Débats et Opinions: Installé pour gouverner sans partage la Côte d'Ivoire, Alassane Ouattara, inéligible, suit contre vents et marées sa feuille de route

Par IvoireBusiness/ Débats et Opinions - Installé pour gouverner sans partage la Côte d'Ivoire, Alassane Ouattara, inéligible, suit contre vents et marées sa feuille de route.

Alassane Ouattara et Blaise Compaoré à Yamoussoukro, peu après la chute de ce dernier.

Alassane Ouattara a, maintes fois, affirmé tenir sa légitimité de la Communauté internationale et non de notre Constitution, dont le but est de faire croire au reste du monde que les États africains sont souverains alors que nos Institutions sont soumises aux ordres de la Métropole. Lorsque nous portons un regard critique sur la crise politique au sein du FPI qui s’inscrit, logiquement, dans la feuille de Ouattara, nous constatons que les leaders ivoiriens qui se soumettent, par exemple, aux représentants de la Communauté internationale que sont Ouattara, Mindaoudou Aïchata, la CPI de Fatou Bensouda ont leurs comptes dégelés par l’ONU, par l’Union Européenne. Il leur est concédé le droit de circuler, de fouler aux pieds les droits fondamentaux de leurs militants. Ceux qui défendent, au contraire, les intérêts de leurs peuples, conformément à leur Constitution, à l’instar de Gbagbo Laurent, sont accusés de « porter atteinte à la sûreté de l’État », qui se doit d’avoir, comme boussole, les directives internationales « automatiquement supérieures à notre Constitution ». La situation politique en Côte d’Ivoire n’est pas sans issue. Chaque ivoirien est invité seulement à opérer un choix déterminant pour sa propre vie et celle de ses enfants. Il se doit de lutter soit pour le droit de tous (principe de toute harmonie) soit pour ses intérêts et ceux de son clan. Tout homme politique est, avant tout, une autorité au service du peuple, qui l’a choisi, pour administrer ses biens. Toutes ses actions doivent concourir au bonheur de l’homme, c’est ce que nous enseignent aussi bien l’Humanisme que les textes sacrés. Les textes philosophiques, politiques, religieux qualifient, à dessein, de tyrans, de dictateurs, les leaders politiques qui refusent de se soumettre aux règles propres à la démocratie. La politique n’est donc pas synonyme de trahison, de violence ; ce sont des concepts erronés développés par les régimes tyranniques, totalitaires. Au sein du FPI, du PDCI-RDA, et du RDR se dessinent nettement les deux voies représentées par deux courants politiques. Au FPI face au slogan : «Gbagbo ou rien » qui signifie simplement « le respect de la Constitution ou rien (Gbagbo étant favorable à la souveraineté des peuples africains, de son pays)», nous avons un courant politique qui prétend avoir choisi le « dialogue politique » avec Ouattara, en vue de la libération du président Gbagbo et de l’organisation en 2015 d’élections transparentes. Nous sommes en droit de nous demander pourquoi ce courant politique du FPI opposé à la candidature de Gbagbo emprunte-t-il une voie qui fragilise, divise, aujourd’hui, les militants du PDCI? Le dialogue est possible entre deux égaux, entre deux personnes loyales. De Banny nous avons appris, en fait, que 2010-2015 était le mandat du RDR, 2015-2020, celui du PDCI-RDA. Que constatons-nous à présent? Ouattara, qui nourrit le secret espoir de mourir au pouvoir refuse de respecter la parole donnée, se rendant, étrangement, compte qu’il lui faut deux mandats pour réaliser son programme politique. La question est donc de savoir si le courant politique opposé à la candidature du président Gbagbo à la tête du FPI peut-il réussir là où les fils spirituels d’Houphouët, alliés irréductibles du RDR, ont « échoué » ? Non ! Alors pourquoi cette obstination à emprunter la voie de la compromission ? Le récent congrès du PDCI-RDR nous permet d’avoir une lecture rationnelle des objectifs assignés à ces militants FPI qui bénéficient, au grand jour, de la tutelle de la Communauté internationale. Il s’agit de faire au président Gbagbo la proposition suivante : « Renoncer à toute activité politique s’il tient à recouvrer sa liberté ». Tous les prisonniers politiques du FPI aux assises seront face à ce dilemme qui n’en est pas un en réalité, quand nous suivons attentivement leur parcours politique. Cette proposition est le plan B de la feuille de route de Ouattara peu préoccupé par son inéligibilité que ne conteste pas officiellement la Communauté internationale. Bédié vient, en effet, de faire de lui le candidat
