Révérend Pascal N. TAGOUA: "L’élection présidentielle en Côte d’Ivoire, un passage étriqué qui fait planer l’ombre de la mort"

Par IvoireBusiness/ Débats et Opinions - L’élection présidentielle en Côte d’Ivoire, un passage étriqué qui fait planer l’ombre de la mort.

Révérend Pascal N. TAGOUA.

L’élection présidentielle en Côte d’Ivoire : un passage étriqué qui fait planer l’ombre de la mort.
La Côte d’Ivoire se trouve encore une fois devant ce labyrinthe de la mort. Ce passage étriqué ne laissant passer qu’une seule personne sans que celle-ci n’ait payé au prix fort des âmes de la population ou de la sienne. Hier, c’était plus de 3 000 morts en moins de trois mois avec plusieurs milliers en exil et d’autres dans les geôles.
Alors, comment changer cet antre de la mort en un oasis de paix durable ?
C’est à ce titre que la réussite du scrutin d’octobre 2015 pourra faire école. Cette réussite est donc primordiale pour la stabilité durable du pays. De ce fait, le pouvoir en place se doit d’élargir ces consultations à toutes les forces vives de la Nation afin de garantir les meilleures conditions démocratiques pour son bon déroulement.
Fort malheureusement, le Cabinet du REV TAGOUA constate avec indignation que de graves violations aux principes fondamentales de la démocratie sont de plus en plus récurrentes dans l’actuel climat politique ivoirien.
Rappelons le, au nom de la paix en Côte d’Ivoire et sous la médiation du Président Thabo M’béki, le Président Laurent GBAGBO avait accepté de prendre l’article 48 selon les Accords de Pretoria du 03-06 Avril 2005 pour que tous les acteurs du raccourci de Marcoussis soient candidats à titre exceptionnel à l’élection présidentielle de 2010 uniquement. Ces candidatures par exception n’ont pas été capables de ramener la paix et la réconciliation mais au contraire il en résulte une grande crise post-électorale qui nous a valu de nombreuses pertes en vies humaines et biens.
Après tous ces énormes efforts consentis par le peuple ivoirien et la communauté internationale, nous nous sommes retrouvés avec deux Présidents investis par le même Conseil Constitutionnel aussi coupable que la CEI, une population profondément déchirée, une gestion de l’Etat qui se fait sur des bases ethno-régionales, une justice dite des vainqueurs, de nombreux exilés, des incarcérations arbitraires etc.
Bientôt quatre ans après la fin de la crise postélectorale et à quelques mois de la présidentielle prévue en octobre 2015, le cabinet du Révérend TAGOUA et la population ivoirienne dans sa majorité sont inquiets de l’avenir de ces élections que l’on juge primordiales pour la stabilité de la vie politique en Côte d’Ivoire, challenge que les élections précédentes n’ont pas pu garantir.
En effet, plusieurs indices démontrent que nous allons irréversiblement vers un autre chaos électoral si rien n’est fait pour solutionner tous ces manquements graves aux principes fondamentaux de la démocratie.
Depuis la démission du Professeur Francis WODIE de la tête du Conseil constitutionnel le 03 Février 2015, dont les raisons ont été donné dans un commentaire peu convainquant du Ministre porte-parole du Gouvernement M. BRUNO NABAGNE KONE ; peu à peu les vraies raisons de cette démission vont transparaitre à travers la presse nationale et les interventions des différents leaders de la classe politique ivoirienne.
C’est à ce titre là que nous avons lu avec surprise dans la publication faite par l’Eléphant déchainé (quotidien d’investigation)en sa parution n°326 du vendredi 20 Février que le Ministre GNENEMA COULIBALY en la date du 07 Février 2015 a adressé un courrier de la part du Président de la République au Conseil Constitutionnel lui demandant des informations sur les procédures à adopter pour le changement de l’article 35 de la Constitution. A la requête de cette demande aux intentions clairement affichées de tripatouiller la Constitution sans passer par la voie ultime indiquée qu’est celle du référendum pour casser l’arrêt du Président TIA KONE qui déclarait l’inéligibilité de M. OUATTARA. C’est à cette demande que fut opposée un refus sans appel du Président du Conseil Constitutionnel Francis WODIE qui a pris le soin de signifier que cette action juridico-politique n’était pas sans risque et qu’il fallait nécessairement passer par un Référendum.
