Affaire de la sextape : Valbuena accuse Bemzema de l'avoir "indirectement" incité à payer

Par Lemonde.fr - Affaire de la sextape. Valbuena accuse Bemzema de l'avoir "indirectement" incité à payer.

© Philippe Huguen, AFP | Mathieu Valbuena et Karim Benzema, le 8 juin 2014 avant le match France-Jamaïque, à Lille.

Mathieu Valbuena donne pour la première fois sa version de l’affaire dite de la « sextape » dans laquelle Karim Benzema a été mis en examen le 5 novembre pour « complicité de tentative de chantage et participation à une association de malfaiteurs ». La victime, Mathieu Valbuena, a été entendue le 20 novembre par la juge d’instruction. Cette affaire tombe au plus mal pour les Bleus à sept mois de l’Euro en France.

Selon nos informations, le nom de l’international français Samir Nasri est également cité dans le dossier d’instruction. D’après plusieurs écoutes téléphoniques, confirmées par un témoignage sur procès-verbal, Nasri aurait eu connaissance du chantage exercé sur Valbuena. Contacté par le Monde, Nasri dément.

Lire aussi : Pourquoi Samir Nasri apparaît dans le dossier de la « sextape »

Cette affaire de sextape débute à l’été 2014 avec un certain Axel Angot, qui, un jour, récupère votre téléphone portable…

Oui, c’est quelqu’un qui gravite autour des joueurs et qui avait beaucoup de connaissances. Je l’ai connu par [l’ex-footballeur] Djibril Cissé, quand on évoluait ensemble à Marseille. Les footballeurs, ils sont un peu assistés, ils aiment avoir les dernières séries, qu’on leur achète les derniers MacBook… Lui rendait ce genre de services, un peu comme un concierge de luxe, toujours à la disposition des joueurs. Un jour, j’ai eu un nouveau téléphone portable et j’ai voulu changer tous mes contacts. Je lui ai demandé qu’il me transvase tout ça de mon ordinateur à mon nouveau téléphone car il est très bon en informatique. Cela s’est passé juste avant que je ne parte au Dynamo Moscou, en juillet 2014. Je l’ai vu chez moi, avec un certain Satta Zouaoui, que j’avais croisé une fois ou deux.

Vous aviez confiance en cet Axel ?

Confiance, c’est un bien grand mot, je ne lui aurais pas laissé les clefs de ma maison. Mais c’est quelqu’un qui s’est toujours bien comporté. J’imagine qu’il a en fait dû faire une copie vite fait du contenu de mon téléphone.

Arrive mai 2015, lorsque vous recevez un coup de fil surprenant…

Je reçois un appel de Djibril Cissé, qui me dit : « Mat’, y a quelque chose sur toi, y a une vidéo. » Il ajoute : « C’est peut-être du bluff, car moi je n’ai rien vu. » Puis il ajoute : « Mat’, si t’es costaud, y a pas de problème, mais moi qui ai été dans une situation comme ça, j’étais pas bien. » Mais Djibril [qui a été entendu sans être poursuivi dans cette affaire] m’a juste prévenu pour me rendre service.

Mais Djibril Cissé ne vous dit pas d’où ça vient ?

Non, parce qu’il n’en sait rien, il me dit qu’il tient ça d’un pote. Ensuite, je l’ai encore eu au téléphone, et là il me dit : « Je l’ai vue, la vidéo, mais fais ce que tu veux, je sais que t’es costaud, si t’as prévenu ta famille, y a pas de souci »…

Vous l’aviez fait ?

Oui, j’en avais parlé à ma compagne, à mes parents. Je leur avais dit que des gens essayaient de m’escroquer sous prétexte qu’ils détenaient une vidéo, et que je ne rentrerais pas dans ce chantage. Et après, plus de nouvelles, plus rien…

Mais cette fameuse vidéo, vos maîtres-chanteurs la détiennent-ils vraiment ?

Pour l’instant, il n’y a pas de vidéo, c’est ça le problème ! Est-ce qu’il y a une vidéo ? On n’en sait rien, c’est ça le pire. Je suis très dubitatif sur son existence même. D’ailleurs, quand j’ai demandé des éléments de preuves, je n’ai rien eu. Des vidéos, j’ai pu en faire, mais si ça se trouve, ils n’ont rien du tout. Ils ont peut-être juste vu quelque chose, mais rien récupéré.