unique du RHDP sans modifier l’article 35 de notre Constitution. Il appartient maintenant au courant politique opposé à la candidature de Gbagbo d’accomplir une prouesse politique, en obtenant, au moyen de « la diplomatie » la libération de leur leader, et surtout son retrait de la vie politique, afin que les présidentielles de 2015 ne consacrent que Ouattara, en vue de la paix sociale, selon Bédié, qui nous introduit, expressément, dans un État d’exception. Les résultats du dialogue politique entre ce courant du FPI et Ouattara sont « palpables » : le financement des partis politiques, la tutelle de la Communauté internationale, les carrières professionnelles... Sur le plan culturel, les artistes reçoivent désormais une pension, un logement pour service rendu à la nation, les journaux privés reçoivent des subventions de l’État. L’argent et non le droit coule à flots parce que la vérité doit être bâillonnée, la justice étouffée. Ceux qui se soumettent à Ouattara déplacent des montagnes sans apporter des réponses concrètes aux aspirations profondes du peuple soucieux de choisir librement ses propres représentants. Au RDR, tous ceux qui y nourrissent le secret espoir de gouverner un jour la Côte d’Ivoire sont marqués au fer rouge de la CPI et écartés pour ne pas faire ombrage à Ouattara, le capitaine des éléphants. A quoi rimait son imprudente randonnée nocturne le jour de la victoire des éléphants ? Les psychiatres ou les psychologues vous diront simplement que Ouattara est capable de mettre en péril la vie de tout un pays pour l’honneur, l’or et la gloire. Un tireur d’élite fou, ou revanchard, comme lui, pouvait, cette nuit-là, plonger la Côte d’Ivoire dans le chaos. Et dire que l’opposition ivoirienne est violente prête à attenter à la vie de ceux qui sont opposés au président Gbagbo! Ouattara, cet homme attaché à l’or, à la gloire et l’honneur ne quittera jamais, de lui-même, le pouvoir. Si nous analysons les faits dans un contexte politique global, nous constatons que la feuille de route originelle de Ouattara inspire toujours ses actions politiques. Sarkosy, son mentor, bombarda la résidence du colonel Kadhafi pour l’éliminer physiquement, et cela fut chose faite. La résidence de Gbagbo fut elle-aussi bombardée par les forces françaises pour l’assassiner. Son assassinat aurait dispersé ses militants favorables à la légalité constitutionnelle. Ceux tapis dans l’ombre, au service de Ouattara et de la Communauté internationale auraient aussitôt pris les rênes de ce parti, afin de corrompre ses objectifs originels. Le FPI aurait été ainsi décapité, et le PDCI-RDA automatiquement phagocyté par le RDR serait devenu le PDCI-RDR, avec pour père fondateur, Alassane Ouattara, et non Houphouët, perçu comme un traitre par les partisans de la Fédération du Mali et les fils spirituels du leader du RDR. Deux faits politiques majeurs modifièrent cependant la feuille de route de Ouattara: la survie du président Gbagbo aux bombes françaises et la défaite de Sarkosy (du Patronat français). Pour pallier ces « inconvénients » une machine politique est mise en marche au sein du FPI dans le but d’étouffer les aspirations souverainistes de Gbagbo et de ses partisans. Quant au tandem Ouattara-Sarkosy, des décisions subtiles sont prises par le régime d’Abidjan, et des propositions indécentes sont faites par certains leaders politiques, dans le but de repousser la date des élections, afin qu’elle coïncide avec celle de la France qui aura lieu en 2017, dans l’espoir que soit voté un gouvernement de droite capable de permettre au Patronat français d’achever ce qu’il a commencé dans notre pays. L’on parle, à juste titre, de gouvernement d’Union nationale. Les Ivoiriens se doivent d’opérer un choix entre les deux voies représentées dans les textes sacrés par Dieu (le Bien, le droit) et Mammon (l’argent, la gloire, la domination, l’oppression). La troisième voie est celle des tièdes… En attendant la victoire du peuple, l’insécurité semble consolider les fondements du régime oppressif d’Abidjan favorable à un État d’exception. A la feuille de route de Ouattara est assigné cet objectif principal ; empêcher les pays africains d’être des nations souveraines.

Une contribution par Isaac Pierre BANGORET
(Écrivain)