Massacres de Duekoué par les Forces nouvelles: La polémique sur la barbarie des hommes de Ouattara enfle

La polémique sur la barbarie des hommes de Ouattara enfle.

Le 19 avril 2011 | IVOIREBUSINESS - Cette barbarie des FRCI a cours aujourd’hui a Abidjan, une semaine après la prise du pouvoir d’Alassane Ouattara. Et rien ne semble l'arrêter alors qu'on parle de réconciliation nationale et de vivre à nouveau ensemble. La première ONG

à s’en faire l’écho a été le CICR qui a été choquée par les massacres de 800 civils aux mains nues à Duékoué, à l’Ouest de la Côte d’Ivoire, par les FRCI d’Alassane Ouattara.
Elle a été suivie par Amnesty International qui en plus de révéler les massacres commis par les hommes de Ouattara à l’Ouest, a pointé leur cynisme car tuant des soldats loyalistes se rendant à eux pour faire allégeance, cela dans un souci d'apaisement et de réconciliation nationale.

On parle de plusieurs centaines de soldats loyalistes tués après s’être rendus aux Forces républicaines d’Alassane Ouattara, parfois à l’hôtel du golf, devenu un véritable mouroir. C’est làbas que le ministre Désiré Tagro a été massacré.
Le commandant en chef de la brigade anti-terroriste de Côte d’Ivoire , Réne Dako, voulant répondre à l’appel de la réconciliation des armées d’Alassane Dramane Ouattara a été tué dans une embuscade tendue par les FRCI, avec deux de ses meilleurs hommes.
On parle aussi de Commissaires de police qui auraient été tués après être allés faire allégeance au nouvel homme fort du pays, à l'hôtel du Golf.
A Duekoué, on en sait un peu plus sur la barbarie perpétrée par les hommes de Ouattara sur des civils innocents.
Selon Lopez Glarou, jeune électricien de 31 ans qui s`était caché dans une petite pièce attenante à une boutique au moment des massacres, "Ils sont arrivés, armés de fusils de chasse. Ils ont fait sortir les femmes et réuni les hommes, dont mon papa. Ils ont tué tout le monde pendant que j`étais caché là".
D`après de nombreux témoins, les assaillants étaient des "dozos", des chasseurs traditionnels du nord, munis de fétiches et gris-gris de cuir et de coquillages, engagés aux côtés des FRCI.

L`obscurité et une couverture qui le dissimulait ont fait qu`il n`a pas connu le même sort que son père, qui était le directeur de l`école.
C`est dans cette région instable qu`a démarré fin mars l`offensive des Forces républicaines (FRCI) d`Alassane Ouattara, conclue à Abidjan par la chute du Président Laurent Gbagbo le 11 avril. Mais les combats qui ont permis aux FRCI de prendre Duékoué se sont accompagnés de massacres. Des ONG font état d`un bilan pouvant aller jusqu`à 800 morts.

Habité par des guéré, une ethnie considérée comme favorable à M. Gbagbo, le quartier du Carrefour a été transformé en brasier. Trois semaines plus tard, il reste dévasté. Maisons, écoles, "maquis" (bars-restaurants), une église
même, au milieu de laquelle gît encore un squelette calciné: tout a brûlé.
Comme plus de 28.000 personnes, dont la quasi-totalité des résidents du quartier, Michel Diji, 51 ans, est réfugié à la mission catholique de Duékoué, sous la protection de Casques bleus marocains, dans des conditions sanitaires très précaires.
A ses côtés, Ales, 14 ans, serre contre son cœur un calendrier à l`effigie du Christ, seul objet sauvé des décombres de sa maison. Son père a été tué le 28 mars, mais Michel et ses amis n`ont pu l`enterrer que samedi, n`ayant pas osé revenir plus tôt sur les lieux.
Une tombe sommaire, dans la cour même de sa maison: quelques pelletées de terre et une couverture.
Des étuis de cartouches de fusil de chasse de calibre 12 jonchent le sol dans le quartier.
Les murs sont lézardés et les toits de tôle ondulée se sont effondrés. Il ne reste que quelques vêtements épars, les bribes d`un cahier d`écolier, une brochure roussie par le feu expliquant "comment s`assurer une vie de famille heureuse"...
Quelques résidents ont provisoirement quitté la mission, certains balayent des débris, brûlent des feuilles mortes. D`autres font une nouvelle découverte macabre. "On a suivi les mouches et senti une odeur atroce": un corps a été
jeté dans un puits.
A l`entrée du quartier, un bulldozer a creusé une fosse commune où reposent 212 victimes, selon un officier marocain de la mission des Nations unies en Côte d`Ivoire (Onuci).
Des habitants restent portés disparus, enfuis dans la brousse. "Les dozos les chassent avec des chiens, comme du gibier", affirme Michel.

Christian Vabé