Côte d'Ivoire: "Le Front populaire ivoirien en pleine reconstruction pour la conquête du pouvoir", par Claude Koudou

Par IvoireBusiness/ Débats et Opinions - Côte d'Ivoire. "Le Front populaire ivoirien en pleine reconstruction pour la conquête du pouvoir", par Claude Koudou.

Aboudramane Sangaré (debout) et Marie-Odette Lorougnon.

Il y a une constante que les observateurs de la vie socio-politique de la Côte d’Ivoire doivent absolument intégrée. En effet, la vie politique a ceci de particulier qu’il faut avoir un minimum de lucidité et d’objectivité si on ne veut pas subir le déroulement des faits historiques. Les prédateurs et leurs commis locaux ont voulu frapper Laurent Gbagbo d’ostracisme. Il s’agissait en même temps d’effacer ou de faire oublier tout ce qui apparaissait comme actes matériels et politiques posés par le président Gbagbo. Mais qu’on aime Laurent Gbagbo ou qu’on ne l’aime pas, la réalité reste que cet homme par sa générosité, par sa vision politique, par tout ce qu’il a contribué à inculquer dans une certaine conscience de son pays, reste aimé par son peuple. Ce qui est également vrai, c’est que cet homme rassemble – plus aujourd’hui encore –, au-delà de sa propre famille politique. Cela nous indique une fois de plus que la violence est l’arme des faibles.
Avec une violence inouïe, accompagnée par d’autres actes traumatisants, Ouattara a été installé au pouvoir en Côte d’Ivoire. Le chef de l’Etat ivoirien qui n’a pas la bonne connaissance de la Côte d’Ivoire et de surcroît de ses dimensions sociologiques, s’est appuyé volontairement sur des paramètres aussi fictifs qu’artificiels pour se faire imposer à la tête de ce pays, dont les multiples spécificités ne sont pas à négliger. Dans une logique de raisonnement absurde – un raisonnement par l’absurde aurait peut-être été mieux –, Alassane Ouattara et son clan ont choisi de brimer le peuple, de terroriser tous ceux qui ont une opinion contraire à la sienne. Les tenants de ce pouvoir enlèvent, torturent et emprisonnent à tour de bras s’ils ne commettent pas des exécutions sommaires. Sous ce pouvoir qui n’est rien d’autre qu’une dictature féroce, la vie humaine a été désacralisée. En agissant ainsi, le pouvoir ivoirien, parce qu’il est constitué d’hommes et de femmes violents, s’est tiré une balle dans le pied.
Aussi, la privation de liberté et la mort sont-elles les deux situations abyssales que peut craindre un homme. Les opposants que le pouvoir Ouattara tente de museler depuis des années, ont connu et connaissent toujours pour nombreux de leurs dirigeants, des emprisonnements et l’exil. Qu’est ce que ces opposants peuvent-ils alors craindre encore ? C’est là qu’il faut bien comprendre l’esprit Gbagbo. En effet, les Ivoiriens ont eu peur. Car nombreuses sont les familles qui ont perdu les leurs par les tueries si ce n’est par des disparitions. Mais ils ont, dans la dignité toujours gardé l’espoir même s’ils n’ont pas pu faire le deuil de leurs parents disparus. En fait, par méprise volontaire, on croit pouvoir supprimer l’esprit Gbagbo en isolant ce père du multipartisme ; mais il faut désormais prendre en compte que l’esprit Gbagbo est complètement ancré dans la conscience de plusieurs Ivoiriens. Et ne peut donc disparaître.
Après la parenthèse Affi N’guessan, qui durant plus de treize (13) années, s’est révélé un grand acteur du trafic d’influence et du clientélisme, le FPI s’est remis en marche pour renouer le contrat social qui a été rompu entre les Ivoiriens et lui. De l’avis des dirigeants actuels du FPI, toutes les leçons devront être tirées pour que ce parti engrange tous les avantages de sa modernisation. Il importe de noter que le FPI est un grand parti qui est incontournable sur l’échiquier politique ivoirien. Malheureusement, les dirigeants actuels du pays, par leur cécité volontaire, restent dans une logique de déstabilisation et de prédation, au lieu de changer de cap pour aller sur le terrain de la démocratie. Les grands pays impérialistes, protecteurs de tels dictateurs, n’ont cessé d’accaparer toutes les richesses des pays aux dépens des populations qui ne connaissent donc pas le développement. Avec les migrations qui laissent des spectacles désolants dans la Méditerranée, les Occidentaux devraient repenser leurs rapports économiques avec les pays africains plutôt que de se défausser en choisissant des solutions palliatives qui, par définition ne sauraient être durables.
Le congrès et la fête de la Liberté du Front populaire ivoirien sont prévus pour le 30 avril et le 1er mai. Frileux devant la capacité de mobilisation du FPI et des ses alliés, le pouvoir multiplie les actes de provocation aux fins d’invoquer – si le FPI réagit –, le trouble à l’ordre public pour perturber sinon interdire la tenue des assises. Mais de l’avis des dirigeants, le parti ne cèdera pas aux actes de provocation et travaille à dérouler son programme comme il est annoncé. Il importe de noter que les résolutions du parti concernant les grandes décisions sur le pays notamment les élections présidentielles, seront prises par le Congrès. Ainsi, le parti n’ayant pas encore pris de décisions en ce qui concerne les élections à venir, toutes les annonces en la matière relève d’une imposture.

Une contribution de Claude Koudou
Enseignant-Ecrivain, Directeur de la Collection « Afrique Liberté » chez les Editions L’Harmattan