Arrestation de Soul to Soul, situation socio-politique: Tiburce Koffi crache encore des vérités à Ouattara

Par L'Inter - Arrestation de Soul to Soul, situation socio-politique. Tiburce Koffi crache encore des vérités à Alassane Ouattara.

Tiburce Koffi.

Dans cette interview menée à Paris, l'écrivain et analyste politique Tiburce Koffi s'explique sur son rapprochement avec le président de l'Assemblée nationale, Guillaume Soro. Il décortique, sans langue de bois, et dans la langue châtiée qu'on lui connaît, l'actualité socio-politique de son pays.

L'actualité en Côte d'Ivoire vient d'être marquée par l'interpellation du chef du protocole du Pan. Cela appelle-t-il une réaction particulière de votre part, vous qui semblez désormais très proche de Soro ?

D'abord une précision : je ne suis ni proche, ni éloigné de qui que ce soit, à part des mauvaises personnes. J'ai apporté mon soutien intellectuel à une idée qui m'est chère : repentance, pardon et réconciliation entre les Ivoiriens, que défend le président Guillaume Soro. J'ai souvent dit que mon malheur à moi, c'est d'être un écrivain qui vivait en Afrique, notamment en Côte d'Ivoire ; c'est-à-dire dans un espace culturel où le livre n'a, pour le moment, pas de place, et y est même considéré comme un objet encombrant. Le peuple, analphabète, et même les élites lettrées n'ont d'oreilles que pour la parole proférée par les politiciens. Sinon, je peux légitimement proclamer que je suis le précurseur de la Cdvr (Commission dialogue, vérité et réconciliation), de la Conariv (Commission nationale pour la réconciliation et l'indemnisation des victimes) et de toutes les initiatives pour la paix, que notre pays a vu naître après la guerre post-électorale.

Voudriez-vous bien nous donner des éclairages sur cette affirmation ?

Ouvrez « Côte d'Ivoire, l'agonie du jardin », un de mes essais publié en 2005, que nombre de mes lecteurs considèrent comme étant le meilleur de mes livres. J'y ai consacré une section entière à ce thème que j'estime avoir traité comme il convient, et mieux que quiconque dans ce pays. J'y parle de la nécessité de mettre en place une structure officielle pour engager le pays dans la voie de la repentance collective, du pardon réciproque et de la paix, car nous avons tous péché. J'y parle surtout de la nécessité pour les Ivoiriens de demander pardon à la mémoire de Félix Houphouët-Boigny que nous avons gravement offensée en 1990, et qui nous a quittés, affligé et en colère contre nous qui l'avons blessé pour l'avoir traité de voleur. Oui, « Le Vieux » en a souffert et, comme me l'a dit Mme Zadi Pauyot, l'épouse du Pr Bernard Zadi, il est parti mécontent de son peuple. Elle m'a dit ceci : « Tiburce, observe un peu l'image de la bouche de la dépouille d'Houphouët-Boigny. Elle exprime une cruelle contrariété ou une déception profonde. » Mme Zadi, vous ne le savez pas, est très instruite en matière de spiritualité et d'herméneutique dans le mysticisme.

Éclairé par ses propos, j'ai creusé davantage ce sujet ; et j'ai écrit des articles à n'en plus finir sur ce thème de la repentance et du pardon pour la paix. Un de ces articles a intéressé le Pdg des Néi Ceda, M. Venance Kakou, qui, alors, a demandé à me rencontrer et m'a encouragé, à l'issue de cette rencontre, à écrire un livre sur ce thème qui lui paraissait essentiel pour le dénouement de la crise ivoirienne. C'est lui qui a dégagé les moyens financiers pour que j'écrive cet ouvrage que j'ai achevé en Suisse, à Genève, chez Théodore Arnaud-Yao, un membre de ma famille. Lui aussi, chrétien très pieux, était instruit de ce même thème, et il m'a donné pas mal d'idées sur ce sujet. Bref, c'est avec l'aide de toutes ces personnes que j'ai écrit ce livre qui traite en profondeur du pardon et de la réconciliation nationale. Je l'affirme : aucun intellectuel, ni homme politique ivoirien, n'a traité ce sujet comme je l'ai fait.

