AFRIQUE: MAL PARTIE HIER, OU EN EST L’AFRIQUE NOIRE AUJOURD’HUI ? Par Dr Kock Obhusu

Par IvoireBusiness/ Débats et Opinions - MAL PARTIE HIER, OU EN EST L’AFRIQUE NOIRE AUJOURD’HUI ? Par Dr Kock Obhusu.

Dr Kock Obhusu.

Mal partie hier, l’on en est aujourd’hui à se demander où se trouve l’Afrique noire.
Aussi malheureux que cela puisse être, un constat est de mise. Il s’impose à tous les regards soucieux de réalisme, y compris des moins avisés.
Ce constat est implacable au plan politique: l’expression pluraliste née pour l’essentiel au début des années 90 (quatre-vingt-dix) sur le continent s’illustre actuellement par une misère pour le moins pitoyable dans certains pays.
L’ouverture du jeu politique qui nourrissait beaucoup d’espoirs et dont les peuples africains attendaient avec raison qu’elle contribue à l’apaisement du climat social porté en fardeau lourd depuis la proclamation des indépendances, à susciter une émulation d'énergies nouvelles, à enraciner davantage la jeunesse sur le continent et à induire un climat économique tourné vers une meilleure exploitation des immenses et nombreuses ressources locales. Mais ceci s’avère n’être que de la poudre aux yeux. L’on assiste bien au contraire à une débandade générale ou plutôt cyniquement organisée de la jeunesse. L’insécurité portée par une croissance à chiffres multiples, les arrestations fantaisistes, brutales, les exécutions sommaires, les tortures et emprisonnements sans jugement doublées de la misère économique font que nombreux jeunes optent pour la recherche du salut hors du continent en bravant les flots impitoyables des mers battantes de la méditerranée au péril de leur vie .
Un exemple parmi d’autres suffit à illustrer ce décor délétère et ce climat d’ensemble tout en désespérance. Celui d’un pays, la Côte d’Ivoire.
Il faut simplement regarder ce qui se passe aujourd’hui dans ce pays, pas besoin de le faire de près d'ailleurs. Le retour au multipartisme qui avait suscité beaucoup d’espoir s’est vite évanoui à coups de kalachnikovs. Le pays qui a chaviré tel un bateau ivre une nuit de septembre des premières années de la décennie écoulée est aujourd’hui plongé au milieu de flots repus de tartufferies.
L’idéologie délibérément tronquée et servie aux populations djoulas du nord de ce pays dans de scintillantes patènes se trouve n’être qu’un paravent qui crache bien de misérables desseins faits d’égoïsmes et de manichéisme. Les masques tombent en plein milieu du bal carnavalesque organisé. Le carnaval assassin étale ses secrets et non des moindres.
La fièvre remonte des alcôves, immonde, nauséeuse !
Dans ce pays, le jeu politique se trouve aujourd’hui fermé entre les partis et à l’intérieur de ces partis. Les barrières entre les populations d’ethnies différentes sont de plus en plus fortes et de plus en plus hautes. Pour preuve, un ancien premier ministre à la dérive qui de surcroit a dirigé le plus grand parti politique de ce pays, le Front Populaire Ivoire pendant treize années a embouché sans coup férir la trompette de cette mélodie poisseuse, honteuse à Divo, la ville la plus ethniquement brassée du pays, après Abidjan.
Pascal AFFI NGUESSAN, pour ne pas le nommer, qui a fait le choix d’emprunter un sentier calciné, prend malin plaisir à emboucher la nauséeuse trompette pour jouer sur les notes du tribalisme nocif comme certains, ce jazz cannibale d’un autre temps, en s’estimant victime de son appartenance à l’ethnie akan. Mais jusqu'à quand va-t-il s'enfermer ,ce personnage sans aspérité qui prend ses vessies pour des lanternes, dans cette logique mortifère ?
L’élite, comme on peut le voir, ne parie plus sur l’avenir pris qu’elle est par les partis qui eux-mêmes sont pris au piège de la corruption, du mensonge, de la traitrise et de la prévarication. Les libertés individuelles et collectives sont confisquées. Une dictature certaine s’est établie, rayonnant de triomphalisme éhonté et paradant poitrine gonflée dans l’indifférence la plus totale de la communauté dite internationale.
Elle s’affirme dans les actes à chaque lever et coucher du soleil en jouant avec les nerfs du peuple.
Alors, qu’ils maintiennent prisonniers dans des conditions sordides, déshumanisantes des centaines et des centaines d’ivoiriens sans jugement, ils parlent sans sourciller de réconciliation.
Alors que la population attend des actes et des gestes forts avec au premier plan la libération totale de tous les prisonniers politiques, ils font diversion en parlant de pardon. Pardon de qui à qui quand on connait ce qui s'est passé dans ce pays ? Silence.
Aussi, plus que jamais est venu le temps de déconstruire les dogmes fondateurs de ces pratiques. Bien que d’un autre temps ces pratiques et la doxa inhibitrice qui l’accompagne sont aujourd’hui considérées comme non négociables tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des chapelles sectaires auréolées de pompeuses appellations de partis politiques.
Face à ces dérives, la mobilisation intellectuelle soutenue par une appréhension triviale des choses et populaire est plus que jamais invitée à sortir du champ étriqué des lamentations si la jeunesse africaine veut véritablement que l’Afrique trouve une place de choix dans un univers de plus en plus mondialisé.

Une contribution de Dr Kock Obhusu