Bonds and shares: L’avenir du cacao en Côte d’Ivoire, Par Jean-Richard NIAGO

Par Bonds and shares - L’avenir du cacao en Côte d’Ivoire, Par Jean-Richard NIAGO.

– Production record,

– Baisse récurrente du prix à terme,

– Squeeze du marché à terme,

– Quel avenir pour l’Or Brun ?

La Côte d’Ivoire depuis des lustres est le premier pays producteur de Cacao dans le monde. Cette matière première soft Commodities fait le bonheur des producteurs et de l’Etat de Côte d’Ivoire.

De nombreuses réformes ont été entreprises pour l’amélioration des conditions de vie des producteurs au travers du prix bord champ, par l’introduction de la nouvelle variété précoce de cacao ( cacao Mercedes) à haut rendement développée par le CNRA (Centre National de Recherche Agronomique) qui produit à partir de 2 ans, 3 tonnes à l’hectare et pour répondre aux menaces sur la durabilité de la culture du cacao.

L’Etat de Côte d’Ivoire à travers le Conseil du Café-Cacao (CCC) poursuit la mise en œuvre du programme « Quantité, Qualité, Croissance (2QC) », dont l’objectif est l’amélioration des revenus des producteurs par la valorisation de la production ivoirienne sur le marché national et international.

Production Record de « l’Or Brun »,

La production en Côte d’Ivoire est passée de 1,4 à 1,8 million de tonnes de 2011 à 2015, un second record historique pour la Côte d’Ivoire. Le précédent record, qui datait de la campagne 2010-2011 avec une production de 1,51 million de tonnes de fèves, a été pulvérisé de plus de 15%.

Cette production record, déjà annoncée, a été poussée par une météo favorable ainsi que par les réformes mises en œuvre.

Avec l’augmentation de la production du Ghana, la montée en puissance du Cameroun, de l’Indonésie, des pays d’Amérique latine tel que l’Equateur, le Brésil et le Pérou, la Côte d’Ivoire bien qu’ayant 40% voire 41% de part de marché mondial est face à de nombreux pays qui affichent une ambition sérieuse pour l’or brun.

Le marché pourrait-il gardé cette tendance à la hausse ? Va-t-il se poser un réel problème de stock de production au cours des campagnes à venir?

Avec les stocks suffisants enregistrés par les grandes compagnies, des craintes sur le niveau des prix à terme sont à prévoir. Ce, malgré les annonces de déficits sur la production des campagnes précédentes en 2015-2016 d’environ 200 mille tonnes cela n’a pas été réellement le cas. Cependant, les cours ont été très hauts craignant une pénurie de la matière « phénomène climatique El Niño », donc en réalité surévalué par rapport aux autres produits de base, du fait d’inquiétudes de déficit structurel.

C’est le principe du fait qu’il y a plus de demande que d’offre sur les contrats à terme ; les marchés sont donc en « déport ». Aussi, faut-il rappeler que plusieurs Analystes et Industries, interrogés par des Agences, estimaient une chute drastique du prix du cacao suite au fort l’excédent de fèves depuis plus de 5 ans.

Baisse récurrente du prix à terme

En raison d’une offre abondante des stocks largement couverts et conjuguée à un ralentissement de la demande mondiale, nous sommes entrés dans un cycle assez long de prix déprimés. En 2015, les cours des matières premières autres que le cacao ont baissé en moyenne de 38% par rapport à 2014 et de 40% en 2015. Seul le cacao, la potasse, le thé et l’huile d’olive était en hausse en ce moment de +2% pour le cacao et 3% pour les autres matières. Ce risque se démontre aujourd’hui et se prolonge à l’ensemble des matières premières et se sera le cas pendant une période “assez longue” en raison de l’abondance de l’offre.

“On est entrés dans une période assez longue de prix durablement déprimés”, un type de cycle dont “l’histoire montre que cela peut durer une quinzaine d’années”. Disait Philippe Chalmin, dans le Rapport Cyclope sur le secteur des matières premières.

Aussi, le dollar et la politique de la Banque Centrale Américaine (Fed) ne sont pas à écarter dans la baisse du cours de la matière première. Selon plusieurs économistes, le renforcement du dollar pourrait continuer suite à la volonté de la Fed de continuer à augmenter ses taux d’intérêts, les propos tenus par sa Présidente Janet Yellen le 15 mars dernier confirment cette hypothèse. Le dollar étant la devise d’échange des matières premières, un renforcement aurait un impact négatif sur la demande, et donc sur les prix, ayant un effet néfaste sur les revenus des pays exportateurs.”Le message est simple: l’économie va bien”, a résumé la patronne de la Fed Janet Yellen lors d’une conférence de presse, ajoutant : “nous avons confiance dans la robustesse de l’économie et dans sa résistance aux chocs”. En plus, le secrétaire au Trésor Steve Mnuchin a récemment assuré que l’économie des Etats-Unis pourrait croître de 3% dès 2018, soit près du double du rythme atteint en 2016, tandis que le président Trump a lui évoqué un chiffre de 4%.