Le chantage commence en fait en juin 2015…

Oui, je reçois un appel en numéro privé sur l’un de mes téléphones portables alors que je suis en sélection à Clairefontaine. Je ne réponds pas, mais la personne insiste, quatre ou cinq fois. Si on insiste comme ça, je me dis que c’est peut-être important. Et là, j’ai un type qui ne se présente pas et qui dit qu’il a une vidéo de moi, qu’il faut qu’on se voie et que j’envoie un homme de confiance à Dubaï… Un truc de fou furieux ! Tout de suite, je me dis qu’il faut que j’en informe Momo [Mohamed Sanhadji, le policier chargé de la sécurité de l’équipe de France], donc je gagne du temps au téléphone, jusqu’à ce que je trouve Momo ! Et quand enfin je suis avec lui, je mets en mode haut-parleur pour qu’il écoute. Momo, qui est policier, a tout de suite compris de quoi il s’agissait.

Vous étiez surpris ?

J’ai tout de suite repensé à ce que m’avait dit Djibril. Comme je n’avais pas donné suite, ils se sont sans doute dit : il faut entrer directement en contact avec lui.

Vous avez immédiatement alerté l’officier de sécurité, vous n’avez pas essayé d’arranger les choses ?

Arranger ? Il n’y avait rien à arranger ! Moi, j’ai des valeurs, on ne m’escroque pas.

Ensuite vous allez déposer plainte ?

Oui, je raconte à la police ce qui s’est passé. Et ensuite, la personne continue de m’appeler, de me relancer. Donc, à partir de là, je lui dis que je préfère passer par un intermédiaire, quelqu’un de confiance, un certain Lukas. En fait, c’est un commissaire de police. Moi ça me déchargeait car le type continuait de me harceler au téléphone. A un moment, je lui avais juste dit : voilà mon adresse mail, prouvez-moi que vous avez la vidéo, même un extrait. Je n’ai jamais rien reçu…

C’est la police qui vous a proposé ce stratagème ?

Oui, c’était le meilleur moyen. J’étais soulagé et rassuré d’avoir déposé plainte et que la police s’en occupe.

Les policiers vous ont prévenu que, du coup, ils allaient mettre les moyens et sans doute remonter les types ?

A ce moment-là, on ne pouvait pas savoir jusqu’où ça allait remonter ! Moi, quand j’ai déposé plainte, je me suis contenté de dire qui m’avait appelé, à quelle heure et quels numéros apparaissaient, car certains appels venaient du Maroc. Après, les policiers ont fait leur travail. Le dimanche 4 octobre, j’ai rendez-vous avec le commissaire chargé de l’enquête pour faire le point. Comme il sait que le lendemain je suis en stage avec l’équipe de France, il me prévient : « Si quelqu’un vient vous voir pour vous parler de ça, directement ou indirectement, ne soyez pas surpris… »

Il ne vous en dit pas plus ?

Non ! J’ai compris après-coup qu’entre-temps il avait eu les écoutes sur lesquelles apparaissait Karim [Benzema]. Ensuite, dès le lundi, à Clairefontaine, Karim me dit qu’on doit se parler. Mais on ne trouve pas le temps. Et puis finalement, on se voit dans sa chambre le lendemain.

C’est un ami à vous, Karim Benzema ?

C’est un collègue de travail, je ne suis pas cul et chemise avec lui non-stop, mais il n’y a aucune animosité entre nous, aucun problème. C’est un coéquipier.

Et que se passe-t-il lors de cet entretien ?

Il me parle d’une vidéo. Immédiatement, je pense à ce que m’a dit le commissaire le dimanche. Je me dis : « Putain, quand même… » Puis il me demande de rencontrer un ami qu’il présente comme très fiable, très sérieux, en qui il a une confiance totale, afin qu’il m’arrange tout ça. Bon, quand même, je ne suis pas con ! Je suis pour le moins dubitatif. Même si, c’est vrai, au début je lui dis : « Merci de m’avoir prévenu », je me doute que s’il veut me faire rencontrer quelqu’un, c’est pas pour rien. La façon dont il m’a amené les choses, c’était bien pour m’inciter à voir quelqu’un, indirectement, ça veut dire payer cette personne pour détruire cette vidéo.

