Côte d’Ivoire : Le Gontougo à la recherche d’un bon gestionnaire

Par IvoireBusiness/ Débats et Opinions - Côte d’Ivoire. Le Gontougo à la recherche d’un bon gestionnaire.

Un arbre de Noël pour 700 enfants de la ville de Tanda. Image d'archives utilisée à titre d'illustration.

A quelques mois des futures échéances électorales, la classe politique du Gontougo s’agite. Avant même que l’annonce officielle soit faite par le gouvernement, certains acteurs, les mêmes depuis plus de vingt ans, sont déjà au starting bloc. Car pour eux, la vie politique se résume à toujours gagner les élections. C’est un crédo et une fin en soi. Et pourtant, ces acteurs une fois élus, s’empressent de tourner le dos à leurs nombreuses et démagogiques promesses de campagne. Par exemple, en traversant Guiendé (gros village du département de Tanda), les voyageurs découvrent sur le bas-côté de la chaussée, une dizaine de poteaux électriques couchéscomme si quelqu’un les a abandonnés.
Ces poteaux, en fait, illustrent bien une promesse de campagne. D’après les villageois interrogés, ces poteaux ont été acheminés dans le village lors de la dernière campagne électorale 2016 relative aux législatives. Promesses leur a été faite de pourvoir à l’électrification du quartier nord du village, et surtout d’amener la lumière dans le collège récemment construit. Une aubaine pour cet établissement d’enseignement secondaire qui dispose de 22 ordinateurs inutilisables par manque d’alimentation en courant électrique. Outre les poteaux, une ambulance arborant fièrementl’enseigne ‘’Guiendé’’ sur ses flans avait été présentée aux villageois. A élection faite, l’auteur de ces dons ayant remporté de courte tête la compétition dans le département de Tanda, mais battu à Guiendé démocratiquement avec le score de 215 voix contre 410 pour son concurrent, s’est rétracté. Pire, il a dépêché une équipe dans le village aux fins de récupérer les poteaux pour n’avoir pas obtenu 100% des voix. Quant à l’ambulance, elle a simplement disparu, en guise de punition.
Cet exemple démontre tout l’enjeu des futures élections locales. Face à la pléthore de candidats, il s’agira pour les populations de porter leur choix sur celui ou celle des candidats qui, non seulement les respectera, mais surtout qui saura gérer en bon père de famille la régiondu Gontougo en toute impartialité et sans discrimination aucune.
Alors que le top-départ n’est pas donné ni le choix des partis en ce qui concerne leur porte-drapeau, certains se sont déjà auto investis et sillonnent la région en parfaits Laurel et Hardy, ces grands comiques du cinéma des années 40-50, inaugurant un maquis par-ci, une boîte de nuit par-là. Pendant ce temps, les véritables problématiques qui assaillent les populations sont aux oubliettes comme si le mandat des élus se limite à faire une campagne infinie. Ces candidats et leurs acolytes font quotidiennement une démonstration de leur force économique en sillonnant les villages et hameaux à bord de leurs véhicules de luxe (grosse cylindrée) afin d’impressionner les électeursen leur signifiant qu’en dehors d’eux, le Gontougo n’a point de salut. Que diable ! Quel bilan ces joyeux fêtards peuvent-ils présenter hormis leur longévité au pouvoir et leur envie forte de le conserver ?
Plus qu’hier, l’enjeu des futures élections locales revêt une importance capitale, car il s’agit de confier le destin d’une grande région comme le Gontougo à une femme ou un homme pour cinq ans. Il n’est point question de soutenir tel ou tel parce qu’il a beaucoup d’argent et une capacité de corruption hors du commun. Dans le nord du pays, à Korhogo, dans la Bagoué ou ailleurs, les conseils régionauxontprocédé à mille et un investissements avec les fonds fournis par l’Etat pour favoriser le développement socio-économique de leurs régions. Dans le Gontougo, le trois quarts des fonds alloués sont systématiquement reconduits d’une année à l’autre. Pourquoi ? Pourquoi c’est seulement à quatre ou cinq mois de la consultation électorale que les responsables de la région s’avisent de distribuer des chèques aux femmes et aux jeunes gens pour se prendre en charge avec la création d’AGR? Cette roublardise ne doit pas prospérer et profiter à ses auteurs. En d’autres termes, les parents électeurs du Gontougo ne doivent pas choisir leur futur président du conseil par suggestion ou sujétion. L’homme providentiel n’existe pas, car sa présence sur la scène publique est purement aléatoire et liée à des résultats attendus.
Aujourd’hui, nombreux sont ceux qui se revendiquent du président du PDCI-RDA, Son Excellence Henri Konan Bédié. Ils pensent qu’il suffit de lui faire un don, à son corps défendant d’ailleurs, d’un camion d’ignames, de moutons ou de poisson pour se considérer comme son protégé. C’est mal connaitre l’homme et sa rigueur. Bédié est un grand homme d’Etat profondément démocrate. En 1995, j’ai écrit à partir de Rome, un essai politique intitulé : Henri Konan Bédié, le président de l’unité. Certains journalistes et hommes politiques d’alors m’avaient raillé. Le temps étant galant homme, les ivoiriens, de nos jours, reconnaissent en lui non seulement un homme de paix, mais d’unité. Depuis la fin officielle de la crise, pas un seul jour ne passe sans que des délégations se rendent auprès de lui à Daoukro ou à Abidjan solliciter ses conseils. Le premier d’entre tous, le chef de l’Etat, Alassane Ouattara, ne manque aucune occasion pour clamer les mérites de son aîné. Il est donc temps qu’on cesse d’instrumentaliser son nom pour tromper les populations. Le moment venu, il choisira le candidat qu’il jugera apte à diriger le Gontougo. Il y ait seulement à souhaiter que ce candidat (véritable militant convaincu de l’idéal du PDCI) recueille l’assentiment des électeurs et non d’une minorité de cadres manipulés pour faire échec au progrès dans notre région. C’est d’un bon gestionnaire que Bondoukou et l’ancien département de Tanda ont besoin pour avancer.

Une contribution de Pascal Koffi Teya
écrivain-journaliste, objecteur de conscience