Débats et opinions : L’unique voie pour vaincre Alassane Ouattara

Par Correspondance particulière - L’unique voie pour vaincre Alassane Ouattara.

Visite d`Etat dans le Iffou. Arrivée de Ouattara à Daoukro et accolade avec Bédié.

Une observation attentive du parcours politique de toutes les grandes
démocraties du monde, doublée d’une analyse rationnelle du contexte
politique ivoirien, nous conduit inéluctablement aux décisions politiques
adoptées par la majorité des voix, au sein du FPI, à l’issue des
différents débats, qui s’articulaient autour de la CEI consensuelle, et
de la figure historique du fondateur de ce parti socialiste: le président
Laurent Gbagbo. Les démocrates ivoiriens et les militants du FPI,
contrairement à ceux d’Alassane Ouattara et du président Bédié, ont
choisi de jeter en Côte d’Ivoire les bases de la démocratie, qui
s’impose, logiquement, à tous les peuples avides de liberté, de paix, qui
traversent, à un moment précis de leur histoire, de graves crises sociales,
culturelles, politiques, liées étroitement à la conquête du pouvoir
politique. Que pouvons-nous retenir de la genèse de la démocratie ? La
démocratie vient de deux mots grecs ; démos (le peuple) et Kratos (le
pouvoir) . C’est un régime politique mis sur pied à Athènes durant
l’Antiquité. La démocratie athénienne est, par conséquent, perçue
comme la mère des démocraties modernes observées dans les grandes nations
du bloc occidental. Avant l’avènement de la démocratie athénienne, les
habitants de ce territoire grec étaient administrés par des nobles qui
tenaient leur légitimité des armées de fantassins (de soldats) nourris et
blanchis par eux, pour assurer leur sécurité et celle de leurs sujets. Avec
l’émergence d’une nouvelle classe de sujets aisés (les commerçants et
les artisans), le monopole des nobles cessa puisque ces derniers étaient
suffisamment riches pour constituer, à leur tour, des groupes armés. Les
nobles ne pouvaient plus, selon leurs émotions, dicter à leurs sujets des
lois, ou leur faire subir des peines inégalitaires. Malgré la présence de
ces factions armées aux ordres des nobles, ou des grandes familles
bourgeoises, la démocratie athénienne ne naquit pas d’insurrections
populaires mais plutôt de la volonté des différents hommes forts (des
hommes politiques) d’assurer l’unité de leur cité. Des personnes
courageuses, comme Clistène, un des membres d’une des familles importantes
d’Athènes, permettra, par exemple, au peuple, à travers des réformes, de
participer aux décisions publiques, d’assumer des fonctions politiques.
Ainsi seront jetées progressivement les bases de la démocratie athénienne
qui verra le peuple de cette cité conquérir sa souveraineté, en devenant,
en quelque sorte, l’arbitre du pouvoir politique concédé aux autorités
chargées de défendre leurs intérêts respectifs ; ceux des différentes
classes sociales. Toutes les grandes démocraties actuelles connurent, grosso
modo, ce parcours politique. A l’issue de nombreuses guerres fratricides,
face à de graves crises financières, culturelles, religieuses, etc… les
principaux protagonistes, sous l’impulsion de leaders charismatiques
éclairés, finiront par élaborer un contrat social, terme qui nous ramène
à l’oeuvre de Rousseau intitulée « Du Contrat social » qui peut être
résumée par cette phrase de l’auteur : « Le plus fort n’est jamais
assez fort pour être toujours le maître, s’il ne transforme sa force en
droit, et l’obéissance en devoir ». Pour avoir une organisation sociale
juste, il faut un pacte, qui garantit l’égalité et la liberté entre tous
les citoyens. Il faut que chaque citoyen, selon Rousseau, renonce à sa
liberté naturelle pour gagner une liberté civile. Cette liberté est, en
effet, garantie par la Loi Fondamentale (la Constitution) dans nos
démocraties modernes. Une société qui rompt ce pacte n’est plus une
société, elle retourne à l’état de nature où le plus fort domine sur
le plus faible, où l’homme devient un loup pour l’homme. En Côte
d’Ivoire, la France, Alassane Ouattara, Compaoré et tous les nobles repus
de notre pays, issus de tous les partis politiques, attachés à leur
liberté naturelle, à leurs prérogatives acquises, quelques fois, depuis le
berceau, ont rompu, expressément, ce contrat social, en foulant aux pieds,
notre Constitution. La Côte d’Ivoire constitutionnelle a été vaincue par
les ennemis de la démocratie et cette société est retournée à l’état
de nature, à la suite du contentieux électoral de 2010. Que valent
donc les textes des différents partis dans un contexte politique où la Loi
Fondamentale est réduite à sa plus simple expression? Le débat autour des
textes devient, dans une telle situation politique, anachronique. Parler du
culte des textes ou du culte de la personnalité, de la figure du président
Gbagbo est inapproprié. La Côte d’Ivoire constitutionnelle « vaincue »
par des armées étrangères (celles de la France et du Burkina Faso) se
retrouve dans la situation politique de la France envahie par les nazis. La
France doit son salut à une figure charismatique, celle de De Gaulle, qui
rallia, autour de sa personne, toutes les mouvements français, tous les
résistants. Après leur victoire sur l’Allemagne d’Hitler, le même De
Gaulle jeta les bases de la France actuelle, en participant activement à
l’élaboration de la Constitution française de 1958. Face à de graves
crises sociales, culturelles, religieuses, politiques, militaires, doit,
nécessairement, émerger une figure charismatique capable de rassembler le