Vous avez été surpris ?

Sur le coup, que ce soit Karim, oui… Après, quand tu connais le dossier, rien ne me surprend plus. Vouloir m’inciter à voir quelqu’un, me dire en plus qu’il a vu la vidéo, alors que j’ai su après qu’il ne l’avait pas vue, c’est quand même assez… surprenant. Pourquoi faire ça ? A un collègue de l’équipe de France, dans le cadre en plus de l’équipe de France… Si tu veux me faire rencontrer quelqu’un, bon, je ne suis pas con quand même, j’ai 31 ans.

Qu’avez-vous répondu à Karim Benzema ?

Je suis entré dans son jeu, je lui ai dit, moi j’aimerais bien payer pour ma liberté, mais on sait tous que si on paye, c’est interminable, il y aura toujours des copies, etc. Et lui me dit : « T’inquiète pas, j’ai une totale confiance en mon ami, il n’y aura plus de doubles, ils seront détruits… » Il insistait beaucoup pour me faire rencontrer son ami.

Karim Benzema a-t-il été pressant ?

Dans sa façon de parler, il n’a pas été agressif, il ne m’a pas parlé d’argent concrètement, directement, mais quand tu insistes pour me faire rencontrer quelqu’un… pffff. Moi, j’ai jamais vu quelqu’un qui va faire détruire une vidéo gratuitement juste parce qu’il m’adore ! Faut éviter de prendre les gens pour des idiots.

Dans les discussions, j’ai dit à Karim : « T’as vu, Djibril, il a eu la même chose, en 2008. » Et il m’a répondu : « Et alors, il a payé ? » Je lui ai dit : « Ben ouais, il a payé. » Lui : « Et c’est sorti ? » Je lui ai dit : « Ben non. » Après, il m’a répété plusieurs fois que j’avais affaire à « des gros voyous ». Il m’a dit : « C’est quand même chaud, la vidéo. Je sais que moi, la famille et tout… Faut être costaud. » Bon, il m’a dit aussi : « Si tu veux pas, laisse-les filer, y a pas de souci. Après, je peux te présenter mon ami… » On en revient toujours à ça. Je suis plus que déçu. Je me dis que c’est un manque de respect, tout simplement. Tu ne peux pas avoir un comportement comme ça avec quiconque. A la fin, au moment de partir, Karim m’a dit : « Je fais quoi ? Je donne ton numéro ? Je te donne son numéro ? »

Mais vous ne l’avez pas fait ?

Non. Parce que Karim sait très bien – même si on n’a jamais parlé d’argent, je pense qu’il est quand même un peu intelligent – qu’à partir du moment où je rencontre cette personne, c’est pas pour des cacahuètes…

Donc on ne peut pas dire que Karim Benzema a fait pression sur vous mais qu’il vous a incité à voir ces personnes ?

Oui, mais inciter, ça veut dire : « Il va falloir que tu payes. » Indirectement.

Que s’est-il passé ensuite ?

Karim a essayé de m’appeler. Pas avec son téléphone et pas sur le mien mais sur celui d’un membre du staff de Lyon. On était au Zénith Saint-Pétersbourg [où l’Olympique lyonnais a joué le 20 octobre en Ligue des champions]. Il me dit : « Mat, mon nom est sorti, c’est quoi ce bordel, je ne peux pas être dans des affaires comme ça… » Je lui réponds : « Karim, écoute, y a rien de spécial, t’as rien fait, y a pas de souci. » Mais au fond de moi, je me dis que c’est quand même bizarre qu’il ait voulu me faire rencontrer cette personne-là. Après il me dit : « Il va falloir faire un démenti, c’est chaud, ça va prendre des proportions de fou, moi j’ai une fille et tout. » Je lui réponds : « Karim, ça ne vient pas de moi. En bon citoyen, j’ai juste porté plainte. Après, j’y peux rien si dans les écoutes téléphoniques il y a ton nom qui ressort à plusieurs reprises. » Et sur le démenti éventuel, je lui dis : « Je ne peux pas le faire tout de suite, je vais attendre et voir. » Ensuite, j’ai essayé de le rassurer en lui disant : « Si un jour je dois le faire, je le ferai, je l’ai fait pour Djibril… Mais pour l’instant, je ne peux rien faire. » A ce moment-là, je sais bien que la grosse différence entre Djibril et Karim, c’est que Djibril ne m’a jamais demandé de rencontrer quelqu’un. Alors que Karim, lui, l’a fait. Donc je lui dis : « Le démenti, je le ferai, mais uniquement si j’ai les éléments. » Sinon, moi, j’ai l’air d’une trompette après.