Enfin, de ces raisons précédentes, faut-il associer les squeeze du marché à terme ?

Squeeze sur les marchés à terme,

Suite à la bulle spéculative des tulipes hollandaises et sur la crise de la dette Grecque, les différentes techniques de spéculation qui sont à l’origine des dérives que l’on connait restent les « squeeze sur les marchés ».

La valeur des capitaux échangés (ou « cotation ») dépend du rapport entre l’offre et la demande. Plus il y a d’acheteur, plus la valeur monte. Inversement, plus nombreux sont les vendeurs, plus cela fait baisser le cours. Tout principe de spéculation repose donc sur l’anticipation d’une rupture dans l’équilibre de l’offre et de la demande, qui ferait varier la cotation dans un sens ou dans l’autre. Dans un premier : La Spéculation à la hausse est le cas le plus simple, et le premier auquel on pense. Il consiste à acheter des titres avant qu’ils ne montent et de les revendre ensuite pour réaliser une plus-value : achat de titres à un taux « faible », montée du cours sur ces titres et revente des titres à taux plein avant leur baisse. Pour l’exemple nous concernant, la spéculation à la baisse repose sur deux principes: la vente à découvert (ou shorting) : c’est-à-dire le paiement différé d’un achat de titre. Exemple: Je t’achète aujourd’hui une action que je te payerai dans 15 jours au cours qu’il aura à ce moment là. Possibilité donc de vendre ce que l’on ne détient pas encore. La logique est la suivante : un trader vend un titre qu’il ne possède pas, il attend que le marché baisse, puis achète ce titre à un tarif plus bas que celui auquel il l’a vendu : vente de titres que l’on ne détient pas encore, baisse du cours sur ces titres et achat en différé des titres que l’on a vendu. Le danger de la spéculation à la baisse réside dans le risque de « squeeze » : au final, si l’action monte le spéculateur qui a misé sur une baisse sera toujours obligé de l’acheter, ce qui en outre la poussera mécaniquement à la hausse. Une baisse est toujours bornée par la valeur nulle, alors que la hausse du cours peut véritablement atteindre des sommets. Une mauvaise anticipation de baisse peut donc faire perdre des sommes d’argent bien plus importantes que l’inverse.

Selon beaucoup d’économistes et d’analystes, la spéculation à la baisse et les ventes à terme sont les principales causes de la chute des Bourses de ces derniers mois. De leur coté, les traders les estiment « nécessaires pour éviter les survalorisations ».

Quel avenir pour l’Or brun ?

Le prix du cacao est déterminé sur des marchés à terme, en l’occurrence Londres et New York, qui n’ont pas encore pris la véritable mesure du déplacement géographique des broyages mondiaux vers l’Afrique mais aussi l’Asie. Jusqu’à la campagne 2013-2014, les Pays-Bas étaient le premier broyeur de fèves au monde. Depuis cette campagne 2014, la Côte d’Ivoire est premier broyeur au monde avec une capacité de broyages estimée à 560 mille tonnes qui est supérieure à celle installée aux Pays-Bas mais ses broyages effectifs demeurent inférieurs au néerlandais. Neuf broyeurs dont des internationaux à savoir les transformateurs américains ADM et Cargill, et les suisses Barry Callebaut et Nestlé, le chocolatier français CEMOI et le singapourien OLAM sont installés sur le sol ivoirien. A ce jour, la Côte d’Ivoire, qui produit 41% de l’offre mondiale de fèves de cacao, ne transforme que 33% de sa production en produits semi-finis et finis. Il faut donc créer et développer des usines de transformation locale pour réduire considération l’exportation des fèves brutes et la création de l’emploi. Inciter et développer la consommation locale, chinoise et américaine et européenne. Sachant que sur une tablette de 100 gr à 60% de cacao acheté en supermarché, 6% seulement du prix revient au planteur cela reste un gros déséquilibre dans la répartition de la richesse de cette matière. Il y a lieu de prendre des mesures urgentes citées plus haut et les compléter par la mise en place d’une bourse des matières premières priorité d’un développement stratégique national qui donnera à la Côte d’Ivoire un outil moderne de gestion de sa filière.

Sources :

Philippe Chalmin, dans le Rapport Cyclope sur le secteur des matières premières.

http://www.lesillon.info/2016/06/03/3559-retournement-tendance-deprime-c...

Pandoravox : la spéculation à la hausse ou à la baisse comment ça marche.

http://www.pandoravox.com/economie/speculation-a-la-hausse-ou-a-la-baiss...

Le Monde : La Réserve Fédérale Américaine relève son taux directeur d’un quart de point de pourcentage.

http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2017/03/16/la-fed-releve-ses-tau...

Par Jean-Richard NIAGO

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