De ce qui précède, nous comprenons mieux la démission du Président WODIE qui a refusé d’être un artisan du tripatouillage de la Constitution pour permettre au Président OUATTARA de se déclarer éligible.
Parlant de se représenter comme candidat à la présidentielle d’octobre 2015, le Président OUATTARA s’est justifié en déclarant ceci : « ce qui a été fait en 2010 vaut jurisprudence en 2015 en attendant la modification de la Constitution ». C’était à San-Pedro lors de sa visite d’Etat le 08 Mars 2015.
En évoquant la jurisprudence, le Président Alassane OUATTARA ne peut en aucun cas être candidat. Nous en voulons pour preuves les interventions consécutives des juristes Me KOUAME Faustin (constitutionnaliste) et de Sery Boagnon parues respectivement dans les quotidiens « Le Bélier intrépide » N°046 du vendredi 06 Février 2015 et « Aujourd’hui » N°844 du 10 Mars 2015 sont édifiantes en la matière. Mais, nous avons poussé nos recherches un peu plus en profondeur en consultant des juristes neutres et probants en la matière ; voici leur définition de la jurisprudence :
La jurisprudence désigne l’ensemble des décisions de justice relatives à une question donnée. Il s’agit donc de décisions précédemment rendues, qui illustrent comment un problème juridique a été résolu. La jurisprudence est constituée d’abord des décisions rendues par les hautes cours nationales, mais aussi, avec un poids moindre, de celles rendues par des cours.
On peut aussi bien utiliser le terme « jurisprudence » pour désigner l’ensemble des décisions rendues par les juges, ou bien une jurisprudence en particulier, c’est-à-dire une décision qu’un juge a prise relativement à une question de droit donnée.
L’on pourrait énoncer trois critères, à l’origine de la formation de la jurisprudence. On dit alors qu’une décision « fait jurisprudence ».
̊ Formulation de la décision : une décision peut faire jurisprudence grâce :
1. à la fermeté du principe : si la formulation de la décision se voit être abstraite, générale et brève ;
2. à la nature de la juridiction ayant rendu la décision : par exemple, une décision émanant d’un Tribunal d’Instance sera beaucoup moins importante que celle émanant de la Cour de cassation d’un pays ;
3. au nombre de décisions similaires rendues par la ou les Cours supérieures (telles la Cour de cassation ou la Cour suprême dans divers pays)
̊ Constance de la décision : la répétition de la décision
̊ Publicité de la décision : la publication de la décision. En effet, la jurisprudence n’aurait pas sa valeur sans la reconnaissance de la communauté des juristes.
Au regard de ce qui précède, nous sommes donc en droit de dire que la jurisprudence que monsieur le Président de la République évoque ces temps-ci n’est pas juridiquement fondée et est donc inexistante. Car, en l’absence d’une assise nationale référendaire pour statuer sur un changement quelconque de la Constitution, surtout en son article 35- portant l’éligibilité du candidat à la présidence de la République- nous constatons ici que M. OUATTARA est bel et bien inéligible pour les élections présidentielles de 2015 et en raison de ceci, nous lui conseillons fermement dans l’intérêt supérieur de la Nation de dignement se mettre en retrait de cette élection présidentielle de 2015.
Il n’est plus question d’aller de mesures exceptionnelles en mesures exceptionnelles ou de contourner la Constitution pour valider la candidature de qui que ce soit à cette présidentielle de 2015. Il nous faut nous en tenir au strict respect de notre propre Constitution qui est notre loi fondamentale.