Pourquoi cet ouvrage n'est-il pas suffisamment connu ?

Je vous ai déjà donné une explication : la Côte d'Ivoire, son peuple et sa classe politique est constituée d'analphabètes, de demi-lettrés et de grands lettrés qui, malheureusement, ont des rapports conflictuels avec les livres de haute voltige. Bref, le Premier ministre Charles Konan Banny a lu cet ouvrage ; et il en avait même, à un moment, fait son livre de chevet. Ouvrez-le et vous y verrez que tout ce qui se passe aujourd'hui autour de la question du pardon et de la réconciliation avait déjà été pensé, écrit, décrit et explicité par Tiburce Koffi depuis 2004, et publié en 2006 dans « Côte d'Ivoire, l'agonie du jardin. » Il y a des chapitres qui parlent de « contentieux relationnel », « réhabilitation de la mémoire d'Houphouët-Boigny », de « reconstruction d'une société de l'exigence », etc. J'ai proposé précisément une grande cérémonie nationale de demande de pardon à la terre ivoirienne que nous avons salie, et cela à l'issue d'une journée entière de méditation collective autour du concept de la réconciliation et de la paix. La fin de tout ce rituel de purification verrait ce que j'ai appelé la « résurrection de l'homme ivoirien. » Une image d'une symbolique très chrétienne et qu'avaient beaucoup aimée M. Venance Kakou, le Pr Zadi, ainsi que des prêtres qui ont lu ce livre.

Le Pan a-t-il lu ce livre ?

Je ne sais pas, et je ne le lui ai pas demandé. Vous pouvez donc me comprendre mieux à présent : quand j'ai abattu un tel travail cérébral pour ce peuple, mon peuple, un travail qui est passé inaperçu, et qu'un jour, une haute personnalité de mon pays, le président de l'Assemblée nationale, me sollicite pour que je soutienne son projet de mise en marche de ce que j'ai pensé et rêvé de faire, pendant des années, mais que je n'ai pu réaliser, faute de moyens, quelle réponse voulez-vous que je donne à cette personnalité ? Devrais-je refuser de soutenir un projet de demande de pardon et de réconciliation nationale, qui me tient à coeur ? Vous le voyez bien, ce n'est pas l'homme Soro que je soutiens, mais une idée constructive que je cautionne. Et ce n'est pas de ma faute si c'est M. Guillaume Soro qui a jugé utile de solliciter mon appui dans ce projet qu'il veut incarner. Pour moi, c'est un signe de respect pour moi. Tout de même, sans prétention, que n'ai-je pas écrit afin de sauver mon pays du naufrage ?

Mais, n'est-ce pas que le Premier ministre Charles Konan Banny a incarné ce projet de pardon et réconciliation avant Guillaume Soro ?

Oui, mais à la différence que M. Banny a été mis en mission par le chef de l'État. Pour des raisons que je devine, d'État, ce dernier n'a pas voulu diffuser les conclusions du travail de la Commission Banny, la Cdvr. C'était, au demeurant, un excellent travail, à en croire les propos du chef de l'État lui-même. Guillaume Soro lui, a pris sur lui, et en toute autonomie, d'en faire un point crucial de son activité de parlementaire et de président du parlement ivoirien. Je ne cesserai de lui dire merci pour avoir eu de la considération pour moi en dépêchant auprès de moi son conseiller spécial pour les besoins de la bonne cause. Entre nous, auriez-vous- vous même trouvé normal que j'aie refusé de soutenir une telle initiative ?

D'après vous, pourquoi le président Ouattara n'a pas diffusé les travaux de la Cdvr dont on dit pourtant beaucoup de bien ?

Allez lui poser la question. Je n'en sais rien. Et ceci, à la limite, ne me regarde pas. C'est un combat de titans. Les petits gladiateurs n'y ont pas leur place.

On revient à la question initiale : l'arrestation de Soul To Soul. Cela appelle-t-il une réaction particulière de votre part ?