Quelle est votre réaction lorsque vous découvrez le contenu des écoutes de la conversation entre Karim Benzema et son ami Karim Zenati à votre propos sur Europe 1 et dans L’Equipe le 11 novembre ?

Forcément tu es déçu, plus que déçu. Ses propos témoignent d’un manque de respect. Moi, je respecte tout le monde, mais là, j’ai l’impression de me faire prendre pour un con… Beaucoup de gens veulent me déstabiliser, mais je me relèverai toujours, comme je l’ai toujours fait.

Dans ces écoutes, Karim Benzema tient des propos injurieux [« ils vont lui pisser dessus »] à votre encontre…

Oui, voilà. A un moment, je ne peux pas défendre l’indéfendable. Même à mon pire ennemi, je ne ferais pas ça.

Vous avez été victime d’un racket puis découvert que votre coéquipier était impliqué dans cette affaire. Qu’est-ce qui est le plus dur à encaisser ?

Le deuxième point, forcément, parce que c’est un collègue de l’équipe de France. Lorsque je me rends à ma première audition, je suis loin d’imaginer qu’il y a Karim Benzema dans cette histoire. Mais bon, les enquêteurs n’ont pas attendu de savoir ce qu’il s’est dit entre Karim et moi pour qu’il soit mis en examen. D’ailleurs, les policiers m’ont dit : « Ne vous en faites pas, on n’a pas besoin de votre témoignage. »

Vous en voulez à Karim Benzema ?

Je ne peux être que très très très déçu, et constater que la relation avec Karim, elle n’est pas aussi sincère qu’il pouvait peut-être le prétendre.

D’après nos informations, l’enquête laisse apparaître que Samir Nasri s’était proposé pour jouer les intermédiaires à la place de Benzema ?

Oui, pfff. Après, c’est quelqu’un qui n’est plus en sélection. Mes relations ont toujours été difficiles avec Nasri. Maintenant, plus rien ne me surprend. Quand tu es dans une histoire de racket et que tu trouves ces noms-là, c’est presque comme si tu étais chez les fous.

Vous ne pensiez pas tomber sur deux joueurs de l’équipe de France en déposant plainte ?

Je n’y pense pas une seule seconde, je pense que ce sont des petits brigands de Marseille qui veulent se faire des sous…

En témoignant devant la juge, vous avez pris le risque de vous brouiller avec Karim Benzema ?

Mais que ce soit Karim Benzema ou qui que ce soit d’autre, la justice est pour tout le monde. Moi, je défends mon honneur, je suis victime, j’ai pas envie de passer pour une trompette, je suis droit dans mes baskets, je peux me regarder en face dans une glace. Par ailleurs, si c’était moi qui avait fait ça, on ne m’aurait pas loupé. Et c’est normal.

Moi, j’ai des valeurs. Dans cette affaire, les intermédiaires n’auraient jamais pu penser un seul instant que j’allais porter plainte. Donc ils ont été pris de court. Ils se sont dit, lui, ça va être le bon petit samaritain…

Beaucoup pensaient que vous alliez dédouaner Benzema devant la juge d’instruction…

Oui, mais ça ne s’est pas passé comme ça ! Il faut bien comprendre que là, on n’est plus dans le football, on est dans la justice. C’est une affaire de racket, ça ne se fait pas. Moi, j’ai tout simplement dit ce qui s’est passé, et mon ressenti a été confirmé par les investigations. C’est pas de ma faute si Karim s’est mis là-dedans… De toute façon, dans l’histoire, il a tout faux.

