Affaire “les dissidents du PDCI sont des ivoiritaires” - KKB répond à Venance Konan: «Les ivoiritaires se retrouvent dans votre livre "Les catapila, ces ingrats", édité chez Jean Picollec»

Par IvoireBusiness - Affaire “les dissidents du PDCI sont des ivoiritaires” - KKB répond à Venance Konan «Les ivoiritaires se retrouvent dans votre livre "Les catapila, ces ingrats", édité chez Jean Picollec».

KKB répond à Venance Konan «Les ivoiritaires se retrouvent dans votre livre "Les catapila, ces ingrats".

Quels commentaires faites-vous en tant que figure politique de la libération provisoire d’une cinquantaine de pro-Gbagbo et des dégels des avoirs ?

KKB : C’est une bonne chose, ne dit-on pas, en cette circonstance pareille, vaut mieux tard que jamais ! Je n’ai jamais été pour une politique de vengeance. Je suis de la philosophie de Félix Houphouët-Boigny. Et cette philosophie repose sur la paix par le dialogue, par la concorde, surtout la tolérance et le pardon. Nous avons connu des crises, mais le point culminant de ces crises est celle de 2010. C’est vrai qu’il y a eu des morts. Je m’incline, à cet effet, devant la mémoire de ces milliers de disparus. Pour ne plus regretter des pertes en vie humaine, il faut donner une chance aux survivants de vivre en paix. De mon point de vue, les victimes sont ceux et celles qui doivent pardonner. Quand on est au rendez-vous du pardon, c’est la victime qui pardonne. J’ai toujours pensé que c’est de la responsabilité du régime de créer les conditions du pardon. Il est heureux que nos frères soient libérés, mêmes si cela intervient vers la fin du quinquennat, mais ce sont des actes à encourager si nous voulons donner une chance à la réconciliation. Il faut aller au pardon et à la tolérance.

Votre visite à Laurent Gbagbo et Blé Goudé à la Haye a donné lieu à des d’interprétations…

Il n’y a pas d’interprétations à avoir ou à faire. Heureusement que vous venez me voir au moment où je reviens de la levée du corps à Ivosep du petit frère du Secrétaire Général par intérim du RDR, Amadou Soumahoro (Ndrl jeudi 22 janvier.) C’est l’éducation politique que j’ai reçue d’Houphouët. C’est aussi ma culture. Je ne peux pas changer d’identité. Moi, je suis le fruit d’un métissage ivoirien. Ma mère est Dida et mon père est Baoulé. Je considère que tous les ivoiriens sont des frères. Si je peux me rendre aux funérailles du frère du Secrétaire Général intérimaire du RDR, même si le RDR me brocarde aujourd’hui, admettez aussi que je puisse aller présenter mes condoléances à Gbagbo. Je ne suis pas dans les combats de clans, de tribus et d’ethnies. Je suis pour la Côte d’Ivoire une et indivisible. Je suis ami de tous et ennemi de personne. La politique n’est pas le lieu pour se faire des ennemis. Cultivons la fraternité, la Côte d’Ivoire en bénéficiera.

Monsieur Venance Konan, DG du groupe « Fraternité Matin » a déclaré sur une chaine internationale, que les dissidents du PDCI sont des ivoiritaires, dont vous et Konan Banny. Que répondez-vous?

Dites à Venance Konan que ce disque là est rayé et ne peut plus prospérer dans la politique ivoirienne. L’histoire de notre pays est encore récente. Laurent Gbagbo n’est pas le père de l’ivoirité. Les ivoiritaires se retrouvent dans Les catapila, ces ingrats, édité chez Jean Picollec. C’est une œuvre romanesque écrite par Venance Konan. Quand vous aurez fini de la lire, vous saurez qui est ivoiritaire. Une chose me taraude l’esprit. Je ne comprends pas que Bédié qui a créé l’ivoirité n’est plus taxé d’ivoiritaire. Quand on soutient Ouattara on n’est pas ivoiritaire, mais quand on ne le soutient pas on en devient. Si demander au PDCI-RDA d’Houphouët Boigny de présenter un candidat aux élections c’est être ivoiritaire, alors j’assume à cette condition d’être ivoiritaire.

Monsieur KKB est-il candidat pour n’avoir pas été nommé par Ouattara, comme l’avancent certains de vos détracteurs ?

Ce n’est pas à toutes les questions qu’on répond. Je voudrais plutôt que cette question soit posée à tous ceux qui véhiculent ce message à mon encontre : quel mérite y-a-t-il à œuvrer contre les intérêts de son parti ? Ils sont nombreux, ceux qui se mettent en file indienne cherchant des postes en calomniant et en proférant des ragots. KKB ne sera jamais RDR. Je veux que mon parti ait un candidat pour la présidentielle c’est tout ! Cela n’a rien à voir avec une question de nourriture ou de postes.

Que feriez-vous si le PDCI-RDA rejetait votre candidature lors du congrès en février prochain ?