La justice et l'état civil ivoiriens ne savent pas qui est « Soul To Soul. » L'homme qui a été incarcéré se nomme Kamaraté Souleymane. Un citoyen comme tous les autres Ivoiriens. Ce garçon, au joli visage d'ange, au demeurant, était un parfait inconnu avant toute cette histoire. C'est dire qu'il n'a pas d'envergure politique. Ce n'est pas une référence nationale, ni même une personnalité du pays, fût-il un collaborateur du Pan, ou un fan de James Brown, le roi de la Soul music. Kamaraté Souleymane n'est l'auteur d'aucune pensée, ni d'aucun acte de portée sociale et politique qui eût pu faire de lui un citoyen d'exception et dont le sort devait ameuter une république ! C'est important de dire ces choses-là pour mieux me faire comprendre.

Faut-il déduire ici qu'interpeller le concerné n'était donc pas ce qu'il fallait faire, malgré la découverte de ces armes à son domicile ?

Ah non ! C'est tout à fait le contraire de ce que je veux vous dire. La Justice et l'Exécutif ne sont pas en tort dans cette affaire. Au regard strict des exigences de la loi, l'arrestation de M. Kamaraté relève d'abord d'une banale démarche judiciaire et républicaine. La loi punit, en effet, tout détenteur d'armes de manière illégale. Laisser Kamaraté en liberté malgré les faits établis aurait été une erreur politique et une anomalie judiciaire. Seulement voilà : cette arrestation se fait dans un climat de tension politique qui la politise davantage et complexifie la question. Et, à mon avis, le pouvoir aura beaucoup de mal à gérer cette crise. Cette arrestation aurait pu rester un fait divers ; malheureusement, le pouvoir a mal traité ce dossier. Je dis : l'entourage du président Ouattara manque de sérénité. Oui, on aurait pu régler cette affaire sans éclat.

Et comment ?

En suivant la voie de la prudence qu'avait proposée le Pan Guillaume Soro au moment où cette crise était encore latente. Souvenez-vous, le Pan avait fait une communication intelligente et responsable sur la question en demandant à son collaborateur de se mettre à la disposition de la Justice. Oui, il l'a dit. Ensuite, en appelant aux uns et aux autres à la retenue et au bon sens politique. Sur ce point, il a dit que les questions liées à l'armement relèvent des dossiers secrets d'État et qu'il ne fallait pas les traiter de manière médiatique car cela pourrait exposer et fragiliser le système de défense et sécurité de notre pays. Et je suis d'accord avec lui. Entre nous, tout le monde sait que Kamaraté Souleymane, un banal citoyen, n'a pu se procurer ces armes ! Il ne s'agit pas d'un fait de détention illégale d'un ou de deux malheureux pistolets, mais d'armement semi-lourd. Ce dépôt est manifestement le fait de la situation de guerre que notre pays a connue. Je vous l'avais déjà dit : aucun pays ne sort d'un conflit militaro-civil de l'ampleur de celui que nous avons connu sans faire l'expérience de ces caches d'armes. Nous pouvons même être certains que ce n'est pas la seule cache ou dépôt d'armes. Le bon sens recommandait donc que, face à cette situation, l'on procède dans la discrétion pour régler la question. C'est ce que le Pan a suggéré. S'il y a eu un jour où j'ai compris que M. Soro a une conscience d'État et un sens poussé de la responsabilité politique, c'est bien ce jour-là. Malheureusement, du côté du pouvoir, les gens sont restés sourds à cet appel. Et je sais pourquoi. Et c'est cela qui m'inquiète ; sinon Kamaraté alias Soul To Soul, c'est du menu fretin ! Et on n'a vraiment pas à s'agiter pour ça.

Quelle est la source de vos inquiétudes ?

Je ne vous l'apprends pas, son arrestation s'inscrit dans la logique de l'affrontement stupide que l'aile querelleuse et agressive du Rdr a décidé de faire prévaloir dans leurs relations, qu'ils ont rendues inutilement conflictuelles, avec Guillaume Soro. Cette aile a juré la perte du Pan. On sait ce qu'on lui reproche : ses prétentions, affichées ou non, à vouloir candidater pour la présidentielle de 2020. Voilà en réalité le cadre de cette arrestation qui ressemble fort à une mesure répressive à l'encontre de Guillaume Soro, en attendant de lui « faire la peau » politiquement ou même physiquement, il ne faut pas se retenir de le dire.

