraints à l’exil, et des centaines détenus dans des conditions inhumaines sans aucun jugement.
C’est d’ailleurs cette contradiction dans la méthode Ouattara que critiquent les observateurs extérieurs. En effet, ils soulignent le contraste entre une volonté d’ouverture et de dialogue affichée « sur le papier », et l’absence d’ « un espace de discussion et d’expression entre anciens rivaux », d’où l’impossibilité de concilier le processus conciliatoire avec la traque des pro-GBAGBO, l’impossibilité de réconcilier les ivoiriens, quand pendant que les pro-GBAGBO, sont exclus et bannis, Ouattara consacre le raffermissement de l’occupation militaire de la Côte d’Ivoire par les ex-Com’zone, si ce n’est en récompensant à coup de milliards ses ex-combattants, pendant que nous assistons quotidiennement à de graves violations des droits de l’homme . Voici ce qu’en disent les observateurs qui soulignent la contradiction entre d’une part « une forte campagne de communication médiatique, pour se faire (re)connaître de la population et de l’autre côté, des activités peu visibles et le manque de transparence et d’inclusivité du processus, qui ont provoqué frustration et incompréhension. La FIDH confirme le caractère biaisé de l’approche OUATTARA en soulignant le fait que l’implication par les autorités ivoiriennes des victimes n’a pas été suffisante. Elles ont été seulement entendues, mais peu consultées »
A l’évidence, l’opacité le mépris, la haine, l’autoritarisme, la volonté manifeste d’exclusion, sont les traits qui caractérisent le mieux la gouvernance Ouattara et son bras armé SORO Guillaume.
Dès lors, quelles sont les solutions pour enrayer ce clivage et arriver à réconcilier véritablement les ivoiriens. La clé à notre avis réside dans l’esprit de ce passage tiré de la lettre que Monsieur GBAI Tagro, président de parti a adressé au président Nicholas Sarkozy, lors de la crise postélectorale : « Lorsque deux personnes se querellent, la troisième qui apprends la nouvelle et qui se rend sur les lieux intervient et séparent. Ensuite…elle écoute les deux parties, elle juge et tranche, en donnant tort à celui qui a tort et en donnant raison à celui qui a raison, avant de les appeler à l’apaisement. Tant que cette condition primordiale n’est pas respectée, la personne qui a la conviction qu’elle a raison, n’acceptera jamais d’aller à l’apaisement tant que la justice n’est pas rendue » .
C’est justement l’esprit qui animait Laurent GBAGBO lorsqu’il demandait aux observateurs extérieurs et à la communauté internationale, le recomptage des voix pour régler le contentieux électoral qui l’opposait à Monsieur Ouattara. La réconciliation passera donc nécessairement et inévitablement par un dialogue direct entre Ouattara et GBAGBO, naturellement avec un Laurent Gbagbo libre et au milieu de son peuple. Oui Gbagbo libre pourra rassurer ses partisans, Gbagbo libre et parlant avec Ouattara du sort de la Côte d’Ivoire, ce sera le début de la vraie réconciliation et le retour à la paix en Côte d’Ivoire.

II – SORO Guillaume, père de la Réconciliation en Côte d’Ivoire : une véritable imposture

Depuis un certain temps, Monsieur SORO Guillaume, ci-devant Président de l’Assemblée Nationale, s’est découvert des vertus de « réconciliateur » au mépris de toute morale. SORO Guillaume ne peut pas, après avoir imposé la guerre à la Côte d’Ivoire et endeuillé de nombreuses familles, pour disait-il corriger « l’injustice » faite aux gens du nord, nous imposer « sa réconciliation ».
Personne ne pourra écrire notre histoire à notre place. Que les thuriféraires de Monsieur SORO Guillaume se ravisent, eux qui, pour justifier les malheureux billets de banques qu’ils reçoivent de leur mentor, veulent à tout prix lui trouver des qualités de rassembleur, en oubliant que Monsieur SORO et ses com’zone ont acquis leurs soi-disant richesses sur le sang des ivoiriens. Non, cette imposture ne prospérera pas, parce que les ivoiriens ne sont pas amnésiques. Où était donc ce SORO rassembleur et réconciliateur, lorsque Laurent GBAGBO acceptait tous les sacrifices et humiliations pour éviter la guerre à la Côte d’Ivoire. Que faisait ce SORO lorsque ses soldats massacraient les population Wê ? Où était SORO lorsque ses soldats massacraient les gendarmes à Bouaké.
Monsieur Guillaume trouve-t-il normal qu’il lui soit permis de voyager à travers toutes les capitales européennes là où Michel GBAGBO, le français, ne peut même arriver en France ? Monsieur SORO trouve-t-il normal que la bande aux Wattao et autres, occupent les postes-clés de l’armée ivoirienne alors que les généraux DOGBO Blé et Vagba Faussignaux meurent à petit feu en prison ? Monsieur SORO trouve-t-il logique que KOUA Justin, DAHI Nestor, SAMBA David, ASSOA ADOU, LIDA Kouassi et autres croupissent en prison pendant que ses partisans et lui parcourent les capitales européennes pour faire sa promotion ? Enfin trouve-t-il normal que Laurent GBAGBO qui l’a fait, soit en déportation pendant que son mentor Alassane Dramane OUATTARA, celui qui a introduit la violence dans la politique en Côte d’Ivoire, prospère avec sa famille sur le sang et la sueur des ivoiriens ; lui qui s’auto attribue tous les marchés publics, pour le seul profit de sa famille, ses proches et ses amis-protecteurs, au détriment des ivoiriens.
Visiblement l’argent de SORO ne suffira pas à réconcilier les ivoiriens, car il y a bien du chemin à faire