Votre cohabitation en équipe de France s’annonce délicate…

C’est sûr qu’il y a un après, mais ce qui est certain aujourd’hui, c’est que moi je suis victime. Maintenant, jouer pour mon pays, c’est toujours quelque chose d’extraordinaire pour moi, c’est ma bouffée d’oxygène. Et je n’ai pas été convoqué la dernière fois.

Vous l’avez compris ?

J’ai eu une discussion avec le coach, avec qui j’ai de très très bons rapports, on se dit les choses franchement. Donc au début, ça a été difficile à accepter, parce que je l’ai vécu comme une double peine. Je suis sanctionné alors que je suis victime. On marche sur la tête ! Mais après, avec du recul, je me suis dit que le coach voulait me protéger par rapport au groupe. S’il prend ce type de décision, c’est qu’il a raison. Maintenant, il y a un Euro et l’équipe de France, c’est très fort pour moi.

Donc aujourd’hui, si vous retrouvez votre meilleur niveau, vous estimez que vous n’avez pas de raison de ne pas retrouver les Bleus ?

Mais ça n’a rien à voir avec le niveau, j’ai toujours été performant avec l’équipe de France. Je pense que je suis régulier depuis ma première sélection en 2010 ! Après, des mauvaises passes, tous les joueurs en traversent, y compris des joueurs sélectionnés en équipe de France – on peut en citer plein –, mais là on ne parle plus de sport mais d’une affaire extrasportive, très délicate à gérer pour le sélectionneur, ce que je peux comprendre. Moi, je veux passer à autre chose. J’ai parlé à la juge et à vous, et maintenant je veux me consacrer au football et à l’équipe de France. Je me suis toujours bien comporté, je n’ai aucun problème avec personne.

Vous n’avez pas peur d’être mis à l’écart du groupe France ?

Mais pourquoi ?

Parce qu’on pourrait vous accuser d’avoir provoqué la mise à l’écart de Karim Benzema, le meilleur buteur actuel de l’équipe de France…

Mais moi, je ne suis pas maître de tout ça. C’est pas moi qui me suis mis dans cette histoire. Je suis une victime. Et la seule chose que j’ai faite, c’est de me défendre !

Pourriez comprendre que Didier Deschamps, pour des raisons de cohésion du groupe ou d’image, ne vous retienne pas pour l’Euro 2016, à cause de l’affaire ?

Non, je ne pourrais pas le comprendre, mais aujourd’hui on est loin de ça, il est bien trop tôt pour qu’on se pose la question.

Pouvez-vous imaginer que Benzema revienne en équipe de France et que vous puissiez rejouer ensemble ?

Personnellement, je n’ai jamais eu de problème pour jouer avec Karim, bien au contraire. Il n’y a pas de souci. Jouer avec des gens avec qui je ne me suis pas bien entendu, à Marseille, je l’ai fait. Pour moi, en équipe de France, le groupe passe avant tout, avant les individualités, les ego.

Donc vous ne refuseriez pas de jouer avec Benzema ?

J’essaie de faire la part des choses entre le côté justice et le côté sportif. Ce que conclura la justice, ce n’est plus de mon ressort. Donc je peux rejouer avec lui. Après, que ce ne soit pas mon meilleur ami, bien sûr.

Avez-vous reçu le soutien des joueurs ?

Des joueurs, en sélection, avec qui j’entretiens de très bonnes relations, m’ont envoyé des messages. Et bien sûr j’ai reçu un grand soutien des joueurs de Lyon au quotidien.

Et de la Fédération française de football ?

Je n’ai pas eu de soutien. Quand on ne sait pas ce qu’il y a dans le dossier, qu’on puisse défendre Karim, OK, mais qu’on parle aussi de moi ! Encore une fois, dans cette histoire, je suis victime. Le président [de l’Olympique lyonnais] Aulas me fait énormément confiance, et prend souvent ma défense. Mais au niveau de la fédération, je n’ai reçu aucun signe. Je ne vais pas m’apitoyer sur mon sort, c’est juste un constat.

Fabrice Lhomme
Journaliste au Monde

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