Reçu au Golf hôtel hier: Mamadou Koulibaly dit ses vérités à Alassane Ouattara!

Publié le jeudi 21 avril 2011 | L'Inter - Le président de l'Assemblée nationale, Mamadou Koulibaly, a été reçu hier mercredi 20 avril 2011 par le chef de l'Etat, Alassane Ouattara. Le chef du Parlement était porteur d'un message de la conférence des

présidents de l'Assemblée nationale, avec qui il venait d'avoir une réunion à huis clos. Voici l'intégralité de la déclaration de Mamadou Koulibaly à sa sortie d'audience.

Mamadou Koulibaly, président de l'assemblée nationale.

Publié le jeudi 21 avril 2011 | L'Inter - Le président de l'Assemblée nationale, Mamadou Koulibaly, a été reçu hier mercredi 20 avril 2011 par le chef de l'Etat, Alassane Ouattara. Le chef du Parlement était porteur d'un message de la conférence des

présidents de l'Assemblée nationale, avec qui il venait d'avoir une réunion à huis clos. Voici l'intégralité de la déclaration de Mamadou Koulibaly à sa sortie d'audience.

« J'étais à Accra, j'ai reçu un appel du président Ouattara qui souhaitait me rencontrer. J'avais moi aussi un certain nombre de choses à discuter avec lui, je suis arrivé hier (mardi 19 avril), et ce matin, j'ai eu une audience avec lui. Nous avons parlé de plusieurs sujets, en particulier, je lui ai fait part des préoccupations des députés qui aimeraient bien qu'en tout début de mandat, nous puissions nous inscrire dans la légalité constitutionnelle. Donc, que les ordonnances qui sont prises en ce moment puissent faire l'objet d'une autorisation de l'Assemblée nationale et une régularisation. Et le président a donné son accord. Les députés ont suggéré aussi que nous puissions entrer dans l'application de la Constitution, surtout les problèmes de l'Etat de droit, de respect des libertés individuelles. Le président de la République m'a dit qu'il était conscient de la question et qu'il prenait les dispositions pour qu'il en soit ainsi. Au nom des députés, je lui ai signalé les problèmes de sécurité. L'Assemblée nationale a été pillée, mon domicile à Abidjan et à Azaguié, ma famille menacée et pillée. C'est aussi vrai pour l'ensemble des députés. Nous avons trouvé un corps en putréfaction à l'Assemblée nationale, tous les bureaux cassés et pillés. Les députés se sont demandé dans quelle mesure avoir la sécurité. Le président a donné des instructions pour que l'Assemblée soit sécurisée, parce que depuis les pillages, chaque jour il y a des gens qui passent pour ramasser encore ce qui est resté.
Nous avons parlé d'Etat de droit. Expliqué qu'il était important qu'en début de mandat, conformément au vœu de l'Union africaine, que le président puisse avoir une prestation de serment régulière. Le président a donné son accord. Et je crois savoir, si je ne trahis pas de secret, que le président du conseil constitutionnel, Yao N'dré est en route pour Abidjan et probablement arrive demain et très rapidement, le président m'a dit qu'une cérémonie sera organisée pour rester conforme au voeu de l'Union africaine.
Je lui est dit par ailleurs que par rapport à la sécurité, de nombreux militants du Fpi et de Lmp, ceux qu'on appelle pro-Gbagbo, étaient très inquiets pour leur sécurité dans les quartiers, qu'ils étaient dénoncés, indexés comme si être militants de ce mouvement était une tare, ils se cachaient, ils se sentaient brimés. Ceux qui ont fui et qui sont au Ghana, au Togo et au Bénin, ce serait bien qu'on puisse aller vers une détente pour que rapidement, ces militants se sentent sécurisés dans les quartiers.
Je lui ai de surcroît signalé plusieurs appels reçus d'amis, de familles et de populations qui disent que nous sommes poursuivis et battus dans les quartiers, simplement parce que nous sommes Bété. Cela ne peut pas être un défaut. L'ethnie n'est pas un défaut. L'on peut reprocher des choses au Fpi, ce n'est pas aux Bété qu'il faut faire payer. Si l'on veut reprocher des choses à Laurent Gbagbo, ce n'est pas aux Bété qu'il faut faire payer. Jamais nous n'aurions de réconciliation, jamais nous n'aurions de paix. Le président de la République a pris le téléphone, il a appelé les ministres concernés, pour que des enquêtes soient faites rapidement et que cette situation s'estompe. Parce qu'il n' a pas envie de gouverner au nom d'une ethnie ou d'un groupe quelconque.
J'ai profité pour lui dire que l'Assemblée nationale faisait sa séance solennelle d'ouverture mercredi 27 avril 2011, première session ordinaire pour l'année 2011. J'en ai profité pour lui dire que la mission, c'est la tension, l'absence d'Etat pour le moment, les fonctionnaires qui ne vont pas travail, les policiers et les gendarmes apeurés, les militaires effrayés, que ce serait bien qu'il parle aux Ivoiriens encore une fois. mais non pas dans une interview classique comme nous l'avons déjà vu, mais que la tribune de l'Assemblée nationale pourrait être une tribune à partir de laquelle il pourrait exactement dire aux Ivoiriens où il va, comment il veut y aller, avec qui et dans quelles conditions de sécurité, de réconciliation, de détente. Les députés m'avaient demandé de lui adresser une invitation pour le 27 avril pour qu'il vienne s'adresser aux Ivoiriens ; Le président m'a dit qu'il donnait son accord et qu'il se préparerait pour cette date.
Je pense que si dans les quartiers, les uns et les autres arrêtaient de se bagarrer, si ceux qui ont les armes arrêtaient de menacer ceux qui n'en ont pas, si ceux qui sont Rhdp arrêtaient de faire peur à ceux qui ne le sont pas, si les représentants locaux du Pdci et du Rdr arrêtaient de faire peur à ceux qui ne sont pas Rhdp, peut-être que nous aurons une chance extraordinaire de reconstruire ce pays.
Si jamais, certains pensent que l'arrivée de Ouattara au pouvoir c'est le pouvoir au Dioula, le pouvoir aux Nordistes, qu'ils peuvent faire ce qu'ils veulent, alors c'est le chaos promis. Jamais il n'y aura de réconciliation, de paix, d'Etat, de nation. Là où nous sommes, nous sommes loin du fond du puits. C'est vrai que les temps sont durs mais les Ivoiriens pensent que nous sommes tombés, c'est grave, mais il y a pire que la situation dans laquelle nous sommes. Il faut regarder ce qui s'est passé à Haïti ou en Somalie. Donc, on n'a pas encore vu le pire, il existe, faisons tout pour l'éviter ».

Propos retranscrits par H. ZIAO