III- Etre GBAGBO ou Rien, et alors ?

Dans cette sinistrose, on accuse les partisans du Président Laurent GBAGBO d’être des extrémistes invétérés ; on les pousserait même à se cacher, voire à en avoir honte, là où des gens sont fiers de s’afficher avec Monsieur SORO Guillaume, celui qui est l’un des principaux acteurs de la destruction de notre pays et du profond clivage né entre les enfants de ce pays. Pourquoi aurions-nous honte de soutenir et défendre Laurent GBAGBO, lorsque certains « grands hommes » de petite vertu qui pour justifier certaines pré-bandes, passent le plus clair de leur temps à encenser un SORO Guillaume qui n’a comme référence historique que ses hauts faits de violence sur les populations de son propre pays, et comme seule conviction forte sa puissance économique, financière et militaire. Il est vrai qu’au sommet de sa puissance, Monsieur SORO Guillaume ne voit pas qu’il a semé la désolation dans de nombreuses familles en Côte d’Ivoire en les séparant pour toujours de ceux qui leur étaient chers, il est vrai que Monsieur SORO Guillaume au sommet de sa puissance n’entend pas du tout, les cris et les soupirs de ces nombreux ivoiriens qui croupissent dans les camps de tortures érigés par son mentor Alassane OUATTARA et lui-même. Il est vrai qu’au sommet de sa gloire, Monsieur SORO oublie qu’il y a des milliers d’ivoiriens au Ghana, au Liberia, au Togo, etc., juste à côté de lui
Mais nous, les GBAGBO ou Rien, aimerions rappeler à Monsieur SORO Guillaume et tous ses suiveurs, s’il a eu droit au chapitre politique en Côte d’Ivoire, c’est bien le résultat de la lutte politique trentenaire de Laurent GBAGBO. Et nous assumons cette conviction en la justesse du combat du « père » de la lutte démocratique et du multipartisme en Côte d’Ivoire, et nous ne vendrons jamais lutte sur le plateau de la cupidité immorale de certains. S’il est vrai que chacun a son prix dans la vie, Monsieur SORO n’a pas le nôtre, parce que notre prix c’est la liberté, la dignité et l’honneur. Et « l’honneur c’est d’abord un refus, un refus de pactiser avec ce qui est laid, bas vulgaire, intéressé, non gratuit, un refus de s’incliner devant la force parce qu’elle est la force ; devant la paix parce qu’elle est la paix ; devant le bonheur parce qu’il est le bonheur.
L’honneur c’est la force d’action, et une force qui s’affirme dans l’action et non la spéculation. L’honneur engage l’homme dans l’action. Elle l’engage tout de suite, totalement, sans tergiversation. L’honneur n’attend pas ; l’honneur n’hésite pas ».
Ce sont ces valeurs-là que nous avons toujours partagées avec le Président Laurent GBAGBO et qui nous unissent si fortement à lui. Si c’est cela qui fait de nous des « GBAGBO Ou Rien », alors nous nous assumons totalement et en plein jour.

En conclusion, nous aimerions rappeler à Monsieur SORO Guillaume, que s’il s’engage maintenant pour la réconciliation, il fait bien, mais que pour y parvenir il ferait bien d’en emprunter le chemin véritable. Ce chemin passe par la libération de Simone et Laurent GBAGBO, Blé Goudé Charles et tous les prisonniers politiques, le retour sécurisé de tous les exilés, et enfin la reconnaissance de tous les crimes qui ont endeuillé des familles, et divisé durablement notre pays. Tout autre cheminement serait pure spéculation, et piètre démagogie. « On ira jusqu’au bout ».

Fait le 13 juillet 2017
Par BALOU BI Toto Jérôme

*Enseignant-Chercheur à l’Université de Cocody
Ancien Secrétaire Général de l’Université de Cocody
Ancien Président du Réseau Africain des Secrétaires Généraux des Universités Francophones
Ancien pensionnaire des camps de torture de Messieurs OUATTARA et SORO Guillaume