Côte d'Ivoire: L’armée en alerte. Ouattara craint un renversement de son régime

Par Le Nouveau Courrier - L’armée en alerte. Ouattara craint un renversement de son régime.

Ouattara et ses chefs de guerre au Golf hôtel. Image d'archives.

L’armée est depuis plusieurs jours en alerte. Et pour cause ? Le régime craint des attaques militaires surprises qui pourraient le frapper à tout moment. C’est dans ce contexte que Ouattara est rentré mardi de son séjour en France.

Le retour d’Alassane Ouattara mardi en Côte d’Ivoire, qui passait paisiblement ses vacances en France est-il lié à la situation sociopolitique peu rassurante du pays en ce moment ? En tout cas, l’armée est en alerte depuis au moins une semaine parce que le régime craint des attaques et frappes militaires imminentes. Selon une source militaire à la marine nationale, des informations persistantes font état d’attaques contre le pouvoir. «Il y a des informations d’attaques et de frappes qui sont en vue. Donc on veille au grain. On est en alerte et on reste prudent. C’est depuis la fin de la semaine dernière que le message est arrivé. Dans les différentes casernes, je pense que l’information est parvenue», explique notre interlocuteur. Cette information est confirmée par une autre source militaire au camp d’Akouédo. Le régime Ouattara est donc dans la psychose et redoute un renversement militaire. Il a pris des dispositions particulières pour se barricader. L’armée est mobilisée et les effectifs de vigie ont été renforcés. La veille est de mise surtout la nuit aux entrées et sorties d’Abidjan ainsi que dans la ville. «Il y a certaines positions qui ne sont pas de manière officielle où les hommes sont positionnés à certains endroits et qui ne sont pas forcément visibles», explique cette source à la marine. «Au delà de 22 heures, il ne faut pas s’aventurer à rester dehors si on a rien à faire. Parce que c’est des informations qui arrivent, on n’a pas forcément la nature exacte de la menace mais par mesure de prudence nous sommes en alerte. On ne sait pas à quel moment quelque chose peut se passer (…) mais on se dit qu’à tout moment ça peut arriver. Donc on se met dans les conditions pour intercepter cela. Et s’il s’avère qu’à une heure pareille, quelqu’un se trouve dans un endroit X où il y des mouvements suspects, si la chance n’est pas de son côté, il peut être pris pour cible parce que toute personne qui sera appréhendée sera considéré comme suspect», poursuit-elle.

Ouattara a-t-il écourté ses vacances en France ?

Est-ce pour cette psychose d’attaque que le chef de l’Etat, qui ne manque aucune occasion pour prolonger son séjour dans l’Hexagone est rentré à Abidjan le mardi 26 août, écourtant de quelques jours ses vacances ? Notre informateur n’écarte pas l’éventualité que Ouattara soit rentré après la situation qui lui a été présentée par les autorités militaires. «Justement, ils ont précipité son retour. Actuellement, au sein de la Grande Muette, ça ne va pas. Il est certainement venu pour tenir sa position parce qu’on ne sait jamais. Mieux vaut venir protéger son siège», commente notre source. L’affaire Wattao est loin d’être finie Toujours selon notre informateur, l’affaire Issiaka Ouattara dit Wattao, qui a été débarqué successivement les 21 et 22 juillet dernier de son poste de patron de la sécurité d’Abidjan-Sud et de commandant adjoint du Centre de coordination des décisions opérationnelles (Ccdo) est loin d’’être finie. Selon cette source, l’ex-chef de guerre, qui garde tout de même son poste de commandant adjoint de la Garde républicaine (GR), n’a plus la confiance du régime et a décidé de se préparer en mobilisant ses hommes pour faire face à toute éventualité ou à tout coup fourré que le camp Ouattara avec qui il est actuellement en disgrâce pourrait entreprendre contre lui : «La disgrâce de Wattao, c’est sérieux parce que vu la menace qui planait sur lui, il a fait appel à tous ses ‘‘petits’’ issus des ex-forces nouvelles qui étaient dans les autres bases. Donc, il y a beaucoup d’entre eux qui ont répondu à son appel (…) Ils sont là et ils attendent». Depuis surtout l’officialisation des ennuis de Wattao, la Grande Muette est sur le qui-vive. La crise en sein de l’armée est profonde. Non seulement les ex-rebelles issus des forces armées des forces nouvelles (FAFN) qui occupent les postes stratégiques en sein de l’Armée (FRCI), ont isolé les ex-Forces de défense et de sécurité (FDS) et ne leur font pas confiance. Mais plus grave, aujourd’hui, le camp Ouattara n’affiche plus de cohésion. Les caciques du pouvoir, incarnés d’une part par le ministre de l’Intérieur Hamed Bakayoko et d’autre part par le président de l’Assemblée nationale Guillaume Soro, se livrent une guerre sournoise pour le contrôle de l’armée. Wattao étant étiqueté comme un pro- Soro, son double limogeage fin juillet est perçu comme le prolongement de cette guéguerre de clan au sein du pouvoir. Malgré les apparences, le régime d’Abidjan est plus que jamais fissuré et il est clair que Ouattara doit se faire des soucis sur une probable implosion avec un régime constitué de clans et groupes hétéroclites où chaque leader ou chef militaire dispose de son armée informelle dans l’armée formelle.

Le Nouveau Courrier