Côte d’Ivoire : Le cri de détresse d'un peuple sous dictature impérialiste. LE PRÉSIDENT GBAGBO EST-IL TRIBALISTE ?

Par Ivoirebusiness/ Débats et Opinions - Côte d’Ivoire : Le cri de détresse d'un peuple sous dictature impérialiste. LE PRÉSIDENT GBAGBO EST-IL TRIBALISTE ?

Le Président de la République de Côte d'Ivoire LAurent Gbagbo, et le président de l'Assemblée nationale Mamadou Koulibaly. Image d'archives utilisée à titre d'illustration.

Posted on septembre 29, 2011 1

Mamadou Koulibaly, dans un journal béninois : «on aurait pu continuer sur
notre lancée comme un grand parti, si le tribalisme n’était pas venu
gangréner le Fpi au point de perdre le président Gbagbo qui s’est laissé
emprisonner par un clan tribal»

Ainsi donc, jouant résolument les contempteurs d’un régime qui l’aura
porté dans les plus hautes sphères de la république, Mamadou Koulibaly qui
assurait la présidence par intérim du FPI, le parti qui l’a révélé aux
ivoiriens et qu’il a quitté le 11 juillet 2011, s’est depuis beaucoup
répandu dans la presse nationale et internationale, fustigeant ce régime
qu’il aura servi jusqu’au bout. Parmi les maux qu’il a régulièrement
pointés, figure le tribalisme qui est de toute évidence un mal qu’il faut
combattre sans aucune concession pour la survie de la jeune nation
ivoirienne. Cependant, peut-on accoler cette tare au régime de Gbagbo ?

En attendant donc que ceux qui instruisent ce procès en tribalisme intenté
à Gbagbo disent ce qui fonde leur jugement sans appel, nous avons
modestement essayé de passer en revue les différentes nominations de ces
dernières années pour permettre une visiblité dans la gestion des hommes
qui a été celle du président Gbagbo ainsi que sa logique de répartition
des ressources du pays, sans oublier la nature du soutien dont a bénéficié
son régime.

Attaqué très durement sur cette question du tribalisme par la presse de
l’opposition d’alors et la presse française, et plus précisement
accusé d’avoir « bétéisé » l’Armée républicaine, le président
Gbagbo, dans une conférence de presse du 02 mrs 2003 rapportée par
fraternité-Matin du 03/03/2003, était parvenu à confondre ses détracteurs
en indiquant le tableau de bord des hiérarchies de commandement des FANCI
(Forces Armées Nationales de côte d’Ivoire) et de la Gendarmerie
nationale que voici :

« Dans le commandement des FANCI, on dénombre 15 krous, 20akans, et 14
mandés dans la hiérarchie de commandement des FANCI. Ils se distribuent en
8 bétés, 5 Baoulés, 8 Agnis, 2 Attiés, 5 Akans divers (Adioukrou,
Ebrié…), 5 Yacoubas, 3 Sénoufo, 5 Malinkés, et 1 Koulango.

Dans la hiérarchie de commandement de la gendarmerie, on dénombre 31 akans
dont 18 akans divers et 13 Baoulés, 2 guérés, 4 bétés, 4 Gouros, 6
Sénoufos, 1 Mahouka et 4 Yacoubas. »

La thèse du tribalisme n’étant donc pas corroborée ici, allons voir
ailleurs.

« Sous la transition militaire, il a participé aux deux gouvernements en
respectant la géopolitique dans la liste de ceux qui devaient défendre
l’étendard du FPI. MM Amani N’guessan, Hubert Oulaye, Koulibaly Mamadou,
affi N’guessan, Léon Monnet et Séry Bailly avaient eu cet honneur et ce
privilège d’être choisis. » (Frat-Mat du 03/03/2003/)

« Dans son dernier gouvernement de 36 ministres avant la tentative de coup
d’état du 19 septembre 2002, on dénombrait 20 akans, 6 bétés et 7
nordistes. » (Frat-Mat du 03/03/2003/).