Le Pan serait donc en danger, selon vos analyses ?

Je le pense. En tout cas, cette arrestation ouvre officiellement le temps des hostilités à l'encontre de Guillaume Soro et met véritablement à mal son camp. Le pouvoir a fait ce qu'en politique on appelle « prendre l'initiative de l'offensive. » Après tout, le monopole de la violence revient de droit à l'État. Un régime vigilant ne subit jamais l'adversité. Il doit, au contraire, pouvoir se donner les moyens d'anticiper en portant le coup fatal à l'adversaire virtuel ou réel. C'est une mesure dissuasive. A défaut d'avoir réglé cette question dans la discrétion et le silence, on en est arrivé là. Mais je pense que le chef de l'Etat avait la possibilité de régler cette question d'une autre manière. Nous sommes dans un régime de type présidentialiste. Et le choix du chef fait autorité. À ce stade, le régime marque certes un point sur le plan politique. Mais le camp Soro l'emporte sur le plan médiatique par une récupération adroite de cette arrestation, en présentant M. Ouattara et son régime comme un groupe de gens méchants et ingrats, eu égard aux sacrifices consentis au cours de l'obscure épopée de la rébellion, pour leur offrir le pouvoir. C'est une conversion et un transfert astucieux du fait politique en donne émotionnelle et morale. En réalité, ce n'est pas une question morale, ni émotionnelle. Au strict regard de la loi, c'est un banal problème juridique récupéré politiquement par chacun des deux camps.

Avez-vous parlé avec Soro depuis cette affaire ne serait-ce que lui dire votre soutien ?

Des gens pensent que M. Soro est un pote de quartier avec qui je fais des balades sur les Champs-Elysées, ou avec qui je vais écouter ou jouer du jazz à Montparnasse ! Non. Nos rapports sont tout autre chose. Je ne prendrai pas partie dans cette querelle. Je vous ai dit que, désormais, j'inscris ma démarche spéculative dans le sens de la paix, du rassemblement des Ivoiriens, et non plus dans les prises de position partisanes qui ont pollué et parasité mon discours, me rendant inévitablement inconstant.

Certains voient dans cette affaire, la fin politique de Soro Guillaume. Êtes-vous de cet avis ?

Il faut être vraiment naïf pour tenir de tels propos. Vous oubliez que ce jeune homme a tenu une rébellion pendant près d'une décennie. Et vous pensez que c'est l'arrestation d'un certain Souleymane qui va l'ébranler, au point que cela puisse signer la fin de ses ambitions si toutefois il couve une ambition de cet ordre ? Guillaume Soro a vu mourir certains de ses compagnons. Il a échappé à au moins six attentats. Il a donc vu la mort. Tous ceux qui l'entourent et qui ont été des acteurs visibles ou non dans la rébellion, ont été éduqués à l'endurance et au sacrifice de soi. Ils n'ont rien à voir avec les petits militants bourgeois aux cols blancs du Pdci ou du Rdr, qui ne sont que des militants de salons, de cylindrés et bureaux climatisés ! Ces jeunes gens sont, eux, des combattants forgés à l'enclume de l'épreuve. Le régime de Ouattara ne pourra pas les vaincre sur ce terrain de l'intimidation. Croyez-vous que Soro et ses hommes n'auraient pas pu faire sortir Souleymane du pays depuis l'éclatement de cette crise ? Ils ne l'ont pas fait, pour deux raisons majeures que je devine : ils savent qu'ils sont innocents et que, poussée à l'extrême, cette affaire éclabousserait tout le régime. Cette arrestation, à laquelle ils s'attendaient d'ailleurs et qu'ils ont stratégiquement acceptée, est un piège qu'ils ont tendu au régime.

Où est le piège ?

