Insécurité et impunité en Côte d’Ivoire : Les Frci et les dozos tuent, Ouattara reste silencieux

Le 29 février 2012 par Notre voie - Les Frci et les dozos tuent, Ouattara reste silencieux.

La Côte d’Ivoire vit dans une totale insécurité depuis dix mois que Ouattara est au pouvoir. Les populations ivoiriennes baignent dans la

psychose. Les milices du pouvoir composées des Frci et des dozos sont auteurs de diverses exactions sous le regard silencieux du nouveau chef de l’Etat.
Les populations de Bonon (localité du Centre-Ouest du pays) se remettent difficilement du traumatisme dans lequel les a plongés la barbarie du Rdr et de sa milice armée pompeusement baptisée « armée de réserve ». Le bilan partiel de cette violence qui a opposé le Rdr aux casques bleus de l’Onuci fait état de 7 morts, des blessés et d’importants dégâts matériels. Le dimanche 26 février dernier, aux environs de 20 h, le dépouillement pour les législatives partielles de Bonon donnait 5654 voix au candidat indépendant mais soutenu par le Pdci, Kouadio Kouassi Denis, et 2951 voix pour le candidat du Rdr, Koné Yacouba. Selon des sources concordantes sur place, tout portait à croire que l’écart entre les deux candidats allait se creuser de plus en plus. Au nombre des bureaux de vote restant figuraient les deux bureaux de vote de Gbangbokouadiokro, un campement baoulé comptant 1240 inscrits. Ce campement est favorable au candidat soutenu par le Pdci. Le Rdr sent donc sa défaite se profiler à l’horizon. Le parti de Ouattara décide alors de faire ce qu’il sait accomplir le mieux : la violence politique, le vol et la destruction des urnes. Evidemment, le campement de Gbangbokouadiokro est le premier site dans le viseur des miliciens du Rdr. Alertés, les forces onusiennes se rendent dans ce campement. Et c’est au moment où les casques bleus de l’Onuci escortaient les urnes et les procès-verbaux qu’ils sont attaqués par les miliciens du Rdr au niveau de Gobazra, un village de la commune. Les militants du Rdr ouvrent le feu sur les forces onusiennes, leurs alliés d’hier. La réplique des casques bleus est fatale : 7 morts dans les rangs du Rdr. En représailles, le Rdr et sa milice s’attaquent aux populations gouro et baoulé. Plusieurs maisons sont pillées et brulées.
Déjà vendredi dernier, les militants du Rdr s’en étaient pris violemment au président de la JPdci, Kouadio Konan Bertin dit Kkb, allé soutenir à Bonon, le candidat de son parti. Les miliciens du Rdr l’avaient bastonné. Et pourtant, le Pdci est l’allié principal du Rdr dans le cadre du Rhdp. Comme quoi, le parti de Ouattara n’a pas d’état d’âme quand il se sent battu à une élection. Pour lui, seule la fin justifie les moyens et les méthodes. Et comme les militants du Rdr possèdent des armes qui leur ont été distribuées au temps fort de la rébellion armée, ils opèrent avec aisance sous le regard impuissant des policiers et des gendarmes désarmés par le régime Ouattara.

Bonon, Facobly… tout le pays Wê
La situation de Bonon n’est pas un cas isolé. A Facobly, dans le pays Wê, les miliciens du Rdr ont détruit 24 bureaux de vote (BV) quand ils ont senti la défaite de leur candidat poindre à l’horizon. Heureusement, les autres BV ont pu être sauvés par l’Onuci qui a transporté les urnes à Man où le dépouillement s’est déroulé. Les résultats ont dévoilé la défaite cuisante du candidat du Rdr. En vérité, le Rdr ne peut pas remporter en Côte d’Ivoire, une élection démocratique, juste et transparente. Mais ce n’est pas seulement en période électorale que les miliciens du Rdr se dévoilent. Depuis une semaine, les populations de nombreux villages du département de Gagnoa vivent le martyr. Des individus, armés et vêtus de treillis ou en tenue de dozo (supplétifs des Frci), transportés nuitamment dans des mini-cars s’attaquent aux paysans. Sous la me-nace de leurs armes, ils leurs prennent tout : argent et biens matériels. Ainsi les villages de Digbeugnoa, Todiognoa, Dagodio et Guessihio sur l’axe Gagnoa-Guibéroua ont été attaqués. Une semaine auparavant, c’était les villages de Kokouezo et Gnalihépa sur l’axe Gagnoa-Ouragahio qui étaient pris pour cibles par les hommes de Ouattara. Le dimanche 12 février dernier, la Côte d’Ivoire a été réveillée par des affrontements entre les forces armées pro-Ouattara et les populations d’Arrah. Le bilan a fait 3 civils morts, plusieurs maisons pillées et brûlées.
Gnagbodougnoa, Bonoua, Divo, Vavoua, Alépé, Issia… attaqués
Les localités attaquées par les forces armées pro-Ouattara sont légions. Taï, Gnagbodougnoa, Bonoua, Divo, Vavoua, Alépé, Issia, Saïoua, Sikensi etc., ont toutes subi la terreur des Frci et des dozos. Si on ajoute à tout cela, les ravages faits par les coupeurs de route, les braquages et les attaques de domiciles, on se rend compte que la Côte d’Ivoire a atteint le summum de l’insécurité. On peut même dire que notre pays constitue une poudrière à ciel ouvert. Les populations ne dorment plus que d’un œil. Ce qui est inquiétant dans cette affaire, c’est que ces malfaiteurs opèrent dans l’indifférence totale de Ouattara et de son gouvernement. Depuis que les Frci tuent, pillent et brûlent, aucun élément n’a été interpellé parmi eux. Et pourtant, ils ne sont pas inconnus des gouvernants. Tout porte à croire que les Frci et les dozos sont protégés par le pouvoir. Les discours que le pouvoir Ouattara tient le prouvent. A Taï, quand les populations ont exigé que les Frci quittent leur ville après les exactions commises, le ministre délégué à la défense, Paul Koffi Koffi, a menacé en ces termes : «celui qui ne veut pas voir les Frci, doit quitter le pays». Pour lui, les populations doivent subir les Frci et ne rien dire.

Le silence coupable du pouvoir
Dans le cas échéant, ces populations peuvent rejoindre d’autres Ivoiriens exilés au Libéria ou au Ghana. Le ministre délégué, Paul Koffi Koffi, est revenu récemment à la charge à Arrah. « Les Frci ne quitteront jamais les villes sous la pression des populations », a-t-il martelé à la face d’une population locale en détresse. Et pourtant, quand les Frci avaient tué des civils à Vavoua, Alassane Dramane Ouattara, en colère, avait donné 48h à l’Etat-major général pour les encaserner. On saura plus tard que cette colère était liée au fait que les civils tués étaient des militants du Rdr, ressortissants du nord. Cependant, on constate que plus de deux mois après l’ultimatum de Ouattara, les Frci sont toujours dans les rues et sévissent plus que jamais. On peut donc en déduire que c’est le ministre délégué à la défense qui traduit réellement la volonté du gouvernement. Celle de maintenir les Frci et les dozos dans les villes, villages et hameaux pour gouverner sous la menace de leurs armes. Selon les sources concordantes, Ouattara est impuissant devant les Frci et les dozos qui pullulent dans le pays. Parce qu’il ne les aurait pas payés après les avoir utilisés dans la rébellion armée. Ceux-ci auraient donc décidé de se faire payer à travers les pillages, vols et agressions. La Côte d’Ivoire est donc installée pour longtemps dans l’insécurité.

Boga Sivori bogasivo@yahoo.fr