peuple, qui aspire à la paix autour d’un même idéal, c’est un principe
politique fondamental. La théologie, mère de toute philosophie, confirme
cette assertion. Le Très-Haut, Créateur du ciel et de la terre, avant de
donner au peuple d’Israël asservi en Égypte les dix commandements, leur a
envoyé une figure charismatique, un libérateur capable d’accomplir
lui-même la Loi, avant d’en être le garant : Moïse. D’où viennent les
guerres, les désordres, le mépris du pauvre, de l’hôte, que nous
observons en Côte d’Ivoire ? L’apôtre Jacques affirme que ces guerres,
ces batailles insensées proviennent de nos passions qui combattent dans nos
membres. Nous convoitons et ne possédons pas alors nous tuons. Nous sommes
jaloux et ne pouvons obtenir alors nous bataillons (nous trahissons) et nous
faisons la guerre (Épître de Saint Jacques chapitre 4). Une société
ivoirienne devenue une société de nature où les « plus forts », les amis
de la France, en quête de 60 milliards d’euros, bataillent, trahissent et
tuent les démocrates, les partisans de Gbagbo, n’est que le reflet de
l’état d’âme d’hommes politiques incapables de renoncer à leur
liberté naturelle, à leur égo. Ce sont des personnes dont la vie privée
inspire et gère la chose publique ivoirienne. Seul un homme politique
capable de surmonter son égo, de bander son coeur, de surmonter ses propres
émotions, pour rechercher le bien de tout un peuple est capable de jeter les
bases de la démocratie, de la paix, en Côte d’Ivoire . C’est après
avoir affronté et surmonté toutes les tentations du maître de l’Égypte
que Dieu concéda, en effet, à Moïse la grâce de recevoir la Loi, qu’il
avait en effet accomplie, en bravant la mort, en acceptant de se sacrifier
par amour pour son peuple. De Luther King, à Ghandi, en passant par Mandela,
tous ces leaders politiques eurent la sagesse nécessaire pour guider leur
peuple vers la paix, vers une société plus juste (démocratique), quand ils
imitèrent la vie des grandes figures des textes sacrés. C’est après
avoir accompli la Loi qu’à Jésus fut concédé pouvoir sur toutes choses.
Sa sagesse, sa Passion, sa vie, illuminent aujourd’hui ses apôtres, ses
disciples. Il dispensa justement au sujet de la lettre et de l’esprit de la
Loi, cet enseignement fondamental : « Le Fils de l’homme est maître du
Sabbat ( de la Loi) ». Les textes des partis politiques, la Loi fondamentale
sont au service des hommes, de la vie. Qui saisit l’essence, l’esprit de
la loi, ne peut violer la lettre de la Loi sujette à diverses
interprétations. Il appartient aux hommes guidés par l’esprit de la Loi
de juger de l’opportunité de leur application, sans qu’elle ne court le
risque d’être abrogée, car la Loi est la lumière du commun des mortels .
C’est à ce niveau qu’il nous appartient de juger de l’opportunité des
débats autour des textes du FPI, quand tous les ivoiriens, qui ne se
reconnaissent pas forcément dans ces textes, mais en Gbagbo, sont en danger.
La France et ses alliés ivoiriens, burkinabé, l’ont compris, en
piétinant, volontairement notre Loi fondamentale et leurs textes pour que le
RHDP se reconnaisse en une seule figure politique, celle d’Alassane
Ouattara, lors des présidentielles de 2015, qui rassemble, autour de sa
personne, des étrangers remplis de convoitise, des nobles ivoiriens repus,
les arrivistes de tous les partis politiques, pour jeter les bases de
régimes qui tiennent leur légitimité de l’Élysée,
et de son armée. L’enjeu politique, aujourd’hui, est de trouver une
figure charismatique, courageuse, capable de vaincre l’homme fort de la
France, afin de concéder au peuple ivoirien sa souveraineté. Quel leader
mieux que Gbagbo a été pétri dans la moule politique de la Côte
d’Ivoire ? Quel homme politique mieux que Gbagbo a partagé aussi bien la
condition modeste des pauvres ivoiriens, des exilés, des prisonniers les
plus médiatisés (ceux de la Haye) ? Quel homme politique mieux que Gbagbo a
connu les hauteurs du pouvoir politique sans se laisser détourner de
l’idéal démocratique, malgré toutes les tentations de l’Élysée ? Qui
mieux que Gbagbo connaît aujourd’hui la face cachée du monde politique,
tous ces hommes influents du monde attachés qu’à leurs intérêts
respectifs ennemis des valeurs démocratiques ? Que vaut, en effet, la Loi
fondamentale si les personnes qui en sont garantes refusent de l’observer ?
Le président Gbagbo reste l’unique voie qui conduira à l’unique
solution à la crise ivoirienne : la démocratie, puisqu’il est cet homme
charismatique capable de renoncer à ses propres prérogatives pour le bien
de toute le peuple. Après cette étape fondamentale, les textes qui se
seront tus, pour un laps de temps, régiront, de nouveau, la vie du FPI,
puisque la Loi fondamentale, mère nourricière de tous les textes, de toutes
les associations sera réhabilitée. L’étranger pourra alors obtenir la
nationalité ivoirienne sans prendre des armes contre ses hôtes. Les titres
fonciers seront attribués, conformément à des lois adoptées librement par
tous les Ivoiriens. Les partis se lanceront à la conquête du pouvoir
politique, de manière civile. Pour y arriver il nous faut inviter la France
qui a installé Alassane Ouattara à créer les conditions favorables à des
élections transparentes. La lutte contre l’immigration en Europe ne sera,
par exemple, efficiente que lorsque les Africains assumeront leur propre
destin, loin des traquenards de l’Élysée et de son armée d’occupation.

Une contribution par Isaac Pierre BANGORET (Écrivain)