Le congrès n’est pas habilité à se plancher sur les questions de candidature. D’abord C’est un faux débat. Le congrès ne décide pas de qui va être candidat. C’est la Convention qui traite et décide de la candidature. Ce congrès « extraordinaire » dont parlez n’a pas de sens. En lieu et place de la Convention, comme le recommandent nos statuts après la tenue d’un Congrès, Bédié use du dilatoire pour fait perdre du temps aux militants, par ricochet les actifs d’entre eux qui aspirent à l’investiture. Moi, j’ai été claire à l’annonce de ma candidature, avec ou sans le PDCI-RDA, je suis candidat. Je ne vais pas à ce congrès pour parler de candidature, puisque ma candidature est déjà un acquis et est sans appel. J’y travaille pour être élu Président de la République.

Le candidat KKB envisage-t-il une coalition avec Essy Amara et Charles Konan Banny ?

Une coalition oui, l’union fait la force, a-t-on coutume de dire. C’est l’une des philosophies chères au PDCI, le rassemblement. Il n’est pas à exclure qu’on voit une coalition émerger pour être plus efficace. Par contre, une coalition ne signifie pas un consensus. Il y a une nuance entre coalition et consensus. Une coalition oui ! Mais un consensus peut-être autour de moi.

Honorable, certains cadres de votre propre parti pensent que vos ambitions sont démesurées, en un mot vous êtes trop jeune pour porter le projet de présider la Côte d’Ivoire. Que répondez-vous à ceux-là ?

Je ne savais pas qu’être jeune était un handicap. De quoi parle-t-on ? En 2015, j’aurai 47 ans. Est-ce vraiment si jeune pour porter quelques ambitions pour son pays ? Des gens relativement jeunes qui ont occupé des responsabilités de premier plan dans leurs pays, les exemples sont légion : Plus proche de nous, Alassane OUATTARA est devenu Premier ministre à 48 ans, Houphouët-Boigny et Laurent GBAGBO sont devenus chacun Président de Côte d’Ivoire à 55 ans, et il y a quand même le cas Guillaume SORO ; plus loin de nous, Barack OBAMA est devenu président des Etats-unis à 47 ans, Matteo RENZI est devenu Président du gouvernement italien à 37 ans, et j’en passe.
Les gens doivent s’habituer à la précocité politique. Ceux qui émettent de telles critiques savent-ils seulement que 60% de notre population a moins de 24 ans, 33% a un âge compris entre 25 ans et 54 ans et que l’âge moyen de l’ensemble de la population ivoirienne est de 20,3 ans. Nous sommes une population très jeune, il est donc normal que parfois notre classe dirigeante en soit le reflet.
De plus, ceux qui disent cela semblent oublier que la jeunesse, c’est la vitalité, l’énergie et beaucoup de volontarisme, toutes choses qui sont, à mon sens, très utiles pour conduire une action publique dans les meilleures conditions. Pourquoi veut-on constamment délégitimer les gens en les renvoyant à des considérations sans le moindre rapport avec ce qui compte dans le monde d’aujourd’hui. Parce que je suis candidat, l’on trouve à redire sur ma jeunesse. Notre Constitution, en son article 35, dit que le candidat à l’élection présidentielle doit être âgé de 40 ans au moins. J’aurai 47 ans le 26 Décembre prochain. Ceux qui ont rédigé la Constitution de 2000 se seraient-ils trompés ?

Avec les infrastructures réalisées par Ouattara, pensez-vous que sa réélection à la tête du pays est désormais assurée?

D’abord il faut lever l’équivoque. Le pont Henri Konan Bédié n’est pas un pont de Ouattara. Ce n’est pas un hasard qu’il porte le nom HKB. Ce pont fait partie des 12 chantiers de l’éléphant d’Afrique. Vous vous souvenez que des occupants avaient été dédommagés dont le célèbre maquis « bâche bleue ». Ce pont devrait être inauguré en 2000. Il faut retenir que quand il n’y pas de paix, on ne bâtit pas. Quand on frappe un régime, il ne peut y avoir de développement. La crise ne permet pas de construire. Ouattara n’a pas encore ouvert son livre de promesses. Pour l’heure, ce sont des chantiers qui datent de temps reculés de ses deux prédécesseurs que nous voyons. J’espère qu’il aura le courage de baptiser le pont de Jacqueville, Laurent Gbagbo, parce qu’il en est le concepteur. Si les chantiers faisaient gagner un candidat, Bédié ne serait jamais parti par un coup d’Etat. Il est l’initiateur de tous ses projets.

Qu’est ce qui fait courir KKB vers le Palais présidentiel ?