Dans son cabinet présidentiel, il a accepté de mettre à des postes
stratégiques des personnes d’origines diverses qui, non seulement l’ont
combattu mais étaient pour certaines d’entre elles, membres des partis de
l’opposition dont elles n’ont jamais démissionné. Ainsi ont été
nommées des personnalités comme N’zi Paul David, membre du pdci et
directeur de cabinet et Jacques Anoma, directeur financier ou encore Nyamien
Yao, ministre sous Bédié et membre du pdci, et j’en passe qui ont
côtoyé dans l’entourage du président Gbagbo, d’autres personnalités
comme Sarata Touré, Eugène Allou Wanyou, Koné Aboubakar , Félix
Tyéoulou, Tagro Désiré, Gervais Coulibaly et bien d’autres. Nous avons
donc eu droit à un cabinet présidentiel composé de personnes issues
d’ethnies différentes.

Pour ce qui concerne les régies financières qui sont l’objet de
convoitises, pour la première fois dans l’histoire de notre république,
un président de la république, en l’occurrence Laurent Gbagbo, avait fait
un appel à candidatures pour en recruter les premiers responsables. Ce qui
nous avait donné comme directeur général du trésor Diby Koffi, Gnamien
Konan directeur général des Douanes, et Fêh Kessé, directeur général
des impôts. Donc aucune personne de son ethnie là où, sous
Houphouet-Boigny par exemple, nous avions eu droit à Amani Goly aux impôts
et Angoua Koffi aux Douanes, des personnes issues de son ethnie qui avaient
fait chacune plus de vingt ans à leurs postes, et où aujourd’hui les
trois personnalités qui occupent ces postes sont du nord.

Gbagbo qui avait déclaré un jour que « la parenté n’est pas un métier
» a même complètement ignoré les membres de son ethnie dans
l’attribution des postes de présidents d’institutions.Ainsi, nous avons
eu :

Koulibaly Mamadou, président de l’Assemblée Nationale,
Laurent Dona Fologo, président du Conseil économique et Social,
Youssouf Koné, Grand Chancelier de l’Ordre National,
Tia Koné, président de la Cour Suprême,
Yanon Yapo puis Paul Yao N’drè présidents du Conseil Constitutionnel.
On voit donc bien ici que ces postes sont majoritairement occupés par des
personnalités originaires du nord. Au détriment de qui se serait donc
opéré ce tribalisme dont il se serait coupable ?

Même au niveau de la justice, là où certains hommes politiques
s’assurent volontairement une impunité en plaçant leurs hommes, on
pourrait citer pour parler des personnes les plus en vue sous le règne de
Gbagbo, de Raymond Tchimou procureur de la république dans la justice
civile, et dans la justice miltaire d’Ange Kessi, celui qui aujourd’hui
ne fait pas de quartier dans sa chasse aux FDS qui ont marqué leur fidelité
à Gbagbo.

Même la répartition des nominations à la tête des grandes sociétés
d’état n’a pas échappé à ce souci de ne pas apparaître comme un
président tribaliste. Ernest Dally Zabo à la LONACI avec comme DG Adjointe
Assoum Bamba, Marcel Gossio au Port Autonome d’Abidjan, Touré Amara à la
CIDT(Textiles), Désiré Dallo au Port de San-Pedro, Philippe Attey à la
SOTRA, Sylvanus Kla à l’ATCI(Télécommunications). Et on en passe.

On voit donc que cette campagne de dénigrement n’a pour seul fondement que
la mauvaise foi manifeste de ceux qui veulent absolument nier la réalité
d’une politique inclusive. A quelles fins ?

Mais peut-être ne voulaient-ils pas voir à des postes importants, ces
contempteurs, des personnes issues de la même ethnie que le président
Gbagbo, même si elles en avaient les compétences ?

Ainsi, leurs critiques s’étaient aussi concentrées sur Désiré Tagro,
ministre de l’intérieur et membre de la même ethnie que le président
Gbagbo, et visaient là aussi à le présenter comme un tribaliste de la pire
espèce. Ses démentis ne suffisant plus, il avait dû faire un communiqué
pour donner les détails des nominations dans son ministère que chacun peut
apprécier ici :

Accusé de «bétéïser» l’Administration – Le ministère de
l’Intérieur répond au «Patriote»

Aux termes des nominations aux postes d’Inspecteurs généraux, Inspecteurs
adjoints, Directeurs généraux adjoints et Directeurs centraux au ministère
de l’Intérieur, une publication a laissé entendre que le ministre
Désiré Tagro n’aurait promu que les personnes de la même ethnie que lui.