Je voudrais ici en appeler solennellement à la sagesse du Président du Cosim, Cheikh Bouakary Fofana. Vous qui hier étiez en verve pour ramener le Général Guéi et le Président Laurent Gbagbo sur le bon chemin avec cette belle expression que l’on vous reconnait : « les mêmes causes produisent les mêmes effets ». Toute la Côte d’Ivoire attend que cette sagesse soit mise en mission auprès du Président Alassane Ouattara pour ne pas qu’il emprunte ce mauvais chemin.
Quand au clergé catholique, ces hommes de Dieu respectables ont toujours prévenu, conseillé la classe politique par leur franc parler. Mais aujourd’hui, il ne s’agit pas de toute la classe politique. Il est question du premier chef de cette classe. Je peux donc comprendre la difficulté de votre sacerdoce car moi-même j’en fais partie. Mais cette difficulté, nous le croyons, est à la mesure de la paix que nous souhaitons tous.
En outre, la CEI (Commission Electorale Indépendante) est illégale dans sa formation tout comme dans sa composition et bien plus encore le pouvoir en place est surreprésenté au sein de cette institution qui devrait être indépendante. Nous demandons également que cette structure soit complètement cassée et son président relevé de ses fonctions en attendant qu’il soit entendu par la justice dans le procès des acteurs de la crise post-électorale de 2010 ; ce qui servirait d’engrangement à un procès vers une justice équitable. Mais, la reconduite de Youssouf BAKAYOKO à la tête de la CEI présente une entorse constitutionnelle aux volontés négatives. Si tel n’est pas le cas, les ivoiriens attendent donc d’être rassurés par le pouvoir en place en garantissant la neutralité de cette institution et les meilleures conditions démocratiques pour les élections à venir. Aujourd’hui encore nous sommes à quelques six mois des élections ; cependant la liste électorale est inexistante en violation du code électoral et de la constitution.
La Réconciliation n’est pas une réalité en Côte d’ivoire, nous le savons tous déjà. Mais brandir la justice des vainqueurs telle que nous la constatons actuellement ne fait que creuser davantage le fossé entre les ivoiriens.
Parlant de la Sécurité, plus de 18 000 ex-combattants sont encore en armes et sur toute l’étendue du territoire ivoirien. Pourquoi sont-ils toujours en armes ? Est-ce un échec de l’ADDR ? Leur mission de déloger l’adversaire n’a-t-elle pas pris fin avec la présence de ce dernier à la CPI ?
Les médias d’Etat - Hier nous avons reproché au régime précédent sa main mise sur les medias d’Etat. Mais, sous ce nouveau régime ce à quoi nous assistons est plus ahurissant car la télévision et la radio qui sont des médias de service publique sont devenues comme des butins de guerre qui ne se partagent qu’entre eux exclusivement jusqu’à en exclure même tout débat politique.

Le Cabinet du Révérend TAGOUA profite de cette tribune pour en appeler à la médiation immédiate des Présidents :
- Robert Mugabe, actuel président de l’Union Africaine,
- John Mahamat, actuel Président de la CEDEAO,
- Thabo M’béki, ancien médiateur de la crise ivoirienne,
- Olusegun Obasandjo du Nigéria et
- du Elder Kofi Annan du Ghana pour se saisir urgemment du dossier ivoirien afin d’éteindre les velléités d’un feu qui risquerait bien d’embraser la Côte d’Ivoire et la sous-région.
Le Cabinet du REV TAGOUA marque son désaccord aux nombreuses violations des principes fondamentaux de la démocratie tels que vécus par les ivoiriens et s’engage à dénoncer vigoureusement ses manquements jusqu’à obtenir du pouvoir en place une oreille attentive pour garantir des meilleures conditions démocratiques pour le bon déroulement du scrutin à venir. Si non, le Cabinet du Révérend Tagoua lance un appel à toutes les coalitions et candidats déclarés à cette élection présidentielle de 2015 de ne pas servir de faire valoir à la candidature du Président Ouattara pour une quelconque légitimation d’un pouvoir qui veut contourner la loi fondamentale de la Nation.

Une contribution de Révérend Pascal N. TAGOUA
Président du Corps Diplomatique Chrétien
Candidat à l’élection présidentielle de 2010

E-mail : presidentoffices12@gmail.com