2017, le Débat : ce qu'il faut retenir du duel Macron-Le Pen

Par RTL...2017, le Débat. Ce qu'il faut retenir du duel Macron-Le Pen.

Marine Le Pen et Emmanuel Macron.

ÉCLAIRAGE - Les deux derniers candidats en lice pour la victoire à l'élection présidentielle se sont affrontés au cours d'un débat tendu, marqué par de nombreux accrochages et joutes verbales.

Par Romain Renner 

Journaliste RTL

Un combat. Marine Le Pen et Emmanuel Macron se sont livré un véritable affrontement, au ton extrêmement agressif, ce mercredi 3 mai dans le cadre du débat de l'entre-deux-tours de la présidentielle. Dès les premiers mots échangés, les deux adversaires ont montré toute l'animosité qu'ils éprouvent l'un pour l'autre. S'ils ont tenté de dérouler le fil de leur programme, les deux candidats ont vu leurs développements régulièrement perturbés par les interventions de leur opposant.

Emmanuel Macron et Marine Le Pen ont passé une grande partie du débat à s'invectiver et s'accuser mutuellement de mensonges, d'imprécisions et de méconnaissance des dossiers. Les deux candidats qualifiés pour le second tour de la présidentielle ont toutefois pu démontrer, si besoin en était, qu'ils ne défendaient pas du tout les même projets pour la France.

Le quinquennat de Hollande en ligne de mire

Le premier thème de la soirée concernait l'économie. Il a donné l'occasion à Marine Le Pen d'attaquer Emmanuel Macron sur son bilan d'ancien conseiller puis ministre de François Hollande. "Monsieur le ministre de l'Économie", a-t-elle démarré, avant de lui reprocher de favoriser "les grands groupes" via "le CICE" et de n'avoir "rien fait pour les PME et TPE". La candidate soutenue par le Front national n'a pas épargné son adversaire : "Monsieur Macron est le candidat de la mondialisation sauvage, de l'ubérisation, de la précarité, de la brutalité sociale, de la guerre de tous contre tous, du saccage économique, du dépeçage de la France, du communautarisme... Et tout cela, piloté par Monsieur Hollande ! (...) Si vous aviez la recette pour diminuer le chômage, pourquoi est-ce que vous n'avez pas fait profiter monsieur Hollande de vos recettes ?"


"Vous avez démontré que vous n'êtes pas la candidate de l'esprit de finesse, de la volonté d'un débat démocratique équilibré et ouvert. Merci pour cette belle démonstration Madame Le Pen, je ne m'attendais pas à autre chose", a d'abord répondu Emmanuel Macron. Le fondateur du mouvement "En Marche !" a ensuite accusé son adversaire de "mensonges" et lui a, à plusieurs reprises, reproché de ne "rien proposer".

Tout au long de la soirée, les deux candidats ont débattu sur le même ton. Marine Le Pen a régulièrement répété à son contradicteur "Et vous n'y êtes pour rien ?" lorsqu'il évoquait une situation qu'il jugeait négative ou une mauvaise décision des précédents gouvernements. En retour, Emmanuel Macron a évoqué à plusieurs reprises Jean-Marie Le Pen, comme pour renvoyer son adversaire au Front national dont elle tente de s'éloigner depuis qu'elle a accédé à sa présidence. Le candidat arrivé en tête au soir du 23 avril lui a également enjoint de "parler de son projet plutôt que de dire des bêtises sur le (sien)" à de multiples occasions.

Des divergences de fond, de formes... et de données

À plusieurs occasions, les deux candidats se sont contredits sur des dossiers précis, partant de constats et de faits différents pour fonder leur raisonnement. La discussion s'est d'abord orientée sur "les grands groupes", Marine Le Pen considérant qu'Emmanuel Macron défend leurs intérêts. La candidate du Front national a pris l'exemple de SFR, qui a été rachetée par Patrick Drahi. "Vous défendez des intérêts privés, mais derrière il y a de la casse. 6.000 emplois perdus", a-t-elle lâché. "Je n'étais pas ministre quand SFR a été vendue", lui a répondu Emmanuel Macron.

"Vous avez déjà commis ce mensonge devant 10 millions de personnes, lors du débat (du 20 mars) quand M. Dupont-Aignan vous a posé la question. Évidemment, vous étiez ministre. M. Montebourg (prédécesseur d'Emmanuel Macron à Bercy, ndlr) refusait que SFR soit vendue à M. Drahi, et le jour où M. Montebourg a été remplacé par vous, M. Macron, immédiatement vous avez signé la vente." Emmanuel Macron s'est défendu : "SFR était la propriété d'un groupe privé, qui s'appelle Vivendi. Nous sommes dans un État où la propriété privée est respectée, c'est le groupe Vivendi qui l'a vendue."

Selon Marine Le Pen, la France donne plus à l'Union européenne que ce qu'elle reçoit : "9 milliards d'euros". Emmanuel Macron l'a immédiatement reprise, évoquant "6 milliards d'euros". Celle qui était encore présidente du Front national a alors accusé l'ancien ministre de mal connaître ses dossiers et de ne pas prendre compte "les frais de douanes" dont la France doit s'acquitter.

En 2015, la dernière année pour laquelle ces chiffres sont connus, la France a touché 14,5 milliards d'euros de la part de l'UE. "La France est un contributeur net au budget de l’UE (c’est-à-dire qu’elle verse un peu plus qu’elle ne reçoit : 4,5 milliards d’euros en 2015)", a avancé ainsi le bureau de la représentation en France de la Commission européenne en décembre 2016.

L'Europe a profondément divisé les deux candidats. La question de la monnaie leur a également donné l'occasion de s'opposer. Marine Le Pen a appelé de ses vœux le retour à une monnaie nationale. "Les Français auront une monnaie nationale et il y en aura une autre qui servira aux banques centrales et aux grandes entreprises afin de commercer entre elles. Ça a existé juste avant l'euro", a-t-elle affirmé. "Donc les grandes entreprises payaient en euros avant ?", l'a faussement interrogé Emmanuel Macron. "Oui, entre 1993 et 2002, cela a fonctionné dans le cadre du 'serpent monétaire européen', et vous le savez très bien", a-t-elle répondu.

Les deux adversaires se sont également accrochés sur la question de la loi Travail, qu'Emmanuel Macron ne veut pas abroger. Marine Le Pen a ainsi parlé de "la loi Macron", ce qui a surpris l'ancien ministre de l'Économie. "Qu'est-ce que vous appelez la loi Macron ?", lui a-t-il demandé. Celle-ci lui a alors répondu : "La loi Macron-El Khomri, allez", accusant de manière implicite l'ancien ministre de l'Économie d'avoir été à la manœuvre lors de sa création.

Le choc des mots

Outre le débat d'idées, cette soirée a régulièrement tourné au pugilat verbal, amenant les deux candidats à se tacler à coups d'accusations, reproches et attaques personnelles. "Vous n'êtes pas digne d'être garante des institutions car vous les menacez (...) La France mérite mieux que vous", a notamment asséné Emmanuel Macron à sa concurrente. Le favori des sondages a régulièrement reproché à Marine Le Pen de "dire des bêtises", de "mentir" et l'a renvoyée aux ennuis judiciaires du Front national : "Le parti des affaires, c'est le vôtre".

Face à cela, Marine Le Pen a rappelé à Emmanuel Macron son passé de "banquier" et l'a plusieurs fois qualifié d'"héritier de monsieur Hollande". La candidate soutenue par le Front national a également accusé Emmanuel Macron d'être le "candidat de la soumission" : "Vous êtes à plat-ventre en permanence".

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