Affaire « Bédié a financé des armes contre Gbagbo » : Le Pdci panique et attaque le camp Soro

Par IvoireBusiness/ Débats et Opinions - Affaire « Bédié a financé des armes contre Gbagbo ». Le Pdci panique et attaque le camp Soro.

Guillaume Soro, Henri Konan Bédié, et Alassane Ouattara, en 2014 à Daoukro lors du lancement de l'appel de Daoukro.

Le Pdci-Rda est littéralement terrassé. Frappé de plein fouet par l’accusation portées contre son président Henri Konan Bédié par Touré Moussa, le directeur de communication du président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro. Accusation selon laquelle Bédié aurait participé à l’achat des armes de la rébellion du Mpci de 2002 contre Laurent Gbagbo. La preuve de la panique : sa levée de bouclier contre l’auteur de l’accusation alors que lui-même Pdci et Bédié sont dans le même groupement politique au pouvoir, Rassemblement des Houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp). Une alliance jouissant pourtant des fruits de cette rébellion. « … Ce sont des histoires … c’est faux… », a réagi le Pr Kakou Guikahué, secrétaire exécutif en chef du Pdci-Rda dans le Nouveau Réveil du jeudi 1er juin 2017. Et le confrère précise la réponse de Guikahué à Touré Moussa en ces termes : « Plainte contre Touré Moussa : le dossier au S.E du Pdci chargé des Affaires juridiques ». Et pourquoi Bédié ne serait-il pas capable d’acheter les armes contre Laurent Gbagbo ? Selon Guikahué, « Bédié, homme de paix, ne peut pas, ce n’est logique ». Et pourquoi ? Parce qu’à son avis, « Tu ne peux pas aller à Marcoussis et dire à quelqu’un qu’on veut dégommer qu’il faut qu’il reste et puis aller acheter des armes contre lui. Non, ça ne tient pas route ». Le Pdci est donc tellement touché par cette affaire qu’il veut porter plainte contre Touré Moussa, le porte-voix de Guillaume Soro, une autorité de la mouvance présidentielle où siège le vieux parti. Mais avant la réaction du secrétaire exécutif en chef du Pdci-Rda, le Nouveau Réveil avait déjà vu dans l’action de Touré Moussa, une mission de déstabilisation du Pdci pour des visées électorales de 2020. Ainsi dans sa livraison du mardi 30 mai 2017, le confrère titrait à sa Une : « Après les attaques de Touré Moussa contre le président Bédié, La thèse du complot contre Bédié se précise/ Touré Moussa n’a pas agi seul ». Et selon le journal proche du parti, pour l’inconditionnel de Bédié, N’Goran, un cadre de banque, « Ce qui s’est passé n’est ni plus ni moins qu’un complot savamment préparé et orchestré dans le but de nuire. Bédié et le Pdci ne parlent pas le langage des armes. Même lorsqu’il a été renversé en 1999 par des mutins dont certains ont refait surface en 2002, l’on n’a jamais parlé de découverte d’armes dans sa résidence à Daoukro, ou financé des caméras de la télévision… »
Le Pdci comptait sur les partisans de Gbagbo pour 2020
Pourtant, Bédié et le Pdci vivent et s’épanouissent au milieu de gens qui parlent « le langage des armes ». Le camp Bédié parle de complot parce qu’il voit dans les révélations de Touré Moussa, une hypothèque sur les ambitions du Pdci en 2020 : « Et si cela visait le Pdci et 2020 ? », s’interroge l’auteur de l’article d’ouverture du dossier consacré aux « Attaques des proches de Soro contre le président Bédié ». Or, nulle part Touré Moussa n’a parlé du Pdci, mais de Bédié. A moins que Bédié soit le candidat déjà désigné du vieux parti pour la présidentielle de 2020. Pourquoi cette panique ? L’article explique : « L’accusation, même puérile pourrait avoir pour objectif de passer Bédié pour celui qui est le plus contre Gbagbo.» Et de poursuivre « Au moment même où le président de l’Assemblée nationale, Soro Guillaume, qui rappelle « j’avais 29 ans quand pour la première fois j’ai déclaré et assumé la rébellion en Côte d’Ivoire. J’ai même écrit un livre : « Pourquoi je suis devenu un rebelle », parle de réconciliation avec tout le monde et se faire rapprocher de Alain Toussaint l’ex-porte-parole de Gbagbo. » On voit ensuite les calculs du Pdci derrière son intention de réconciliation ainsi menacée et sa conviction qu’être contre Gbagbo peut coûter extrêmement cher : «En d’autres termes, l’accusation tendrait à montrer que Bédié et le Pdci-Rda n’ont pas droit à la réconciliation, et partant, dans la perspective de 2020, les militants du Fpi devraient prendre comme leurs ennemis là où ils offriraient la réconciliation aux autres dont le camp de Soro ». Et conclusion égoïste : « De fait, il serait alors loisible de combattre le Pdci-Rda de Bédié contre qui on aura déjà ligué ceux vers qui on fait les yeux doux et dont on attend une amnésie coupable ». En clair, Bédié et Pdci-Rda ne veulent pas être accusés d’avoir financé les armes contre Gbagbo. Parce qu’ils veulent pouvoir en 2020, bénéficier des suffrages des militants du Fpi et partisans de Gbagbo. Et pour cela, l’article intitulé « Touré Moussa n’a pas agi seul » étonne quand il parle de l’achat d’armes : « Il n’a pas agi seul et on serait bien curieux de connaître les motivations de ceux qui veulent plonger le nom du président Bédié dans une affaire aussi sale et puérile d’achat d’armes ». Cette affaire serait donc si « sale » ? Si l’achat d’armes dans ces conditions est si indigne et « sale », que font alors Bédié et le Pdci depuis la rébellion de 2002 dans ce milieu de ceux qui pratiquent le langage des armes ? Voulaient-ils continuer de tromper les Ivoiriens et l’opinion en se faisant passer pour des saints alors qu’ils se trouvent dans des pratiques scandaleuses ? Doumbia Major, un autre sachant, compagnon de Soro dans la rébellion, est monté au créneau (In Le Quotidien d’Abidjan No 2055 du jeudi 1er juin 2017) pour demander au Pdci et au Rdr d’être conséquents avec eux-mêmes : « Le Pdci, le Rdr, le Mfa etc. faisaient partie du camp anti-Gbagbo dont le Mpci devenu forces nouvelles à l’initiative de Bédié, était la force militaire (…) Les forces nouvelles n’ont été que la main qui a agi, mais le cerveau reste les partis réunis au sein du Rhdp (…) Le Pdci et le Rdr doivent assumer clairement leur soutien à la rébellion au lieu de chercher à se présenter comme des « monsieur propre » d’une action dont ils continuent d’ailleurs de jouir des fruits !» L’affaire est sérieuse. Et le Pdci et Bédié ne peuvent pas la minimiser. C’est comme la débandade. Mais s’il y a un tel tremblement, jetant au devant de la scène Pr Kakou Guikahué, secrétaire exécutif en chef du Pdci-Rda, alors qu’on ne parle que d’Henri Konan Bédié et non du Pdci, c’est que le coup a été dur. Persuadé que son allié le Rdr ne lui fera pas la passe, le Pdci bâtit ses rêves présidentiels de 2020 sur l’électorat de Gbagbo. Quelqu’un qu’il a aidé Alassane Ouattara à envoyer en prison à la Cpi depuis plus de six ans. D’où la panique provoquée par la révélation de Touré Moussa.

Une contribution de Germain Séhoué
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