Pour l’heure, je voudrais faire l’économie de mes idées pour les ivoiriens qui en sauront plus au moment opportun. Mais avant, retenez que Ouattara est un acteur majeur de la crise et un personnage central de cette crise. Autant de mandats qu’il aura, il n’a pas le profil pour réconcilier les ivoiriens. Alors que la réconciliation est le préalable pour bâtir. La réconciliation est une question centrale, c’est ce qui motive ma candidature. Que le peuple de Côte d’Ivoire retrouve son unité. Cela m’emmène à mettre les jeunes au travail pour la pérennité. Un attendu majeur de l’houphouétisme. Responsabiliser les jeunes. Je vais, ainsi, déclarer une farouche guerre au chômage des jeunes. Ce sont là mes deux axes de mon vaste chantier. Je proposerai dans ce sens mon programme de gouvernement. Parce que celui qui n’a pas d’idées ne peut pas diriger la Côte d’Ivoire.

Vous qui avez été à la pointe du combat contre cette CEI, êtes-vous satisfait des dernières modifications ?

Rien n’a fondamentalement changé, à part quelques rafistolages à la marge. Sur le fond, la volonté manifeste de caporaliser la CEI afin de lui faire jouer un rôle à la dévotion d’un camp est toujours intacte. Pourtant, il n’y a pas l’ombre d’une ambiguïté, la CEI, cette autorité administrative indépendante constitutionnalisée, je dis bien constitutionnalisée, existe parce que les acteurs politiques ivoiriens ne se font pas confiance. Elle n’a donc de sens que si le choix de ses membres, son organisation et son fonctionnement sont le fruit d’une démarche consensuelle. Or tel n’a pas été le cas.
De surcroît, comme si cette tare originelle évoquée ci-dessus ne suffisait pas, le choix du Président pose problème et ne passe pas du tout. Malgré les dithyrambes surjoués à Daoukro sur le professionnalisme supposé de Monsieur BAKAYOKO en matière électorale, personne n’est dupe.
Finalement, en poussant la réflexion un peu plus loin, ce que révèlent les crispations du régime face aux propositions pour une CEI équilibrée ne sont ni plus ni moins qu’une opposition entre les tenants de la modernité sociopolitique et les archaïques qui ne sont guère disposés à voir la société ivoirienne autrement que sous le seul prisme d’un ordre suranné et arriéré. Pour d’obscures raisons de conservation du pouvoir, le gouvernement et ses soutiens sont engagés dans le projet obscurantiste de maintenir vaille que vaille à la présidence de la CEI un homme qui symbolise à la fois la faillite morale et la faillite tout court de cette organisation. Personne ne comprend la présence de Monsieur BAKAYOKO dans cette CEI alors même qu’on aurait pu faire confiance, pour la présider et en assurer le secrétariat, aux hommes de Dieu qui y siègent et qui jouissent dans l’opinion d’une présomption d’intégrité bien plus élevée que les politiciens. En faisant le choix provocateur d’une solution outrancièrement rétrograde, le régime et ses soutiens préfèrent nous priver durablement de notre légitime aspiration à la modernité, à la paix et à une vraie stabilité démocratique.
Par ailleurs, la loi dit que les élections sont organisées par la CEI. Mais cette autorité administrative dite indépendante ne l’est pas dans les faits. C’est le chef de l’Etat qui, par le code électoral, est le véritable organisateur des élections en Côte d’Ivoire. C’est lui qui par décret convoque le collège électoral (article 10 du code électoral). C’est aussi lui qui par décret décide du format des cartes d’électeurs (article 14 du code électoral), du jour de vote (article 20), de quand on recrute les membres des bureaux de vote, par décret il peut donner des instructions à la CEI comme à n’importe quelle autorité administrative. Le chef de l’Etat est lui-même candidat à sa propre succession, et le code électoral lui donne tous ses pouvoirs et bien d’autres sur la CEI. Que pensez-vous qu’il ferait ? Cela ne garantit pas la transparence des élections. Il peut y avoir un passage en force du Chef de l’Etat s’il voit que les choses ne sont pas en sa faveur. Nous ne voulons pas d’homme fort qui peut se transformer en chef de guerre si les vents lui sont contraires.
Votre mot de fin
Je voudrais demander aux uns et aux autres d’arrêter les menaces physiques proférer çà et là que l’on fait peser sur la vie des adversaires. Seul Dieu ôte la vie à qui il veut. La vie est sacrée. Nul n’a le droit d’ôter la vie à quelqu’un pour son opinion politique. La solution aux problèmes de la Côte d’Ivoire ne réside pas dans les tueries. Donnons une chance à la démocratie. Que le RDR accepte que les règles soient claires, clarifiées et équitables. Que tous les candidats puissent avoir accès à tous les ivoiriens. De la même manière que le RDR peut faire un meeting à Gagnoa, que KKB puisse en faire autant à Kong. Je fais confiance aux ivoiriens qui savent ce qui est bon pour eux.
J’en appelle à tous les ivoiriens, où qu’ils soient, d’où qu’ils vivent, à tous les ivoiriens qui aspirent à la paix, à la réconciliation vraie, à une justice impartiale non vindicative et rancunière, à la promotion sociale de tous les groupes ethniques sans distinction, à s’unir autour de ma candidature pour faire de la Côte d’Ivoire, ce havre de paix et de prospérité que nous tous rêvons.

Je vous remercie

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