En vérité, le camp Soro a offert Souleymane au pouvoir, avec le consentement du concerné. Pour distraire le régime. Écrivain, je connais un peu de la psychologie et du mental de ce type de personnage que nous autres hommes de Lettres fabriquons dans nos livres. Je peux vous dire que ce garçon est prêt à affronter la prison, aussi longtemps que l'exigera la situation. Or il n'y a rien de plus gênant pour un régime qu'un prisonnier politique qui se sait innocent et qui est décidé à aller jusqu'au bout du combat. À ce stade de son parcours, Soul To Soul, pour lui restituer ce pseudonyme fantaisiste, n'a pas peur de la prison, et ne peut en avoir peur. Il sait que le régime ne le tuera pas, car le président Ouattara n'a pas intérêt à souiller son nom dans un tel crime qui serait absolument scandaleux et politiquement désastreux pour la qualité de son image internationale déjà écornée par toutes les révélations qui sont faites en ce moment à la Haye, et dans l'affaire des coups d'État au Burkina Faso. Ensuite, la cible du régime, c'est Guillaume Soro et non Souleymane. Soul To Soul a connu pire que la prison, sous les régimes précédents. N'oublions pas c'est pour Alassane Ouattara que lui, ainsi que nombre de jeunes gens du nord, ont subi tant de misères et d'atrocités. Et c'est là que Soro a piégé le régime en leur offrant Soul To Soul: donner de ce pouvoir qui les oppresse, l'image de gens ingrats, sans pitié, sans mémoire, sans sens de l'honneur. C'est une sorte d'avertissement subtil lancé à tous ceux qui seraient tentés de collaborer avec ce pouvoir. Voilà comment Soro parvient à disqualifier ce régime. Et les peuples sont sensibles à ces choses. Nombreux seront les enfants du Nord qui pourraient quitter le Rdr tendance Ouattara, pour rejoindre, ne serait-ce que par soutien affectif, le camp Guillaume Soro. Je crois savoir que c'est même ce qui se passe en ce moment.

D'aucuns prédisent l'arrestation ou l'élimination physique de Soro. Est-ce votre avis ?

Il est évident qu'une telle perspective est envisagée par les faucons du Rdr. Mais je ne vois pas le président Ouattara, que j'ai eu le bonheur de rencontrer à Paris, adhérer à une telle option.

En tant qu'analyste et critique averti, comment entrevoyez-vous la suite de cette affaire? Quels conseils donneriez-vous au président Ouattara ?

Le président Ouattara paye des conseillers spéciaux à coup de millions. C'est à eux de lui indiquer la voie, pas moi. Je n'ai rien à lui dire. Et il ne m'a rien demandé dans ce sens, non plus. C'est une affaire de sorciers, qui ne me regarde pas. Je n'ai jamais été dans leur bois sacré.

Vous me paraissez déçu de M. Ouattara.

(Silence).Non... plus rien ne me déçoit, plus rien ne me surprend, non plus, aujourd'hui. Parce que j'ai maintenant tout compris, comme dirait Ticken Jah. Un jour, au cours d'une discussion sur mon inflexibilité dans mes rapports souvent conflictuels avec les pouvoirs régnants, Eugène Zadi m'a fait cette réflexion que je n'oublierai jamais: « Tiburce, il faut savoir qu'en politique, au moins 80% de ce qu'on gagne s'obtient toujours dans le silence des négociations intra muros, et non dans le bruit. Apprends maintenant à avaler des couleuvres, te taire au besoin, et tu verras, les choses finiront par se calmer et s'arranger. » Je donne aujourd'hui ce même conseil aux camps en belligérance, mais surtout à mes cadets du camp Soro : Affoussy, Sidiki, Nyamsi, Attiladé et autres, je comprends votre état d'âme, vos fureurs ; mais arrêtez l'escalade verbale. N'écrivez et ne prononcez plus de paroles mauvaises que vous pourriez regretter plus tard. En politique, il faut savoir être réaliste. C'est ce que le président Houphouët-Boigny a appelé « la saine appréciation des réalités. » Et la réalité actuelle dit que le chef de l'État de Côte d'Ivoire se nomme Alassane Ouattara. On n'offense ni ne défie impunément un chef d'État. La réalité dit aussi que l'État a toujours le monopole de l'offensive et de la force. Je ne vous en dirai pas plus. Calmez-vous. Et les choses pourraient s'arranger par la diplomatie.

Source : Linfodrome