Afrique: L’émotion des Nigérians après la libération de 82 lycéennes de Chibok

Par LE MONDE - L’émotion des Nigérians après la libération de 82 lycéennes de Chibok.

Immense joie et anxiété pour les familles au lendemain de la libération des jeunes filles. Le président Buhari les a reçues en personne à la présidence.

Par Mélanie Gonzalez (contributrice Le Monde Afrique, Abuja)

L’émotion était palpable dans la capitale nigériane, dimanche 7 mai, après la confirmation de la libération de quatre-vingt-deux lycéennes de Chibok, kidnappées par le groupe terroriste Boko Haram en 2014. Les familles des disparues et membres de l’association BringBackOurGirls (BBOG), qui se réunissent quotidiennement autour de la fontaine de l’Unité dans le centre d’Abuja, n’ont pu retenir des cris de joie ainsi que des larmes d’anxiété, dans l’attente de savoir si leurs proches disparues comptaient parmi les quatre-vingt-deux jeunes filles libérées et conduites à Abuja dans la journée.

« Les familles sont anxieuses, elles ne savent pas si leurs filles sont là ou pas », explique Emman Shehu, membre du mouvement BBOG. Jusqu’à tard dans la journée, aucune information n’a filtré sur l’identité des quatre-vingt-deux lycéennes échangées la veille contre des membres de Boko Haram. Une attente insupportable pour les familles réunies à la fontaine de l’Unité : « Pour les parents, l’espoir est immense, mais il y a aussi l’angoisse, ils retiennent leur souffle jusqu’à ce que la liste des rescapées soit rendue publique », ajoute Emman Shehu. Tous ont compté les jours : « Nous attendons depuis trois ans, trois semaines et un jour », s’essouffle une mère en larmes, qui espère le retour de deux de ses filles.

Programme de réintégration

Si l’anxiété est au plus haut, des cris de joie se font entendre face à l’ampleur de l’événement : « Quatre-vingt-deux de nos filles sont de retour, cela signifie que cent six en tout ont été libérées ! Je suis si heureuse, le Nigeria clame sa joie ce soir ! », s’exclame Aisha Yesufu de BBOG, avant de poursuivre : « Nous avons connu tellement de frustrations. Cela fait plus de trois ans maintenant que nous venons ici tous les jours, faire entendre notre voix, demander leur libération. Par moments, nous avons cru faire face à un cas sans espoir. Mais aujourd’hui, quatre-vingt-deux de nos filles sont libres, et c’est tout ce qui compte. » A ce jour, cent treize lycéennes de Chibok sont toujours captives du groupe djihadiste Boko Haram.

De nombreuses incertitudes planent quant au programme qui attend les lycéennes qui sont arrivées dimanche à Abuja. En octobre 2016, les vingt et une jeunes filles libérées après des négociations entre Boko Haram et le gouvernement avaient été placées sous protection gouvernementale. Peu de détails filtrent sur le programme de réintégration prévu par le gouvernement. On ne sait pas non plus si les anciennes rescapées sont régulièrement en contact avec leurs familles et le monde extérieur.

Peu après 19 heures, les rescapées ont été reçues par le président Buhari à l’Aso Rock Villa, le palais présidentiel, avant que ce dernier ne s’envole une nouvelle fois pour Londres. Le chef de l’Etat a prévu de poursuivre son « suivi médical » au Royaume-Uni, explique le communiqué de la présidence publié peu avant 21 heures et dans lequel il est précisé que le président avait prévu de s’envoler en début de journée, mais a retardé son départ afin d’accueillir les lycéennes en personne.

Mélanie Gonzalez

contributrice Le Monde Afrique, Abuja

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