Pour permettre aux citoyens ivoiriens et à d’autres personnes bien
intentionnées de connaître la vérité, le tableau joint au présent
communiqué ressort l’étude statistique qui offre de voir la répartition
des postes par ethnie et se résume ainsi qu’il suit :
– nombre total d’Inspecteurs généraux : 02 dont aucun Bété ;
– nombre total d’Inspecteurs généraux adjoints : 03 dont aucun Bété ;
– nombre total d’Inspecteurs : 29 dont 02 Bété ;
– nombre total de Directeurs généraux : 04 dont un Bété ;
– nombre total de Directeurs généraux adjoints : 05 dont aucun Bété ;
– nombre total de Directeurs centraux : 29 dont 08 Bété.

Le ministre de l’Intérieur remercie cette publication de lui avoir donné
l’occasion de montrer la voie à suivre.

Le Directeur de cabinet adjoint chargé de l’Administration du territoire,
Porte-parole par intérim du ministère de l’Intérieur

Zoguéhi Gnahoua Auguste
Administrateur civil
Fin de communiqué.

Et si on continue, on pourrait par exemple parler des jeunes patriotes en qui
on a voulu voir une milice tribale. Car le tribalisme peut aussi être
caractérisé par la nature du soutien. On peut être traîté de tribaliste
si le soutien dont on bénéficie est le fait exclusif de sa seule tribu. On
verra ici aussi que ces leaders de la jeunesse dite patriotique viennent de
toutes les régions de la Côte d’d’Ivoire
Charles Blé Goudé, Richard Dakouri, Yves Dibopieu, Idriss Ouattara, Konaté
Navigué, Joël Tiéhi, Serges Kassi, Watchard Kédjébo, Touré Moussa
Zeguen, Damana Adia Picass, Ahoua Stallone, Eugène Djué et Serges Koffi
viennent de toutes les régions de la Côte d’Ivoire.

Pour finir, on pourrait aussi parler de la politique de décentralisation qui
répond également au souci du président Gbagbo de ne pas capter les
ressources du pays au profit de sa région d’origine , mais de les
répartir équitablement pour permettre un développement équilibré de la
Côte d’Ivoire. Le tribalisme, ce n’est pas seulement privilégier les
personnes issues de sa région d’origine au détriment des autres, c’est
aussi privilégier sa propre région au détriment des autres régions. On ne
peut donc incriminer le président Gbagbo. Bien au contraire, on devrait
même lui rendre hommage car, non seulement il n’a pas fait le choix de
priviléger sa région ou sa ville d’origine, mais il a, en homme politique
responsable, poursuivi le développement de la capitale politique
Yamoussoukro, pour que les investissements colossaux qui y avaient été
déjà faits par le pays ne soient pas perdus. Bédié lui, avait agi
différemment en déplaçant sans le dire la capitale politique chez lui à
Daoukro.

D’ailleurs, les ivoiriens qui ont compris qu’il avait une politique
inclusive le lui ont bien rendu puisque la carte électorale du premier tour
de la dernière élection présidentielle a montré qu’il avait un
électorat national. 11 régions gagnées par Gbagbo sur 19. Que dire de plus
?

Non, le président Gbagbo n’est pas tribaliste. D’ailleurs, il n’y a
qu’à voir ceux qui l’entouraient encore, à leurs risques et périls, au
moment où il a été capturé par les militaires français et remis aux
forces de Alassane Ouattara. Ils étaient de partout et il n’y a pour le
vérifier qu’à voir la liste des prisonniers politiques détenus au nord.

Le dernier mot sera que si Gbagbo était allé au terme du dernier mandat que
le peuple de Côte d’Ivoire lui a accordé, il n’aurait pas eu comme
successeur une personne issue de son ethnie puisqu’il n’avait positionné
personne dans ce sens, contrairement à d’autres. Et ce n’est pas tout !
Alors, tribaliste quand même ?

By Alexis Gnagno

ACC-Communication